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OPTIQUE GÉOMÉTRIQUE
| OPTIQUE
ONDULATOIRE
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LISTE DES SUJETS TRAITÉS SUR CETTE PAGE
L'optique
est l'étude de la fraction
de l'énergie
rayonnante sensible à la rétine, c'est-à-dire
la "lumière"
ou dit de manière plus générale: les "ondes électromagnétiques" (cf.
chapitre d'Électrodynamique) et
ce dans une large bande de fréquence qui ne se limite pas
(suivant les cas étudiés) à la lumière
visible!
Nous avons choisi sur ce
site de scinder l'étude de l'optique en trois parties: la photométrie
(voir plus bas), l'optique géométrique (le présent
chapitre) et l'optique ondulatoire (prochain chapitre).
1. La "photométrie"
s'occupe de la partie des définitions des grandeurs relatives
aux propriétés énergétiques
des ondes électromagnétiques relativement à la
sensibilité visuelle.
2. "L'optique géométrique" où nous
décrivons la propagation de la lumière dans les milieux
transparents sans faire intervenir la nature même de la lumière.
Il s'agit d'une partie de la physique présentant l'avantage
de ne pas demander d'outils mathématiques compliqués,
mais de beaucoup de bon sens géométrique...
3. "L'optique
ondulatoire"
où les phénomènes
lumineux sont interprétés en tenant compte de la
nature de la lumière.
Celle-ci est considérée comme une onde électromagnétique
d'une longueur d'onde donnée définissant sa couleur
(grandeur subjective comme nous le verrons plus loin).
Dans certaines expériences,
nous devons cependant considérer la lumière comme un phénomène
corpusculaire (cf. chapitre de Physique
Quantique Ondulatoire)
nous la supposons alors constituée
de particules, les "photons",
dont l'énergie est proportionnelle à la fréquence lumineuse
selon la loi de Planck (pas celle de la thermodynamique... l'autre).
Pour des raisons de cohérence,
comme nous en avons déjà fait mention, nous avons
choisi de mettre la photométrie
dans le
chapitre d'Optique Géométrique (ici même donc...).
Avant de commencer à étudier
l'aspect mathématique de l'optique géométrique,
il nous a semblé
judicieux d'éclaircir certaines zones floues du domaine
de l'optique qui sont rarement bien précisées voire
même
pas traitées du tout
dans les ouvrages sur le sujet. Ainsi, nous allons d'abord présenter
ce qu'est une source ou une absence de lumière et ensuite
comment les couleurs sont vues et traitées par l'être
humain.
SOURCES
ET OMBRES
L'expérience nous enseigne que dans
un milieu homogène et transparent la lumière se propage en ligne
droite et que celle-ci provient
toujours de "sources lumineuses":
Certains objets sont lumineux par eux-mêmes
(Soleil, flammes). Les autres objets ne sont généralement pas visibles
dans l'obscurité (absence de lumière) mais s'ils sont éclairés
ils renvoient tout ou partie de la lumière dans toutes les directions
(voir le chapitre d'Électrodynamique et de physique quantique corpusculaire)
et se comportent donc dès lors comme des sources lumineuses.
Nous définissons:
D1. Une "source
ponctuelle"
comme étant un seul "point lumineux"
D2. Une "source étendue"
comme un ensemble de sources ponctuelles
D3. Un "rayon
lumineux" comme
toute droite suivant laquelle se propage la lumière
D4. Un "faisceau
lumineux"
comme un ensemble de rayons lumineux
D5. Le "diamètre apparent"
comme étant l'angle, généralement petit, sous lequel nous voyons
une des dimensions de l'objet (angle exprimé en radians).
La lumière traverse le vide sans subir
d'altération. C'est ainsi que la lumière du Soleil, avant d'atteindre
la limite de l'atmosphère terrestre, traverse d'immenses espaces
vides sans subir de transformations.
Sur Terre, entre un objet lumineux
et l'oeil qui voit cet objet, la lumière traverse une certaine épaisseur
d'air. L'objet demeure visible dans d'autres gaz, ou bien à travers
une lame de verre, de mica, de cellophane..., ou bien encore à travers
une couche d'eau, d'alcool, de glycérine... de tels corps constituent
des "milieux transparents".
La plupart des corps ne
se laissent pas traverser par la lumière. Placés entre l'oeil
et un objet lumineux, ils suppriment la vision de cet objet: nous disons alors qu'ils
sont "corps opaques".
En fait, aucune substance
n'est parfaitement transparente et la propagation dans un milieu
transparent s'accompagne
toujours d'un affaiblissement. Ce phénomène d'absorption
dépend de la nature du milieu et augmente avec l'épaisseur
de substance traversée. C'est ainsi que l'eau, même très
pure, est opaque sous une épaisseur d'une centaine de mètres.
Aussi les grands fonds marins ne reçoivent-ils jamais de lumière
solaire.
Il arrive que certains
corps, dits
"corps translucides", laissent
filtrer de la lumière
sans permettre
à l'oeil d'identifier l'objet lumineux qui l'émet. Tels sont le
verre dépoli, le verre strié, la porcelaine mince, le papier huilé...
Dans un espace sombre,
l'oeil situé hors du trajet de la lumière, aperçoit ce trajet grâce
aux fines particules solides (poussières, fumée de tabac, brouillard,...)
en suspension dans l'air. Ces particules éclairées diffusent
la lumière qu'elles reçoivent, devenant autant de points lumineux
qui matérialisent le volume traversé par la lumière. L'observation
familière
montre que ces volumes lumineux paraissent toujours limités par
des lignes droites.
Nous pouvons dès
lors appliquer le théorème des rapports de Thalès à certains phénomènes
lumineux. Ainsi, imaginons l'expérience suivante:
Nous réalisons des
sources de dimensions assez faibles pour que nous puissions les
considérer comme des sources ponctuelles (c'est-à-dire des points
lumineux).
Soit S
une telle source ponctuelle de lumière. Considérons le volume
que la source S
illumine à travers une ouverture dans un diaphragme se situant
dans la trajectoire de la lumière à la distance d.
Si nous notons AB le
diamètre circulaire de cette ouverture du diaphragme K
et que nous coupons la trajectoire lumineuse par un écran E,
parallèle à K
et à distance D
de la source, nous observerions que la partie éclairée se limite
à un cercle A'B'.

Figure: 39.1 - Application du théorème de Thalès sur des sources ponctuelles
Si
nous pouvions mesurer les diamètres AB
et A'B'
des deux cercles, ainsi que leurs distances d
et D
à la source, nous trouverions qu'ils satisfont au théorème des
rapports de Thalès et ainsi que:
(39.1)
C'est également la
preuve que le volume lumineux est effectivement limité par des droites
issues de S
et s'appuyant sur le bord de l'ouverture du diaphragme.
Ces faits d'observation
et d'expérience élémentaires suggèrent l'hypothèse suivante:
Dans un
milieu transparent homogène (rappelons qu'un milieu est homogène
quand tous ses éléments
de volume possèdent les mêmes propriétés), la lumière provenant
d'un point lumineux se propage suivant des lignes droites issues
de ce point. Ces droites sont appelées des "rayons
lumineux".
Si nous revenons
à la figure précédente, l'ensemble des rayons lumineux contenus
dans le cône défini par la source S
et le diaphragme K
constitue un "faisceau lumineux".
1. La
lumière se
propageant ici à partir de S,
nous disons que les rayons "divergent" ou encore que
le faisceau est un "faisceau divergent".
2. Quand
une source ponctuelle est à l'infini (comme l'est pratiquement
une étoile,
par exemple), les rayons qui en partent sont parallèles et les
faisceaux qu'ils forment sont appelés "faisceaux
parallèles", ou
encore "faisceaux cylindriques".
3. À l'aide
d'une lentille convergente (une loupe, par exemple), nous verrons
qu'il
est possible de changer les directions de rayons issus d'une source
ponctuelle et de les faire concourir en un point S'.
Un tel ensemble de rayons constitue alors un "faisceau
convergent".
Un faisceau
lumineux très étroit prend le nom de "pinceau
lumineux". Par exemple,
les rayons allant d'un point lumineux à l'oeil forment toujours
un pinceau lumineux très délié, parce que la distance du point
observé
à l'oeil est nécessairement grande, comparée au diamètre de la pupille.
Si nous
revenons
à notre expérience avec le diaphragme: si nous diminuons l'ouverture
de ce dernier qui limite un pinceau de rayons lumineux, nous observons
(lorsque le diamètre est réduit à moins de quelques dixièmes de
millimètre) que la trace du pinceau sur un écran E,
au lieu de s'amenuiser, s'agrandit au contraire, preuve que la
lumière
parvient maintenant en des points situés hors du cône SA'B'.
Tout se
passe comme si la très petite ouverture AB
devenait elle-même une source ponctuelle: nous disons que la lumière
se "diffracte". Nous reviendrons
plus tard sur cette propriété
de la lumière car il s'agit d'une étude mathématique
assez élaborée
(cf. chapitre d'Optique Ondulatoire)
et donc complexe à manipuler
mais cependant fort intéressante.
Considérons maintenant
une source ponctuelle de lumière. Entre
la source et un écran E,
interposons un corps opaque de forme quelconque. Conformément à l'hypothèse
de la propagation rectiligne, nous observons un "cône
d'ombre" limité par
les rayons qui s'appuient sur le contour du corps interposé.
La région non éclairée
du corps opaque est "l'ombre propre", celle
qui correspond sur l'écran est "l'ombre
portée".
Si la source de lumière
est étendue, l'ombre portée et l'ombre propre n'ont plus leurs
contours nettement délimités. Leurs bords s'entourent d'une zone
intermédiaire
que l'on appelle la "pénombre".
COULEUR
Définition: Nous nommons "couleur" la
perception d'une excitation lumineuse suite à un processus
neurophotochimique par l'oeil
d'une ou plusieurs fréquences
d'ondes lumineuses avec une (ou des) amplitude(s) donnée(s).
Remarque: Il importe de ne jamais confondre "couleur",
notion perceptive, et "longueur d'onde", notion physique.
Ainsi, l'oeil humain est le plus souvent incapable de distinguer
un jaune monochromatique théorique (une seule longueur
d'onde) d'une composition
correspondante de vert et de rouge. Cette illusion permet d'afficher
du jaune sur nos écrans d'ordinateur, et, plus généralement
n'importe quelle couleur.
De par le fait que la partie sensible de la rétine de
l'oeil humain est composée d'éléments appelés "cônes" sensibles
chacun à un petit intervalle correspondant respectivement au
rouge (via la molécule d'erythrolabe), au
vert (via la molécule de chlorolabe) et au
bleu (via la molécule de cyanolabe), nous pouvons
créer
n'importe
quelle couleur en additionnant ces trois couleurs de base appelées "couleurs
fondamentales additives" (ou "couleurs
primaires additives").
Cela s'appelle la "synthèse
additive" des
couleurs.
L'association française de normalisation (AFNOR) a défini
au 20ème siècle le principe de trivariance visuelle
de la manière
suivante: Un rayonnement de couleurs quelconques peut être
produit visuellement à l'identique par le mélange
algébrique, en proportions
définies de manière unique, des flux lumineux de
trois rayonnements qui peuvent être arbitrairement choisis,
sous réserve qu'aucun d'entre
eux ne puisse être reproduit par un mélange des
deux autres.
Dans ce qui suit, nous noterons le rouge (R),
le vert (V), le bleu (B), le blanc (W),
le noir (N).
Couleur |
Longueur d'onde [nm] |
Fréquence [THz] |
rouge |
|
~ 625-740 |
~ 480-405 |
orange |
|
~ 590-625 |
~ 510-480 |
jaune |
|
~ 565-590 |
~ 530-510 |
vert |
|
~ 520-565 |
~ 580-530 |
cyan |
|
~ 500-520 |
~ 600-580 |
bleu |
|
~ 446-500 |
~ 690-600 |
violet |
|
~ 380-446 |
~ 790-690 |
Tableau: 39.1
- Valeurs de quelques longueurs d'onde et fréquences
Il est clair que vu les fréquences du spectre visible
ce ne sera pas demain qu'avec les matériaux connus au début
du 21ème
siècle que nous allons construire des antennes ou paraboles
capables d'émettre à de telles fréquences!
Déjà que 120 [GHz]
c'est un exploit alors 500 [THz] demain...
Il faut savoir que jusqu'en 1800 on ne savait pas si les couleurs
se limitaient ou non à celles visibles par l'oeil humain. Ce fut
avec l'apparition des thermomètres à mercure suffisamment sensibles
et précis, que l'astronome Herschel en plaça un devant un spectre
lumineux et trouva qu'en le promenant d'une bande de couleur à
l'autre, du violet au rouge, la température s'élevait. À sa grande
surprise, elle continua de s'élever lorsqu'il laissa accidentellement
le thermomètre à un deux centimètres au-delà de
la zone de la lumière rouge. Herschel avait détecté une lumière invisible à l'oeil
humain, qualifiée plus tard de rayonnement infrarouge.
Un exemple magistral et pédagogique de ce que l'on peut voir dans
les différents spectres est la nébuleuse du Crabe qui est un rémanent
de supernova résultant de l'explosion d'une supernova historique
(SN 1054) observée par plusieurs astronomes chinois de la
dynastie Song de juillet 1054 à avril 1056:

Figure: 39.2 - SN 1054 respectivement (de gauche à droite) en ondes radio,
infrarouge, visible et rayons X
Remarque: Les cônes L de la rétine sont
sensibles aux ondes longues (700 [nm]), donc les rouges.
Les cônes M,
sensibles aux ondes moyennes (545 [nm]), donc les verts.
Les cônes S, sensibles aux ondes courtes (440 [nm]),
donc les bleus. Quant au choix de cette gamme précise
du spectre électromagnétique par la Nature,
il suffit de regarder le spectre d'absorption de l'eau pour
voir que ça
tombe pile dans une fenêtre où l'eau absorbe très
peu. Du coup, nous pouvons voir loin même par temps humide.
En pointant trois faisceaux lumineux (R, V et B)
au même endroit, nous pouvons obtenir (au fait il serait plus
rigoureux de dire "percevoir" car ceci est propre seulement à certains
mammifères trichromates) de la lumière blanche.
Nous disons alors que le blanc (dans le sens humain du terme)
est la somme
des
trois couleurs fondamentales additives (rappelons qu'au fait
le blanc est rigoureusement la somme de toutes les couleurs
du spectre - donc que le blanc est constitué d'un spectre
lumineux continu). Toutes les couleurs imaginables sont obtenues
en variant
l'intensité de chacun des trois faisceaux. Le noir est
obtenu quand nous n'envoyons aucune lumière du tout.
Par exemple, si nous additionnons (dans le sens théorique
du terme: avec des composants de couleurs infiniment petits et
transparents...)
juste du rouge et du vert, nous obtenons du jaune (J),
si nous additionnons du rouge et du bleu, nous obtenons du Magenta
(M),
si nous additionnons du vert et du bleu, on obtient du Cyan (C).
Nous pouvons donc résumer cela par les équations
suivantes:
(39.2)
Ces trois couleurs (J, M, C) obtenues
en additionnant deux couleurs fondamentales additives sont appelées "couleurs
secondaires additives".
Schéma de la synthèse additive:

Figure: 39.3 - Représentation de la synthèse additive
L'existence de ces trois types de pigments dans
les photorécepteurs des cônes sert de base physiologique
au "modèle
trichromatique" ou de "trivariance
visuelle".
Définition: Une couleur est dite "couleur
complémentaire" d'une
autre si elles donnent du blanc quand on les additionne. Par
exemple, le jaune est la couleur complémentaire du bleu:
(39.3)
À l'opposé de la synthèse additive, il existe
la "synthèse
soustractive des couleurs": c'est celle dont
nous parlons quand nous enlevons de la couleur à une couleur
de base. C'est
par exemple le cas de l'encre ou des filtres colorés (dans
le sens où il y a un support de base dont il faut traiter la
couleur).
Pour comprendre de quoi il s'agit, posons un filtre rouge sur
un rétroprojecteur.
La lumière
projetée sera rouge. Nous remarquons donc que le filtre
a enlevé de
la couleur à la lumière blanche: W est devenu R mais
comme W = RVB, cela veut dire que le filtre rouge
a enlevé les couleurs VB à la lumière
blanche du rétroprojecteur. Avec le même raisonnement,
nous comprenons qu'un filtre V soustrait les couleurs RB et
un filtre B soustrait RV.
Si nous empilons deux filtres de couleurs fondamentales
différentes: par exemple, un filtre R et
un filtre V,
nous n'obtiendrons rien du tout, autrement dit, du N.
En effet, le filtre R ne laisse passer que la lumière
rouge et le filtre V soustrait cette couleur (ainsi que
le B). Il ne reste donc plus aucune couleur, autrement
dit du N.
Nous remarquons donc que les filtres R, V et B ne
permettent pas de synthétiser différentes couleurs par soustraction
puisque nous obtenons du noir dès que nous en superposons deux
différents. Ce qui est très embêtant lorsque le support concerné est
du papier et que l'objectif est d'imprimer quelque chose de coloré.
Il est donc plus utile d'utiliser les filtres jaunes,
magenta et cyan (J, M, et C) des couleurs
additives secondaires. En effet, un filtre J laisse passer
du jaune, c'est-à-dire RV. Il ne soustrait donc que le B à la
lumière blanche d'origine. Selon le même principe, un
filtre M soustrait V et
un filtre C soustrait R.
Nous remarquons alors que la superposition de deux filtres
de ces couleurs secondaires donne une nouvelle couleur sur un
support existant. Nous pouvons ainsi synthétiser n'importe quelle
couleur en variant l'intensité de chacun des trois filtres (J, M et C)
que nous superposons (sur le rétroprojecteur ou le papier par
exemple). Nous appelons ces trois couleurs les "couleurs
fondamentales soustractives".
Schéma de la synthèse soustractive:

Figure: 39.4 - Représentation de la synthèse soustractive
Exemples:
E1. Un écran de télévision ou d'ordinateur
fonctionne sur le principe de la synthèse additive des couleurs.
En effet, en regardant l'écran à la loupe, on peut se rendre
compte qu'il est rempli de petits groupes de trois luminophores
(zone brillante
quand on l'excite) R, V et B. Ces luminophores
sont tellement proches que quand ils s'allument ensemble, ils
donnent l'impression de se confondre et on perçoit uniquement
la synthèse additive des trois pixels. Par exemple, sur
un écran
de télévision entièrement rouge, seuls les
luminophores rouges brillent. Par contre, si l'écran vire
au jaune, cela veut dire que les luminophores verts brillent
en même temps que les rouges.
E2. À l'opposé de la télévision,
nous trouvons les procédés
d'imprimerie qui fonctionnent en synthèse soustractive.
En effet, la feuille est blanche et il faut lui enlever des couleurs
pour
obtenir celle que nous désirons. La technique est la même
que celle des filtres: les encres contiennent des pigments
qui filtrent certaines couleurs. En utilisant des encres J, M et C,
nous pouvons obtenir toutes les couleurs du spectre visible.
Toutefois, les pigments ne sont pas parfaits et le noir est très
difficile à obtenir (surcharge d'encre et teinte plutôt brun
foncée). Nous avons donc recours au noir comme quatrième
couleur. Ce système s'appelle "l'impression
en quadrichromie". Il est
utilisé par
exemple par la plupart des imprimantes couleurs et dans les rotatives
de journaux.
Il est intéressant maintenant de s'intéresser aux
phénomènes
qui superposent les deux concepts (si nous pouvons dire...).
Ainsi, un système
qui projette de la couleur selon le système RVB additif
ou soustractif peut lui-même être éclairé par un système équivalent.
Il en résulte
ainsi une superposition d'effets.
Ainsi, quand nous parlons de la couleur des objets, nous
nous référons normalement à l'aspect qu'ils ont quand ils sont éclairés
par de la lumière blanche.
Exemple:
Une tomate rouge, absorbe une partie de la lumière blanche W (VB)
et diffuse le reste (R). C'est pour cela qu'elle nous
apparaît rouge quand on l'éclaire avec de la lumière
blanche. Un citron, lui, apparaît jaune car il absorbe le bleu
de la lumière
blanche W et diffuse le reste (RV).... Mais qu'en
est-il d'une tomate éclairée par une lumière
bleue? À quoi ressemble le citron si nous l'éclairons
en rouge?
Nous pouvons répondre en raisonnant comme suit:
comme la tomate absorbe VB et donc intrinsèquement
le bleu (B), il ne reste donc rien. Elle apparaît alors
noire. Quant au citron, comme il absorbe le bleu (B) et
diffuse la lumière R+V alors si nous l'éclairons seulement
avec du rouge R il ne diffusera que du rouge et apparaîtra
donc rouge.
PHOTOMÉTRIE
La matière est capable d'émettre, de
transmettre et/ou d'absorber de l'énergie électromagnétique.
Plusieurs facteurs caractérisent ce rayonnement tels que:
sa gamme spectrale, son intensité, sa direction ainsi que
certaines propriétés intrinsèques
à la matière. La photométrie se propose de rechercher
les grandeurs qui lui sont spécifiques ainsi que les lois
qui les régissent.
Nous reconnaissons deux types de photométrie: la "photométrie énergétique" et
la "photométrie
visuelle". Dans ce qui va suivre, nous nous en tiendrons
principalement
à la photométrie énergétique qui trait
plus généralement de l'énergie transportée par un rayonnement électromagnétique,
quelle que soit sa longueur d'onde.
Au préalable, nous devons spécifier les conditions dans lesquelles
nous allons définir les nouvelles grandeurs. Nous admettrons donc
les hypothèses suivantes:
H1. Le rayonnement se propage dans un milieu transparent pour
toutes les intensités, les longueurs d'onde et leur polarisation.
H2. La propagation s'effectue suivant des angles solides (cf.
chapitre de Trigonométrie). Nous écartons
ainsi la propagation selon des rayons parallèles.
H3. La surface élémentaire dS d'étude
est suffisamment petite pour que les rayonnements de ses points
soient identiques
mais pas trop petits pour éviter des phénomènes
comme la diffraction.
FLUX ÉNERGÉTIQUE
Définition: Le "flux énergétique"
d'une source de rayonnement est la puissance qu'elle rayonne. Le
flux se
mesure en Watts [W] (soit des joules par seconde [J/s])
et il découle dès lors que pour une source qui rayonne une énergie
(non nécessairement constante), nous avons:
(39.4)
Dans certains domaines professionnels le flux énergétique
s'exprime en unités photométriques comme étant
le "Lumen" noté [lm]
ou en unités photoniques
comme un nombre de photons par seconde: .
Raison pour laquelle, lorsque vous achetez des écrans ou lampes dans
certains magasins, les unités ne sont pas les mêmes d'une marque
à l'autre.
LOI
DE BEER-LAMBERT
Si l'absorption et la diffusion
d'un milieu peuvent être considérées comme proportionnelles à l'épaisseur dz de
matière traversée, la variation de flux pourra s'écrire:
(39.5)
dans cette expression est
le flux incident et est
le "coefficient d'atténuation linéique"
qui est fonction de la fréquence
du rayonnement.
Nous aurons donc une simple équation différentielle
(cf. chapitre de Calcul Différentiel
Et Intégral):
(39.6)
qui est la "loi
de Beer-Lambert"
(qui peut aussi s'exprimer à partir de l'intensité lumineuse
que nous définirons de suite après).
Ordres de grandeur: Atmosphère ;
,
Verre (BK7) ,
...
Remarque: La variation du coefficient d'absorption atmosphérique
avec la longueur d'onde permet notamment d'expliquer la couleur
bleue du ciel.
Il existe de nombreuses autres formulations de la loi de Beer-Lambert
dont une assez utilisée en physique nucléaire (voir
chapitre du même nom) dans le cadre de la radioprotection.
Voyons de quoi il s'agit:
Considérons un flux
de particules frappant perpendiculairement la surface d'un matériau
d'épaisseur dz et de densité atomique
N ( ).
Si nous considérons les particules frappant une surface
S, ces dernières peuvent théoriquement
rencontrer
atomes cibles dans cette couche. Le nombre de particules interagissant
sera proportionnel à l'intensité fois ce nombre,
et nous avons:
(39.7)
Si nous admettons maintenant que les centres de diffusion sont
les électrons et non pas les atomes cibles, alors il faut
remplacer N par
où
avec Z étant le nombre d'électrons interagissant
par atome cible. D'où:
(39.8)
En identifiant avec la première
formulation de la loi de Beer-Lambert, nous voyons que
joue le même rôle que:
et
(39.9)
Et dans l'hypothèse
où
l'électron constitue une "sphère
d'action" présentant
une surface frontale ,
étant le rayon de cette sphère, alors:
(39.10)
et nous avons pour le rayon
de la sphère d'action de l'électron:
(39.11)
INTENSITÉ LUMINEUSE
Pour décrire le flux énergétique d'une
source, il faut commencer par le mesurer. Le capteur utilisé (thermocouple,
bolomètre, cellule photoélectrique, oeil ou autres)
ne peut recevoir qu'une partie: celle qui arrive dans l'angle
solide défini
par sa section.
Définition: "L'intensité
lumineuse" ou "intensité
énergétique" I d'une source ponctuelle est
le flux rayonné dans
l'unité d'angle solide centré
autour d'une direction d'émission:
(39.12)
L'intensité lumineuse est exprimée dans certains
domaines professionnels en unités photométriques
en "Candela" [Cd] ou
en unités photoniques en (rappelons
que les stéradians n'ont pas d'unité au même titre
que les radians). Raison pour laquelle, lorsque vous achetez
des écrans ou lampes dans certains magasins, les unités
ne sont pas les mêmes d'une marque à l'autre.
Remarques: Une source est dite "source
anisotrope" ou "source
directionnelle" si
son intensité varie
avec la direction d'observation.
Par comparaison (car cela aide), une unité de Candela est équivalent
à l'intensité d'une source dans une direction donnée,
qui émet
un rayonnement monochromatique de fréquence 540.1012 [Hz]
(ce qui correspond approximativement à la fréquence à laquelle
l'oeil
est le plus sensible), et dont le flux lumineux (ou intensité)
dans cette direction est 1/683 [W] par stéradian.
ÉMITTANCE
ÉNERGÉTIQUE
Définition: "L'émittance
énergétique", "excitance"
ou encore "éclairement" M
d'une source est le flux énergétique rayonné (puissance) par unité de
surface
dS en [W/m2] dans toutes
les directions de l'espace extérieur à la source et dépend des
propriétés physico-chimiques
de la surface émettrice:
(39.13)
Elle est souvent assimilée dans le vocabulaire courant à la "luminosité"
d'une source de lumière ce qui porte parfois à confusion
avec le concept d'intensité lumineuse.
L'émittance énergétique est exprimée
dans de nombreux domaines professionnels en unités photométriques
appelée "Lux" [lx] ou
encore en unités photoniques
ou pire encore... en [lm/m2]. Par
exemple quand vous achetez une voiture, les feux de croisement
sont indiqués comme valant environ ~20 [lx].
Attention à ne pas confondre l'émittance énergétique
avec le flux énergétique!!!
Si la source est ponctuelle et son
rayonnement isotrope, sa direction n'est pas à prendre en considération.
Dans le cas de ladite sphère de rayon r,
l'émittance a alors pour expression:
(39.14)
Dans le cas précédent de la sphère, un élément dS de
la surface sphérique reçoit perpendiculairement le rayonnement.
En toute généralité, une surface élémentaire peut être inclinée
par rapport à la direction du rayonnement avec un angle .
Ainsi, nous devons projeter la surface sur la perpendiculaire du
rayonnement en utilisant les raisonnements élémentaires de la trigonométrie:
(39.15)
C'est cette projection qui explique
les saisons sur la Terre: la surface balayée par l'émittance à
peu près constante et isotrope du soleil (considéré comme une
source ponctuelle) est maximale à l'équateur (surface perpendiculaire)
et donc implique un flux supérieur par rapport à ce que reçoit
une latitude supérieure ou inférieure pour laquelle la projection
perpendiculaire de la surface concernée est plus petite que
celle à l'équateur pour
une émittance identique.
Remarques:
R1. L'émittance énergétique
n'est calculée
que dans le demi-espace extérieur avant (celui d'où nous regardons
la source), car seule la moitié de l'énergie échangée par les
points de la surface dS est
émise sous forme de rayonnement. L'autre moitié est échangée avec
les atomes situés dans le corps.
R2. L'émittance est habituellement aussi parfois notée F
ou encore E. Il faudra prendre garde cependant à ne pas
confondre l'émittance M avec la magnitude
(notée de
la même manière) que nous définissons en astrophysique.
LUMINANCE ÉNERGÉTIQUE
Soit une source non ponctuelle
dont l'émittance énergétique M est
connue en tout point. Un élément dS de
la surface de ce genre de source sera par définition de l'intensité
pas nécessairement isotrope et donc plus lumineux (puissant) lorsque
l'on l'observe colinéairement au vecteur .
L'intensité énergétique I qu'il
rayonne dans une direction, formant un angle ,
avec la normale à la surface d'émission est toujours
inférieure
à celle rayonnée dans la direction du vecteur .
Ainsi par simple application des règles trigonométriques,
nous obtenons la définition de la "luminance" (ou "radiance"):
(39.16)
exprimée dans certains domaines, en
unités photométriques en "Nits" ou
en unités photoniques en 
Remarque: Lorsque nous ne nous préoccupons que
de la lumière visible,
la luminance d'une source est quelquefois appelée "brillance"
ou "éclat" (attention
ceci n'est pas le cas lorsque l'on traite de l'éclat comme
il est vu en astrophysique).
Nous pouvons aussi écrire:
(39.17)
qui nous donne l'intensité énergétique
que rayonne une source de luminance L dans
une direction donnée.
Jean-Henri Lambert (1728-1777) a observé
que l'intensité énergétique de certaines sources (parmi toutes les
types de sources imaginables...) anisotropes diminue comme le cosinus
de l'angle ,
autour de la direction perpendiculaire à la surface de la source:
(39.18)
Cette variation de l'intensité est
observée lorsque nous mesurons l'énergie thermique
rayonnée par
un orifice percé dans un four (ce qui nous ramène
au corps noir), isolé thermiquement et dont la température
interne est supérieure
à la température externe. Dans ce contexte, l'orifice est
appelé
un "émetteur Lambert" et
ne balaye un espace que de stéradians.
Remarque: Une source qui obéit à cette loi est dite "source
orthotrope".
LOI
DE LAMBERT
Une source obéit à la loi de Lambert
si sa luminance énergétique est la même dans toutes les directions,
c'est-à-dire que son intensité est isotrope et donc indépendante
de l'angle .
Nous avons alors:
(39.19)
Calculons l'émittance d'un émetteur
Lambert:
Nous avons donc par définition même
de la propriété d'un émetteur Lambert:
(39.20)
et nous avons:
(39.21)
Or nous avons démontré dans le chapitre
de Trigonométrie, qu'un angle solide
élémentaire était donné par:
(39.22)
Ce qui nous amène à écrire en utilisant les relations
démontrées dans le chapitre de Trigonométrie:
(39.23)
L'émittance valant:
(39.24)
Ce résultat est important pour l'étude
du rayonnement du corps noir, puisque la valeur de la luminance
mesurée par un capteur permet de déduire l'émittance M,
donc le flux énergétique de la source:
(39.25)
Remarque: Nous parlons de la "luminance"
d'une source et de "l'éclairement"
d'un objet (par une source).
LOI
DE KIRCHHOFF
Tout corps irradié par une source énergétique
voit le flux énergétique incident se répartir selon trois termes
intuitifs:
(39.26)
où:
- est
le flux énergétique géométrique réfléchi ou diffusé
- est
le flux énergétique qui traverse le corps sans interactions (transparence
intégrale)
- est
absorbé et transformé sous d'autres formes d'énergie
Les trois coefficients appelés
respectivement
"facteur de réflexion" , "facteur
de transmission"
et "facteur d'absorption" ,
dépendent de la longueur d'onde de
la lumière incidente et de la température du corps récepteur.
Pour chaque objet, nous avons bien
évidemment:
(39.27)
qui
est l'expression de la "loi de Kirchhoff
simple" (contrairement
à la version différentielle) en photométrie.
Remarque: En physique, nous retrouvons souvent des énoncés
de conservation sous la dénomination "loi de Kirchhoff" comme
en électrocinétique
par exemple.
DÉCOMPOSITION
SPECTRALE
De ce qui vient d'être dit, il découle
que toutes les grandeurs définies précédemment peuvent être rapportées
à leur décomposition spectrale en longueur d'onde. Ceci résulte
du principe de superposition: tout rayonnement peut être traité
comme la superposition
de rayonnements monochromatiques.
Ainsi, nous définissons:
(39.28)
et
de même:
(39.29)
Remarque: Les unités du flux spectral (ou "décomposé"),
intensité spectrale (ou "décomposée"),
luminance spectrale (ou "décomposée")
ou émittance spectrale (ou "décomposée")
ainsi que les facteurs d'absorption spectrale (ou "décomposée"),
de réflexion spectrale (ou "décomposée")
et de transmission spectrale (ou "décomposée") ne
sont bien sûr pas équivalentes à leur expression
intégrée
au niveau dimensionnel.
Nous aurons un grand besoin de la densité
de l'émittance lors de l'étude du corps noir dans le chapitre de
Thermodynamique de la section de Mécanique. Rappelez-vous
uniquement que nous avons en unités S.I. sur le principe de décomposition
(et inversement superposition) spectrale:
(39.30)
Remarque: Nous avons vu en thermodynamique que les paramètres
définis
ci-dessus, étant dépendants de la longueur d'onde,
sont également
dépendants de la température qui émet ces
mêmes ondes.
LOI DE RÉFRACTION
Pierre
de Fermat proposa que les rayons
lumineux (ondes électromagnétiques) répondaient à un
principe très
général
selon lequel le chemin emprunté
par la lumière pour se rendre d'un point donné à un
autre était
celui pour lequel le temps de parcours était minimum (en
fait un extremum qui peut être un minimum ou un maximum). Cette
proposition, appelée "principe
de Fermat", à la
base de l'optique géométrique s'appuie sur le principe
de moindre action (principe que nous avons déjà introduit
dans le chapitre de Mécanique Analytique) ce que nous démontrerons
plus loin.
Avant de commencer les développements, donnons quelques
définitions
importantes donc certaines sont basées sur la figure ci-dessous:

Figure: 39.5 - Vocabulaire pour l'étude de l'optique géométrique
Définitions:
D1. Un "milieu réfringent"
est un milieu qui cause la déviation d'un rayon lumineux
incident.
D2. Le "rayon incident" est
le rayon lumineux qui se propageant dans un milieu 1, passe
totalement ou partiellement dans un milieu réfringent 2,
le reste étant absorbé ou partiellement réfléchi.
D3. "L'angle d'incidence", parfois noté i,
est l'angle par lequel le rayon incident pénètre dans le milieu
réfringent.
D4. Le "rayon partiellement ou totalement
réfléchi" est la partie
du rayon lumineux qui ayant rencontré l'interface séparant
le milieu de propagation du milieu réfringent, continue
son parcours dans le milieu de propagation.
D5. "L'angle de réflexion",
parfois noté rx ou simplement r s'il
n'y a pas de confusion possible,
est l'angle par lequel le rayon est réfléchi par
rapport au plan représentant l'interface entre le milieu
de propagation et lui-même. Nous démontrerons que
les angles incidents et réfléchis sont égaux
en valeurs absolues.
D6. Le "rayon partiellement ou totalement
réfracté" est la partie du rayon lumineux
qui ayant rencontré l'interface séparant le milieu
de propagation du milieu réfringent, continue son parcours
dans le milieu réfringent.
D7. "L'angle de réfraction",
parfois noté rc ou simplement r s'il
n'y a pas de confusion possible, est l'angle par lequel le rayon
est réfracté par rapport au plan représentant
l'interface entre le milieu de propagation et le milieu réfringent.
Les angles incidents et réfractés sont liés
par une relation que nous démontrerons plus loin.
D8. "L'indice
de réfraction absolu" d'un milieu à une
longueur d'onde donnée
(et donc de fréquence v) mesure le facteur de réduction
de la vitesse de phase de la lumière dans le milieu par rapport
au vide (la plus grande qui soit) et est donné en toute
généralité par la "loi
de Cauchy" (la seule
démonstration mathématique que j'ai eu entre les
mains à ce jour partait des équations de Maxwell
et tenait sur environ 3 pages A4, mais elle était basée
sur tellement de bricolages successifs que l'on va passer outre
et admettre
qu'elle ne peut être établie qu'expérimentalement):
(39.31)
où A et B sont des constantes établies
expérimentalement. Nous pouvons remarquer à travers
la loi de Cauchy que l'indice de réfraction absolu diminue
lorsque la longueur d'onde augmente (in extenso lorsque la fréquence
diminue).
Tous les matériaux possèdent un indice de
réfraction absolu,
d'une valeur positive et supérieure à 1. Plus un
milieu est dense, plus la vitesse de phase de la lumière
est ralentie, plus l'indice de réfraction absolu est élevé.
Considérons
(voir figure ci-dessous) maintenant deux milieux
et
d'indices de réfraction respectifs n et m
(implicitement dépendant de la longueur d'onde) et dont la surface
de contact est plane. Prenons deux points A
et B
situés respectivement dans le milieu d'indice n
(le point A)
et dans le milieu d'indice m
(le point B).
Considérons
le chemin de la lumière allant de A
à B.
Le principe de Fermat nous enseigne que le chemin emprunté par
la lumière est tel que le temps mis pour le parcourir est
minimum. Nous nous proposons dans un premier temps d'appliquer
une méthode
classique pour calculer le chemin du rayon lumineux et dans un
second temps, nous montrerons que le principe de Fermat peut être énoncé
comme un principe variationnel.
Choisissons
un repère qui simplifie le problème: faisons passer
l'axe des abscisses par le plan de contact des deux milieux et
l'axe des ordonnées par
le point B.
Dans un tel repère, les points A
et B
ont les coordonnées suivantes: .
Appelons
,
le point où le rayon lumineux traverse la surface de contact entre
les deux milieux. Le temps T mis pas la lumière pour aller de A
à B
est alors:
(39.32)

où:
et
(39.33)
sont
les vitesses de phase de la lumière dans les milieux et
.
Nous pouvons observer sur la figure ci-dessus que les rayons incidents
sont réfractés de l'autre côté de
l'axe perpendiculaire à l'interface.
Ceci est une caractéristique type des matériaux ayant
un indice de réfraction absolu positif. Mais il est possible
physiquement de construire depuis les années 1990 des "métamatériaux" composites
artificiels à indice
de réfraction absolu
négatif.
L'écriture
des deux relations précédentes:
et
(39.34)
se
justifie par le fait que nous pouvons nous permettre
de faire l'hypothèse
que la vitesse de phase de la lumière ne croît pas
en traversant un corps dense mais se voit divisée par un facteur
donné dépendant
du milieu qu'elle traverse. Pour s'en convaincre, il suffit
d'imaginer
un
cas absurde où la lumière traverserait sans perte de
vitesse un corps de densité infinie!
En développant les valeurs de AM
et MB
nous obtenons la dépendance suivante de T
en fonction de la position x
de M:
(39.35)
Selon
le principe de Fermat, le chemin emprunté par la lumière
est celui pour lequel T est
minimum. L'extremum de T(x) est
atteint lorsque sa dérivée par rapport à x
est nulle.
(39.36)
Notons
que:
et
(39.37)
où pour rappel, r est "l'angle
de réfraction" (à ne
pas confondre avec "l'angle de réflexion"!) et
i "l'angle
d'incidence"
de
la lumière allant de A à B.
La
condition d'un temps extremum mis par la lumière s'exprime
alors:
(39.38)
D'où
nous tirons la relation, connue sous le nom de "loi
de Snell-Descartes"
(qui n'est plus une loi puisque démontrée):
(39.39)
Il
suffit que les angles d'incidence et de réfraction remplissent
cette condition pour que le chemin parcouru par la lumière
soit effectivement celui qui prend le moins de temps.
Nous
notons plus fréquemment la loi de Snell-Descartes en
physique de la manière
suivante:
(39.40)
où
est "l'indice
de réfraction relatif" du milieu 2 par rapport
au milieu 1 qui ont respectivement leur propre "indice
de réfraction absolu" .
Ainsi, nous voyons bien à travers cette relation que l'angle
incident est en valeur absolue obligatoirement égal à l'angle
réfléchi.
Remarques:
R1. Nous verrons lors
de notre étude de l'optique ondulatoire que nous pouvons retrouver
(démontrer) cette même relation mais sans les hypothèses de bases
de l'optique géométrique. Dès lors, cette dernière relation
est appelée "relation de Descartes-Snellius" ou plus
simplement
"loi de Snell".
R2. Quand nous parlons
de l'indice de réfraction relatif d'un milieu m sans
faire référence
à un autre milieu, le milieu implicite est le vide.
R3. Certains matériaux n'ont pas un indice de réfraction
absolu isotrope: il dépend alors de la direction de propagation
et l'état de polarisation de la lumière. Cette propriété porte
le nom de "biréfringence".
Étudions
maintenant la relation entre l'indice de réfraction
relatif et la vitesse de phase de la lumière dans les
différents
milieux qu'elle traverse:
Un rayon lumineux relie
deux points
et
situés
de part et d'autre de S.
Ce rayon n'est pas représenté dans la figure. Ne
sont tracés
que trajets situés de part et d'autre du rayon qui réalise
l'extremum (nous nous basons sur l'étude du trajet maximum
maintenant). Par hypothèse, ils sont extrêmement proches,
si bien que la distance
est
très faible:
(39.41)
Nous admettons qu'ils correspondent
au même temps de parcours.

