
ÉLECTROSTATIQUE
| MAGNÉTOSTATIQUE
| ÉLECTRODYNAMIQUE
| ÉLECTROCINÉTIQUE
OPTIQUE GÉOMÉTRIQUE
| OPTIQUE ONDULATOIRE
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LISTE DES SUJETS TRAITÉS SUR CETTE PAGE
Le développement de l'électrodynamique
a permis
à une grande partie de l'humanité de modifier considérablement
sa qualité de vie. Nous savons à peu près tous aujourd'hui
ce que nous lui devons: lumière, frigo, radio, télévision,
ordinateurs, voitures, trams, trains, avions, robots, et d'autres
choses merveilleuses
et parfois
moins aussi...
Avant de commencer à étudier
l'électrocinétique (les ingénieurs parlent "d'électronique" ou "d'électrotechnique")
nous allons définir les
deux lois (le terme est mal choisi puisque la première est
démontrée dans le chapitre d'Électrostatique
et la seconde dans le chapitre d'Électrodynamique mais
bon... conformons-nous à la
tradition...) fondamentales de l'étude de l'électrocinétique
et la terminologie de base des circuits ou installations
électriques (les cas pratiques étant étudiés dans le chapitre
de Génie Électrique). Même
si certains éléments
au début ne seront peut-être pas compris de suite
par le lecteur, ceux-ci deviendront
triviaux au fur et à mesure de l'avancement de sa lecture.
Définitions:
D1. Un circuit électrique est
constitué d'un ensemble de dispositifs appelés "dipôles",
reliés
entre eux par un fil conducteur.
D2. Un "noeud" d'un circuit est une
interconnexion où arrivent 3 fils ou plus.
D3. Une "branche" est un tronçon
de circuit situé entre deux noeuds.
D4. Enfin, une "maille" est un ensemble
de branches formant une boucle fermée.
Remarque: Un
dipôle
s'insère dans un circuit par l'intermédiaire
de deux pôles, l'un par où s'effectue l'entrée
du courant (borne +), l'autre la sortie (borne moins) selon la
convention des physiciens (celle des électriciens est l'inverse...).
Le dipôle est caractérisé
par la réponse du courant I à une différence
de potentiel
U entre ses bornes: c'est à dire
par la courbe caractéristique:
(38.1)
Nous verrons que dans tout conducteur,
la présence d'une résistivité (voir plus loin)
entraîne une chute de tension et, en toute rigueur, il en
va de même pour les fils. Mais ceux-ci étant mis
en série avec d'autres dipôles, nous négligeons
en général dans les petits circuits la résistance
des fils devant celle des dipôles présents. Donc,
les fils situés
entre deux dipôles d'un circuit seront supposés équipotentiels
(le potentiel est le même sur les deux bornes).
LOIS DE
KIRCHHOFF
Les lois de Kirchhoff
en électrocinétique (à ne pas confondre avec
celles de la thermodynamique et de l'optique) expriment les propriétés
physiques de la charge et du champ électrique et sont
donc au nombre de deux (une loi pour chaque).
Elles vont nous permettre sans faire
appel à l'artillerie mathématique implicitement cachée
derrière d'obtenir simplement des résultats forts
pertinents.
LOI DES MAILLES
La loi des mailles (implicitement
il s'agit simplement de la conservation de l'énergie)
exprime le fait que lorsqu'une charge parcourt un circuit fermé (chemin
fermé), l'énergie qu'elle perd en traversant une
partie du circuit est égale à l'énergie
qu'elle gagne
dans l'autre partie. Ainsi, la somme algébrique des potentiels
le long d'une maille est nulle telle que:
(38.2)
Pour cela, il faut
choisir arbitrairement un sens de parcours de la maille et convenir
que les tensions dont la flèche pointe dans le sens du parcours
sont comptées comme positives et les autres comme négatives.
Remarque: Cette loi exprime tout simplement le fait que
le champ
électrique (Coulombien) est un champ conservatif comme nous
l'avons vu dans le chapitre d'Électrostatique.
LOI DES NOEUDS
La loi des noeuds (implicitement
il s'agit simplement de la conservation du courant) exprime la
conservation de la charge qui signifie que la somme des courants
sortant d'un
noeud (un noeud peut être vu comme un séparateur de
lignes de champ - in extenso des volumes rattachés par
une même
surface) est égale à la somme des courants entrants.
Autrement dit, la somme algébrique des courants est nulle
en tout noeud d'un circuit tel que:
(38.3)
Pour cela, il faut choisir un signe
pour les courants entrants et le signe contraire pour les courants
sortants (comme nous le faisons en thermodynamique avec la masse).
Remarque: Cette loi exprime tout simplement l'équation
de conservation de la charge (ou de continuité de la charge)
que nous avons démontrée aussi dans le chapitre
d'Électrodynamique.
MODÈLE DE DRUDE
Le modèle de Drude de la conduction électrique va
nous permettre d'introduire les concepts élémentaires de l'électrocinétique.
Dans un premier temps, nous allons définir dans ce qui va suivre
les concepts de courant, de densité
de courant et ensuite de résistance.
Un conducteur électrique
(nous ne parlons pas de semi-conducteurs ou supraconducteurs à ce
niveau du discours) peut être vu de manière très simplifiée
comme un tuyau de section contenant
un gaz d'électrons formé de n charges
élémentaires q par
unité de volume.
En l'absence de champ électrique, chaque électron
possède une vitesse moyenne vectorielle nulle car il reste
au voisinage de l'atome. Sous l'action d'un champ électrique homogène
et constant (cas du courant continu donc!), certains électrons
sont déplacés
dans une direction privilégiée,
jusqu'à ce qu'ils entrent en collision avec un autre atome
(aspect classique) où ils reprennent une vitesse moyenne de
dérive nulle et ainsi de suite.
C'est le modèle le plus ancien et le plus élémentaire
du courant électrique. Les bases en furent jetées
par Drude en 1902, peu après
la découverte de l'électron par Thomson (1897). D'où
le nom de "modèle de Drude".
Insuffisant pour concevoir et a fortiori développer les
composants qui forment depuis la fin du 20ème siècle
l'essentiel des éléments actifs utilisés en électronique,
le modèle des boules de billard présente néanmoins
des intérêts considérables:
- C'est un auxiliaire utile pour donner à notre esprit
une image de phénomènes dont nous n'avons en fait
aucune perception directe, puisqu'ils se déroulent dans
l'infiniment petit.
- Les résultats, pour l'ingénieur,
de théories
plus exactes, comme la théorie des bandes d'énergie
en particulier, se laissent formuler au moyen des mêmes concepts
que ceux qui apparaissant dans le modèle Boules de billard.
Citons parmi ceux-ci le nombre volumique et la mobilité des électrons.
- Tout
primitif qu'il soit, ce modèle conduit à une
interprétation phénoménologique intéressante
des lois fondamentales telles que la loi d'Ohm ou la loi de Joule.
Il lie les phénomènes microscopiques à certaines
grandeurs observables.
Son nom l'indique, ce modèle assimile
les électrons à de
minuscules boules de billard. Ces particules sont donc des objets
classiques, simplement régis par la loi de Newton et les
lois de Maxwell. Cette conception corpusculaire de l'électron
n'est d'ailleurs pas totalement opposée aux résultats
de la mécanique quantique, dans laquelle un paquet d'ondes,
peut toujours être interprété comme
une particule, avec sa masse et sa vitesse (voir le théorème
d'Ehrenfest dans le chapitre de Physique Quantique Ondulatoire).
Dans un millimètre cube de cuivre, nous admettrons que
le nombre d'électrons est tellement élevé qu'il n'est donc
alors pas question de les traiter individuellement, ce qui serait
d'ailleurs sans intérêt. C'est le comportement
moyen des électrons qu'il convient d'étudier. Deux
types d'interactions conditionnent ce comportement, ce sont:
- l'interaction des électrons avec la matière dans
laquelle ils évoluent, et dont ils font partie;
- l'interaction
des électrons avec les champs électromagnétiques
appliqués de l'extérieur.
La distance parcourue
par un électron est appelée "libre
parcours moyen de l'électron de conduction" et si est
l'intervalle de temps entre deux collisions successives alors
nous
avons trivialement:
(38.4)
Le temps de collision est une variable aléatoire. Tous
paramètres physiques restants constants, cette variable
aléatoire
est stationnaire, sa valeur moyenne porte le nom de "temps
de collision moyen".
Nous
supposons que:
(38.5)
la
vitesse moyenne, est créée par l'accélération du champ électrique:
(38.6)
Nous obtenons alors la " vitesse
moyenne de dérive" ou "vitesse
d'entraînement" des électrons (drift
velocity) donnée par:
(38.7)
Cette relation est nommée ainsi, car leur vitesse initiale
est due à l'agitation
thermique entretenue de l'environnement extérieur et correspond à la
vitesse thermique dont nous avons déterminé l'expression
lors
de
notre
étude de la
distribution de Maxwell-Boltzmann dans le chapitre de Mécanique
Statistique (nous en calculerons les valeurs un peu plus bas dans
le présent texte).
Nous admettons donc, dans le cadre du modèle Boules de
billard, que les électrons se comportent comme les atomes
d'un gaz parfait. C'est une hypothèse grossière mais
suffisante pour l'instant!
La vitesse moyenne est supposée
identique pour tous les électrons libres lorsque le champ électrique
appliqué est supposé uniforme,
stationnaire, et dirigé selon un seul axe. Elle permet
de définir
"l'intensité"
I du
courant électrique dans le conducteur.
Définition: Le "courant"
ou "intensité" I mesure
la charge qui
traverse la section droite
S d'un
conducteur par unité de temps dt et
est donc donné selon ce qui a été montré juste avant par:
(38.8)
Une
tranche de conducteur, de volume contient
donc la charge:
(38.9)
Elle
traverse la section S en
un temps dt,
tel que:
(38.10)
Le
courant s'écrit alors:
(38.11)
Remarque: Attention à l'application de cette dernière
relation! Si nous considérons un fil théorique,
la différence de potentiel aux bornes de ce fil est nulle. Donc
il n'y aura pas de gain/perte d'énergie cinétique de l'éléctron
et donc pas de changement de vitesse. Si maintenant nous considérons
un fil réel,
donc résistif, la différence de potentiel à ses
bornes sera faible mais pas nulle, et la chute de potentiel de
l'électron
ne sera pas gagnée en énergie cinétique mais
dissipée
en chaleur dans le fil.
