
CHIMIE QUANTIQUE | CHIMIE
MOLÉCULAIRE | CHIMIE
ANALYTIQUE | CHIMIE THERMIQUE
56.
CHIMIE THERMIQUE (THERMOCHIMIE) |
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LISTE DES SUJETS TRAITÉS SUR CETTE PAGE
La thermochimie est la branche
qui s'intéresse, historiquement, aux phénomènes
thermiques et aux bilans qui accompagnent les réactions
chimiques. Elle puise principalement ses fondements dans la thermodynamique.
Nous
ne saurions donc que recommander au lecteur d'avoir lu ou parcouru
le chapitre traitant
de la thermodynamique dans la section de mécanique car
de nombreuses notions qui y ont été vues seront
supposées
comme connues dans ce chapitre.
Par ailleurs, il est fortement recommandé de lire le présent
chapitre
en parallèle de celui de Chimie Analytique (cela peut être
embêtant
mais il faut faire avec).
TRANSFORMATIONS
CHIMIQUES
Soit le système fermé
siège de la réaction chimique (cf.
chapitre de Chimie Analytique):
(56.1)
Nous allons pour simplifier... considérer
que la réaction chimique est totale et que les produits
réagissants
sont utilisés en quantités stoechiométriques
(état 1: )
pour donner les produits formés, également en quantités
stoechiométriques (état 2: ).
Si la transformation s'effectue à
volume (quasi-)constant, le travail sur l'atmosphère ambiante
est nul car (cf. chapitre de Thermodynamique):
(56.2)
L'application du premier
principe se réduit et permet alors d'écrire:
(56.3)
où est
dans le cadre de la chimie thermique appelée "chaleur
de réaction à volume constant", échangée
bien sûr entre le système et le milieu extérieur
(nous n'écrivons pas le delta pour indiquer qu'il s'agit d'une
variation par tradition...).
Rappelons que:
- Si ,
la réaction est dite "endothermique" (le
système reçoit
de la chaleur du milieu extérieur)
- Si la
réaction est dite "exothermique" (le
système cède
de la chaleur au milieu extérieur)
- Si la
réaction est dite "athermique" (pas
d'échange de chaleur avec le milieu extérieur)
Remarque: Rappelons aussi qu'un système fermé n'est
pas un système isolé! Pour un rappel des différentes
définitions, nous renvoyons le lecteur au chapitre de Thermodynamique.
Si la réaction se fait à
pression constante (cas le plus courant dans la pratique), soit
isobare, nous avons alors:
(56.4)
Remarque: Le choix des indices d'intégration sont différents
à précédemment pour différencier le
fait qu'une réaction à pression ou à volume
constant ne sont pas nécessairement identiques.
L'application du premier principe de la thermodynamique,
entre les deux états, permet d'écrire:
(56.5)
où
est la quantité de chaleur, appelée "chaleur
de réaction à pression constante", échangée
entre le système
et le milieu extérieur ( est
donc une variation... même si la notation traditionnelle malheureuse
des thermodynamiciens ne le met pas en évidence...).
En utilisant la définition de l'enthalpie, nous pouvons
écrire cette dernière relation sous la forme:
(56.6)
Si nous travaillons avec les volumes molaires, ceux des phases
condensées
(solides et liquides donc) étant
négligeables
devant le volume molaire gazeux, seuls les constituants gazeux
auront
une enthalpie très différente de leur énergie
interne (voir l'exemple dans le chapitre de Thermodynamique). Nous
aurions dès
lors dans le cadre de l'approximation des gaz parfaits (cf.
chapitre de Thermodynamique):
(56.7)
Dans le cadre des gaz parfaits, la relation antéprécédente
peut donc s'écrire:
(56.8)
Or, comme (cf.
chapitre de Mécanique Des Milieux Continus) et sont
tous deux les mêmes états finaux d'une même
réaction complète
et que pour un gaz monoatomique:
(56.9)
donc l'énergie interne et ne
dépend
que du nombre de constituants
mais... ils sont égaux puisque même état final d'une même réaction!
Ainsi, nous avons:
(56.10) .
En posant (différence
entre le nombre de moles de gaz des produits formés et ceux
des produits réagissant),
nous pouvons écrire pour une réaction chimique:
(56.11)
ce qui permet de différencier l'énergie
mise en jeu entre réaction isobare et isochore et de chercher
le meilleur choix à faire en fonction des objectifs industriels.
Il est intéressant de remarque que si le delta
du nombre de moles est nul. Les variations de chaleur isobare ou
isochore
sont égales et qu'il n'y a donc pas de raison de préférer a priori
l'une ou l'autre des transformations.
