Notation
indicielle
Nous utilisons par la suite des symboles
mathématiques: coordonnées, composantes de vecteurs et tenseurs,
éléments de matrice, etc., dont le nombre, dans chaque catégorie,
est grand ou indéterminé. Pour distinguer les divers symboles d'une
catégorie nous emploions des indices. Par exemple, au lieu des variables
traditionnelles
nous utiliserons éventuellement
les grandeurs (comme
nous l'avons déjà fait en algèbre linéaire).
Cette notation devient indispensable lorsque nous avons des variables en
nombre indéterminé.
Ainsi, si nous avons a
variables, nous les noterons : 
Nous utilisons également des indices supérieurs,
selon les besoins; par exemple, .
Afin d'éviter toute confusion avec l'écriture des puissances, la
quantité à
la puissance
sera écrite .
Lorsque le contexte écarte tout risque d'ambiguïté, l'utilisation
des parenthèses n'est cependant pas fondamentalement nécessaire.
En calcul tensoriel il existe une convention
de sommation qui consiste à utiliser le fait que l'indice répété,
ici l'indice , va devenir lui-même l'indication de la sommation.
Nous écrivons alors, avec cette convention :

ce
qui permet de condenser relativement bien les écritures.
Ainsi, pour représenter le système
linéaire :

Nous écrirons (remarquez bien
comment s'écrivent les composants de la matrice associée) :
en spécifiant que c'est pour .
Nous voiyons sur cet exemple, combien la
convention de sommation permet une écriture condensée et donc puissante.
La convention de sommation s'étend
à tous les symboles mathématiques comportant des indices répétés.
Ainsi la décomposition d'un vecteur sur
une base s'écrit
pour dès
lors :

En résumé, tout expression qui comporte
un indice deux fois répété représente une somme sur toutes les valeurs
possibles de l'indice répété.
Sommation
sur plusieurs indices
La convention de sommation s'étend
au cas où figurent plusieurs indices dits "muets" dans un même monôme.
Soit par exemple, la quantité ,
celle-ci représente la somme suivante pour
et prenant les valeurs
de 1 à 2:

Ainsi, nous voyons facilement qu'un expression
avec deux indices de sommation
qui prennent respectivement les valeurs
comportera termes;
s'il y a trois indices, de sommation etc.
Il faut faire cependant attention aux substitutions
avec ce genre de notation car si nous supposons que nous avons la relation:
avec

Pour obtenir l'expression de
uniquement en fonction des variables ,
nous ne pouvons pas écrire :
car cela ne revient pas à la même
expression après développement puisque les indices muets sont
systématiquement sommés de manières identiques et rigides (nous
laissons au lecteur le soin de faire ce petit exercice de style).
Symbole
de Kronecker
Un symbole introduit par le mathématicien
Kronecker, est le suivant:

Ce symbole est appelé "symbole de
Kronecker".
Il permet avantageusement d'écrire, par exemple, le produit scalaire
de deux vecteurs et
,
de norme unité et orthogonaux entre eux, sous la forme:

Lors d'une sommation portant sur deux
indices muets, le symbole de Kronecker annule tous les termes où
les indices ont des valeurs différentes. Par exemple:

Nous
retrouverons ce symbole dans de nombreux exemples de physique
théorique (mécanique quantique ondulatoire, mécanique quantique
des champs, relativité générale, mécanique des fluides, etc..)
Symboles
d'antisymétrie
Une autre symbole fort utile est le
"symbole d'antisymétrie" que nous retrouverons
fréquemment en relativité générale. Dans le cas où
prennent l'une des valeurs
le symbole d'antisymétrie
aura
les valeurs définies suivantes:
- ,
si deux quelconques des indices ont une valeur identique
- ,
si les indices sont dans l'ordre 1, 2, 3 ou proviennent d'un nombre
pair de permutations des indices par rapport à l'ordre initial des
indices.
- ,
si les indices sont dans un ordre qui provient d'un nombre impair
de permutations par rapport à l'ordre initial des indices.
En utilisant ce symbole, un déterminant
d'ordre deux (voir algèbre linéaire) s'écrit alors sous la
forme avantageuse :
Voyons maintenant des applications
concrètes cette notation indicielle en reprenant l'exemple du
changement de base que nous avons déjà vu en calcul vectoriel :
Soient deux bases et
d'un
espace vectoriel euclidien .
Chaque vecteur d'une base peut être décomposé sur l'autre base sous
la forme d'une application linéaire (matrice de changement de
base) :
et 
où nous utilisons bien évidemment la convention
de sommation pour 
Rappel
: la matrice de changement de base (ou de "transformation) doit
avoir autant de colonnes que le vecteur de base n'a de lignes
(dimensions). Petit exemple à trois dimensions:

et
il est évident qu'îl est fort plus sympathique d'écrire cela sous
la forme :

Un vecteur quelconque de
peut
être décomposé (nous l'avons déjà vu) sur chaque base de
sous la forme:

Si nous cherchons les relations entre
les composantes et
il
suffit de reprendre les relations de changement de base et nous avons
alors (cela revient à faire de l'agèblre linéaire):

De suite par l'unicité de la décomposition
d'un vecteur sur une base, nous pouvons égaler les coefficients des vecteurs
de base et nous obtenons (il faut prendre garde a ré-arranger à
nouveau l'ordre des termes que la multiplication matricielle n'est
pas commutative comme nous le savons déjà) :
et

Il vient également la relation
triviale (voir l'algèbre linéaire) :
Quant au produit scalaire les résultats
obtenus avec la notation indicielle sont forts intéressants et
extrêmement puissants. Nous
avons déjà défini le produit scalaire en calcul vectoriel mais
voyons comment l'on manipule ce dernier avec la notation indicielle:
Considérons un espace vectoriel euclidien
rapporté
à une base quelconque .
Les vecteurs s'écrivent sur cette base (nous le savons déjà):
,

Le produit scalaire relativement à ses propriétés et à la notation
indicielle s'écrit alors:

avec évidemment:
et pour satisfaire la propriété de
commutativité du produit scalaire (voir le chapitre de calcul
vectoriel) nous devons évidemment avoir l'égalité .
Remarque:
lorsque les vecteurs de base forment
un espace vectoriel orthogonal (pas nécessairement orthonormé)
alors les quantités:

sont
nulles si .
Le produit scalaire de deux vecteurs et
se
réduit alors à:

ou
encore à :

METRIQUE
ET SIGNATURE
Comme nous l'avons vu en calcul
vectoriel, le produit scalaire d'un vecteur peut
permettre de définir la notion de norme d'un vecteur (et le
concept de distance).
Rappellons que nous avons par
définition la norme d'un vecteur qui est donnée par:

où les nombres définissent
en quelque sorte une "mesure" des vecteurs; nous disons
alors dans le langage du calcul tensoriel qu'ils
constituent la "métrique" de l'espace vectoriel choisi.
Dans l'espace de la géométrie classique,
la norme est un nombre qui est toujours strictement positif et qui
ne devient nul que si le vecteur mesuré est égal à zéro. Par contre, l'expression
précédente de la norme d'un vecteur, peut être éventuellement négative
pour des nombres quelconques
(espaces complexes par exemple). Nous pouvons donc distinguer deux genres d'espaces vectoriels pré-euclidiens
(espace euclidien dans lequel nous avons défini le produit
scalaire) selon que la norme est positive ou non. Cependant lorsqu'en
physique théorique nous souhaitons faire l'analogisme avec une
structure d'espace vectoriel il faut que la condition :

soit
satisfaite ( peut
être écrit comme une matrice, rien ne nos l'empêche).
Explications:
nous savons que le produit scalaire
doit satisfaire à la propriété de commutativité telle que:

D'autre part, si pour tout non
nul nous avons :

cela implique (c'est
une des propriétés de la norme que nous avons vu en calcul
vectoriel). Nous pouvons alors écrire:

Nous nous retrouve ici simplement avec un système
de
équations à
inconnues (ne devant admettre par hypothèse que la solution ),
il faut et il suffit pour cela que le déterminant du système, noté
,
du système soit différent de zéro (voir le chapitre d'algèbre
linaire); nous devons donc avoir:

C'est
une des conditions pour qu'une expression assimilable à une norme
sous une écriture tensorielle forme dans le cadre d'une théorie
physique un espace vectoriel des états du système !!
Remarque
: le nombre de signes + et
se trouvant dans l'expression du produit scalaire constitue une caractéristique d'un
espace vectoriel donné ;
elle est appelée la "signature de l'espace vectoriel" .
Composantes
contravariantes et covariantes
Jusqu'à maintenant nous
avons écrit les indices muets arbitrairement en exposant ou en
indice selon notre vouloir. Cependant, cela n'est pas toujours
autorisé et parfois le fait qu'un indice muet soit en exposant ou
en indice à une signification bien particulière. Ceci constitue
souvent la difficulté lors de l'étude de certains théorèmes, car
si nous n'étudions pas ceux-là depuis le début, nous ne savons
pas vraiment comme interpréter la position des indices muets. Il
faut donc être extrêmement prudent à ce niveau.
Pour un espace vectoriel euclidien
rapporté
à une base quelconque ,
le produit scalaire d'un vecteur par
un vecteur de
sa base s'écrit:

Donc
:

Cette
relation est de première importance en physique théorique et en
calcul tensoriel. Il est important de s'en souvenir pour lorsque
nous étudierons la contraction des indices plus tard (vous pouvez
observer dans la relation précédente que nous avons
"abaissé" l'indice des composantes du membre doit de
l'égalité).
Ces produits scalaires notés ,
s'appellent les composantes "covariantes", dans la base
,
du vecteur .
Ces composantes sont donc définies par:

Remarque
: cela constitue une projection d'un vecteur sur un des vecteurs de
la base
Elles seront notées au moyen d'indices
inférieurs !!! Nous verrons par la suite que ces composantes s'introduisent naturellement
pour certains vecteur de la physique, par exemple le vecteur gradient.
D'autre part, la notion de composante covariante est essentielle
pour les tenseurs.
Remarque: les vecteurs de base ont
toujours les indices notés en bas car ils sont leurs propres
composantes covariantes (ils se projettent sur eux-mêmes par
produit scalaire).
Inversement, les composantes "contravariantes"
(autrement dit les "composantes non projetées") peuvent être calculées en résolvant, par rapport aux
inconnues
,
le système de
équations de :
Les relations précédentes montrent que
les composantes covariantes sont
liées aux composantes classiques.
Pour les distinguer, ces dernières sont appelées les composantes
"contravariantes" du vecteur .
Les composantes contravariantes sont donc des nombres tels
que:

Elles seront indiquées au moyen d'indices
supérieurs !! L'étude des
changements de base permettra de justifier encore plus l'appellation des différentes
composantes.
Dans une base orthonormée canonique
(cas très particulier),
les composantes covariantes et contravariantes sont identiques
puisque nous avons effectivement :

Remarque
: nous voyons ci-dessus, que l'écriture incéssante d'indice muets
en exposants ou en indice peut parfois amener à certaines
confusiosn et à des maux de tête sérieux (c'est la plus grande
difficulté du calcul tensoriel à notre avis).
OPERATIONS
DANS LES BASES
l'intérêt
du physicien pour le calcul tensoriel, est le passage de paramètres
d'une base à une autre pour des raisons données (souvent dans le
but soit de simplifier l'étude de problèmes ou simplement parce
que les états étudiés dépendant - ou peuvent dépendre - de la géométrie de l'espace
dont il est question). Il convient donc
d'introduire les principaux outils qui y sont relatifs.
METHODE
D'ORTHOGONALISATION DE SCHMIDT
La méthode dite d'orthogonalisation
de Schmidt (dite également de "Grahm-Schmidt") permet le calcul effectif d'une base orthogonale pour
tout espace vectoriel pré-euclidien (nous
aurions pu présenter cette méthode dans le chapitre de calcul
vectoriel mais il nous semblait plus intéressant de la présenter
dans le cas général et esthétique du calcul tensoriel).
Pour cela, considérons un ensemble
de
vecteurs linéairement indépendants de
et
supposons que l'on ait pour chaque vecteur le produit scalaire (la
norme) :

Cherchons
vecteurs orthogonaux
entre eux. Partons pour cela de et
cherchons orthogonal
à sous
la forme:

Le coefficient se
calcule en écrivant la relation d'orthogonalité:

Nous en déduisons sans trop de peine:

La paramètre étant
déterminé, nous obtenons le vecteur qui
est orthogonal à et
non nul puisque le système est
linéairement indépendant.
Le vecteur est
cherché sous la forme:

Les deux relations d'orthogonalité:
et
,
permettent le calcul des coefficients et
.
Nous obtenons:
;

ce qui détermine le vecteur ,
orthogonal à et
,
et non nul puisque le système est
indépendant. En continuant le même type de calcul, nous obtenons de
proche en proche un système de vecteurs orthogonaux
entre eux et dont aucun n'est nul
Dans le cas où certains vecteurs seraient
tels que (leur
norme est nulle), nous remplaçons par
,
en choisissant un vecteur de
telle sorte que nous obtenions .
Nous en déduisons donc que tout espace vectoriel
pré-euclidien admet des bases orthogonales!
Ce système de calcul des bases est
de première importance, il permet par exemple d'étudier des systèmes
physiques à partir d'un référentiel pré-euclidien dont les propriétés
changent dans le temps. Ce qui est par exemple typique de la relativité
générale (pour donner l'exemple le plus impressionnant
)
CHANGEMENTS
DE BASE
Soient deux bases et
d'un
espace vectoriel .
Chaque vecteur d'une base peut être décomposé sur l'autre base sous
la forme suivante (nous l'avons déjà déjé démontré):
et

Un vecteur de
peut
être décomposé sur chaque base sous la forme:

et nous avons aussi déjà démontré que:
et

Nous remarquons que les relations de transformation
des composantes contravariantes sont le contraire des vecteurs de
base, les grandeurs
et
s'échangeant, d'où l'origine de l'appellation
"contra"-"variantes" de ces composantes.
Soient et
les
composantes contravariantes du vecteur respectivement
sur les bases et
.
Remplaçons les vecteurs de base, exprimés par les relations:
et

dans l'expression de définition des
composantes covariantes, il vient:

d'où la relation entre les composantes
covariantes dans chaque base:

Nous obtenons de même:

Nous remarquons que les composantes covariantes
se transforment comme les vecteurs de bases, d'où l'appellation
de ces composantes.
BASES
RECIPROQUES
Soit une base quelconque d'un
espace vectoriel euclidien .
Par définition,
vecteurs qui
vérifient les relations suivantes:

sont appelés les "vecteurs réciproques"
des vecteurs .
Ils seront notés avec des indices supérieurs. Par définition, chaque
vecteur réciproque se
doit donc d'être orthogonal à tous les vecteur ,
sauf pour .
Montrons que les vecteurs réciproques
d'une
base donnée sont
linéairement indépendants. Pour cela, il faut montrer qu'une combinaison
linéaire donne
un vecteur nul, si et seulement si chaque coefficient est
nul.
Soit un
vecteur quelconque de .
Multiplions scalairement par la
combinaison linéaire précédente ,
on obtient:

Cette dernière égalité devant être
vérifiée quels que soient les ,
il est nécessaire que chaque soit
nul et ainsi les vecteurs sont
donc linéairement indépendants (fallait déjà avoir l'idée de procéder
ainsi n'est-ce pas?).
Le système de
vecteurs réciproques
forme donc une base appelée la "base réciproque" de l'espace
vectoriel .
Exemple (d'habitude nous nous
opposons aux exemples mais ici les implications sont intéressantes):
Soit trois vecteurs formant
une base (non nécessairement orthonormée) d'un espace vectoriel euclidien.
Nous décidons de noter :

où, rappelons-le, le symbole représente
le produit vectoriel (au cas oùi il y aurait un petit oubli...). Les vecteurs suivants:

vérifient la relation et
constituent le système réciproque des vecteurs .
En cristallographie, ces vecteurs constituent ce que nous appelons
"l'espace de
Fourier associé".
TENSEURS
EUCLIDIENS
La généralisation de la notion de vecteur
nous a conduit à l'étude des espaces vectoriels à
dimensions.
Les tenseurs sont également des vecteurs de dimension quelconque
mais qui possèdent des propriétés supplémentaires par rapport aux
vecteurs.
Pour le physicien théoricien, le calcul
tensoriel s'intéresse en premier lieu à la manière dont les composantes
des tenseurs se transforment lors d'un changement de base des espaces
vectoriels dont ils sont issus. Nous commencerons donc à étudier
ces propriétés vis-à-vis des changements de base (car c'est le
cas le plus intéressant).
Un tenseur est, en pratique, souvent
uniquement défini et utilisé sous la forme de ses composantes. Ces
dernières peuvent être exprimées sous forme covariante ou contravariante
comme pour tout vecteur. Mais un nouveau type de composantes va
apparaître pour les tenseurs, ce sont les "composantes
mixtes". Ces
trois types de composantes constituent des décompositions des tenseurs
euclidiens sur des bases différentes.
TENSEUR FONDAMENTAL
Au cours de la théorie vu précédemment,
nous avons utilisé les quantités ,
définies à partir du produit scalaire des vecteurs de base d'un
espace vectoriel pré-euclidien à
dimensions, par:

Ces quantités
constituent les composantes covariantes d'un tenseur appelé le "tenseur
fondamental" ou "tenseur métrique".
Etudions comment varient les quantités
lorsque
nous effectuons un changement de base :
Soit une
autre base liée à la précédente par les relations connues:
et 
Substituant la relation dans
l'expression de ,
il vient (nous changeons les indices comme il se doit lors d'une
substitution):

Dans la nouvelle base ,
les produits scalaires des vecteurs de base sont donc des quantités
telles que:

Nous avons donc finalement pour l'expression
des composantes covariantes lors
d'un changement de base:

Identiquement nous avons :

De manière générale, une suite de quantités
qui
se transforment, lors d'un changement de base de ,
selon les deux relations précédentes, à savoir:
et

constituent, par définition, les
"composantes
covariantes d'un tenseur d'ordre deux" (à deux indices)
sur .
Nous pouvons ainsi manipuler des
quantités exprimant les propriétés intrinsèques des bases comme
des tenseurs normaux !
PRODUIT TENSORIEL
DE DEUX VECTEURS
Considérons un espace vectoriel euclidien
de
base et
soient deux vecteurs de :
et 
Formons les produits deux à deux des composantes
contravariantes et
,
soit:

Nous obtenons ainsi quantités
qui constituent également les composantes contravariantes d'un tenseur d'ordre
deux appelé "le produit tensoriel du vecteur par
le vecteur ".
Remarque : nous pouvons construire
des produits tensoriels d'ordre trois (donc avec termes)
tels que :

Etudions les propriétés de changement de base de ces composantes.
Utilisons pour cela les relations de changement de base des composantes
contravariantes d'un vecteur, à savoir:
et

Remplaçons dans la relation les
composantes et
par
leur expression de changement de base, il vient:

Les quantités sont
les nouvelles composantes:

La formule de transformation des quantités
lors
d'un changement de base de est
donc finalement (très similaire au tenseur métrique):

Une telle relation de changement de
base caractérise les composantes contravariantes d'un tenseur d'ordre
deux. Inversement, nous obtenons :

Les quantités
constituent
donc les "composantes contravariantes d'un tenseur d'ordre
deux".
Nous pouvons former de même les produits
deux à deux des composantes covariantes et
des
vecteurs et
soit:

Les formules de changement de base
des composantes covariantes des vecteurs sont données par les relations
suivantes que nous avons déjà démontrées précédemment:
et

Substituant la première relation dans
le produit ,
il vient:

C'est la relation de changement de
base des composantes covariantes d'un tenseur d'ordre deux. On vérifie
que l'on a:

Identiquement nous avons bien évidemment:
puisque
.
Les quantités
constituent
donc les "composantes covariantes d'un tenseur d'ordre deux".
Formons à présent quantités
en multipliant deux à deux les composantes covariantes du vecteur
par
les composantes contravariantes de ,
nous obtenons :

Effectuons un changement de base dans
cette dernière relation en tenant compte des expressions et
,
on obtient:

Cette relation de changement de base
caractérise les "composantes mixtes" d'un tenseur d'ordre
deux. Inversement, on peut vérifier que l'on a:

Ces composantes mixtes constituent
également des composantes du produit tensoriel de par
,
selon une certaines base.
De manière générale, une suite de quantités
qui
se transforment, lors d'un changement de base de ,
selon les relations établies juste précédemment constituent donc,
par définition, les "composantes mixtes d'un tenseur d'ordre
deux".
ESPACES
TENSORIELS
Au cours de l'étude précédente, nous
avons utilisé des systèmes de nombres,
crées à partir d'un espace vectoriel .
Lorsque ces nombres vérifient certaines relations de changement
de base, nous avons appelé ces grandeurs, par définition, les "composantes
d'un tenseur".
Nous avons vu que toute combinaison
linéaire de ces composantes constitue les composantes d'autres tenseurs.
Nous pouvons donc additionner entre elles les composantes des tenseurs
ainsi que les multiplier par des scalaires, pour obtenir d'autres
composantes de tenseurs. Ces propriétés d'addition et de multiplication
font que nous allons pouvoir utiliser ces grandeurs tensorielles comme
composantes de vecteurs.
D'un point de vue pratique, nous
pourrions nous contenter de définir les tenseurs à partir des relations de transformation
de leurs composantes lors d'un changement de base. C'est ce qui
est souvent fait en physique. Cependant, la définition des tenseurs
sous forme de vecteurs conduit à une meilleure compréhension de
leurs propriétés et les rattache à la théorie générale des vecteurs.
Pour préciser comment nous définissons un
tenseur sur une base, étudions le cas particulier d'un produit tensoriel
de deux vecteurs constitués par des triplets de nombres. Considérons
l'espace vectoriel euclidien dont
les vecteurs sont des triplets de nombre de la forme: .
La base orthonormée canonique de est
formée de trois vecteurs :

avec
(jolie façon d'écrire la chose n'est-il pas...).
Des vecteurs de permettent
de former les neuf quantités que
nous avons appelées "les composantes du produit tensoriel" des vecteurs
et
.
Si nous effectuons tous les produits
tensoriels possibles entre vecteurs de ,
nous obtenons des suites de neuf nombres qui peuvent servir à définir
le vecteur suivant :

Remarque
: nous voyons de suite avec la relation précédente que le produit
tensoriel n'est dès lors pas commutatif.
éléments d'un espace vectoriel à
neuf dimensions, ayant pour éléments tous les multiplets formés
de neuf nombres.
Ces vecteurs peuvent être décomposés,
par exemple, sur une base canonique orthonormée :

avec
.
Si nous renumérotons les quantités selon
la place qu'elle occupent dans l'expression de ,
soit:

avec
et ,
les vecteurs s'écrivent
alors:

et constituent un exemple de tenseur
d'ordre deux (évidemment on peut généraliser la démarche).
En quoi ces tenseurs diffèrent-ils
des vecteurs ordinaires ? Ils sont certes identiques à certains
vecteurs de mais
ils ont été formés à partir des vecteurs de et
de
.
Pour rappeler ce fait, nous les notons :

et ils sont appelés "produits tensoriels
d'ordre deux" des vecteurs et
.
Le symbole est
donc défini de la manière dont nous avons formé les quantités et
l'ordre dans lequel nous les avons classées pour former le vecteur .
Pour rappeler la dépendance entre une
quantité et
le vecteur de base auquel
il est affecté, renumérotons ces vecteurs en mettant à la place
de l'indice
les deux indices
et , relatifs
aux composantes, soit:

Ce dernier peut très bien être noté sous la forme:

Les vecteurs constituent
donc une base de qui
est appelée la "base associée".
Nous rappelons également
que le produit tensoriel est non-commutatif (il est vraiment
important de s'en rappeler)! Autrement dit :

Les relations précédentes nous permettent
finalement d'écrire le produit tensoriel des vecteurs et
sous
la forme:

L'espace vectoriel est
doté d'une structure plus précise que celle de simple espace vectoriel
de dimension neuf lorsque nous définissons les produits tensoriels comme
constituant la base de .
Nous disons que est
doté d'une "structure de produit tensoriel" ce qui nous
amène à noter cet espace ou
encore .
Le produit tensoriel à plusieurs propriétés
dont il est facile de démontrer la validité:
- Distributivité, à gauche et à droite,
par rapport à l'addition des vecteurs:
- Associativité avec la multiplication
par une grandeur scalaire:
En tant qu'élément d'un espace ,
un tenseur est
un vecteur de la forme générale:

Etudions ses propriétés vis-à-vis d'un
changement de base de tel
que:
et

Lors d'un tel changement, la base associée
à devient
une autre base associée
à ,
à savoir:

Par suite, le prdouit tensoriel a
pour composantes dans la nouvelle base:

Soit donc :

Nous avons les propriétés suivantes
:
P1. Distributivité, à gauche et à
droite, par rapport à l'addition des vecteurs :

La démonstration de ces propriétés
est simple content de la définition du produit tensoriel. Nous
avons par exemple :

P2. Associativité avec la
multiplication par une grandeur scalaire :

Nous avons en effet :

P3. Lorsque nous choisissons une base
dans chacun des espaces vectoriels pour
,
pour
,
les éléments
de que
nous notons forment
également une base de .
Démonstration
: déjà faite dans l'exemple particuler que nous avons utilisé au
début.
Remarque
: en pratique, nous avons souvent à utiliser des tenseurs formés
à partir de veteurs appartenant à des espaces vectoriels
identiques .
Nous pouvons bien évidemment généraliser
le produit tensoriel à un nombre quelconque de vecteurs. De proche
en proche, compte tenu de la propriété P1, nous pouvons considérer
vecteurs
appartenant
chacun à des espaces vectoriels différents .
Si nous avons :

nous pouvons former le produit
tensoriel :

avec .
Nous
obtenons construisons ainsi des produits tensoriels d'ordre appartenant
à l'espace vectoriel ,
espace qui est muni d'une structure de produit tensoriel. Les éléments
de cet espace constituent par définition des tenseurs d'ordre .
Afin d'unifier la classification, les
espace vectoriels élémentaires, qui ne peuvent êtres munis d'une structure de produit
tensoriel, peuvent êtres considérés comme ayant pour éléments des
tenseurs d'ordre un. En général, nous appellons ces éléments des
"vecteurs",
réservant le nom de "tenseurs" à des éléments d'espaces tensoriels
d'ordre égal ou supérieur à deux !
Remarque
: il
est commode d'appeler "tenseurs d'ordre zéro" les grandeurs
scalaires. Il est également rare de rencontrer des tenseurs d'ordre
supérieur à 2.
Il
est assez évident et nous ne ferons pas la démonstration (excepté
s'il y a une demande) que nous pouvons redéfinir absolument tous
les concepts (base, décomposition sur une base, base réciproque,
produit scalaire, produit tensoriel) que nous avons vu jusqu'à
maintenant en considérant les tenseurs d'ordre deux commes des
vecteurs (il faudrait donc que nous re-écrivions tout ce qui est
déjà écrit ci-dessus... ce qui est inutile).
Il
est aussi tout à fait possible de réiterer toutes ces définitions
pour des tenseurs d'ordre supérieurs et ainsi généraliser le
concept d'espace tensoriel pour toutes les dimensions.
De
ces considérations, nous pouvons énoncer le "critère de
tensorialité":
Pour
qu'une suite de quantités,
rapportées à une base d'un espace vectoriel ,
puisse être considérée comme les composantes d'un tenseur, il
faut et il suffit que ces quantités soit liées entre elles, dans
deux bases différentes de ,
par les relations de transformation des composantes.
COMBINAISONS
LINEAIRES DE TENSEURS
Nous pouvons former d'autres tenseurs en
combinant entre elles les composantes de différents produits
tensoriels définis à l'aide des vecteurs d'un même espace
vectoriel. Considérons par exemple les composantes contravariantes
des produits tensoriels des vecteurs et
:

Formons les quantités suivantes:

Les quantités
vérifient
également les formules générales de changement de base. Nous
avons en effet, en substituant les relations de transformation des
composantes contravariantes d'un produit tensoriel dans l'expression
précédente :

Les quantités
de ,
vérifiant la relation de changement de base, constituent donc également
des composantes contravariantes d'un tenseur d'ordre deux.
CONTRACTION
DES INDICES
Considérons le produit tensoriel
mixte de
deux vecteurs et
de
composantes respectives contravariantes et
covariantes .
Les composantes mixtes du produit tensoriel de
ces deux vecteurs, sont:

Effectuons l'addition des différentes
composantes du tenseur telle
que ,
soit:

Nous obtenons ainsi l'expression du produit
scalaire des vecteurs et
;
la quantité est
un scalaire ou tenseur d'ordre zéro. Une telle addition sur des
indices de variance différente constitue, par définition, l'opération
de "contraction des indices" du tenseur .
Cette opération a permis de passer d'un tenseur d'ordre deux à un
tenseur d'ordre zéro; le tenseur
a été amputé d'une covariance et d'une contravariance.
Prenons également l'exemple d'un
tenseur dont
les composantes mixtes sont (attention...
il ne s'agit pas d'une matrice tridimensionnelle mais simplement de
l'indication que les composantes de ce tenseurs s'expriment à
partir de trois autres variables).
Considérons certaines de ses composantes telles que ,
à savoir les quantités et
effectuons l'addition de ces dernières; nous obtenons:

Ces nouvelles quantités forment
les composantes d'un tenseur d'ordre
un (donc un vecteur). Les quantités constituent
des "composantes contractées" du tenseur
et satisfont bien évidemment aux relations de changement de
base (sur demande nous pouvons faire la démonstration mais sachez
qu'elle est similaire à celle que nous avions faite pour les
vecteurs). Nous sommes ainsi passé d'un tenseur d'ordre trois à un
tenseur d'ordre un.
Si nous partons de l'expression des
composantes contravariantes ou covariantes d'un tenseur, nous
pouvons abaisser l'un des indices par multiplication de ou
(métrique
diagonale unitaire et à signature positive : de type canonique) et
sommation, afin d'obtenir des composantes mixtes sur lesquelles nous
pouvons ensuite effectuer les opérations de contraction.
Considérons un tenseur euclidien
de composantes contravariantes .
Ecrivons les composantes mixtes de en
abaissant à la position covariante l'indice (cela
revient donc à exprimer les composantes d'un des vecteurs
implicites en composantes covariantes).
Alors:

Effectivement,
rappelons que :

Maintenant que nous avons un tenseur
à composantes, mixtes, nous pouvons très bien contracter les
indices. Choisissons par exemple l'indice et effectuons la contraction avec l'indice ,
posons (nous
nous intéressans alors plus qu'à certains termes particuliers),
il vient:

Nous obtenons donc après abaissement
de l'indice et contraction, un tenseur d'ordre .
Remarque : par suite de la symétrie des quantités (produit
scalaire est commutatif) ce
dernier tenseur est identique à celui que nous obtiendrons en
abaissant à la position covariante l'indice puis en effectuant la contraction avec l'indice :
De manière générale, la
contraction d'un tenseur permet donc de former un tenseur d'ordre à
partir d'un tenseur d'ordre .
Nous pouvons naturellement répéter l'opération de contraction. Ainsi,
un tenseur pair, ,
deviendra un scalaire après contractions
et un tenseur d'ordre impair, ,
deviendra un vecteur.
Nous pouvons étendre après cette définition
de la contraction des indices, le critère de tensorialité. Nous
avons vu jusqu'à maintenant, deux manières de reconnaître le
caractère tensoriel d'une suite de quantités :
- la première consiste à démontrer
que ces quantités sont formées par le produit tensoriel de
composantes de vecteurs ou par une somme de produits tensoriel
- le deuxième consiste à étudier
la manière dont ces quantités se transforment lors d'un changement
de base et à vérifier la conformité des relations de
transformation.
- la troisième et nouvelle amène à
poser que pour qu'un ensemble de quantités,
comportant indices
supérieurs et indices
inférieurs soit tensoriel, il faut et il suffit que leur produit
complètement contracté par les composantes contravariantes de vecteurs
quelconques et les composantes covariantes de vecteurs
quelconques, soit une quantité (la norme au fait...) qui demeure invariante par
changement de base.
TENSEURS PARTICULIERS
Nous pouvons être confrontés en
physique théorique à des tenseurs qui ont des propriétés intéressantes.
Afin d'éviter de faire un travail redondant au cas par cas, nous
allons énumérer et démontrer les différentes propriétés
existantes et parler de leurs possibles implications.
TENSEUR SYMETRIQUE
Considérons un tenseur
d'ordre
deux contravariantes .
Supposons que, suivant une base ,
toutes ces composantes satisfassent aux relations:

Sur une autre base ,
liée à la précédente par les relations de transformation
connues, les nouvelles composantes de vérifient
la relation:

Nous voyons que la propriété est
donc une caractéristique intrinsèque du tenseur ,
indépendante de la base ! Nous disons alors que le tenseur est
"symétrique".
La propriété de symétrie se vérifie
également pour les composantes covariantes d'un tenseur symétrique
puisque nous avons:

Réciproquement, la symétrie des
composantes covariantes entraîne celle des composantes
contravariantes.
Pour des tenseurs d'ordre plus
élevé, la symétrie peut être partielle, portant sur deux
indices covariants ou deux indices contravariants. Ainsi, un tenseur
d'ordre quatre, de composantes mixtes peut
être également symétrique en et
,
par exemple, soit:

Nous vérifions, de même que
ci-dessus, qu'une telle propriété est intrinsèque.
Un tenseur est dit "complètement
symétrique" si toute transposition de deux indices de même
variance, change la composante correspondante en elle-même. Par
exemple, pour un tenseur d'ordre trois ,
complètement symétrique, nous avons les composantes suivantes qui
sont égales entre elles:

Des exemples de tenseurs compléments
symétriques sont le tenseur des contraintes que
nous verrons lors de notre étude des équations de Navier-Stokes en
mécanique des fluides et les tenseurs des transformation
relativistes de Lorentz que nous verrons en mécanique relativiste.
Ces tenseurs sont alors dits aussi "totalement invariants"
(sous-entendu par changement de base).
Nous pouvons également (curiosité
intéressante) obtenir une représentation
géométrique des valeurs des composantes d'un tenseur symétrique
d'ordre deux. Pour cela, considérons dans l'espace
géométrique ordinaire des coordonnées ,
l'équation suivante:

où, rappelons-le,
peut-être vu comme un produit tensoriel avec et
où les sont
des coefficients réels donnés. Supposons que ces coefficients
soient tels que:

L'équation précédente s'écrit
alors:

Nous retrouvons ici l'équation d'une
surface de second degré ou quadrique similaire à celle du plan que
nous avons vue en géométrie plane. Nous savons que par extension
à la troisième dimension que ces surfaces sont des ellipsoïdes ou
hyperboloïdes, selon les valeurs des quantités .
Etudions comment se transforment les
quantités lorsque
nous effectue un changement de coordonnées tel que :
et 
L'équation de la quadrique s'écrit
dans ce nouveau système de coordonnées:

d'où l'expression des coefficients
dans le nouveau système d'axes:

Les coefficients se
transforment donc comme les composantes covariantes d'un tenseur d'ordre
deux. Réciproquement, si les quantités sont
les composantes d'un tenseur symétrique, ces composantes définissent
les coefficients d'une quadrique. Il existe donc une certaine équivalence
entre un tenseur symétrique et les coefficients d'une quadrique.
Nous dirons que l'équation de la quadrique est la "quadrique
représentative" du tenseur symétrique.
Nous savons de par notre étude des
quadriques en géométrie plane (en étendant cela au cas
tri-dimensionnel) que nous pouvons toujours trouver un
système de coordonnées par rapport auquel l'équation d'une
quadrique prend une forme plus simple:

Dans ce cas, les vecteurs de base
sont portés par les axes principaux de la quadrique. Dans ce système
de coordonnées, les composantes du tenseur se
réduisent à:

et pour
les autres composantes. Les quantités sont
appelées les "composantes principales" du tenseur .
Si les quantités sont
positives, la surface est une ellipsoïde, si deux quantités sont
strictement positives et la troisième strictement négative, nous
avons
un hyperboloïde à une nappe, si deux quantités sont strictement négatives
et la troisième positive, nous avons un hyperboloïde à deux nappes
(pour plus d'information voir le chapitre de géométrie spatiale
sur les coniques).
La comparaison de l'expression de la
quadrique obtenue précédemment avec l'équation classique:

où sont
les demi-axes d'un ellipsoïde montre que nous avons :

TENSEUR ANTI-SYMETRIQUE
Lorsque les composantes
contravariantes d'un
tenseur d'ordre deux, vérifient les relations:

nous disons que le tenseur est
"anti-symétrique". C'est une propriété intrinsèque du
tenseur qui se démontre comme pour les tenseurs symétriques, au
signe "-" près. Un tenseur anti-symétrique doit bien évidemment
satisfaire au fait que ces composantes diagonales soient nulles tel
que:

Si les composantes contravariantes
d'un tenseur sont anti-symétriques, ses composantes covariantes le
sont également.
Un tenseur sera
partiellement antisymétrique si nous avons par exemple:

Il sera complètement antisymétrique
si toute transposition d'indice de même variance change la
composante correspondante en son opposée.
Tout tenseurs peut
être mis sous la forme d'une somme d'un tenseur symétrique et d'un
tenseur antisymétrique. Nous avons en effet:

Le premier terme de la somme
ci-dessus est un tenseur symétrique et le second, un tenseur
antisymétrique.
Considérons maintenant deux vecteurs
et
d'un
espace vectoriel .
Formons les quantités anti-symétriques suivantes (nous y trouvons
deux produits tensoriels):

où nous voyons immédiatement que les composantes sont
celles d'un tenseur antisymétrique .
La décomposition du vecteur dans
la base s'écrit:

Le tenseur (noté
ainsi en analogie avec le produit vectoriel pour )
est appelé le "produit extérieur" des vecteurs et
.
Nous disons encore que ce tenseur est un "bi-vecteur".
Le produit extérieur est donc un
tenseur anti-symétrique qui vérifie les propriétés suivantes:
P1. anticommutativité: ,
il en résulte:

P2. distributivité à gauche et à
droite pour l'addition vectorielle:

P3. associativité pour la
multiplication par un scalaire:

P4. les produits extérieurs:

constituent une base de l'ensemble
des bi-vecteurs. Démonstration:
Un tenseur antisymétrique d'ordre
deux, élément de ,
peut s'écrire sous la forme:

Echangeant, dans la dernière somme
de la relation ci-dessus, le nom des indices et en tenant compte que
,
nous obtenons :

Les éléments:

sont linéairement indépendants
puisque les vecteurs le
sont également. Ces éléments constituent donc une base sur
laquelle les tenseurs anti-symétriques peuvent êtres décomposés.
Le nombre de vecteurs distinguables
est égal au nombre de combinaisons de vecteurs pris deux à deux
et distinguables parmi tel
que:

Effectivement parmi les composantes,
composantes
sont nulles et les autres
composantes ont des valeurs opposées deux à deux. Nous pouvons donc
considérer que la moitié de ces dernières suffit a caractériser
le tenseur.
Dans le cadre du produit tensoriel où
nous avons:

le nombres de composantes
distinguables est également de et
elles sont appelées "composantes strictes".
Nous remarquons que pour ,
le nombre de composantes strictes du produit extérieur de deux
vecteurs est aussi égal à trois. Ceci permet de former avec les
composantes du bivecteur, les composantes d'un produit vectoriel .
Ainsi, un produit vectoriel n'existe
donc que pour un sous-espace de bi-vecteurs dont le nombre de
dimension est égal à 3 et dont les pré-images sont des tenseurs anti-symétriques.
Si
toutes ces conditions sont satisfaites, nous disons que le vecteur
constitue
le "tenseur adjoint" du tenseur .
TENSEUR FONDAMENTAL
Nous avons vu au début de notre étude
du calcul tensoriel la définition des composantes covariantes du
tenseur fondamental, à savoir :

Ces quantités interviennent, nous le
savonse, dans l'expression du produit scalaire de deux vecteur et
,
de composantes contravariantes et
,
donné par la relation:

Utilisons le critère général de
tensorialité pour mettre en évidence le caractère tensoriel des .
L'expression précédente est un produit complètement contracté
des quantités avec
les composantes contravariantes d'un
tenseur arbitraire. Comme le produit scalaire est une quantité
invariante (en l'occurence un scalaire) par rapport aux changements de base, il en résulte que
les quantités
sont
les composantes covariantes d'un tenseur.
Ce tenseur est de plus symétrique
par suite de la propriété symétrie du produit scalaire des
vecteurs de base tel que:

Nous avons de même pour les
composantes contravariantes du tenseur fondamental :

Si nous notons les
composantes mixtes du tenseur fondamental à lui même:

avec évidemment ldans la base
canonique :

COORDONNEES CURVILIGNES
Les notions classiques de système de
coordonnées peuvent être généralisées à des espaces ponctuels
(voir le chapitre traitant des principes de la mécanique classique)
à dimensions.
Nous appelons "système de coordonnées" dans (espace
ponctuel à dimensions
donc), tout mode de définition d'un point dans
le système considéré.
Pour un système donné de coordonnées
(cartésiennes, sphériques, cylindriques, polaires
), nous
appelons "ligne coordonnée" le "lieu" des points lorsqu'une
seule coordonnée varie, les autres étant égales à des
constantes.
Etudions tout d'abord la généralisation
d'un système de coordonnées relatives à un repère fixe (nous
conseillons vivement au lecteur d'avoir lu au préalable la partie
traitant des systèmes de coordonnées dans le chapitre de calcul
vectoriel et la partie traitant du formalisme lagrangien dans le
chapitre des principes de la mécanique).
Considérons un espace ponctuel et
un repère de
cet espace. Soit les
coordonnées rectilignes d'un point de
par
rapport à ce repère. Un système de coordonnées quelconque ,
,
est obtenu en se donnant fonctions
arbitraires des
paramètres ,
telles que:

Nous supposerons par la suite que les
fonctions
satisfont aux trois propriétés suivantes:
P1. Elles sont de classe supérieur ou
égal à (dérivables
au moins deux fois pour les besoins de la physique). Cette hypothèse implique, en tout point où
elle est satisfaite, que nous avons la permutabilité des
dérivations (par rapport aux deux dérivations):

P2. Ces fonctions sont telles que nous
pouvons résoudre le système des équations
de changement de système de coordonnées par rapport aux variables et
les exprimer en fonction des ,
soit:

toujours avec .
P3. Lorsque les variables varient
dans un domaine ,
les variables varient
dans un domaine .
Le jacobien des fonctions ,
défini par:

sera supposé différent de zéro
dans le domaine ainsi
que le jacobien des
fonctions qui
est l'inverse du jacobien .
Si les jacobiens existent, ils sont non nuls comme conséquence en
première lieu de la deuxième propriété ci-dessus et implicitement
de la première.
Si nous fixons paramètres
en
faisant varier un seul paramètre, par
exemple, nous obtenons les coordonnées d'un
ensemble de points de
qui
constituent une "ligne coordonnée". En général, les lignes coordonnées
ne sont pas des droites mais des courbes; ces coordonnées sont
appelées pour cette raison des "coordonnées curvilignes". En un
point de
se
croisent d'ailleurs lignes
coordonnées.
Nous démontrons en mécanique
analytique, lors de l'étude des espaces ponctuels, que les dérivées
et les différentielles d'un vecteur de
sont
indépendantes du point d'un
repère donné. Si est
rapporté à un système de coordonnées curvilignes ,
nous écrivons :

Soient maintenant les
coordonnées curvilignes du point par
rapport à une repère cartésien .
Dans ce repère, nous avons bien évidemment :

où les coordonnées cartésiennes
sont des fonctions .
Le vecteur a
donc pour expression:

A partir des composantes du
vecteur ,
nous pouvons former un déterminant qui
est précisément le jacobien des fonctions que
nous avions défini précédemment.
Puisque ce déterminant est différent de zéro (du moins
imposé tel quel), il en résulte que les vecteurs
sont
linéairement indépendants.
Ces vecteurs,
définis par la relation:

sont appelées la "base
naturelle" au point de
l'espace vectoriel .
Il sont colinéaires aux tangentes des lignes
coordonnées qui se coupent au point où
ils sont définis.
Nous n'insisterons pas sur le fait évident
qu'à tout système de coordonnées curvilignes sont associées des
repères naturels dont les bases sont exprimées par ses mêmes
coordonnées (voir le chapitre de calcul vectoriel).
Associons au point de
un
repère formé par le point et
par les vecteurs de la base naturelle. Ce repère est appelé le
"repère naturel" en du
système de coordonnées .
Il sera noté:
ou

La différentielles du vecteur s'exprime
alors sous la forme:

Les quantités constituent
les composantes contravariantes du vecteur dans
le repère naturel du
système de coordonnées .
Considérons maintenant deux systèmes
quelconques de coordonnées curvilignes et
,
liées entre elles par les relations:

où les fonctions sont
supposées plusieurs fois continuement dérivables par rapport aux et
de même pour les fonctions par
rapport aux coordonnées .
Lorsque nous passons d'un système
de coordonnées à un autre, nous disons que nous effectuons un
"changement de coordonnées curvilignes".
Nous avons vu en relativité
générale que la carré de la
distance entre
deux points et
infiniment
proches est donnée par le relation:

où les sont
les composantes du vecteur ,
rapportées à un repère fixe d'un espace ponctuel .
Lorsque cet espace est rapporté à un système de coordonnées
curvilignes ,
nous avons vu que la relation:

montre que le vecteur a
pour composantes contravariantes les quantités par
rapport au repère naturel .
Le carré de la distance s'écrit
alors dans le repère naturel:

où les quantités sont
les composantes du tenseur fondamental ou du tenseur métrique définies
à l'aide d'une base naturelle. L'expression précédente s'appelle
"l'élément linéaire de l'espace ponctuel "
ou encore la "métrique" de cet espace.
Les vecteurs du
repère naturel varient en général d'un point un autre. C'est le
cas, par exemple, des coordonnées sphériques dont les quantités (nous le démontrerons de suite
après) sont variables !!
Une courbe de
peut
être définie par la donnée des coordonnées curvilignes du
lieu des points en
fonction d'un paramètre .
La distance élémentaire sur
cette courbe s'écrit
alors:

REPERE NATUREL EN
COORDONNEES SPHERIQUES
Déterminons la base naturelle de
l'espace vectoriel associé
à l'espace ponctuel de
la géométrie ordinaire, en coordonnées sphériques. Ecrivons
l'expression des vecteurs dans
un repère cartésien fixe qui
sont par définition (voir le chapitre de calcul vectoriel pour
plus de détails) :

Les vecteurs des la base naturelle étant
donnés par:

Nous avons ainsi :

La dérivée de par
rapport à donne
le vecteur :

La dérivée par rapport à donne
le vecteur :

Ces trois vecteurs sont orthogonaux
entre eux ainsi que nous le vérifonse aisément en effectuant les
produits scalaires .
Lorsqu'il en est ainsi, nous disons que les coordonnées sont des
coordonnées "curvilignes orthogonales".
Ces vecteurs ne sont cependant pas tous normés,
puisque nous avons:

Le repère naturel, en coordonnées
sphériques, est donc formé par des vecteurs variables en direction
en en module en chaque point de .
Les quantités constituent
un exemple de tenseur métrique attaché à chacun des points de
l'espace .
L'élément linéaire du plan est
donné par (les détails des calculs peuvent êtres trouvés dans le
chapitre traitant de la mécanique relativiste en particulier la
partie concernant la relativité générale):
REPERE NATUREL EN
COORDONNEES POLAIRES
Déterminons la base naturelle de
l'espace vectoriel associé
à l'espace ponctuel de
la géométrie ordinaire, en coordonnées polaires. Ecrivons
l'expression des vecteurs dans
un repère fixe cartésien qui
sont par définition (voir le chapitre d'analyse vectorielle pour
plus de détails):

Les vecteurs des la base naturelle étant
donnés par:

Nous avons:

La dérivée de par
rapport à donne
le vecteur :

Ces deux vecteurs sont orthogonaux
entre eux ainsi que nous le vérifions aisément en effectuant les
produits scalaires .
Nous avons:

L'élément linéaire du plan est
donné par (les détails des calculs peuvent êtres trouvés dans le
chapitre traitant de la mécanique relativiste en particulier la
partie concernant la relativité générale):
REPERE NATUREL EN
COORDONNEES CYLINDRIQUES
Déterminons la base naturelle de
l'espace vectoriel associé
à l'espace ponctuel de
la géométrie ordinaire, en coordonnées cylindriques. Ecrivons
l'expression des vecteurs dans
un repère fixe cartésien qui
sont par définition (voir le chapitre d'analyse vectorielle pour
plus de détails):