Si I est
vu comme le flux d'une "densité de courant" J à
travers la surface S,
nous avons alors:
(38.12)
la
densité de courant étant supposée constante sur chaque point de
la surface.
Nous
avons donc:
(38.13)
et après
simplification:
(38.14)
qui
est donc l'expression de la "densité de courant" dans le conducteur.
Comme nous connaissons l'expression
de la vitesse, nous pouvons écrire:
(38.15)
En
nous définissons la "conductivité" par:
(38.16)
où cette fois n désigne non pas le nombre
d'électrons,
mais le nombre volumique d'électrons! Par définition, la "résistance"
est l'inverse de la conductivité.
Nous remarquons que la conductivité contient le produit
du nombre volumique des électrons par leur mobilité.
Il faut par conséquent que l'une au moins de ces grandeurs
ait une valeur élevée pour qu'un matériau
présente une haute conductivité.
La mobilité est plus grande dans les semi-conducteurs que
dans les métaux. Cette caractéristique est cependant
complètement masquée par le rapport des nombres volumiques
des électrons: n est 1'000'000 à 100'000'000
fois plus faible dans les semi-conducteurs que dans les métaux,
ce qui explique la conductivité supérieure de ces
derniers.
Selon la relation:
(38.17)
démontrée juste plus haut, la conductivité dépendrait
du champ électrique, par l'intermédiaire du temps de collision.
En effet, plus le champ électrique croît, plus la vitesse
des électrons augmente. La distance entre les points de chocs possibles
restant la même, le temps de collision, et par conséquent la conductivité,
devraient diminuer (et donc la résistance augmenter!).
Or, l'indépendance de la conductivité (et respectivement
de la résistance) avec le champ électrique est un
fait expérimental établi
avec précision dans tous les conducteurs habituels dans
des conditions normales d'utilisations civiles.
L'origine de cette contradiction réside dans la différence considérable
des ordres de grandeur de la vitesse thermique donnée par la distribution
de Maxwell-Boltzmann (cf. chapitre de Mécanique Statistique):
(38.18)
et la vitesse moyenne de dérive vue plus haut:
(38.19)
avec le temps de libre parcours moyen qui sera obtenu à l'aide
de l'expression:
(38.20)
Nous avons vu dans le chapitre de Mécanique Statistique
que pour un électron à température ambiante:
(38.21)
Et calculons la vitesse de dérive pour le cuivre avec
dans ce métal particulier les valeurs suivantes:
et
(38.22)
Ce qui nous permet d'obtenir la valeur:
(38.23)
et donc:
(38.24)
En prenant ,
ce qui est à considérer comme une valeur élevée puisque ce champ
produit une densité de courant de:
(38.25)
nous avons finalement:
(38.26)
Par conséquent, même dans un fort champ électrique industriel,
la vitesse de dérive est négligeable par rapport à la vitesse thermique.
Comme la vitesse thermique ne dépend que très peu
du champ électrique,
il s'avère qu'en pratique la vitesse des électrons
est indépendante
du champ électrique. En d'autres termes, l'établissement
d'un courant, même intense, n'a qu'une incidence absolument négligeable
sur la vitesse des électrons!
Remarque: Dans la très grande majorité des cas, les dimensions
des conducteurs sont grandes, comparées à la distance moyenne parcourue
par un électron entre deux chocs consécutifs. Le comportement des électrons à la
surface du conducteur revêt alors une importance secondaire. C'est
la raison pour laquelle le milieu conducteur est souvent, implicitement,
considéré comme infini. Les transistors FET et MOST constituent à cet égard
une exception importante. Le courant y circule dans une couche
suffisamment mince pour que la mobilité des électrons soit affectée
par la diffusion des électrons aux surfaces délimitant cette couche.
Cependant, un point important à constater est le calcul
du libre parcours moyen des électrons dans le modèle
classique de Drude. Nous avons effectivement:
(38.27)
qui est donc très supérieur, d'au
moins un ordre de grandeur (facteur 10), aux distances interatomiques.
Il en
résulte que les collisions successives sur les atomes du
réseau
ne sont pas responsables de la loi d'Ohm (que nous allons voir
maintenant) contrairement à une des hypothèses de
départ du modèle de Drude
mais que ce sont les impuretés et les défauts du
matériau
qui en sont responsables! Nous verrons aussi un peu plus loin qu'avec
le
modèle théorique des bandes d'énergie le libre
parcours moyen est au fait nettement plus grand encore!
Attention!!! Cette relation peut faire penser que
puisque le libre parcours moyen est proportionnel à la vitesse
thermique et donc proportionnel à la racine carrée
de la température,
alors la résistance diminue avec la température.
Mais en fait il n'en est rien! Le modèle de Drude est trop
simpliste car en réalité
c'est l'inverse qui a lieu pour les conducteurs (la résistance
augmente avec la température parce que
l'intervalle de temps entre
deux collisions diminue plus vite que la vitesse augmente).
Et puis il y a aussi le problème
inverse... à température presque nulle le libre parcours
moyen serait presque nul or les supraconducteurs nous montrent
bien qu'il
n'en est rien! Bref, sans relation explicite en fonction de la
température nous sommes dans l'obscurité la plus
totale!
La seule chose que nous savons faire c'est admettre
qu'à un facteur
constant près (positif ou négatif), une variation de la
température
implique une variation relative de la résistance selon:
(38.28)
soit:
(38.29)
d'où la relation connue dans les petites classes:
(38.30)
Enfin, précisons que la quatrième équation
de Maxwell (cf. chapitre Électrodynamique)
peut alors s'écrire au vu des résultats
obtenus ci-dessus:
(38.31)
qui fait alors apparaître explicitement le coefficient
de conductivité.
LOI D'OHM
À partir de la relation démontrée
précédemment:
(38.32)
et en prenant la définition de la "conductivité" par:
(38.33) Il vient finalement:
(38.34)
qui
est la "loi locale d'Ohm".
Nous la retrouverons sous forme différentielle dans le chapitre
de Mécanique Statistique et nous verrons qu'elle appartient au
fait à la famille des lois de diffusion!
Remarque: Puisque la conductivité est nécessairement un
scalaire, l'écriture vectorielle de la loi d'Ohm implique
que les lignes de champ électrostatiques indiquent également le
chemin pris par les charges électriques. Par ailleurs, comme la
conductivité est
un scalaire nécessairement positif dans le modèle classique,
ceci implique que le courant a la même direction que le champ électrique.
Si
nous multiplions l'égalité sous forme scalaire à droite et à gauche
par L nous
obtenons:
(38.35)
Donc nous
avons:
ou
(38.36)
Nous définissons l'inverse de la conductivité
comme la "résistance électrique" définie par:
(38.37)
Remarque: Il est important de remarquer
que la résistance électrique est proportionnelle à la
longueur de l'élément
résistif et inversement proportionnel à sa surface de
section. Par exemple dans les câbles hautes tensions la
résistance est donnée
en Ohm par kilomètre, ce qui permet ensuite de calculer
la puissance perdue par kilomètre et donc aussi l'argent
perdu par perte Joule.
Dès lors, nous pouvons écrire la loi
d'Ohm sous sa forme la plus communément connue:
(38.38)
où donc (attention!!!)
le potentiel U représente la différence
de potentiel sur la longueur de l'élément résistif
(appelé également "dipôle
résistif")
comme nous le voyons dans les développements et non
pas le potentiel total extérieur!
Remarque: Cette relation n'est valable que pour des conducteurs
idéaux dans des conditions normales de températures et de pression
et pour lesquels le modèle de Drude s'applique. Donc les semi-conducteurs
et supraconducteurs en sont exclus.
Puisque U est le potentiel de l'élément
résistif, nous
faisons alors souvent référence dans le domaine de
l'électrotechnique à la "chute
de potentiel" (effectivement,
au-delà de l'élément résistif le potentiel
n'est plus le même qu'au point qui précède
ce même élément résistif).
Pour les câbles en cuivre typiques d'usage non industriel,
il existe une table américaine très utile dans la
pratique donnant avec une relativement
bonne tolérance la résistivité en fonction
du diamètre
et le courant maximal admissible. Voici un échantillon de
cette table:
AWG |
Diamètre
du fil en mm (avec isolant) |
Résistance
en Ω par mètre |
Courant
max. théoriquement admissible à l'air libre en Ampères |
Courant
max. théoriquement admissible en Ampères |
1 |
7.35 |
0.0040 |
211 |
119 |
2 |
6.54 |
0.0051 |
181 |
94 |
... |
... |
... |
... |
... |
12 |
2.05 |
0.00521 |
41 |
9.3 |
13 |
1.83 |
0.00657 |
35 |
7.4 |
14 |
1.63 |
0.00829 |
32 |
5.9 |
15 |
1.45 |
0.0104 |
28 |
4.7 |
16 |
1.29 |
0.0132 |
22 |
3.7 |
... |
... |
... |
... |
... |
Tableau: 38.1
- Codes AWG (source: Wikipédia)
où AWG signifie "American Wire Gauge" et
correspond à une petite jauge qu'on peut acheter pour rapidement
déterminer
le diamètre
d'un câble à l'aide de la table ci-dessus sans avoir
un pied à coulisse:

Figure: 38.1 - Jauge AWG (source: Wikipédia)
RÉSISTANCES ÉQUIVALENTES
Nous pouvons maintenant
nous intéresser sur toute la longueur
d'une ligne de champ électrique parcourue colinéairement
par un courant I supposé constant
en tout point (c'est une approximation donc...) à la résistance
totale si n éléments
résistifs
sont mis les uns à côtés des autres linéairement.
La réponse est relativement simple puisque si nous notons
le potentiel à la première extrémité
de l'élément résistif et
l'autre extrémité, nous avons alors (le lecteur remarquera
que l'usage de la loi des mailles dans la relation suivante se fait
logiquement sans même avoir nécessairement connaissance
de celle-ci):
(38.39)
c'est-à-dire un résultat
analogue à celui
obtenu par une résistance unique dont la valeur est donnée
approximativement par (si le courant est constant sur toute la
ligne) la "résistance équivalente
de résistances en série":
(38.40)
qui est la somme arithmétique des résistances individuelles.
Considérons maintenant
n résistances en parallèles toutes sous
une tension U (de par la loi des mailles) et alimentées
par un courant I.
Le courant se sépare alors en n courants:
(38.41)
Dans chacune des n branches. En vertu de la loi des noeuds, nous avons:
(38.42)
c'est-à-dire que
l'ensemble des résistances mises
en parallèle est analogue à une "résistance équivalente
de résistances en parallèle":
(38.43)
donnée donc par la moyenne harmonique (cf.
chapitre de Statistiques)!
