Remarques
:
R1.
Si nous n'imposons pas la propriété P2., nous disons que est
une "semi-distance" sur .
R2.
Si nous autorisons une semi-distance
à prendre la valeur ,
nous préférons dire que
est un "écart"
R3.
Si une distance vérifie
la propriété ,
propriété plus contraignante que l'inégalité triangulaire dans
certains espaces, nous disons que est
"ultra-métrique"
R4.
Soit un
espace métrique et soit une
partie de l'ensemble .
L'espace métrique où
désigne
la restriction de
à
est
appelé "sous-espace métrique de " (il
convient de vérifier que la distance est
équivalent à la distance ).
Dans ce cas, nous disons aussi que est
muni de la distance induit par celle de .
Nous notons simplement la
distance induite.
Voyons quelques exemples importants de
distance :
E1. Si nous prenons pour le
plan, ou bien l'espace à trois dimensions de la géométrie
euclidienne et une unité de longueur, la "distance" au
sens usuel du terme est bien une distance au sens des 5 axiomes précédemment
cités. Dans ces espaces, les trois points satisfont
comme nous l'avons démontré en calcul vectoriel et comme il l'est
intuitivement que :
avec les autres inégalités obtenues
par permutation circulaire de .
Ces inégalités sont bien connues par exemple entre les longueurs
des côtés d'un triangle.
E2. Si nous prenons ,
et
que nous dotons d'une
structure d'espace vectoriel euclidienne (et non pas
non-euclidienne) et que nous prenons deux points :
dans
La distance est donnée nous le
savons par (nous avons déjà démontré cela en analyse
fonctionnelle et calcul vectoriel) :
qui satisfait aux 5 axiomes de la
distance. Nous pouvons prendre (c'est une propriété intéressante
pour la culture générale), que toute relation de la forme :
est aussi une distance dans (sans
démonstration). Les mathématiciens font encore plus fort en
généralisant encore plus (la démonstration à peu d'intérêt
pour l'instant) cette dernière relation (en prenant en compte la
définition même de la distance) sous la forme :
Qui
est appelée "distance hölderienne".
Au
même titre pour l'inégalité triangulaire, donnée par (voir
chapitre de calcul vectoriel) :
La généralisation, de par la vérification
de l'existance de la distance de hölderienne,
nous donne la vraie "inégalité de Minkowski" :
Dans le cas particulier avec ,
nous avons bien évidemment :
qui est la distance usuelle sur .
E3. Si nous prenons ,
nous considérerons la distance :
Ainsi, si et
nous
avons le module qui de même manière que la norme dans ,
forme une distance :
E4. Considérons
aussi un
ensemble arbitraire. Posons :
si
et
si
Il
est très facile de vérifier que cette distance vérifie les 5 axiomes
et qu'elle est de plus ultra-métrique. Cette distance est appelée
"distance discrètre" et le lecteur remarquera que nous avons
par analogie optés pour cette distance le symbole de la fonction Dirac
plutôt
que la traditionnel .
DISTANCES
EQUIVALENTES
Parfois, deux distances différentes et
sur un même ensemble sont
assez ressemblantes pour que les espaces métriques liés possèdent
les mêmes propriétés pour certains objets mathématiques définis
par d'une
part, par .
Il existe plusieurs notions de ressemblances dont voici une première
(avant les autres qui nécessitent des outils mathématiques que
nous n'avons pas encore définis) :
Définition : soient et
deux
distances sur un même ensemble ,
et
sont
dites "équivalentes" s'il existe deux constantes réelles
telles
que
soit avec :
FonctionS
LipschitziennES
Relativement aux définitions, précédentes,
nous pouvons maintenant énoncer quelques propriétés supplémentaires
aux fonctions telles que nous les avions énoncées dans la théorie
des ensemble :
Soient et
des
espaces métriques, et soit une
fonction. Nous définissons les propriétés suivantes :
P1. Nous disons que est
une "isométrie" si :
P2. Nous disons que deux espaces métriques
sont "isométriques" s'il existe une isométrie surjective
de l'un sur l'autre
P3. est
dite "lipchitzienne" de constante (ou : "de
rapport") s'il
existe tel
que :
Si ,
nous disons que est
"contractante" (ou : est une "contraction"), et
si ,
nous disons que est
strictement contractante.
P4. Toute fonction lipchitzienne
est uniformément continue (voir plus loin voir plus loin le concept
"d'uniforme continue") si elle vérifie :
avec et
(la
réciproque n'est pas vraie : toute fonction uniformément continue
n'est pas nécessairement continue).
Remarques :
R1. Une isométrie est toujours
injective car :
mais elle n'est pas en général
surjective.
R2.
Si et
sont
isométriques, du point de vue de la théorie des espaces métriques
ils sont indiscernables, puisque toutes leurs propriétés sont les
mêmes, mais leurs éléments peuvent être de nature très différente
(suites dans l'un et fonctions dans l'autre par exemple).