Les vecteurs des la base naturelle étant
donnés par:
Nous avons:

La dérivée de par
rapport à donne
le vecteur :

et
enfin:

Ces trois vecteurs sont orthogonaux
entre eux ainsi qu'on le vérifie aisément en effectuant les
produits scalaires .
Nous avons:

L'élément linéaire du plan est
donné par (les détails des calculs peuvent êtres trouvés dans le
chapitre traitant de la mécanique relativiste en particulier la
partie concernant la relativité générale):

SYMBOLES DE CHRISTOFFEL
L'étude des champs de tenseurs
constitue, pour le physicien, l'essentiel de l'analyse tensorielle.
Le tenseur générique de
ce champ est une fonction du point et
nous le notons:

Si le tenseur est
une fonction seulement de ,
le champ considéré est appelé un "champ fixe". Si est,
en outre, une fonction d'un ou plusieurs paramètres autres
que les coordonnées de ,
nous disons alors que ce champ est variable et nous le notons :

Les différentes opérations algébriques
sur les tenseurs associés
à un même point ne
soulèvent pas de difficulté particulière. La dérivée de par
rapport à un paramètre conduit
à utiliser les résultats classiques relatifs à la dérivation des
vecteurs.
Cependant, une difficulté apparaît
lorsque nous cherchons à calculer la dérivée d'un tenseur par
rapport aux coordonnées curvilignes. En effet, les composantes du
tenseur sont définies en chaque point par
rapport à un repère naturel qui varie d'un point à un autre.
Par
suite, le calcul de la variation élémentaire :

lorsque nous passons d'un point à
un point infiniment voisin ne
peut se faire que si nous avons recours à une même base. Pour pouvoir
comparer l'un à l'autre les tenseur et
,
nous sommes amenés à étudier comment varie un repère naturel, pour un
système de coordonnées donné, lorsque nous passons d'un point au
point infiniment voisin .
Pour un système de coordonnée
curvilignes donné
d'un espace ponctuel un
problème fondamental de l'analyse tensorielle consiste donc à déterminer,
par rapport au repère naturel au
point ,
le repère naturel au
point infiniment voisin .
D'une part, le point sera
parfaitement défini par rapport à si
nous déterminons le vecteur tel
que .
Pour des coordonnées curvilignes ,
la décomposition d'un vecteur élémentaire est
donnée par la relation que nous avons
démontré précédemment:

Les quantités étant
les composantes contravariantes du vecteur sur
la base naturelle .
D'autre part, les vecteurs vont
pouvoir être déterminés en calculant les variations élémentaire
des
vecteurs ,
par rapport au repère naturel ,
lorsque nous passons de en
;
nous avons alors:

Le calcul des vecteurs reste
alors le problème essentiel à résoudre. Nous allons tout d'abord
étudier un exemple de ce type de calcul en coordonnées sphériques.
Pour cela, reprenons l'expression des
vecteurs de
la base naturelle en coordonnées sphériques, soit:

Les vecteurs de base du
repère fixe cartésien étant constants en module et en direction,
la différentielle du vecteur s'écrit:

Nous remarquons que les termes entre
parenthèses représentent respectivement les vecteurs et
,
d'où:

Nous calculons de même, en différentiant
les vecteurs :

Avec:

nous avons:

Donc finalement:

Et:

Après quelques opérations algébriques
élémentaires et très pertinentes (
), nous arrivons à:

Les différentielles sont
ainsi décomposées sur la base naturelle .
Si nous notons ,
les composantes contravariantes du vecteur ,
celui-ci s'écrit (nous changeons les lettres d'indices):

Les composantes des
vecteurs sont
des formes différentielles (combinaisons linéaires de
différentielles).
Nous avons, par exemple:

Si nous notons de manière générale
les
coordonnées sphériques, nous avons:

Les différentielles des coordonnées
sont alors notées:

et les composantes s'écrivent
alors de manière générale:

où les quantités sont
des fonctions de qui
vont être explicitement obtenues en identifiant chaque composante .
Par exemple, la composante s'écrit
avec la notations de la relation précédente:

Identifiant les coefficients des différentielles,
il vient:

En procédant de même avec les neuf
composantes ,
nous obtenons les vingt sept termes .
Pour un système de coordonnées curvilignes quelconques, ces
quantités sont
appelées les "symboles de Christoffel de deuxième espèce".
Ainsi, pour un espace ponctuel et
un système de coordonnées curvilignes quelconque,
la différentielle des
vecteurs de
la base naturelle s'écrit sur cette base:
Nous venons de voir, sur l'exemple
des coordonnées sphériques, qu'un calcul direct permet, par
identification, d'obtenir explicitement les quantités .
Nous allons voir que nous pouvons également obtenir l'expression de
ces quantités en fonction des composantes .
Le calcul des quantités en
fonction des va
nous amener à introduire d'autres symboles de Christoffel. Pour
cela, écrivons les composantes covariantes, notées ,
des différentielles ,
soit:

Les composantes covariantes sont également
des combinaisons linéaires des différentielles que
nous pouvons écrire sous la forme:

Les quantités sont
appelées les "symboles de Christoffel de première espèce".
Nous voyons très bien en parcourant
à nouveau la définition du symbole de Christoffel que :
et
donc que :
Puisque les composantes covariantes
sont liées aux composantes contravariantes par les relations
(contraction des indices) :

nous obtenons l'expression liant les
symboles de Christoffel de chaque espèse:

Inversement:

Remarque: diverses notations sont
utilisées pour représenter les symboles de Christoffel. Les plus
usuelles sont les suivantes:
- Symboles de première espèce: 
- Symboles de deuxième espèce: 
Considérons maintenant un espace
ponctuel et
soit un élément linéaire donné
de cet espace:

Partant de:

nous obtenons par différentiation:

L'expression des différentielles nous
donne:
L'expression représente
la composante covariante du
vecteur soit
compte tenu des composantes contravariantes en fonction des symboles
de Christoffel:

substituant la relation dans
l'expression précédente, nous obtenons alors :
La différentielle s'écrit
alors :

D'autre part, la différentielle de
la fonction s'écrit
également :

d'où en identifient les coefficients
des différentielles dans
ces deux dernières expressions :

Comme
nous avons :

Nous
pouvons écrire l'avant dernière relation :

puis
en effectuant une permutation circulaire sur les indices, nous
obtenons :

En
effectuant la somme :

et en retranchant :

En simplifiant il vient :

d'où :

C'est l'expression des symboles de
Christoffel de première espèce en fonction des dérivées
partielles des composantes du
tenseur fondamental. Nous obtenons ceux de deuxième espèce à
partir de la relation :
Les
deux dernières expressions encadrées permettent le calcul effectif
des symboles de Christoffel pour une métrique donnée (d'où un énorme
gain en calculs). Lorsque les quantités sont
données à priori, nous pouvons ainsi étudier les propriétés de
l'espace ponctuel défini par la donne de cette métrique, ce qui
est le cas des espaces de Riemann que nous verrons plus loin.
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