Le fait de brancher des appareils en parallèle permet donc
d'avoir toujours la même tension aux bornes de ceux-ci. C'est
ainsi que sont disposées par ailleurs les prises électriques
dans une installation domestique!
CAPACITÉS ÉQUIVALENTES
Nous pouvons de même, appliquer le même type de raisonnement
aux capacités. Rappelons que nous avons défini
dans le chapitre d'Électrostatique, la capacité comme étant
donnée par:
(38.44)
Considérons, au même titre que les résistances,
n condensateurs de capacités
mis en série les uns derrière les autres. Nous portons
aux potentiels
et
les deux extrémités de la chaîne et nous apportons
la charge Q sur l'ensemble du système.
Le potentiel (tension) total aux bornes de la chaîne de
condensateurs s'écrit alors simplement:
(38.45)
et correspond donc à celle
d'une capacité unique
C de "capacité équivalente
de capacités en série":
(38.46)
où nous retrouvons une moyenne harmonique.
Considérons maintenant n condensateurs de capacités mis
en parallèle avec le même potentiel U.
La charge électrique de chacun d'entre eux est alors imposée
(de par la loi des mailles) par la relation:
(38.47)
La
charge électrique totale est simplement:
(38.48)
ce qui correspond à une "capacité équivalente
de capacités en parallèle":
(38.49)
qui est la somme arithmétique des capacités individuelles.
Enfin pour clore, rappelons que nous avons démontré dans le chapitre
d'Électrostatique que:
(38.50)
Dans le cas où une capacité est seule en
série avec un générateur à courant
alternatif sinusoïdal (cas assez typique dans le monde industriel
du 19ème et 20ème siècle), alors nous aurons:
(38.51)
Et donc il vient:
(38.52)
Que nous écrirons en analogie avec la loi d'Ohm sous
la forme:
(38.53)
où:
(38.54)
est appelée la "réactance
capacitive". Nous remarquons
que dans le cas continu où la pulsation est nulle, le réactance
capacitive devient alors infinie et que nous retrouvons la situation
connue où la capacité ne laisse pas passer de courant (du moins
dans le cas idéal...).
FORCE ÉLECTROMOTRICE
Soit une portion AB d'un
circuit, parcourue par un courant permanent I allant
de A vers B.
L'existence de ce courant implique que le potentiel en A est
supérieur (différent) en valeur absolue à
celui en B (en valeur absolue). Cette différence
de potentiel se traduit par l'existence du champ électrostatique
produisant une force de Coulomb:
(38.55)
capable
d'accélérer une charge q.
Ainsi,
soit:
(38.56)
la
puissance nécessaire pour communiquer une vitesse v à une
particule de charge q quelconque. Sachant que dans ce
conducteur il y a porteurs
de charge par unité de volume, la puissance totale P mise en jeu dans le brin AB parcouru
par un courant I est:
(38.57)
c'est-à-dire:
(38.58)
où:
(38.59)
Cette
puissance est donc la "puissance électrique" disponible
entre A et B,
du simple fait qu'il y circule un courant I.
Si nous considérons dans ce circuit AB une partie
résistive pour laquelle nous mesurons une différence
de potentiel:
(38.60)
alors
la puissance disponible à l'intérieur de celui-ci
est donnée par la "puissance
joule":
(38.61)
Ainsi, parmi cette puissance disponible, une
certaine partie est dissipée sous forme de chaleur (effet
Joule) dans un dipôle passif tel que la résistance.
Évidemment c'est cette puissance que nous facture notre
compagnie d'électricité et connaître
l'énergie
consommée, il suffit de multiplier la puissance
de l'appareil que l'on utilise par la durée de fonctionnement.
Cependant, quelque chose cloche dans
nos développements précédents si nous y regardons
de plus près. Effectivement, si nous appliquons le raisonnement à un circuit fermé, c'est-à-dire
si nous regardons la puissance totale fournie entre A et A par la force de Coulomb, nous obtenons (bien évidemment puisque
le champ électrostatique coulombien est conservatif):
(38.62)
c'est-à-dire une
puissance nulle?! Eh oui! Cela signifie qu'il ne peut y avoir
de courant en régime
permanent dans une boucle fermée et lorsque qu'il y
a un courant, alors cela implique que la force de Coulomb
n'est pas
responsable
du
mouvement
global
des
porteurs de charge dans un conducteur!!
Dès lors, le courant dans un
conducteur peut être compris avec l'analogie de la rivière
circulant dans son lit. Pour qu'il y ait un écoulement,
il faut que l'eau s'écoule d'une région plus élevée
vers une région plus basse (d'un potentiel gravitationnel
plus haut vers un autre plus bas). Ainsi, le mouvement de l'eau
d'un point élevé vers un point plus bas est bien
dû
à la simple force de gravitation. Mais si nous voulons constituer
un circuit fermé, alors il faut fournir de l'énergie
(grâce à une pompe) pour amener l'eau à une
plus grande hauteur et le cycle peut alors recommencer.
C'est exactement ce qui se passe dans
un circuit électrique. Si nous voulons qu'un courant permanent
circule, il faut qu'une autre force que la force électrostatique
permette aux charges de fermer le chemin (c'est un raisonnement
purement mathématique) ! C'est à ce titre que nous
devons faire intervenir une source d'énergie "artificielle"
externe tel que le "générateur électrique"
qui est alors l'équivalent de la pompe hydraulique pour
l'eau.
Le générateur
doit alors nous imposer comme propriété physique
que lorsque son circuit est ouvert (courant I étant
alors nul)
une "différence de potentiel"
D.D.P. se maintienne entre ses bornes impliquant nécessairement
la présence d'une autre force compensant l'attraction
coulombienne du conducteur. Ainsi, la force totale s'exerçant
sur une charge
q s'écrit dès lors:
(38.63)
avec
étant le champ électrostatique et
le "champ électromoteur". À l'équilibre et
en l'absence de courant, nous devons avoir:
(38.64)
Cela signifie que la D.D.P. aux bornes
d'un générateur ouvert vaut alors:
(38.65)
Nous appelons et notons:
(38.66)
(un peu maladroitement) la "force électromotrice"
FEM propre du générateur.
Puisque, à l'intérieur
du générateur, nous avons:
(38.67)
à circuit ouvert, cela signifie qu'un générateur
est un conducteur non-équipotentiel (ou à "champ
non conservatif").
À l'équilibre, mais en présence
d'un courant I (générateur
branché dans un circuit fermé),
les porteurs de charge responsables de ce courant subissent
une force supplémentaire, due aux collisions se produisant à
l'intérieur du conducteur. Pour un générateur
idéal, ces collisions sont négligeables et nous
obtenons:
(38.68)
En
revanche, pour un générateur non idéal,
de telles collisions se produisent et se traduisent par
l'existence
d'une résistance interne r (très faible pour les
générateurs à l'état neuf!).
Ainsi, la vraie force électromotrice
est donnée par:
(38.69)
La résistance interne du générateur
introduit donc une chute de tension proportionnelle au courant
fourni, ce qui fait qu'il délivre
un potentiel inférieur à celui donné par
sa FEM.
Cette dernière relation est parfois notée sous la
forme suivante:
(38.70) et souvent avec l'écriture:
(38.71)
ce que l'on mesure avec un voltmètre est cependant la FEM puisque les
générateurs ont une résistance interne admise comme infinie
et impliquent donc un courant I quasi
nul.
Les générateurs diffèrent
selon la source d'énergie utilisée et la méthode
de conversion de celle-ci en énergie électrique
(autrement dit, selon la nature de ).
Nous pouvons ainsi produire de l'énergie électrique
à partie d'une pile (énergie chimique), d'un générateur
électrostatique (énergie mécanique), d'une
dynamo (énergie mécanique),
d'une pile solaire (énergie du rayonnement) ou d'un thermocouple
(énergie chaleur).
Reprenons le calcul fait précédemment
mais appliquons-le cette fois-ci à l'ensemble du circuit.
Soit alors V le volume total occupé par le conducteur formant le circuit
et
la force s'exerçant sur les charges mobiles q et donc responsable de leur mouvement.
La puissance totale P qui doit être fournie en régime permanent est alors:
(38.72)
où:
(38.73)
est la FEM totale du circuit. L'intégrale
portant sur l'ensemble du circuit, la FEM totale est donc la somme
des FEM présentes le long du circuit (s'il y en a). Si
celles-ci sont localisées dans des dipôles, l'expression
devient:
(38.74)
où les
sont les valeurs algébriques des différentes FEM:
1.
correspond à un "générateur" (production
d'énergie
électrique)
2.
correspond à un "récepteur" (consommation d'énergie
électrique)
Nous avons aussi pour la puissance électrique:
(38.75)
et la puissance joule:
(38.76)
Un moteur convertit de l'énergie
électrique en énergie mécanique et correspond
donc à un récepteur de FEM: nous disons également,
qu'il possède une "force contre-électromotrice" ou
FCEM.
LOI DE FARADAY
Maintenant que nous
avons démontré
la nécessité de la force électromotrice, nous
allons pouvoir démontrer la provenance de la "loi
de Faraday" ainsi que la "loi
de Lenz" dont nous avions
fait usage en électrodynamique
pour démontrer la troisième équation de
Maxwell. La détermination de la loi de Faraday va également
nous permettre de définir le concept d'inductance et
d'étudier
ses propriétés.
Faisons la même démarche
que Faraday et posons-nous la question suivante: Comment créé-t-on
un courant?
Un courant est un déplacement
de charges dans un matériau conducteur. Ces charges sont
mises en mouvement grâce à une D.D.P. qui est
maintenue par une FEM. Ainsi, une pile, en convertissant son énergie
chimique pendant un instant dt fournit donc
une puissance P modifiant l'énergie
cinétique des dQ porteurs de charge
produisant ainsi un courant I.
Soit
la puissance nécessaire pour communiquer une vitesse
à une particule de charge q.
Sachant que dans un conducteur, il y a n porteurs
de charge par unité de
volume, la puissance totale P que doit fournir
le générateur (idéal) est
alors (voir plus haut):
(38.77)
Nous posons donc que la FEM idéale
d'un circuit est:
(38.78)
Or, la force de Coulomb est incapable
de produire une FEM comme nous l'avons démontré tout
à l'heure.