Figure: 39.6 - Figure permettant de mettre en relation vitesse de phase et indice de
réfraction
Puisque les deux trajets sont très
proches, nous pouvons admettre l'égalité des distances et
d'une
part, et
de
l'autre. Ainsi, par hypothèse:
(39.42)
Mais, sous la même hypothèse:

(39.43)
si bien que:
(39.44)
La "loi
de la réfraction"
s'énonce finalement
en général:
(39.45)
Quant à l'angle de réflexion, comme nous l'avons déjà précisé,
celui-ci reste donc égal à l'angle
d'incidence si la surface de réflexion est parfaitement
régulière
et plate.
Remarque: Si nous considérons
l'écriture suivante:
(39.46)
et le cas où (par exemple passage de l'eau
vers l'air). Alors, pour des valeurs proches de 1, c'est-à-dire
pour des incidences rasantes (rayon incident proche de la surface),
la loi de Snell-Descartes donne une valeur supérieure à 1.
Nous sortons alors du domaine de validité de la loi. Cela
correspond à des situations où il n'y a pas de réfraction
mais uniquement de la réflexion, nous parlons alors de "réflexion
totale".
Le
principe de Fermat présente donc d'évidentes similitudes
avec le principe de moindre action en cela qu'il consiste en un
principe
du minimum. Bien qu'une description rigoureuse de la lumière
nécessite
l'introduction de la physique quantique, il est toutefois possible
de l'appréhender par le biais de la mécanique analytique
et de lui appliquer, sous certaines conditions, le principe de
moindre
action.
Nous allons montrer que nous retrouvons ainsi le principe de Fermat.
Les calculs que nous allons présenter, introduisent de nombreuses
hypothèses hasardeuses mais en tout état de cause,
ce procédé doit
être considéré comme une approximation. À noter
que le principe de Fermat procède lui aussi d'une même approximation
que nous pouvons qualifier de "limite classique".
Imaginons
que la lumière est composée de "grains" matériels. Il
faut alors admettre que ces grains obéissent à des propriétés
physiques plutôt singulières: leur masse est nulle puisque selon
la description classique, les rayons lumineux ne sont pas déviés
par le champ gravitationnel. Cette absence de masse les rend
donc insensibles au champ gravitationnel
terrestre (attention ! nous sommes dans une description "classique").
Écrivons
l'action pour l'un de ces grains de lumière:
(39.47)
Or,
en supposant que le seul champ de potentiel V présent
est celui qui dérive du champ gravitationnel et que
nous admettons la lumière comme y étant insensible
(nous savons en relativité
générale que cela est faux mais nous avons précisé tout à l'heure
que nous ferions des approximations!), il s'ensuit que l'action
de la lumière peut s'écrire:
(39.48)
Or,
aucune force ne s'applique sur la lumière, par conséquent
l'énergie
cinétique T est une constante du
mouvement. Appliquons le principe variationnel de moindre action:
(39.49)
D'où
nous tirons:
(39.50)
Cette équation signifie que le temps mis par la lumière le long
de sa trajectoire est minimum (ou plus généralement, est un extremum).
Nous retrouvons le principe de Fermat. Nous avons donc montré,
qu'à
la limite classique et sous certaines hypothèses, le principe de
Fermat découle directement du principe de moindre action.
EFFET TCHERENKOV (CERENKOV)
Nous avons vu dans les paragraphes précédents l'hypothèse
(relativement intuitive) que la vitesse de phase de propagation
de la lumière
dans un milieu d'indice de réfraction absolu n n'était
pas égale à c mais toujours inférieure
en écrivant cela:
(39.51)
L'effet Tcherenkov est (basiquement) un phénomène
similaire à
une onde de choc (en acoustique), produisant un flash de lumière,
et qui a lieu sur le trajet d'une particule chargée se
déplaçant
dans un milieu avec une vitesse de phase supérieure à la
vitesse de la lumière
du milieu (l'explication rigoureuse sort du cadre d'étude
de ce site de par sa complexité de traitement!).
Effectivement, rappelons d'abord que nous avons vu dans le chapitre
d'Électrodynamique que toute particule chargée en
mouvement émettait
une radiation électromagnétique. Ensuite, nous avons
vu dans les paragraphes précédents que la vitesse
de la lumière
dans un milieu donné dépendait de l'indice de
réfraction absolu de
ce milieu (hypothèse qui se vérifie par la justesse
expérimentale
des développements théoriques qui en découlent).
Remarques:
R1. C'est cet effet qui provoque la luminosité bleue de l'eau
entourant le coeur d'un réacteur nucléaire.
R2. Parfois certains se demandent pourquoi les particules chargées
peuvent aller plus vite que la lumière dans un milieu autre que
le vide. C'est simple au fait: même si les deux particules rencontrent
à peu près les mêmes obstacles et difficultés à se propager le photon
ne peut être accéléré par une impulsion alors qu'une particule chargée
peut se voir être accélérée par un phénomène donné dans un milieu
donné.
Nous avons donc deux données de bases. La vitesse de la particule
chargée qui peut s'écrire sous la forme suivante
avec les notations relativistes:
(39.52)
et la vitesse de phase de la lumière dans un milieu
avec un indice de réfraction absolu
donné:
(39.53)
Il est facile de voir que pour obtenir il
faut avoir:
(39.54)
Soit:
(39.55)
Certains auteurs préfèrent comparer la distance parcourue par
la lumière par rapport à celle parcourue par la particule. Il vient
ainsi:
(39.56)
Et donc pour que la particule parcoure des distances égales à
celles de la lumière dans le même temps il faut que .
Au-delà, apparaît l'effet Tcherenkov.
FORMULES
DE DESCARTES
Nous avons discuté précédemment
certains phénomènes qui se produisent lorsqu'un front
d'onde passe d'un milieu à un autre dans lequel la propagation
est différente. Non seulement nous avons analysé ce
que devient le front d'onde, mais encore nous avons introduit
le
concept de "rayon" qui est particulièrement utile pour les
constructions géométriques. Nous nous proposons
maintenant d'approfondir les phénomènes de réfraction
et de réflexion d'un point de vue géométrique
en utilisant le concept de rayon comme l'outil permettant de
décrire
les processus qui prennent place aux surfaces de discontinuité
de la propagation. Nous admettrons également que les processus
se limitent à des réflexions et réfractions,
aucune autre modification n'affectant les surfaces d'onde.
Ce traitement géométrique
est correct tant que les surfaces et les discontinuités
rencontrées
par l'onde au cours de sa propagation sont très grandes
devant la longueur d'onde. Tant que cette condition est remplie,
le traitement
s'applique aussi bien aux ondes lumineuses, acoustiques (en particulier
ultrasonores - très hautes fréquences),
sismiques, etc.
Nous commençons par
considérer
la réflexion des ondes sur une surface sphérique. Nous devons
d'abord
établir certaines définitions. Le centre de courbure
C (cf. chapitre
de Géométrie
Différentielle)
est le centre de la surface sphérique de la figure ci-dessous
et le sommet O est le pôle de la calotte
sphérique.
Définition: La droite
passant par O et C est
appelée "axe
optique".
Si nous prenons O pour origine des coordonnées,
toutes les quantités
mesurées à droite de O seront
prises comme positives, toutes celles à gauche comme
négatives!!!

Figure: 39.7 - Représentation du concept d'axe optique
Supposons que le point P soit une source d'ondes sphériques. Le rayon
donne par réflexion le rayon
et, comme les angles d'incidence et de réflexion sont égaux
par rapport à la perpendiculaire AC de la surface (comme nous l'avons déjà fait remarquer
lors de notre étude de la réfraction), nous voyons
sur la figure que:
et
(39.57)
d'où:
(39.58)
En admettant que les angles
et
sont très petits, c'est-à-dire que les rayons sont
"para-axiaux" et que la source est
très distante ou que
le détecteur est très petit par rapport à la
source, nous pouvons écrire avec une bonne approximation
avec un développement
de Maclaurin (cf. chapitre sur les Suites
Et Séries) pour de petits angles:
(39.59)
En substituant ces valeurs approximatives
de
et
dans ,
nous obtenons:
(39.60)
qui est la "formule
de Descartes pour la réflexion sur une surface sphérique
concave".
Elle implique, dans l'approximation utilisée pour l'établir,
que pour tous les rayons incidents passant par P passeront
par Q après réflexion sur la surface.
Nous pouvons alors dire que Q est "l'image
de l'objet" P.
Dans le cas particulier où le
rayon incident est parallèle à l'axe optique,
ce qui
équivaut à placer l'objet à une très
grande distance de la lentille, nous avons
. La formule de Descartes pour la réflexion sur une surface
sphérique
concave devient alors:
(39.61)
et l'image se forme au point
F appelé "foyer",
et sa distance de la lentille donnée
par:
(39.62)
est appelée "distance
focale". Nous obtenons aussi le rapport r/2 si
nous faisons tendre q vers l'infini.
La relation obtenue précédemment est également
valable pour une surface convexe. Effectivement, il suffit de
tirer
les traits représentant les rayons lumineux au-delà
de la surface concave pour voir que l'objet d'étude est
le même à une symétrie près:

Figure: 39.8 - Principe de l'extension à une surface convexe
La seule différence entre la
surface concave et convexe tient au fait que dans le cas de la
surface convexe, l'image de l'objet réfléchi apparaît
comme s'il semblait être derrière la surface (à
l'équivalent du point P).
Ceci nous amène à définir la terminologie
suivante:
Définitions:
D1. Une "image virtuelle" est
un terme utilisé en
optique pour désigner toute image qui se forme avant la
face de sortie d'un instrument d'optique (dans le sens de parcours
de la
lumière) et ne peut donc pas être visualisée
sur un écran. Pour une lentille mince convergente un objet
placé entre le foyer objet et le centre optique de la lentille
donnera une image virtuelle droite. C'est notamment le cas d'un système
optique utilisé comme loupe, qui permet d'obtenir une image
agrandie de l'objet observé à travers la lentille.
D2. Une "image réelle" est
un terme utilisé en
optique pour désigner toute image qui se forme après
la face de sortie d'un instrument d'optique (dans le sens de parcours
de
la lumière). Pour une lentille mince convergente un objet
placé après le foyer objet de la lentille
donnera une image réelle.
Remarque: Si l'ouverture du miroir est grande, de telle
sorte qu'il reçoive des rayons fortement inclinés
la formule de Descartes que nous avons précédemment
déterminée
n'est plus, nous le savons, une bonne approximation. Il n'y a plus
dans ce cas une image ponctuelle bien définie d'un "point
objet", mais un nombre infini d'entre elles: en conséquence
l'image d'un objet de grandes dimensions apparaît floue
puisque les images se superposent. Cet effet porte le nom "d'aberration
de sphéricité" et la partie de l'axe optique
qui contient l'ensemble des images réfléchies
s'appelle alors la "caustique par réflexion".
L'aberration de sphéricité ne peut pas être
éliminée, mais un dessin approprié de la surface
permet de la supprimer pour certaines positions sur l'axe optique
appelées "stigmatiques". Par
exemple, dans notre cas d'étude précédent,
il est évident (par construction géométrique)
que si nous posons P en C, alors le point C
devient alors le point stigmatique. Nous disons alors qu'il est
le point "rigoureusement stigmatique".
Par contre, pour le miroir
parabolique tous les rayons convergent vers le foyer du miroir
où est concentrée
l'énergie lumineuse reçue par le miroir. Réciproquement,
nous plaçons le filament d'une lampe au foyer d'un miroir
parabolique pour obtenir des projecteurs de grande portée
(typhique des phares ne possédant pas de lentille de Fresnel).
Nous donnons aussi une forme parabolique aux antennes de réception
des ondes hertziennes. Pour la télévision diffusée
par des satellites comme on travaille en ondes centimétriques
(fréquence de quelques GHz) une distance focale de
l'ordre
du mètre
est convenable pour l'antenne (in extenso cela s'applique aux télescopes
et radiotélescopes).

Figure: 39.9 - Représentation du concept de stigmatisme
L'idée pour démontrer
que le foyer de la parabole est le point stigmatique rigoureux est
la suivante:
Reprenons le schéma
que nous avons utilisé lors de notre étude des
coniques dans le chapitre de Géométrie Analytique:

Figure: 39.10 - Schéma général des propriétés de la parabole
Nous y avons rajouté le
point
qui est la projection orthogonale du point M (point
d'incidence du rayon lumineux) ainsi que la tangente à la parabole
au point M.
Si nous arrivons à démontrer que la tangente à
M est la médiatrice du segment ,
alors nous démontrons également que l'angle d'incidence
et de réflexion sont bien égaux.
Prenons l'équation:
(39.63)
d'une
parabole de paramètre h (cf.
chapitre de Géométrie Analytique) rapportée à un
repère
principal .
Le foyer a donc pour coordonnées et
la directrice a pour équation:
(39.64)
Nous obtenons l'équation
de la tangente en
par la dérivée en ce même point (attention...
rappelez-vous de l'orientation particulière de la parabole!):
(39.65)
Ce qui s'écrit encore:
(39.66)
et en sachant que:
(39.67)
nous
obtenons donc l'équation de la tangente:
(39.68)
Un des vecteurs directeurs de la tangente
est donc alors (cf. chapitre de Géométrie
Analytique):
(39.69)
où dans le cas d'une parabole, p est
égal à h.
D'autre part, nous avons (cela se vérifie
facilement en posant ):
et
(39.70)
Nous avons donc le produit scalaire:
(39.71)
comme les vecteurs et
ont même norme d'après la définition de la
parabole, nous en déduisons que le vecteur
(directeur de la tangente) dirige la bissectrice de l'angle des
vecteurs et
et donc par extension que la tangente à M est
bien la médiatrice de .
Avant d'étudier le grandissement des lentilles convexes
sphériques,
intéressons nous de manière générale à la
définition de ce qu'est
un grandissement. Considérons d'abord la figure suivante:

Figure: 39.11 - Principe de base du grandissement
où pour rappel le centre de courbure
C (cf. chapitre de Géométrie
Différentielle) est le centre de courbure de la surface
sphérique
de la figure ci-dessous et le sommet O est le pôle
de la calotte sphérique.
Ainsi, le "grandissement"
M d'un système
optique quelconque est défini comme le rapport de la grandeur
de l'image ab à celle
de l'objet réel AB, c'est-à-dire:
(39.72)
Nous
voyons d'après la figure ci-dessus que:
(39.73)
Nous avons donc, en tant compte de
ce que :
(39.74)
d'où:
(39.75)
Faisons maintenant une étude
équivalente à celle effectuée précédemment,
ayant les mêmes propriétés de symétrie
et les défauts, mais sur les "dioptres
sphériques"
(résultats intéressants pour ce qui est de l'étude
de l'oeil). Les résultats vont être utiles avant d'aborder la
lentille convexe sphérique (la loupe traditionnelle).
Nous allons donc considérer
la réfraction au passage d'une surface sphérique
séparant
deux milieux d'indices de réfraction absolus
et
(voir figure ci-dessous).

Figure: 39.12 - Concept de dioptre sphérique
où pour rappel le centre de courbure C (cf.
chapitre de Géométrie Différentielle)
est le centre de la surface sphérique de la figure ci-dessous
et le sommet O est le pôle de la calotte sphérique.
Les éléments géométriques
fondamentaux sont les mêmes que ceux définis pour
les surfaces sphériques. Nous considérons donc dans
un premier temps un dioptre concave et observant que la "distance
objet"
est située à l'opposé des autres points, nous
devons opter pour une convention de signe pour mettre
cette observation en évidence dans les équations.
Ainsi, q sera défini comme une valeur négative.
Un rayon incident tel que
PA est réfracté suivant AQ et
coupe donc l'axe optique en Q.
Nous observons sur la figure que:
et
(39.76)
Nous avons d'après la loi de
Snell-Descartes:
et nous admettrons comme pour les surfaces
sphériques que les rayons sont peu inclinés. Dans
ces conditions les angles
et
sont très petits et nous pouvons écrire à
l'aide des développements en série de Maclaurin (cf.
chapitre Suites et Séries):
et
(39.77)
de
sorte que la loi de Snell-Descartes s'écrit:
(39.78)
D'après la figure, nous pouvons
faire les approximations:
(39.79)
de sorte qu'en substituant dans l'approximation
de la loi de Snell-Descartes nous trouvons après simplification élémentaire:
(39.80)
d'où pour une surface concave:
(39.81)
qui constitue la "formule
de Descartes pour la réfraction au passage d'une surface
sphérique" où q est donc un nombre
négatif (puisque à gauche de l'origine O).
Bien que la dernière relation ait été démontrée
dans le cas d'une surface concave, elle reste valable pour
une surface
convexe en tenant compte alors de ce que r est
négatif à son tour et dès lors:
(39.82)
où q est toujours négatif (puisque à gauche
de l'origine O).
Le "foyer
objet" appelé également "premier point
focal" d'une surface
sphérique réfringente est la position d'un point
objet de l'axe optique tel que les rayons réfractés
soient parallèles à l'axe optique, ce qui revient à
former l'image du point à l'infini, où .
La distance de l'objet à la surface sphérique est
appelée alors "distance focale objet", et nous la désignons
par .
En posant et .
Nous avons alors pour le cas concave:
(39.83)
La distance focale
est positive et le système dit "convergent" quand le foyer
objet est réel, placé devant la surface sphérique.
Quand le foyer objet est virtuel la distance focale
est négative et le système est dit "divergent".
De même, si les rayons
incidents sont parallèles à l'axe optique, ce
qui revient à
avoir un objet très éloigné de la surface
sphérique
,
les rayons réfractés passent par un point
de l'axe optique appelé "foyer image" ou "second
point focal"
(avec à nouveau les mêmes problèmes de stigmatisme).
Dans ce cas la distance de la surface sphérique à
l'image est appelée "distance focale
image" et nous la désignons
par .
En posant et nous
avons alors pour le cas concave:
(39.84)
En mélangeant les deux relations précédentes, nous avons le résultat
utile dans la pratique:
(39.85)
Ainsi, si nous connaissons l'indice de réfraction relatif
et l'une des distances focales, nous pouvons en déduire
l'autre. Ou encore (et nous pouvons bien évidemment faire enocre
d'autres combinaisons):
(39.86)
Maintenant intéressons-nous au type de surfaces réfléchissantes
et réfractantes que nous attendons: les lentilles!
Une lentille est donc par définition
un milieu transparent limité par deux surfaces courbes
(généralement
sphériques), bien que l'une des faces d'une lentille puisse
être plane. Une onde incidente subit donc deux réfractions
à la traversée de la lentille. Admettons pour simplifier
que les milieux de part et d'autre de la lentille soient identiques
et leur indice de réfraction absolu égal à 1
(l'air ou le vide par exemple).
Nous ne considérerons également que des lentilles
minces, c'est-à-dire dont l'épaisseur est très
petite devant les rayons de courbure:

Figure: 39.13 - Représentation d'une lentille
L'axe optique est
la droite déterminée par les deux centres .
Nous cherchons à déterminer une relation qui lie
la position de P et Q à partir de paramètres
physiques facilement mesurables!
Nous considérerons pour l'analyse
que l'image
formée
après réfraction sur la première
surface est l'objet pour la réfraction
sur la seconde surface.
Considérons le rayon incident PA passant par P.
Au passage de la première surface, le rayon incident est
réfracté suivant le rayon AB et continue
virtuellement jusqu'à Q' conformément
au comportement d'une surface sphérique convexe. Il nous
faut donc appliquer la relation démontrée plus
haut pour le dioptre convexe:
(39.87)
En B le
rayon subit une deuxième réfraction et devient
le rayon BQ conformément au comportement d'une
surface sphérique concave. Nous pouvons imaginer que le
rayon incident en B provient d'un point P'
virtuel (non représentable sur la figure ci-dessus) se trouvant
sur l'axe optique et plongé dans le matériau virtuellement étendu
vers la droite de la lentille (c'est le côté difficile
de cette démonstration... il faut se l'imaginer!).
Il nous faut donc appliquer la relation démontrée
plus haut pour le dioptre concave mais en prenant garde cette fois-ci
à l'ordre des indices de réfraction absolus (piège
subtil!) et en imaginant que le point:
(39.88)
Comme nous considérons que la lentille est entourée
d'air (indice de réfraction unitaire), nous avons alors:
(39.89)
Nous allons faire maintenant l'hypothèse
que l'épaisseur de la lentille tend vers zéro. En
d'autres termes que ses deux rayons de courbure tendent vers l'infini.
Nous avons alors:
(39.90)
En identifiant terme à terme et en se rappelant que ce
qui est à gauche de l'origine est négatif, nous avons
alors:
(39.91)
tout en faisant subtilement abstraction des deux autres termes... (on comprend
aisément pourquoi cette démonstration est souvent omise dans la littérature...).
Dès lors, les deux relations antéprécédentes deviennent:
(39.92)
En sommant il vient au final:
(39.93)
et qui est souvent notée sous la forme suivante,
appelée "première formule de
Descartes pour les lentilles minces" ou "équation
des lentilles minces":
(39.94)
Tout en prenant bien garde à réadapter la schématique:

Figure: 39.14 - Lentille mince épurée avec la notation traditionnelle
En écrivant
cette équation,
il convient d'appliquer à la
convention des signes que nous avons fixée, c'est-à-dire
que les rayons sont positifs pour une surface concave et négatifs
pour une surface convexe, vue du côté sur lequel
la lumière vient
frapper la lentille. Ainsi, si les deux rayons sont les mêmes,
nous avons:
(39.95)
Le terme à droite de l'équation des lentilles minces
est une constante propre uniquement aux caractéristiques
physiques de la lentille qu'il d'usage d'appeller "puissance
dioptrique" et
dont l'unité est le "dioptre" et
de noter:
(39.96)
Le point O dans la figure précédente,
est choisi de façon
à coïncider avec le "centre optique" de
la lentille. Le centre optique a pour propriété d'être
un point tel que tout rayon passant par lui sort parallèlement
à la direction du rayon incident!! C'est une propriété importante
car tout point d'un objet se situant d'un côté de la lentille (peu
importe lequel par symétrie) va émettre de la lumière dont certains
rayons vont passer par le centre optique. Ce qui permet donc d'avoir
des triangles semblables à gauche et à droite de l'axe de symétrie
de la lentille et d'appliquer Thalès (cf.
chapitre de Géométrie Euclidienne) pour calculer
le grandissement.
Pour montrer qu'un tel point existe,
considérons, dans la lentille ci-dessous (à symétrie
horizontale et verticale):

Figure: 39.15 - Figure représentant la propriété du centre optique d'une lentille
Considérons les deux rayons de courbure
parallèles
générateurs des dioptres (éléments
de la lentille sphérique mince) choisis tels que
les plans tangents correspondants
et
sont par construction aussi parallèles.
Pour le rayon ,
dont la direction est telle qu'il se réfracte suivant ,
le rayon émergent est
et parallèle à
de par la symétrie horizontale de la lentille. Ainsi, les
triangles
et
étant semblables quels que soient les "rayons
générateurs",
nous voyons ainsi que la position du centre optique O est
satisfaite par la relation:
(39.97)
et existe donc indépendamment
des rayons générateurs.
Comme dans le cas d'un simple dioptre,
le "foyer objet" ,
ou "premier point focal d'une lentille" est
la position de l'objet pour laquelle les rayons émergent
parallèlement à
l'axe optique ( )
après avoir traversé la lentille. La distance de
la lentille au foyer objet est alors appelée "distance
focale objet" nous la désignons dans la pratique
souvent par la lettre f.

Figure: 39.16 - Premier point focal (source) est ici à gauche de la lentille
En posant alors et dans
l'équation des lentilles minces sphériques: 
nous obtenons la distance focale objet sous la forme suivante
appelée "longueur focale de la
lentille":
(39.98)
De même dans le cas d'un simple dioptre, le "foyer
image" ,
ou "deuxième
point focal d'une lentille" est l'endroit
où convergent les rayons
lumineux après avoir traversé la lentille mais qui étaient
avant la lentille parallèles entre eux et avec l'axe optique ( ).
Ainsi, étant donné la symétrie centrale
des lentilles minces sphériques il suffit de façon
imaginaire d'inverse la photo précédente
pour visualiser le concept:

Figure: 39.17 - Deuxième point focal (cible) est ici à droite de la lentille
La distance de la lentille au foyer image est alors appelée "distance
focale image" nous la désignons dans la pratique
par la même lettre f car par
symétrie de la lentille mince,
de la lentille, en posant et nous
avons:
(39.99)
Par conséquent, dans une lentille mince les
deux foyers sont placés symétriquement de chaque
côté!
Donc comme dans les deux l'inverse de la focale
est égale à la
puissance dioptrique (indépendant de p et q) rien
ne nous empêche
alors d'écrire
l'équation des lentilles minces comme on l'a
retrouve souvent dans les livres scolaires:
(39.100)
Sous cette forme on l'appelle alors "l'équation
des opticiens"
ou encore "équation des lunetiers".
Sous la forme simple suivante qui ne fait pas apparaître
les propriétés
physique de la lentille (et qui est souvent la relation vue dans
les petites classes raison pour laquelle il semblerait qu'elle
ait un nom différent):
(39.101)
on l'appelle "équation de conjugaison" ou "deuxième
formule de Descartes pour les lentilles minces". Par ailleurs, si la distance focale est
positive, et donc respectivement la puissance dioptrique aussi,
alors la lentille est dite "lentille
convergente":

Figure: 39.18 - Exemples de lentilles convergentes (biconvexe, plan-convexe, convexe
ménisque)
si la distance focale est négative, et donc respectivement
la puissance dioptrique aussi, elle est dite "lentille
divergente":

Figure: 39.19 - Exemples de lentilles divergentes (biconcave, plan-concave, concave
ménisque)
Signalons aussi les représentations techniques traditionnelles
suivantes:

Figure: 39.20 - Symboles techniques lentille convergente/divergente
Revenons maintenant sur la définition du grandissement
pour tout système optique qui était naturellement
pour rappel le rapport
de la grandeur de l'image (réelle ou virtuelle) ab à celle
de l'objet réel AB, c'est-à-dire:
(39.102)
Donc dans le cas d'une lentille sphérique
mince symétrique dont les rayons passent par le centre optique
nous obtenons des rayons qui décrivent des triangles semblables
de chaque côté de l'axe de symétrie de la lentille
mince sphérique nous avons
alors en appliquant Thalès:
(39.103)
Soit le même résultat que celui obtenu
déjà plus haut.
Exemple:
Les deux faces d'une lentille biconvexe ont un rayon
de 3 [cm]. L'indice du matériau la lentille est
de 1.52. Un objet de 1.80 [m] de hauteur est placé à 14
[m]
de la lentille (peut importe que cela soit à gauche ou à droite
de la lentille puisqu'elle est supposée biconvexe et donc
symétrique).
Alors la puissance dioptrique de la lentille est d'abord:
(39.104)
Ce qui est déjà bien une valeur positive
et donne donc une focale (image ou objet peu importe de par la
symétrie de la lentille mince sphérique!) d'environ
28.84 centimètres
(donc il vaut mieux avoir une appareil photo avec un téléobjectif
dans le cas présent). Nous remarquons, au vu de la valeur
de la focale (foyer), que l'objet se trouve au-delà
de la focale. La position de l'image
sera donnée
par:
(39.105)
Soit:
(39.106)
Donc l'image se trouve à environ
29.42 centimètres elle est aussi au-delà de la focale
et sera par définition appelée "image réelle" inversée.
Le grandissement sera lui de:
(39.107)
La grandeur de l'image réelle inversée
sera donc en q de:
(39.108)
Soit environ 3.78 centimètres.
Nous avons donc:
(39.109)
Si nous voulons un grandissement (un zoom), nous
devons donc avoir:
(39.110)
Soit:
(39.111)
Soit trivialement:
(39.112)
Enfin:
(39.113)
Donc pour qu'il y ait grandissement (grossissement)
il faut donc que l'objet réel se situe entre le centre de courbure
et l'axe vertical de symétrie de la lentille convergente.
Remarque: À nouveau, les problèmes d'aberrations
sont aussi existants pour les lentilles.
À toutes fins utiles, indiquons la figure suivante:

Figure: 39.21 - Lentille plan-courbe pleine
et donc une lentille plan-courbe pleine, comme un miroir parabolique,
a la propriété de
rendre parallèles les
rayons partis de son foyer; elle produit par réfraction
l'effet que le miroir parabolique
produit par réflexion.
Fresnel inventa une lentille que l'on voit dans de nombreux phares
et qui permet d'obtenir le même résultat avec moins de matière:

Figure: 39.22 - Lentille de Fresnel (réelle dans le coin en bas à gauche et schémas de
principe à droite)
Faisons un peu de biologie pour clore...:
Le cristallin de l'oeil pouvant se déformer
sous l'effet de certains muscles, constitue une lentille à
focale variable permettant d'accommoder la vision des objets à
distance variable. La distance du centre optique à la rétine
étant fixe, le seul moyen de voir clairement des objets
situés
à des distances différentes est de modifier la distance
focale. Dans son état ordinaire, le cristallin a une configuration
assez plate, avec un grand rayon de courbure (il a alors une
grande
distance focale).
L'oeil a pour rôle de focaliser
la lumière provenant d'un objet à l'infini (environ
25 centimètres pour un humain moyen...) sur la rétine.
Mais tous les yeux ne font pas cela correctement et le "punctum
remotum" (distance maximale de vision distincte sans accommodation)
est parfois à une distance finie, même parfois inférieure à cinq
mètres (entraînant probablement une
fatigue des yeux).
Si l'objet s'approche, les muscles
se contractent, le cristallin gonfle et sa distance focale diminue
de façon que l'image se forme toujours sur sa rétine.
Le point le plus proche qui peut être vu clairement avec
le maximum d'accommodation est appelé le "punctum
proximum".
Cette distance évolue beaucoup avec l'âge: elle est
de dix centimètres pour un enfant de dix ans, de cent centimètres
pour une personne de soixante ans (c'est la presbytie).
PRISME
En optique, le prisme est un des composants les plus importants.
On le retrouve en chimie, en physique de la matière condensée,
en astrophysique, en optoélectronique et encore dans beaucoup
d'autres appareils courants de la vie de tous les jours (comme
les lentilles). Il s'agit probablement du premier outil façonné
par l'homme pour faire de la "spectroscopie" (analysie du spectre)
après l'arc-en-ciel (qui lui est un phénomène naturel de la spectroscopie).
Nous allons dans les paragraphes qui suivent déterminer les relations
les plus importantes à connaître relativement aux prismes et utiles à l'ingénieur
et au physicien.
Nous nous intéressons aux rayons lumineux entrant par
une face et sortant par une autre ayant subi deux réfractions
(nous n'étudierons
pas les réflexions).
Voici la représentation type d'un prisme en optique géométrique
avec le rayon incident S et sortant S ' et les deux
normales N, N ' aux arêtes du sommet d'ouverture .
Plus les divers angles d'incidence et de réfraction:

Figure: 39.23 - Représentation générique du prisme
Nous savons que la somme des angles d'un quadrilatère (toujours
décomposable en deux triangles dont la somme des angles est )
vaut .
Donc dans le quadrilatère délimité par les sommets 1234. Nous avons
la somme:
(39.114)
Maintenant que la situation est posée passons à la partie optique...
Nous avons quatre relations fondamentales à démontrer pour le
prisme.
D'abord, nous avons au point d'incidence I et I '
la loi de Descartes qui nous permet d'écrire:
(39.115)
Comme l'indice de réfraction absolu de l'air est de 1
alors nous avons simplement en I:
(39.116)
Dans la même idée en I ' nous avons:
(39.117)
Donc:
(39.118)
Nous avons aussi la relation:
(39.119)
Soit:
(39.120)
L'angle de déviation D est facile à déterminer. Il suffit
de prendre le quadrilatère central:
(39.121)
Donc:
(39.122)
Nous avons donc les 4 relations fondamentales du prisme:
(39.123)
Connaissant i et i' et l'indice de réfraction
relatif m nous
pouvons alors déterminer tous les paramètres.
L'idéal serait encore de pouvoir se débarrasser de la connaissance
expérimentale de i'.
Nous avons donc:
(39.124)
Or:
(39.125)
Ainsi, il vient:
(39.126)
Donc:
(39.127)
Puisqu'il est avéré que l'indice m d'un
milieu varie avec la longueur d'onde suivant la loi de Cauchy,
on comprend aisément
que le prisme est capable de disperser la lumière blanche.
Enfin, si i est
petit :
(39.128)
et si i et sont
petits, nous avons au premier
ordre en développement de Maclaurin:
(39.129)
Donc :
(39.130)
soit en introduisant explicitement la loi de Cauchy:
(39.131)
ARC-EN-CIEL
Un arc-en-ciel est un phénomène optique et météorologique qui
rend visible le spectre continu de la lumière quand le
soleil brille pendant la pluie et que l'observateur contemple le
ciel dans une direction opposée à celle du soleil. C'est un arc
coloré avec
le rouge à l'extérieur et le violet à l'intérieur.
L'arc-en-ciel est provoqué par la dispersion de la lumière du
soleil par des gouttes de pluie approximativement sphériques. La
lumière est d'abord réfractée en pénétrant la surface de la goutte,
subit ensuite une réflexion partielle à l'arrière de cette goutte
et est réfractée à nouveau en sortant. L'effet global est que la
lumière entrante est principalement réfractée vers l'arrière sous
un angle d'environ 40-42°, indépendamment de la taille de la goutte.
La valeur précise de l'angle de réfraction dépend de la longueur
d'onde (la couleur) des composantes de la lumière. Dans le cas
de l'entrée dans un milieu plus réfringent, l'angle de réfraction
de la lumière bleue est inférieur à celui de la lumière rouge (phénomène
mis en évidence dans les prismes). Ainsi, après réflexion à l'interface
eau-air, la lumière bleue sort d'une goutte au-dessus de la lumière
rouge (voir figure ci-contre). L'observateur étant fixe, il voit
la lumière issue de différentes gouttes d'eau avec des angles différents
par rapport à la lumière du soleil. Le rouge apparait donc plus
haut dans le ciel que le bleu.
Parfois, un second arc-en-ciel moins lumineux peut être aperçu
au-dessus de l'arc primaire. Il est provoqué par une double réflexion
de la lumière du soleil à l'intérieur des gouttes de pluie et apparaît
sous un angle de 50-53° dans la direction opposée au Soleil. En
raison de la réflexion supplémentaire, les couleurs de ce second
arc sont inversées par rapport à l'arc primaire, avec le bleu à l'extérieur
et le rouge à l'intérieur, et l'arc est moins lumineux. C'est la
raison pour laquelle il est plus difficile à observer. Un troisième
arc-en-ciel peut être présent au voisinage du second, et inversé par
rapport à celui-ci (donc identique au premier). Il est cependant
nettement moins lumineux et observable uniquement dans des conditions
exceptionnelles. En pratique, il n'est pas très facile à distinguer
des arcs surnuméraires associés à l'arc secondaire.
Il correspond aux rayons lumineux ayant subi cinq réflexions dans
les gouttes d'eau. Deux arcs inversés l'un par rapport à l'autre
peuvent également être observés dans la direction opposée, à environ
45° du Soleil (donc dans la direction de celui-ci), mais ceci est
particulièrement difficile du fait de la proximité du Soleil. Les
rares observations de ces deux arcs font mention de morceaux d'arcs
visibles par intermittence. Ces deux arcs correspondent aux rayons
lumineux ayant subi trois et quatre réflexions dans les gouttes
d'eau. Comme ils sont situés face au Soleil, ce ne sont pas
les mêmes gouttes d'eau qui y contribuent. En pratique, les configurations
favorables à leur observation sont nettement moins nombreuses que
celles qui sont favorables à l'observation de l'arc secondaire,
en particulier en raison de leur proximité du Soleil.
Pour étudier le phénomène considérons d'abord la goutte sphérique
ci-dessous avec un rayon de lumière incident (une réfraction, deux
réflexions) dont nous avons représenté la composante rouge et violet
(les angles y sont approximatifs) ainsi que les indices de réfraction
de l'eau et de l'air:

Figure: 39.24 - Goutte d'eau sphérique génératrice de l'arc-en-ciel
Nous cherchons à déterminer l'angle entre le rayon lumineux entrant (faisceau
considéré comme contenant toutes les composantes de la lumière
visible) supposé monochromatique et le rayon lumineux sortant (à l'opposé du
Soleil: antisolaire). Ainsi, la différence d'angle pour deux couleurs,
nous donnera l'angle par lequel nous devons changer notre regard
pour observer deux couleurs différentes dans l'arc-en-ciel.
Remarque: Il n'y a pas de sens selon
moi de calculer l'angle que doit faire le regard avec le sol (supposé plan)
pour observer un arc-en-ciel comme le font certains ouvrages. Effectivement,
de toute manière si nous dirigeons notre regard vers un arc-en-ciel nous
le verrons de toute façon sur une grande étendue d'angle par rapport
au sol. La seule chose qui a vraiment du sens, c'est donc la différence
d'angle entre deux couleurs monochromatiques.
Pour cette étude, nous allons considérer la figure approximative
suivante:

Figure: 39.25 - Chemin parcouru par la lumière dans la goutte d'eau
Avec la loi de Snell-Descartes nous avons dans un premier temps:
(39.132)
Ce qui nous intéresse ici est donc l'angle de réflexion apparent ,
que nous noterons D (attention! certains auteurs choisissent
la convention ). Pour le déterminer,
nous partons de la relation suivante du triangle ABE:
(39.133)
Il vient alors:
(39.134)
D'où:
(39.135)
Ce que nous noterons finalement:
(39.136)
et comme:
(39.137)
Il vient:
(39.138)
ce qui est parfois noté un peu abusivement:
(39.139)
Si nous faisons une application pratique, nous avons pour le
rouge 750 [nm] avec par exemple un angle d'incidence de
30° dans la goutte d'eau:
(39.140)
et pour le violet 400 [nm] avec le même angle d'incidence
de 30° dans la goutte d'eau:
(39.141)
Soit une différence d'angle d'environ 2.4°.
Enfin, nous pourrions nous intéresser à l'angle pour
lequel l'angle D est maximum (ce qui correspond à l'arc-en-ciel
le plus visible en termes de taille dans la réalité). Nous partons
alors de:
(39.142)
et nous cherchons les solutions de:
(39.143)
avec .
Rappelons que nous avons démontré dans le chapitre de Calcul
Différentiel Et Intégral que:
(39.144)
Nous avons alors:
(39.145)
d'où:
(39.146)
De là nous tirons:
(39.147)
c'est-à-dire:
(39.148)
car nous cherchons les solutions avec et
que le cosinus est positif sur cet intervalle.
Ainsi:
(39.149)
Il vient alors pour n valant ~0.746:
(39.150)
ce qui correspond relativement bien à la réalité (l'angle avec
lequel nous levons la tête pour voir l'arc-en-ciel le plus visible/large).
La déviation correspondante est alors de:
(39.151)
et s'appelle "angle de l'arc-en-ciel".
Ainsi, les rayons lumineux perçus par l'observateur et dans lesquels
le rouge (bord externe de l'arc-en-ciel) domine correspondent à l'ensemble
des rayons issus du mur de pluie et faisant un angle d'environ
40° avec la direction des rayons solaires (voir figure ci-dessous).
Les rayons lumineux constituant chaque couleur de l'arc-en-ciel
forment alors des cônes de sommet les yeux de l'observateur et
d'axe le rayon solaire passant par les yeux de l'observateur:

Figure: 39.26 - Figure représentant la génération de l'arc-en-ciel (source: ENS
Culture-Sciences)
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