Évidemment dans la pratique le problème
consiste
à connaître les valeurs des différentes variables
de la relation. Ces valeurs se trouvant dans d'immenses bases de
données auxquelles
les chimistes ont accès... cette relation n'est que très
très rarement
utilisée dans la pratique et de toute façon elle est basée
sur des hypothèses simplificatrices trop contraignantes pour être
d'un vrai intérêt pratique.
GRANDEURS MOLAIRES
Définitions:
D1. Par convention, la "mole"
est la quantité de matière d'un système
contenant autant d'espèces chimiques qu'il y a d'atomes
de carbone dans 12 [g] de
carbone 12 (cf. chapitre
de Physique Nucléaire).
Le nombre d'atomes
de carbone contenus dans 12 [g] de carbone
est égal au nombre d'Avogadro donné approximativement par:
(56.12)
Cela signifie
in extenso et par construction qu'une mole d'eau, de fer, d'électrons,
contient respectivement toujours un nombre d'atomes égal
au nombre d'Avogadro.
Remarquons qu'avec un système mélangé c'est
un non-sens mathématique
de faire la somme des masses molaires des constituants pour avoir
la
masse
molaire totale. La masse molaire est donc une grandeur intensive!
D2. La "masse
molaire atomique" est
la masse d'une mole d'atomes des éléments chimiques
concernés.
Remarque: Nous trouvons ces masses molaires atomiques
dans les classifications périodiques. Mais il faut surtout
savoir que celles qui sont indiquées prennent en compte
les isotopes naturels (ce qui est bien normal puisque chimiquement
ils sont indiscernables
à part pour le chimiste nucléaire ou le physicien nucléaire).
Donc la valeur indiquée dans les tables se calcule comme
la somme des proportions respectives des masses molaires des
différents
isotopes (la validité de cette manière de calculer
est toute relative...).
D3. La "masse
molaire moléculaire"
est égale à la somme des masses molaires atomiques
des éléments chimiques qui la constitue.
Il vient dès lors immédiatement
le constat suivant: la masse m d'un échantillon constitué d'une quantité de
n moles d'espèces chimiques tout identiques de masse molaire
est donnée par la relation:
(56.13)
De manière un peu plus formelle
et sous un aspect thermodynamique, voici aussi comment nous pouvons
définir la masse molaire:
Soit X une
grandeur extensive relative à un système monophasique
(voir le chapitre de Thermodynamique pour le vocabulaire dont
il est
fait usage) et soit un élément de volume dV de
ce système,
autour d'un point courant M et contenant la quantité de
matière
dn. Nous lui associons la grandeur extensive dX proportionnelle à dn tel
que:
(56.14)
ce qui fait que
est une grandeur intensive (quotient de deux grandeurs extensives
selon ce qui a été vu dans le chapitre de Thermodynamique) que
nous appellerons par définition "grandeur
molaire associée"
à X.
Nous en déduisons que:
(56.15)
l'intégrale portant sur tout
le système monophasique.
Dans le cas d'une phase uniforme,
étant constant en tout point, nous pouvons simplement écrire:
(56.16)
Remarque: En gros l'idée est de dire que la masse
d'un système
chimique monophasique est proportionnelle à la masse molaire
de celui-ci à un facteur entier près représentant
le nombre de ses constituants (où le nombre de moles pour
être plus exact).
D4. Dès lors que le système
est hétérogène, nous utilisons le concept de
"titre molaire", défini par:
(56.17)
étant donc le titre molaire d'une espèce
dont la quantité de matière (le nombre de moles par
exemple) est
avec
étant la quantité de matière totale de la phase
envisagée.
Il en résulte que,
pour toutes les espèces
de la phase envisagée, ,
ce qui veut dire que, s'il y a n espèces chimiques,
il suffit de connaître
n-1 titres molaires pour toutes les connaître.
Si la phase considérée
est gazeuse et en considérant un gaz parfait suivant la
loi de Boyle-Mariotte (approximation de l'équation de Van
der Waals démontrée dans le chapitre de Mécanique
Statistique) nous avons:
et
(56.18)
nous avons dès lors aussi la
possibilité dans le cas de phases gazeuses d'exprimer le
titre molaire comme:
(56.19)
Remarque: Nous pourrions faire de même avec le volume.
D5. Nous définissons
le "titre
massique associée à l'espèce" par le rapport:
(56.20)
avec
étant la masse totale de la phase étudiée.
Nous avons bien sûr également .