Pour créer un courant continu dans un circuit fermé,
il faut donc un champ électromoteur dont la circulation
le long du circuit ne soit pas nulle. L'expérience de
Faraday montre donc que c'est l'existence du champ magnétique
qui permet l'apparition du courant (!!!!). Cela signifie que
la force
de Lorentz doit être responsable de l'apparition d'une FEM,
c'est-à-dire:
(38.79)
Donc:
(38.80)
Les propriétés
du produit vectoriel (cf. chapitre de Calcul
Vectoriel) nous
donnant:
(38.81)
nous
pouvons écrire:
(38.82)
Une petite remarque s'impose à
ce niveau du discours. Si
est bien le vecteur vitesse des charges q il
ne peut être celui qui est colinéaire à car
sinon nous aurions:
(38.83)
et
donc e serait nul et
ceci n'est pas possible car contredirait tous les développements
faits jusqu'à présent ! Au fait, est
la vitesse de l'ensemble du circuit qui entraîne avec
lui l'ensemble des charges à la même vitesse !
Ainsi, pendant un temps
dt, le circuit se déplace d'une distance:
(38.84)
vecteur
qui est perpendiculaire à .
Dès lors:
(38.85)
est
la surface (voir les propriétés du produit vectoriel
dans le chapitre de Calcul Vectoriel) décrite par le déplacement
de l'élément sur
la distance tel
que:
(38.86)
Nous
avons alors:
(38.87)
Nous reconnaissons l'expression du
flux (dit "flux coupé") à travers la surface élémentaire
.
Ce qui nous amène à écrire (il y a un petit
peu d'intuition - bon sens - avec la manipulation des différentielles
mais bon c'est aussi ça la physique...):
(38.88)
Nous venons de démontrer
la "loi de Faraday" dans
le cas d'un circuit rigide plongé dans un champ magnétique varable.
Nous avons vu apparaître
naturellement l'expression du flux coupé. En fait, la
seule chose qui compte, c'est l'existence d'un mouvement d'ensemble
du
tout ou d'une partie du circuit (revoir la démonstration
pour s'en convaincre). Ainsi, l'expression de la FEM induite:
(38.89)
reste valable pour un circuit déformé
et/ou déplacé dans un champ magnétique statique.
Cette démonstration s'est faite à partir de la force
de Lorentz et est donc a priori indépendante du référentiel
choisi!
LOI DE LENZ
L'énoncé de la loi de Lenz
est le suivant:
L'induction produit des effets qui s'opposent aux causes qui
lui ont donné
naissance.
Cette loi est, comme la règle
du flux maximum, déjà contenue dans les équations
et n'apporte rien de plus, hormis une intuition des phénomènes
physiques. En l'occurrence, la loi de Lenz n'est que l'expression
du signe "-" contenu dans la loi de Faraday.
Exemple:
Si nous approchons un circuit du pôle nord d'un aimant,
le flux augmente et donc la FEM induite est négative.
Le courant induit sera alors négatif et produira lui-même
un champ magnétique induit opposé à celui
de l'aimant. Deux conséquences:
1. L'augmentation du flux à
travers le circuit est amoindrie.
2. Il apparaît une
force de Laplace (cf. chapitre de Magnétostatique)
négative, s'opposant à l'approche de l'aimant.
Ce signe "-" dans la loi
de Faraday (la loi de Lenz) décrit le fait que dans des
conditions normales, il n'y a pas d'emballement possible (exemple:
courant ne faisant qu'augmenter).
C'est la raison pour laquelle
la loi de Lorenz est souvent appelée "loi
de Lenz-Faraday".
INDUCTANCE
Nous avons donc:
(38.90)
Or la loi de Biot-Savart
nous donne (cf. chapitre de Magnétostatique):
(38.91)
Dès lors:
(38.92)
que nous écrivons historiquement sous forme condensée de la manière
suivante:
(38.93)
où L est le "coefficient d'auto-induction" ou "auto-inductance" (ou "self"),
exprimé en "Henry" [H]. Il ne dépend que
des propriétés
géométriques du circuit et est nécessairement
positif.
Avec les lois que nous avons énoncées
jusqu'à présent, nous sommes en mesure d'étudier
certains régimes variables. En effet, tous les raisonnements
basés sur la notion d'un champ (électrique ou magnétique)
constant au cours du temps peuvent aisément être
appliqués
à des systèmes physiques variables (champs dépendant
du temps), pourvu que cette variabilité s'effectue sur
des
échelles de temps longues par rapport au temps caractéristique
d'ajustement du champ. Voici tout de suite un exemple concret:
La plupart des lois de la
magnétostatique
supposent un courant permanent, c'est-à-dire le même
dans tout le circuit. Lorsque nous fermons un interrupteur, un
signal
électromagnétique se propage dans tout le circuit
et c'est ainsi que peut s'établir un courant permanent: cela prend un temps de l'ordre de l/c où l est la taille du circuit et c la
vitesse de la lumière. Si nous avons maintenant un générateur
de tension sinusoïdale de période T (c'est
juste un exemple... pris au hasard...), alors nous pourrons malgré
tout utiliser les relations déduites de la magnétostatique
si:
(38.94)
Ainsi, bien que le courant soit variable,
la création d'un champ magnétique obéira à
la loi de Biot-Savart tant que le critère ci-dessus reste
satisfait. Ce type de régime variable est
appelé "régime quasi statique" dans
le sens qu'il est transitoire.
Donc, puisque nous avons:
et
(38.95)
Nous avons alors si et seulement si
le courant est variable dans le circuit:
(38.96)
L
étant constant pour un circuit rigide. La self ("inductance"
en français) crée donc une force électromotrice
inverse de celle générée par le courant à
ses bornes. Cette force électromotrice a donc un sens inverse
à celle du générateur électrique.
Dans le cas où une inductance est seule en série
avec un générateur
à courant alternatif sinusoïdal (cas assez typique
dans le monde industriel du 19ème et 20ème siècle), alors la conservation
du champ donnera:
(38.97)
Et donc explicitement:
(38.98)
Et donc:
(38.99)
Pour avoir le courant, nous intégrons:
(38.100)
Donc dans ce cas particulier, le courant est en retard
sur la tension (ou la tension est en avance sur le courant) d'un
quart de période. Il est par ailleurs d'usage de noter:
(38.101)
Soit:
(38.102)
où par analogie avec la résistance pure, l'expression:
(38.103)
est appelée "réactance
inductive".
Remarque: Nous voyons bien dans la relation obtenue, qu'en
régime
stationnaire, si le courant est constant, alors la force électromotrice
est nulle et la self se comporte alors comme une simple équipotentielle!
Il convient de donner maintenant un exemple important et simple à la
fois de la loi de Lenz en l'appliquant au calcul de l'inductance
d'un solénoïde de rayon r (l'inductance d'un solénoïde
torique à section
circulaire ayant déjà été mise en évidence
dans le chapitre de Magnétostatique).
Nous avons vu dans le chapitre de Magnétostatique que le
champ magnétique dans un solénoïde était donné par:
(38.104)
où pour rappel N est
le nombre de spires et l est
la longueur du solénoïde. Nous avons vu plus haut que la
loi de Faraday était donnée par:
(38.105)
et dans le cas d'une spire nous allons parcourir N fois
le chemin de l'intégrale. Il vient alors:
(38.106)
Nous avons vu plus haut que
le flux du champ magnétique était donné par
(si le champ est perpendiculaire à la
surface traversée):
(38.107)
Dès lors:
(38.108)
Remarque: Attention!! Le flux dans un solénoïde n'est
pas égal
au flux dans une spire multiplié par le nombre de spires.
Le taux de variation du flux magnétique se trouve par dérivation,
soit:
(38.109)
Soit dans le cas de spires circulaires:
(38.110)
La force électromotrice engendrée est ainsi:
(38.111)
et donc par correspondance:
(38.112)
Calculons maintenant la puissance reçue par une bobine. Nous
avons démontré plus haut que nous avons toujours dans notre cas
d'étude et si nous modélisons l'inductance comme un dipôle non
idéal:
(38.113)
où les lettres en minuscules indiquent que nous sommes en régime
non constant:
(38.114)
Contrairement au développement que nous avions fait dans le chapitre
d'Électrostatique pour le même calcul en ce qui concerne la capacité,
nous n'avons pas négligé ici la
dissipation d'énergie
par
effet
Joule.
Mais
il faut
savoir que
dans la majorité des cas ce terme est aussi négligé!
Donc par intégration dans un intervalle de temps donné de 0 à t nous
avons pour le deuxième terme:
(38.115)
Soit explicitement dans le cas d'un solénoïde circulaire:
(38.116)
Lorsque i décroit, la bobine restitue cette énergie.
Nous ne pouvons donc pas stocker de l'énergie dans une bobine
isolée
contrairement à un condensateur.
Dans le cadre d'un régime sinusoïdal, la puissance moyenne sera
nulle. Nous pouvons généraliser ceci en admettant qu'une inductance
parfaite ne dissipe aucune puissance par effet Joule.
EFFET DE PEAU
L'effet de peau ou effet pelliculaire (ou plus rarement effet
Kelvin) est un phénomène électromagnétique qui fait que, à fréquence élevée,
le courant a tendance à ne circuler qu'en surface des conducteurs.
Ce phénomène d'origine électromagnétique existe pour tous les conducteurs
parcourus par des courants alternatifs. Il provoque la décroissance
de la densité de courant à mesure que l'on s'éloigne de la périphérie
du conducteur. Il en résulte une augmentation de la résistance
du conducteur.
Cet effet peut être utilisé pour alléger le poids des lignes
de transmission à haute fréquence en utilisant des conducteurs
tubulaires, ou même des tuyaux, sans perte de courant. Il sert
aussi dans le blindage électromagnétique des fils coaxiaux en les
entourant d'un mince étui métallique qui garde les courants induits
par les hautes fréquences ambiantes sur l'extérieur du câble.
Ce que nous souhaiterions déterminer maintenant, c'est
l'atténuation du champ électrique (ou un coefficient
d'atténuation) dans la matière d'un câble conducteur
cylindrique plein en fonction de la distance de son axe de symétrie
longitudinal à sa surface extérieure..