Ensembles
ouverts et fermés
Définition:
Considérons un ensemble
muni d’une distance . Un
sous-ensemble
de
est dit "ouvert" si, pour chaque
élément de , il existe une distance
non nulle pour
laquelle tous les éléments de
dont la distance à cet élément
est inférieure à , appartiennent à
, ce qui ce traduit
en langage mathématique :
ouvert de
Remarque : le symbole / signifie "satisfait
le propriété"
Cette définition
peut sembler complexe mais en fait, sa signification concrète est
plus simple qu’il n’y paraît. En fait, selon cette définition, un
ensemble ouvert dans un espace topologique n’est rien d’autre qu’un
ensemble de points contiguës
et sans bords.
L’absence de bord
découle de la condition .
En effet, en raisonnant par l’absurde, si un ensemble ouvert
avait un bord, alors pour chaque point situé sur celui-ci (le bord)
il serait
toujours possible de trouver un point n’appartenant pas à
aussi proche que l’on veut de lui. Il s’ensuit que la distance
nécessaire devient donc nulle.
Définitions :
D1. Un
sous-ensemble "fermé" est un "ouvert avec
bord".
D2. Un
"voisinage" d'un point de est
une partie de
contenant un ouvert contenant ce point.
La définition d’un
ensemble ouvert peut être simplifiée en introduisant une notion
supplémentaire, celle de "boule ouverte" :
BOULES
Soit
un élément de .
Définition:
une
"boule ouverte
de centre
et de rayon "
(ou : "boule
métrique de rayon
centrée en ")
est le sous-ensemble de tous les points
de
dont la distance à
est inférieure à ,
ce que nous écrivons :
Un ensemble ouvert
peut également être défini comme un ensemble pour lequel il est possible
de définir une boule ouverte en chaque point.
Remarques
:
R2.
Les
ouverts ainsi définis, forment ce que nous appelons une
"topologie induite" par la distance ou
aussi "topologie métrique".
R3. Nous appelons une "couverture
ouverte"
de , un ensemble d’ouverts de
dont
la réunion est .
Définition : une
"boule fermée" est similaire à une boule ouverte mais
diffère dans le sens que nous y incluons les éléments situés
à la distance
du centre :
Remarques : pour
les
inclusions sont
des conséquences directes de la définition de boule ouvert et
fermeé.
Définition
: une "sphère" est donnée par :
Remarque : puisque par
définition, ,
les boules ouvertes et fermées ne sont pas vides car elle
contiennet au moins leur centre. Par contre, une sphère peut être
vide.
Voyons
un exemple intéressant de tout cela : avec nous
avons vu dans les exemples précédents que nous pouvions définir
différentes distances. Pour les distinguer, nous les notons :
Alors, dans
les boules fermées de centre et
de rayon unité équivalentes aux trois formuations précédentes, ont la forme suivante (rappel : dans cet exemple)
:
PARTIES
Maintenant
que nous avons défini les concepts de boules, nous pouvons enfin
définir rigoureusement les concepts d'intervalles ouverts et
fermées (qui dans un espace à plus d'une dimension sont nommées
"parties") dont nous avons fait si souvent usage en
analyse fonctionnelle et calcul intégral et différentiel.
Définition : Soit un
espace métrique. Nous disons qu'une partie de
est
"bornée" s'il existe une boule fermée telle
que :
Compte tenu de la remarque précédente
sur les inclusions des boules, il est claire que nous pouvons
remplacer l'adjectif "fermée" par "ouverte". De
plus l'inégalité triangulaire entraîne que le caractère borné
de ne
dépend pas du choix de (avec
un il
suffit de remplacer par
).
Définitions
:
D1.
Soit un
ensemble et un
espace métrique. Si est
un ensemble, nous disons qu'une fonction est
bornée si son image est
bornée.
D2.
Soit un
espace métrique, et soit une
partie non vide de .
Pour tout nous
notons et
nous appelons "distance de à
",
le nombre réel positif non nul :
Nous prolongeons la notion en posant
:
Remarque : si le lecteur à bien
compris la définition du concept de "parties" il
remarquera qu'il n'existe pas nécessairement toujours un tel
que .
En conséquence, nous écrivons trivialement :
De plus, si un tel existe,
il n'est bien évidemment pas nécessairement unique.
Remarque : il convient peut être de
rappeler que cette distance satisfait également les 5 axiomes des
distances.
D3. Soit un
espace métrique, et soit une
partie de .
Nous appelons "adhérence" de et
notons le
sous-ensemble de défini
par :
En particulier, puisque ,
nous avons ,
et puisque ,
nous avons : .