Pour cela, nous reprenons la quatrième équation de Maxwell sous
la forme donnée précédemment:
(38.117)
et que nous supposons travailler avec un conducteur n'ayant pas
d'effet capacitif (donc pas de courant de déplacement) à l'opposé du
cas général démontré dans le chapitre d'Électrodynamique, cette
dernière se réduit alors à:
(38.118)
et si nous l'associons à la troisième équation de Maxwell (cf.
chapitre Électrodynamique) qui est pour rappel:
(38.119)
Nous avons alors en utilisant le théorème de Schwarz (cf.
chapitre de Calcul Différentiel Et Intégral):
(38.120)
Or nous avons démontré dans le chapitre de Calcul Vectoriel qu'en
toute généralité le rotationnel du rotationnel d'un champ vectoriel
est égal au gradient de la divergence de ce champ moins son laplacien
vectoriel:
(38.121)
Or comme la divergence du champ électrique est nulle à travers
la section d'un conducteur nous avons:
(38.122)
d'où:
(38.123)
Ce qui donne explicitement pour une composante (par exemple en z):
(38.124)
Plaçons-nous dans le cas important d'un régime harmonique:
(38.125)
et utilisons temporairement la notation en phaseurs:
(38.126)
Nous avons alors
(38.127)
Nous obtenons alors l'équation différentielle suivante à une
variable:
(38.128)
Soit:
(38.129)
et donc:
(38.130)
en se rappelant (cf. chapitre Nombres)
que:
(38.131)
il vient:
(38.132)
Dès lors:
(38.133)
Donc:
(38.134)
Nous devons rejeter pour des raisons physiques (conservation
de l'énergie) la solution:
(38.135)
Il nous reste donc:
(38.136)
que les physiciens notent:
(38.137)
car se
mesure en mètres (coefficient qui est nul si le champ électrique
est constant) et est assimilé au "coefficient d'atténuation" que
nous nous étions fixé de déterminer au début:
(38.138)
Pour un conducteur en cuivre, nous avons selon Wikipédia les valeurs
ci-dessous.
Fréquence |
δ |
50 Hz |
9.38 mm |
60 Hz |
8.57 mm |
10 kHz |
0.66 mm |
100 kHz |
0.21 mm |
1 MHz |
66 µm |
10 MHz |
21 µm |
Tableau: 38.2 - Coefficient d'atténuation
SEMI-CONDUCTEURS
Le défaut principal du modèle de Drude vu précédemment
est de considérer l'électron comme une particule
classique. Un ensemble de telles particules n'est évidemment
pas soumis aux distributions quantiques et donc à une relation
explicite de
la température.
De plus, si nous observons notre modèle
de Drude, il est difficile de dire quoi que ce soit à propos
de la
résistivité en fonction de la température.
Au fait, nous retenons en général quatre dates à la
source du développement de cette théorie des semi-conducteurs:
- En 1833, Michael Faraday fait état de la conductivité d'un
matériau qui augmente avec la température.
- En 1839, Antoine Becquerel découvre que sous illumination une
tension électrique apparaît à la jonction de certains matériaux
(et liquides). C'est l'effet photovoltaïque, qui donnera naissance
beaucoup plus tard (vers 1950) aux cellules solaires.
- En 1873, Willoughby Smith montre que la conductivité de certaines
substances augmente lorsque qu'on les illumine. C'est la photoconductivité.
- Enfin, en 1874 Karl Ferdinand Braun découvre le phénomène de
redressement électrique lorsqu'une pointe métallique est déposée
sur certains conducteurs, c'est-à-dire que le courant électrique
passe dans un sens lorsque le potentiel électrique appliqué à la
pointe est positif mais non lorsqu'il est négatif!
Bien que ces découvertes fussent totalement incomprises
et surtout non reconnues comme étant les différentes
expressions d'un même
phénomène physique (la semi-conductivité),
les applications pratiques furent immédiates et menèrent à la
deuxième révolution industrielle
qui est celle de la microélectronique!
Ce type de difficulté (parmi de nombreuses autres...) s'efface
en grande partie avec le modèle de l'électron libre dans un puits
de potentiel, imaginé par Sommerfeld en 1928. Dans ce modèle les électrons,
soumis au principe de Pauli, suivent la distribution en énergie
de Fermi-Dirac (cf. chapitre de Mécanique
Statistique), alors que dans le modèle de Drude ils suivaient
la loi de Maxwell-Boltzmann.
Il en découle deux résultats importants:
- Seule une fraction des électrons est susceptible de voir son énergie
varier sous l'effet d'une action extérieure (température, champ électrique,
etc.)
- Même au zéro absolu, l'énergie cinétique des électrons n'est
pas nulle.
Le modèle de Sommerfeld fournit une base pour l'édification de
théories plus spécifiques et est à la base du domaine de la "physique
du solide" selon certaines sources. Ce n'est donc pas
un modèle achevé traitant d'un problème précis comme la conduction électrique
ou l'émission thermoélectronique. Cette base est la distribution
en énergie des électrons, obtenue par le produit de deux fonctions: la densité des états et la distribution de Fermi-Dirac.
Malgré les améliorations qu'il apporte, ce modèle ne donne cependant
pas une description satisfaisante des propriétés électroniques
des solides dans tous les cas. Ses limitations proviennent du fait
qu'il ne tient pas compte implicitement de la structure réelle
des matériaux et des interactions entre électrons. Ce modèle ne
permettra donc jamais d'expliquer objectivement pourquoi tel cristal
est conducteur, et tel autre isolant ou semi-conducteur (par exemple
le diamant et le silicium ont la même structure cristalline et
configuration électronique mais à partir d'une certaine température
l'un devient conducteur et l'autre reste isolant!).
La théorie des semi-conducteurs, appelée plus souvent "théorie
des bandes" pour des raisons que nous verrons plus
loin, est aussi un exemple fameux de l'application des résultats
de la physique quantique ondulatoire (voir chapitre du même nom)
et de la statistique quantique (cf. chapitre
de Mécanique Statistique).
Pour son étude, nous nous concentrerons ici sur le modèle scolaire
qualitatif le plus simple qui est celui basé sur un semi-conducteur
cristallin avec un réseau parfaitement périodique et à bandes paraboliques
(nous préciserons cela à nouveau plus loin).
Le lecteur un peu critique verra que les développements
qui vont suivre ne sont cependant pas purement quantiques (il y
a même des développements
utilisant la mécanique classique qui sont limites acceptables
suivant le point de vue)... donc l'approche est un peu grossière
mais elle permet d'avoir une idée
qualitative des phénomènes dans les semi-conducteurs.
C'est une des raisons pour laquelle ce modèle est appelé "modèle
semi-classique des bandes paraboliques".
Au fur et à mesure des années nous compléterons les développements
qui vont suivre pour au final tenter d'avoir toute la démarche
détaillée. D'ici là il faudra être patient...
Nous ferons abstraction des concepts qui ne sont pas absolument
nécessaires à l'introduction du modèle pour présenter
ici uniquement l'essentiel qui suffit à l'ingénieur dans
son travail quotidien.
Pour commencer la partie mathématique de l'étude des semi-conducteurs,
nous considérerons un cristal soumis à une différence de potentiel.
Un électron de conduction du cristal sera donc soumis d'une part à une
force interne résultant
du champ cristallin, et d'autre part à une force d'origine externe résultant
du champ électrique appliqué au cristal.
Les hypothèses du modèle sont:
H1. Il existe à la surface des métaux une barrière de potentiel
empêchant les électrons de quitter la matière.
H2. À l'intérieur de la matière, les électrons sont soumis à un
potentiel constant!
H3. Les électrons sont indépendants (pas d'interactions entre
eux).
H4. Les électrons obéissent aux lois de la mécanique
quantique et classique.
H5. Les électrons obéissent aux lois de l'électrodynamique
de Maxwell.
H6. Les bandes d'énergie forme un spectre continu de niveaux
d'énergie.
La première hypothèse repose sur l'observation élémentaire suivante: les électrons se déplaçant dans un métal ne franchissent pas, à température
ambiante tout au moins, les surfaces limitant l'échantillon.
La deuxième hypothèse paraît assez brutale. C'est elle qui bannit
du modèle la notion de structure de la matière. Elle sera remplacée
dans le modèle des bandes d'énergie par un potentiel
périodique rendant compte de l'influence des noyaux chargés positivement.
Cette hypothèse traduit le fait que les électrons sont considérés
comme libres dans le puits de potentiel.
La barrière de potentiel possède une largeur finie,
c'est-à-dire
que le passage du potentiel régnant à l'intérieur
de la matière
au potentiel régnant à l'extérieur se fait sur quelques
distances interatomiques. Mais les dimensions de l'échantillon étant
en pratique toujours très grandes vis-à-vis d'une distance
interatomique, on peut considérer la barrière de
potentiel comme infiniment abrupte, ce qui simplifie les calculs.
Remarque: Nous admettrons pour simplifier les calculs que les électrons
se déplacent dans une seule direction (celle du champ électrique)
ce qui évitera de se balader avec des vecteurs.
L'équation de la dynamique s'écrit alors naturellement pour cet électron:
(38.139)
Nous écrivons alors (rien ne nous interdit de le faire) que l'électron
dans le cristal répond à la sollicitation de la force externe comme
une quasi-particule de masse dans
le vide:
(38.140)
C'est l'étude de ce dernier terme qui va nous intéresser.
Pour cela rappelons que dans le cadre de l'étude détaillée
de la propagation de l'électron libre dans le vide, où nous
négligeons les effets
de son spin, nous avons démontré qu'il doit obligatoirement être
décrit selon l'équation de Schrödinger par un paquet
d'onde (cf.
chapitre de Physique Quantique Ondulatoire) centré sur
un état sinon
quoi son énergie serait infinie.
On peut cependant se poser la question... de ce qui nous amène à le
considérer comme libre.... Eh bien c'est l'expérience
qui montre que lorsque nous appliquons un certain potentiel seuil,
un courant
commence à apparaître dans les semi-conducteurs.
Nous avons démontré (toujours dans le cadre de la propagation
de la particule libre sans spin dans le chapitre de Physique Quantique
Ondulatoire) que le paquet d'onde peut alors être vu dans sa solution
mathématique comme une onde plane (libre) se déplaçant à la vitesse
de phase:
(38.141)
que nous noterons pour la suite afin de simplifier les notations:
(38.142)
Or, dans le réseau cristallin, la vitesse de phase peut
varier, en fonction de l'endroit du réseau où se trouve
l'électron à cause
de la forme géométrique du potentiel dans le cristal.
Il nous faut donc utiliser la vitesse de phase instantanée:
(38.143)
Rappelons que nous avons aussi en toute généralité l'énergie totale
donnée par:
(38.144)
Il vient alors:
(38.145)
Le terme:
(38.146)
n'est de loin pas simple dans le cas d'un cristal (c'est même
un cauchemar...).
Évidemment pour une particule libre (cf.
chapitre de Physique Quantique Ondulatoire), rappelons
qu'il s'agit de:
(38.147)
Mais pour une particule dans un champ de potentiel ayant une géométrie
complexe l'énergie E commence à avoir une expression dépendante
de k en fonction des zones qui peut devenir très complexe
(voir les exemples du chapitre de Physique Quantique Ondulatoire).
D'où la justification de l'utilisation de la dérivée.
L'accélération au sens classique de cet électron est alors donnée
par:
(38.148)
Nous avons aussi (cf. chapitre de Mécanique
Classique):
(38.149)
donc:
(38.150)
d'où:
(38.151)
La dérivée de par
rapport à dans
la relation précédente s'annulera car la force découle du potentiel
appliqué sur le semi-conducteur seulement et non pas du vecteur
d'onde de l'électron lui-même! Il nous reste alors:
(38.152)
Puisque ici E est uniquement l'énergie totale provenant
du potentiel soumis de l'extérieur, alors la force est
la force externe générée
par l'application de ce même potentiel. Nous avons alors:
(38.153)
et:
(38.154)
Il vient alors par égalisation:
(38.155)
Puisque l'énergie de l'électron peut avoir une forme
mathématique
compliquée conformément aux cas applicatifs vus dans
le chapitre de Physique Quantique Ondulatoire, exprimons sous
forme de développement limité de Taylor (cf.
chapitre de Suites et Séries) d'une fonction à trois
variables au deuxième ordre en laissant tomber les termes
d'interactions et en en ne prenant pas les termes de premier degré:
(38.156)
Au fait cette approximation grossière mais toutefois acceptable
dans pas mal de cas pratiques tient au fait que l'expérience montre
que les surfaces d'énergie en fonction de k ont en approximation
une forme parabolique dans certains cristaux semi-conducteurs.
Dans les conducteurs, l'approximation de la relation précédente
n'est prise qu'au premier terme.
Une autre manière de le voir est que pour un électron
libre, nous avons pour rappel, en une dimension, la courbe de dispersion
(cf. chapitre de Physique Quantique Ondulatoire):
(38.157)
qui est bien une parabole en fonction de k. Effectivement,
si nous prenons notre développement de Taylor en une dimension
il nous reste:
(38.158)
et comme nous avons déterminé avant que:
(38.159)
Il vient:
(38.160)
Si l'électron est libre la courbe de dispersion nous impose d'avoir
(sans présence de potentiel):
(38.161)
qui est alors considérée comme "l'énergie
du minimum" Il
nous reste alors:
(38.162)
et en prenant nous
retombons sur courbe de dispersion d'une particule libre (ce qui
justifie donc le fait d'avoir posé pour
un électron libre):
(38.163)
Ce qui montre que l'approximation n'est pas trop fausse... et
justifie le fait que dans certains ouvrages la relation précédente
(série
de Taylor) décrit une particule dite "quasi-libre".
Mais revenons-en à:
(38.164)
Et puisque le paquet d'onde est centré autour de normalisons-la
comme valant 0 (ce qui équivaut à centrer les valeurs du vecteur
d'onde). Nous avons alors:
(38.165)
Ce qui est intéressant avec ces développements,
c'est que nous sommes partis d'un électron libre sous forme
de paquet d'onde et grâce au développement de Taylor nous
nous retrouvons avec une expression extrêmement simple de l'énergie
d'un électron quasi-libre.
Il en sort que pour un électron quasi-libre, sans
interactions et sans prendre en compte les effets de spin nous
avons:
(38.166)
Nous remarquons alors une chose fort sympathique! C'est que notre électron
quasi-libre a un nombre d'onde qui ressemble en tout point à celui
d'une particule coincée dans un puits de potentiel à parois
rectilignes (voir la démonstration dans le chapitre de Physique
Quantique Ondulatoire).
Nous souhaiterons maintenant calculer à l'aide de l'expression
de k (n'ayant pas directement celle de E car trop
complexe) la densité d'états (in extenso d'électrons)
dans le volume donné par le puits rectangulaire correspondant.
Nous avons démontré dans le chapitre de Physique Quantique Ondulatoire
que pour le puits de potentiel à barrières rectangulaires:
(38.167)
si nous imposions un nombre entier de demi-longueur d'onde. Si
nous imposons un nombre entier de longueur d'onde (conditions de
Born-von Karman afin qu'après une translation du réseau périodique
du cristal nous retrouvions les mêmes propriétés) pour que la solution
soit physiquement acceptable, nous avons alors:
(38.168)
ce qui implique bien évidemment deux fois moins d'états.
Par extension, pour l'espace, nous avons alors dans le cas tridimensionnel:
(38.169)
avec:
(38.170)
et où 
Le résultat est très similaire à celui du puits
de potentiel rectangulaire à une
dimension mais nous avons maintenant des conditions aux bords particulières
afin d'avoir une correspondance avec l'expérience et trois
nombres quantiques principaux au lieu d'un seul. De plus, chaque
combinaison
de ces trois nombres correspond à une fonction d'onde (état)
différente.
De plus, ces nombres sont indépendants (aucune condition
imposée).
Nous avons alors le premier niveau où tous les n sont unitaires:
(38.171)
Si nous acceptons pour simplifier que le puits a des arêtes de
longueurs égales (semi-conducteur à réseau cristallin
cubique), nous avons alors:
(38.172)
Représentons l'espace des k pour un tel réseau cubique
et pour différents multiples de :

Figure: 38.2 - Espace des k pour un réseau cristallin cubique
Donc tous les états quantifiés ne peuvent prendre que des valeurs
espacées de dans
l'espace des k ce qui signifie que par volume élémentaire
il n'y a qu'un seul vecteur d'onde possible et donc qu'un seul état
associé. Effectivement, faites un dessin par-dessus la figure ci-dessus
si vous voulez et vous verrez (!) mais ne vous fiez pas aux gros
points noirs qui sont là uniquement pour montrer les extrémités
des volumes élémentaires et qui ne correspondent pas tous à des états
possibles!
Ainsi, dans un volume sphérique de rayon k de l'espace
des k. Nous avons un nombre précis (limite supérieure)
de volume élémentaires
(états):
(38.173)
où dans la littérature il est d'usage (tradition) de ne
conserver que la forme de la deuxième égalité dans
les développements. Cette relation nous a été pour rappel
utile dans le chapitre de Thermodynamique pour déterminer
le modèle de
Debye-Einstein de la capacité thermique à volume constant des solides
cristallins!
La densité de modes dans un volume V sera alors
donné par (relation utilisée dans le chapitre de Thermodynamique
pour exprimer la capacité calorifique à volume constant des solides):
(38.174)
Remarque: La
sphère de rayon k, contenant les niveaux à un électron
qui sont occupés est appelée parfois " sphère
de Fermi". La valeur du rayon est alors notée  et
appelée " vecteur d'onde de Fermi".
La surface de la sphère de Fermi, qui sépare les
niveaux occupés
de ceux qui ne le sont pas comme nous le verrons plus tard est
appelée " surface
de Fermi".
En considérant maintenant le spin (ben oui tant qu'on y est...)
nous multiplions par 2 puisqu'il y a deux états de spin possible
par état:
(38.175)
(relation que nous retrouverons dans le chapitre de Physique Nucléaire
lors de notre étude du modèle de noyau nucléaire
sous forme de goutte liquide) et en
y
injectant:
(38.176)
nous avons alors:
(38.177)
La densité volumique d'états (quasi-)libres sera obtenue en dérivant
cette dernière relation par le volume:
(38.178)
Et si nous souhaitons la densité d'états (quasi-)libres (de vibration)
par unité d'énergie et de volume il va nous falloir en plus dériver
par rapport à l'énergie:
(38.179)
Ce qui donne:
(38.180)
Ce résultat ne dépendant pas du volume, il est inchangé lorsque
celui-ci tend vers l'infini! Donc il est valable pour tout point
du cristal semi-conducteur si celui-ci est parfait...
Ce que nous trouvons également parfois sous les formes (un peu
malheureuses...) suivantes dans certains ouvrages:
(38.181)
et il y aussi ceux qui ne prennent en compte le spin que plus
tard... ce qui donne une forme identique à celle des trois relations
précédentes mais à diviser par 2.
DENSITÉ STATISTIQUE NON-DÉGÉNÉRÉE
DES PORTEURS NÉGATIFS
Bref, cependant cette relation a un défaut (encore un...)!
Effectivement, nous avons vu dans le chapitre de Mécanique
Statistique lors de notre étude de la statistique quantique
que dans un système où même
le spectre d'énergie est considéré comme continu,
il est impossible de ne pas prendre en compte la dégénérescence des différents niveaux
d'énergie. Nous avions démontré alors que
pour une population de fermions, à une énergie (ou température)
donnée le pourcentage
de niveaux dégénérés occupés
est donné par la fonction de Fermi-Dirac:
(38.182)
et que la fonction retournait donc une valeur comprise entre 0
au minimum et 1 au maximum.
Cette fonction donne donc pour une température T fixée
la probabilité qu'un électron occupe un état
d'énergie E.
Ce qui fait que notre relation D(E) surestime la
valeur réelle de densité d'états (quasi-)libres occupés pour une énergie
(ou température) donnée. Ce qui fait que pour avoir une meilleure
approximation nous écrivions en toute logique la densité volumique
d'états (quasi-)libres par unité d'énergie:
(38.183)
Cependant, dans la pratique, nous allons chercher à calculer la
densité volumique d'états (quasi-)libres dans un
spectre (intervalle) d'énergie. Il vient alors avec la correction
ajoutée précédemment:
(38.184)
Soit:
(38.185)
Il vient alors immédiatement que la densité volumique
d'états
(d'électrons) (quasi-)libres à une température donnée
(conditions normales de température pour les applications
civiles) en prenant en compte tous les états (niveaux continus)
d'énergie
possibles est alors:
(38.186)
Prendre comme
borne inférieure nous évite, comme nous allons le
voir explicitement un peu plus bas, de nous retrouver avec une
racine négative...
ce qui serait fort gênant!
De plus, nous pouvons sans erreur appréciable reporter
la limite de l'intégrale à l'infini car quand E est
importante.
Malheureusement, cette intégrale n'est en général pas soluble
analytiquement. Il va donc falloir recourir à des approximations.
Nous allons commencer par faire l'hypothèse que nous sommes
dans le régime classique du gaz d'électrons. C'est-à-dire
que le terme:
(38.187)
ce qui implique:
(38.188)
Dès lors, nous avons aussi l'approximation:
(38.189)
En d'autres termes l'énergie E doit être bien supérieure
au potentiel chimique (assimilé souvent
malheureusement et à ma connaissance à tort dans la littérature
sur les semi-conducteurs au niveau de Fermi ).