Remarques :
R1. Tout élément de l'ensemble est
dit "point adhérent" à
R2. Nous disons qu'une partie
de est
"fermée" si elle est égale à son adhérence
R3. Nous disons qu'une partie de
est
"ouverte" si son complémentaire par rapport à :
est
fermé.
Il s'ensuite que (de par les définitions) :
est
ouverte
Propriétés :
P1. (triviale) Si et
vérifient
,
nous avons :
P2. (triviale) Pour tout ,
tout :
Corollaire de P2. (trivial) :
Si pour tout nous
avons ,
,
nous avons :
BOULES
GÉNÉRALISÉES
La notion de distance d'un point à
un ensemble permet d'étendre les notions de boule et de sphère.
Définitions :
D1. Soit et
soit un .
Nous appelons "boule ouverte généralisée" de
centre et
de rayon ,
l'ensemble suivant :
Respectivement "boule fermée généralisée":
Respectivement "sphère généralisée"
:
D1. Soit ,
une espace métrique et soient deux
parties non vides de .
Nous notons et
appelons "gap" (qui signifie "écartement" ou
"espacement" en français) de à
,
le nombre réel supérieur ou égal à zéro :
Remarque : l'inégalité triangulaire n'est
pas valide dans le cadre des gap (ceci étant également valable).
Il suffit pour le démontrer, d'un seul et unique exemple qui
contredirait l'inégalité.
Exemple : Dans prenons
nous
avons alors :
Il y a donc bien contradiction.
DIAMÈTRE
Définition : Soit un
espace métrique et soit une
partie non vide de .
Nous notons et
nous appelons "diamètre" de ,
le nombre réel positif non nul :
Tout partie non vide d'un
espace métrique vérifiant sera
dite "bornée".
Remarque : Nous considérons la
partie vide comme
un borné de diamètre
Si l'espace métrique tout
entier est borné, nous disons que "la distance est
bornée". Par exemple, la distance discrète est bornée, la
distance usuelle sur ne
l'est pas.
Propriétés :
P1. (triviale)ou
P2. (triviale)
P3. De par la définition du diamètre
:
Exemple : pour il
suffit pour se convaincre de prendre la distance discrète. Ainsi,
dans un espace métrique où nous prenons
avec ,
nous avons (c'est
un cas intéressant car complètement contre-intuitif).
P4. Nous avons
Exemple : Dans prenons
,
nous avons alors (infériorité stricte triviale):
P5. est
borné si et seulement si
Définition : Nous appelons "excès
de Hausdorff" de sur
:
Remarque : nous avons en général et
ces quantités peuvent ne pas être finies.
VARIETES
Nous introduisons maintenant les
"variétés". Ce sont des espaces topologiques qui sont
"localement comme "
(notre espace par exemple..).
Définitions :
D1. Une "variété topologique
de dimension "
est un espace de Hausdorff tel
que pour tout il
existe un voisinage ouvert avec
,
un voisinage ouvert et
un homéomorphisme :
D2. Un "homéomorphisme"
entre deux espaces est une bijection continue dont l'inverse est également
continu.
D3. Les couples sont
appelés des "cartes", étant
le "domaine de la carte" et "l'application
de coordonnées". Au lieu de "carte nous disons parfois
aussi "système de coordonnées"
Remarque : nous noterons par la
dimension d'une variété topologique. Ainsi :
D4. Soit une
variété topologique de dimension .
Une famille de
cartes de est
appelée un "atlas" si pour tout ,
il existe une carte telle
que .
Remarque : notons que si sont
deux cartes de telles
que (ne vérifiant pas l'axiome de Hausdorff) ,
alors l'application de changement de cartes :
est un homéomorphisme.
Définitions :
D1. Une "variété différentiable"
est un espace topologique
où les applications sont
des fonctions de classe .
D2. Un "difféomorphisme"
est une application où
sont
des domaines ouverts de et
si est
un homéomorphisme et en plus
si et
sont
différentiables.
Remarque : "différentiable"
dans ce contexte signifiera toujours différentiable de classe
VARIETES
differentiables
Définitions :
D1 .Soit une variété
topologique (pour
simplifier l'écriture), deux cartes de sont
"compatibles" (plus précisément, compatibles de classe ),
si l'une des deux propriétés suivantes est vérifiée :
P1. et
l'application de
changement de cartes est un difféomorphisme
P2.
Un atlas de
est
différentiable si toutes les cartes de sont
compatibles entre elles.
D2. Une "variété
différentiable" est un couple où
est
une variété topologique et un
atlas différentiable de .
Remarque
: étant donné un atlas différentiable, il est parfois nécessaire
de le compléter : nous disons qu'une carte de est
compatible avec un atlas différentiable si elle est compatible avec
chaque carte de .
Un atlas de est
"maximal" si toute carte compatible avec appartient
déjà à .
Un atlas maximal est appelé une "structure différentiable".
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