Les physiciens notent alors cette énergie pour
la distinguer et l'appellent "énergie
minimale de la bande de conduction" (qui correspond à l'énergie
minimale d'un électron quasi-libre pour satisfaire cette
condition).
Dès lors, nous changeons aussi la notation pour la densité de
charge:
(38.190)
Remarque: Malheureusement, comme précisé dans
le paragraphe précédent (!) dans beaucoup d'ouvrages
de qualité sur les semi-conducteurs,
le potentiel chimique ,
qui est pour rappel une notion purement thermodynamique impliquant
une hypothèse d'interactions, est remplacée par le
concept d'énergie
de Fermi et
pourtant ce n'est pas la même chose! Les deux énergies ne
coïncident
que dans le cas où la température T est nulle!
Donc nous devons considérer le terme de "niveau
de Fermi", comme n'étant rien d'autre qu'un synonyme
de "potentiel chimique" dans
le contexte des semi-conducteurs.
Nous avons alors:
(38.191)
Où est
la fonction de Maxwell-Boltzmann (cf. chapitre
de Mécanique Statistique) donnée pour rappel par:
(38.192)
Et correspond donc bien à un comportement non quantique (soit
un gaz d'électrons non-dégénéré!) car lorsque:
(38.193)
nous avons:
(38.194)
et donc les états d'énergie ne sont de loin pas tous occupés
par les électrons (il n'y a donc pas dégénérescence).
Nous sommes donc bien dans une situation où la
physique classique prédomine sur la physique quantique. C'est la
raison pour laquelle dans cette approximation (de Maxwell-Boltzmann)
nous disons alors que nous avons affaire à un "semi-conducteur
non-dégénéré" car les électrons ne sont pas entassés
dans les niveaux les plus bas disponibles.
Pour pouvoir continuer, nous faisons un changement de variable
en posant:
(38.195)
d'où:
(38.196)
Il vient alors:
(38.197)
Nous faisons une intégration par parties:
(38.198)
nous faisons ensuite un changement de variable en posant:
(38.199)
Ce qui donne:
(38.200)
Nous avons déjà calculé cette intégrale dans le chapitre de Statistiques.
Il vient:
(38.201)
Nous avons alors finalement:
(38.202)
Où pour rappel, est
la masse de la quasi-particule (et non la masse de l'électron pour
rappel!). Donc après intégration tout se passe comme si tous les électrons étaient
concentrés sur le niveau d'énergie avec
un nombre de places disponibles correspondant à:
(38.203)
Ce que nous notons traditionnellement (et de manière un peu malheureuse... car
il n'est pas évident de se rappeler qu'il s'agit d'une densité):
(38.204)
Ou encore:
(38.205)
Où nous avons environ à température ambiante (c'est le
paramètre
de la masse effective qui varie entre les deux) les valeurs suivantes
d'états (quasi-)libres respectives pour le Silicium:
(38.206)
Et pour le Germanium:
(38.207)
Alors qu'il y a environ une densité d'atomes de et
environ électrons
pour ces deux éléments.
Cela signifie qu'il y a donc un rapport de 1/100000 entre la
densité d'électrons totale et le nombre d'électrons
quasi-libres.
Nous remarquons cependant également que ce modèle théorique ne
prend pas en compte la structure électronique (numéro atomique)
du matériau étudié.
Ainsi, nous voyons que les variations des densités d'électrons
quasi-libres en fonction de la température (dans la gamme de validité de
la température...) sont essentiellement de type exponentiel croissant
ou décroissant.
À partir de la densité des électrons libres
(attention il faut bien se rappeler que ce sont uniquement les électrons
quasi-libres qui se baladent dans nos équations mathématiques
jusqu'à maintenant)
dans le cristal semi-conducteur, nous pouvons en déduire
l'énergie
du niveau de Fermi (plus rigoureusement il s'agit du potentiel
chimique!):
(38.208)
d'où:
(38.209)
Et puisque nous
avons toujours à cause du logarithme qui est négatif, l'énergie
de Fermi (plus rigoureusement il s'agit du potentiel chimique!)
qui est inférieure ou égale à l'énergie des électrons quasi-libres:
(38.210)
Ou en d'autres termes, les électrons (quasi-)libres ont une énergie
supérieure à l'énergie de Fermi (potentiel chimique...) ce qui est
conforme à l'approximation du gaz non dégénéré faite plus haut.
Cela donne une condition d'importance capitale pour que les porteurs
négatifs puissent être les générateurs de la conduction dans le
matériau.
Ainsi, lorsque nous nous plaçons à une température
différente
du zéro absolu, les états électroniques ne
sont pas tous dégénérés:
il y a étalement des états occupés au voisinage
de ce qui constitue par définition l'énergie de Fermi
(cf. chapitre
de Mécanique Statistique et Physique Quantique Ondulatoire),
effet d'autant plus accentué que
la température est élevée.
DENSITÉ STATISTIQUE NON-DÉGÉNÉRÉE DES
PORTEURS POSITIFS
Avant toute chose, il faut savoir que dans l'état actuel de nos
connaissances les "trous" n'émergent
pas des équations mais sont une construction empirique qui permet
de faire correspondre la théorie et l'expérience (charges positives
de l'effet Hall par exemple). Il s'agit donc d'un artifice pour
faire une théorie simple d'une question intraitable rigoureusement à notre époque
par la physique quantique.
Personnellement, je considère les trous de la même manière
que les points de Lagrange en astronomie: Même s'il n'y a aucun
corps en ces points de Lagrange cela n'empêche pas un satellite
de se mettre en orbite (quasi-stable) autour de ceux-ci (possibilité que
nous n'avons pas démontrée dans le chapitre d'Astronomie)
comme s'il y avait une masse! Par ailleurs des expériences
auraient montré au début des années 2000 que
des points de Lagrange apparaissent au niveau de l'atome dans certaines
conditions
idéales et simplifiées!
Ceci dit, il faut se rappeler qu'un trou n'est pas un électron
qui manque! C'est une idiotie (selon moi...) que l'on voit dans certains
ouvrages spécialisés.
Au risque de se répéter un peu souvent, rappelons
que pour une température T fixée la probabilité qu'un électron
occupe un état d'énergie E est donnée par:
(38.211)
Ce qui fait que pour avoir une meilleure approximation, nous écrivions
en toute logique la densité volumique d'états occupés
par unité d'énergie:
(38.212)
Ce qui nous a amené finalement à la relation suivante de
la densité volumique
d'états de charges négatives où la présence
d'une masse dans la relation indique que les états occupés
le sont par des quasi-particules telle que:
(38.213)
Mais qu'en est-il de la probabilité qu'un électron n'occupe pas
pour une température T fixée un état d'énergie E et
trivialement donnée par la différence:
(38.214)
où le n en indice est là pour indiquer que la
distribution concerne les porteurs "négatifs" (distribution donnée
comme nous l'avons démontré juste précédemment par la distribution
de Maxwell-Boltzmann qui découle d'une approximation de la loi
de Fermi-Dirac).
Eh bien nous allons constater que les équations nous conduisent à la
possibilité d'associer aussi à ces états non occupés
une densité volumique
d'états avec une masse effective donnée. Nous verrons
aussi plus tard qu'il sera possible d'associer à ces états
non occupés
une charge électrique
positive et égale
et à celle de l'électron, d'où le p en
indice dans le relation précédente et signifiant "positif".
Nous avons donc pour ces porteurs positifs:
(38.215)
faisons maintenant une approximation similaire à celle utilisée
pour les porteurs négatifs, c'est-à-dire que:
(38.216)
pour imposer un régime semi-classique et donc les états d'énergie
ne sont de loin pas tous occupés par les trous (il n'y a donc pas
dégénérescence).
Cette restriction impose:
(38.217)
Soit écrit de la même manière que pour les porteurs négatifs:
(38.218)
Soit contrairement aux porteurs négatifs cela impose:
(38.219)
en d'autres termes l'énergie doit être bien inférieure au niveau
de Fermi (potentiel chimique). Les physiciens notent alors cette énergie pour
la distinguer et l'appellent "énergie
maximale de la bande de valence" (qui correspond à l'énergie
maximale d'un trou quasi-libre pour satisfaire cette condition).
Remarque: Le lecteur pourra observer que les conditions susmentionnées
imposent aussi que E est soit très petit en valeur absolue,
soit négatif. Ce qui nous donne déjà une piste pour les bornes
d'intégration à venir... Nous avons alors:
(38.220)
Dès lors, nous avons aussi l'approximation:
(38.221)
Nous sommes donc bien dans une situation où la physique classique
prédomine sur la physique quantique. C'est la raison pour
laquelle dans cette approximation nous disons que nous avons alors
affaire à un "semi-conducteur non-dégénéré" car
les trous ne sont pas entassés dans les niveaux les plus hauts
disponibles.
Nous avons alors:
(38.222)
où le lecteur aura pu observé que les bornes d'intégration
ont
été choisies conformément à la remarque
que nous avions faite juste précédemment et que les
termes dans la racine carrée ont été permuté afin
de ne pas y avoir de valeur négative.
Pour pouvoir continuer, nous faisons un changement de variable
en posant:
(38.223)
d'où:
et
(38.224)
Il vient alors:
(38.225)
Nous faisons une intégration par parties:
(38.226)
nous faisons ensuite un changement de variable en posant:
(38.227)
Ce qui donne:
(38.228)
Nous avons déjà calculé cette intégrale
dans le chapitre de Statistiques. Il vient (puisque la fonction
est paire nous utilisons la propriété démontrée dans le chapitre
de Calcul Différentiel Et Intégral):
(38.229)
Nous avons alors finalement:
(38.230)
où pour rappel, est
la masse de la quasi-particule (et non la masse du trou pour rappel!).
Donc après intégration tout se passe comme si tous les trous étaient
concentrés sur le niveau d'énergie avec
un nombre de places disponibles correspondant à:
(38.231)
Ce que nous notons traditionnellement (et de manière un peu malheureuse... car
il n'est pas évident de se rappeler qu'il s'agit d'une densité):
(38.232)
ou encore:
(38.233)
où nous avons environ à température ambiante (c'est le paramètre
de la masse effective qui varie entre les deux) les valeurs suivantes
d'états (quasi-)libres respective pour le Silicium:
(38.234)
et pour le Germanium:
(38.235)
BANDES D'ÉNERGIE
Les développements précédents pour les porteurs
négatifs et positifs
nous ont montré que dans le cadre de l'approximation d'un
gaz de fermions non dégénéré, l'énergie
des porteurs négatifs doit se trouver
bien au-dessus du niveau de Fermi (potentiel chimique) et l'énergie
des porteurs positifs bien en-dessous.
C'est donc comme s'il y avait un intervalle d'énergie
interdit ou ni électrons, ni trous n'ont droit de se situer!
Cet intervalle d'énergie est traditionnellement appelé "bande
d'énergie interdite" ou plus simplement "bande
interdite" et abrégée B.I.
L'intervalle d'énergie interdit est quant à lui souvent
appelé "gap" et
est noté .
Voyons ceci sous forme schématique grossière en
prenant garde au fait que ce schéma est donc quelque peu
trompeur car il donne l'impression que la bande de conduction
ou de valence occupe tout un bloc, alors qu'en réalité la
bande de valence est constituée par la dernière couche
complètement remplie, la bande d'énergie permise
qui la suit étant appelée "bande de conduction".

Figure: 38.3 - Représentation des structures de bandes dans différents métaux
De plus, sachant que la chimie moléculaire permet de démontrer
que des structures sont composées de multiples bandes (en fonction
du premier et deuxième nombre quantique) il vient alors les définitions
rigoureuses suivantes:
D1. La "bande de conduction" (notée
BC) d'une structure solide est la bande de plus basse énergie
partiellement occupée ou vide (sachant que d'autres bandes
se situent au-dessus en termes énergétiques mais
ne se rempliront que sous des températures élevées
et n'existent que par une description théorique lorsqu'elles
sont vides).
D2. La "bande de valence" (notée
BV) d'une structure solide est la bande de plus haute énergie
saturée,
c'est-à-dire dont tous les états sont occupés (sachant
qu'il peut y avoir en-dessous de la couche supérieure de la BV
de multiples bandes en termes énergétiques
et toutes saturées).
Nous avons également l'association schématique
traditionnelle des bandes de conduction et de valence avec la fonction
de Fermi-Dirac
(qui comme déjà mentionné en toute rigueur devrait être
le potentiel chimique à température non nulle!) représentée
sous forme simplifiée
par:

Figure: 38.4 - Association structure de bande avec fonction de Fermi-Dirac
Mais au fait cette représentation, que nous retrouvons
un peu partout dans certains ouvrages est relativement erronée...
puisqu'en faisant une approximation semi-classique par la loi de
Maxwell-Boltzmann
il n'est plus question en toute rigueur de représenter la
distribution sous forme de loi de Fermi-Dirac comme l'aura remarqué le
lecteur attentif! Comme quoi il faut faire attention car la représentation
traditionnelle de dans
le modèle semi-classique indiquerait qu'il y aurait des états
occupés
dans la bande interdite alors que si nous représentions
la fonction de Maxwell-Boltzmann,
nous verrions deux fonctions distinctes au-dessus et en-dessous
de la bande interdite!!!
Et il faut se rappeler (!) que la figure ci-dessus (même si elle
est assez fausse) représente conceptuellement un semi-conducteur
non dégénéré suite aux approximations
semi-classiques que nous avons faites dans nos développements
en utilisant le modèle d'un
gaz non dégénéré (approximation de
Maxwell-Boltzmann) et qui imposait théoriquement:
(38.236)
que de nombreux auteurs écrivent (à nouveau c'est malheureux
mais c'est ainsi...):
(38.237)
Donc il vient une autre définition possible du semi-conducteur
non dégénéré: c'est celui où le niveau
de Fermi (le potentiel chimique!) se situe dans la bande interdite
et ce cas correspond au fonctionnement
de la majorité des composants microélectroniques.
Remarque: Rappelons (cf. chapitre de Mécanique
Statistique) que la statistique de Maxwell-Boltzmann a été bâtie
en supposant l'absence d'interaction entre les particules concernées.
De plus, cette statistique est construite dans le cadre de la
mécanique classique et ne s'applique donc que lorsque les effets
quantiques sont négligeables, par exemple à des températures
suffisamment hautes!
Voici quelques valeurs expérimentales pour des semi-conducteurs
courants:

|
300 [K] |
0 [K] |
C |
5.47 |
5.51 |
Ge |
0.66 |
0.75 |
Si |
1.12 |
1.16 |
GaAs |
1.43 |
1.53 |
Tableau: 38.3
- Valeurs de quelques gaps
nous comprenons alors de suite au vu de ces chiffres pourquoi
le diamant, à structure cristalline et atomique quasi-identique,
est isolant alors que le Silicium devient lui conducteur!
Ce qui est intéressant pour les chercheurs, c'est de combiner
des matériaux afin de jouer avec la largeur de en
fonction des besoins!
Par ailleurs, nous pouvons aussi conclure hâtivement... que ce
qui différencie isolants et semi-conducteurs c'est la largeur
de leur bande interdite.
Remarquons aussi que l'énergie nécessaire à un électron
pour passer de la bande de valence à la bande de conduction peut
lui être
fournie par un rayonnement. Dans le cas d'une absorption
de lumière, l'énergie d'un
photon peut être suffisante pour cela tant que:
(38.238)
À basse température, un tel processus est capable
de rendre le matériau conducteur (technologie des télescopes
spatiaux à basse
température). Cette propriété est appelée
la "photoconductivité".
Enfin, rappelons les deux relations obtenus plus haut:
(38.239)
Le produit de ces deux densités possède
une propriété très intéressante. Nous
pouvons en effet remarquer qu'il est indépendant de
la position du niveau de Fermi et appelé "densité intrinsèque":
(38.240)
Par exemple, quelques valeurs de la racine carrée
de la densité intrinsèque à 300 [K]
sont données dans la table ci-dessous:
Tableau: 38.4 - Valeurs de densités intrinsèques
Nous remarquons aussi que la densité critique est fortement
dépendant
de la température. Ces valeurs de densités sont bien évidemment
idéalisées, dans la réalité ces valeurs
sont bien inférieures à cause des imperfections (impuretés
résiduelles,
défauts de cristallisation,…) qui perturbent localement
la périodicité du potentiel et, de ce fait,
introduisent des niveaux énergétiques qui peuvent être
accessibles aux électrons. Par opposition avec les niveaux
correspondant au matériau pur, nous parlerons
de "niveaux extrinsèques".
LOI D'OHM (DES SEMI-CONDUCTEURS)
Nous avons démontré dans le cadre du modèle de Drude que la conductivité était
donnée par:
(38.241)
où n est pour rappel la densité de porteurs dans le matériau.
Nous avons également démontré que le courant est inversement proportionnel à la
conductivité selon la relation:
(38.242)
Dans le cadre des développements faits plus haut nous avons vu
que la densité n des porteurs était donnée respectivement
par les relations suivantes à un potentiel constant (hypothèse
du modèle):
et
(38.243)
où les masses relatives des
quasi-particules (porteur négatif ou porteur positif)
ne sont pas nécessairement égales! Ainsi, nous avons
donc la résistance
qui peut être approchée par une relation de la forme:
(38.244)
et nous vérifions aisément cette dépendance en représentant graphiquement:
(38.245)
soit ln(R) en fonction de 1/T (la résistance ne
dépend donc que de la température en théorie... à tension constante).
La vraie complexité tient au fait que beaucoup de termes sont
dépendants de la température (le niveau de Fermi, le temps de libre
parcours moyen, etc.) et du potentiel appliqué ce qui fait que
dans la réalité les courbes obtenues ne sont de
loin pas conformes à la
théorie....!
Une application numérique montre que les densités de porteurs et augmentent
donc très rapidement déjà à partir de la température ambiante!
Ce qui est conforme à l'expérience avec les semi-conducteurs non-dégénérés
car nous aurons alors la conductivité qui augmente tout
aussi fortement ce qui implique une baisse rapide de la résistance!
La grande sensibilité de la conductivité de certains solides
aux variations de température est à l'origine de nombreuses applications,
tant pour les métaux conducteurs que pour les semi-conducteurs.
C'est ce que nous appelons des "thermistances".
Enfin, indiquons que dans le cas du Silicium, nous avons alors
que l'énergie cinétique dû à l'agitation thermique
(cf.
chapitre de Mécanique des Milieux Continus) est donnée à température
ambiante par:
(38.246)
Or, nous avons vu précédemment que seuls les électrons dont l'énergie était
voisine de celle du niveau de Fermi pouvaient participer à la conduction.
Leur énergie cinétique valant alors:
(38.247)
où est
la "vitesse de Fermi".
En égalisant les deux dernières relations:
(38.248)
Il y a donc un rapport d'un facteur de 30 entre les deux énergies,
soit en prenant la racine carrée, un rapport 5 entre les vitesses.
Nous avons donc:
(38.249)
Or, nous avons déjà vu lors de notre étude du modèle
de Drude que la vitesse thermique nous amenait à un libre parcours
moyen supérieur d'un ordre de grandeur (facteur 10) des
distances interatomiques. Et ici nous avons donc un facteur 5 en
plus!!!!
Soit plus de 50
distances interatomiques! Le libre parcours moyen l d'un électron
de conduction est donc beaucoup plus grand que celui que nous avions
déterminé à partir du modèle classique de
Drude. Ainsi, le libre parcours moyen ne semble pas dû aux collisions
avec les ions du
réseau mais elle est imputable aux imperfections du réseau:
défauts
de structure, atomes étrangers...
Un semi-conducteur parfait (pur), soit sans imperfections, tel
que nous l'avons traité théoriquement jusqu'à maintenant
est appelé
un "semi-conducteur
intrinsèque": il ne comporte donc aucune impureté et
son comportement électrique
ne dépend que de la structure du matériau. Ce comportement
correspond à un semi-conducteur parfait, c'est-à-dire
sans défaut structurel ou impureté chimique. Un semi-conducteur
réel n'est jamais parfaitement intrinsèque, mais
peut parfois en être proche comme le silicium monocristallin
pur.
Dans un semi-conducteur intrinsèque, les porteurs de charge
ne sont créés que par excitation thermique. Le nombre
d'électrons dans
la bande de conduction est alors égal au nombre de trous
dans la bande de valence comme nous l'a montré notre modèle théorique.
Il faut savoir qu'en réalité ces semi-conducteurs ne conduisent
pas, ou très
peu, le courant, excepté si nous les portons à haute
température.

- Physique des semiconducteurs
et des composants électriques,
H. Mathieu, Éditions Dunod
ISBN10: 2100486330 (826
pages) - Imprimé en 2004
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