D6. Nous définissons la "concentration
molaire volumique" ou "molarité" par
le rapport (attention
à ne pas confondre la notation avec la chaleur massique):
(56.21)
Remarque: Il existe d'autres grandeurs de composition beaucoup
moins utilisées que
ou .
Nous pouvons citer la "concentration massique
volumique" ,
la "molalité" (quotient de la
quantité de matière de l'espèce
par la masse du solvant", etc.
En chimie thermique, nous
considérons
très souvent les gaz comme parfaits et nous faisons jouer
un rôle privilégié à une pression particulière
appelée "pression standard" et dont la valeur vaut (pression atmosphérique):
(56.22)
D6. Nous disons qu'un gaz (parfait)
est dans l'état standard si sa pression est égale
à la pression standard de
1 [bar].
D7. Nous appelons "grandeur
molaire standard" d'un
constituant la valeur de la grandeur molaire de ce même
constituant pris à l'état standard,
c'est-à-dire
sous la pression .
Remarques:
R1. Toute grandeur molaire standard
est bien évidemment intensive: la pression étant
fixée par l'état standard, celle-ci ne dépend
plus que de la température.
R2. Toute grandeur standard est notée grâce à
l'exposant "°":
est donc le volume molaire standard. Par contre, la grandeur molaire
standard n'est pas toujours spécifiée avec le petit m en
indice, il faut donc parfois être prudent avec ce que l'on manipule.
Dans le cas du gaz parfait, le volume
molaire se calcule grâce à l'équation d'état
du gaz parfait. Il en résulte:
(56.23)
Nous constatons bien évidemment
que le volume molaire standard du gaz parfait dépend
de la température.
Si nous faisons ce calcul
aux "conditions normales de température
et de pression" (abrégé C.N.T.P.),
c'est-à-dire à une
température de 273.15
[K] (soit 0 [°C]) et à une pression de 1
[atm] (soit 101.325 [kPa]), nous trouvons alors un
volume de 22.4 [L/mol]
qui est une valeur très connue par les chimistes.
Remarques:
R1. Dans une large gamme
de températures et de pressions, le volume molaire des
gaz réels n'est généralement pas très
différent de celui d'un gaz parfait.
R2. Dans le cas d'un état condensé, nous ne disposons
pas en général d'une équation d'état
mais nous pouvons néanmoins mesurer le volume molaire.
Nous pouvons définir ainsi par
extension d'autres grandeurs standard découlant de celles
que nous avions définies dans le chapitre de Thermodynamique:
- "L'énergie
interne molaire standard" (grandeur intensive puisque
exprimée
par unité molaire)
- "L'enthalpie
molaire standard"
(grandeur intensive puisque exprimée par unité molaire)
avec:
(56.24)
Il est important que le lecteur observe que l'enthalpie
ne dépend que de la température (et de l'énergie
interne).
Remarque: Pour les états condensés le volume standard
est très faible en unités S.I. ce qui fait que .
Il est cependant très difficile de parler de pression pour
les états condensés donc cette approximation est à
prendre avec des pincettes.
Si nous considérons
maintenant une fonction extensive X (comme
le volume par exemple!) définie
sur un système chimique gazeux en évolution.
Nous pouvons a priori, exprimer X en
fonction des deux variables intensives T, P (car
une fonction extensive est soit produit/rapport de deux grandeurs
intensives, soit une somme de grandeurs extensives) et des différentes
quantités de matières
de
tel que:
(56.25)
Si tous les produits (réactifs
et formés) sont dans leur état standard la fonction
extensive, notée dès lors ,
se met sous la forme:
(56.26)
où la pression n'intervient
plus puisque fixée à sa valeur standard. Le gaz n'est
alors décrit que par sa température
et de la quantité de ses constituants !
Si nous considérons cependant
une évolution infiniment petite du système à
température et pression constantes (car nous supposons les
proportions des composants du gaz comme variant toujours en proportion)
les différentes quantités de matières varient
alors selon la différentielle totale exacte (cf.
chapitre de Calcul Différentiel Et Intégral):
(56.27)
où n'interviennent bien évidemment
par la contrainte précitée (température et pression
constantes) que les différentielles
par rapport aux quantités de matières qui varient.
Nous pouvons alors être amenés à définir
artificiellement (rien ne nous en empêche,
ce n'est pas faux!) la grandeur molaire standard intensive qui
ne dépend que de la température:
(56.28)
Dès lors:
(56.29)
mais nous avons aussi défini
en dans le chapitre de Chimie Analytique la relation:
(56.30)
qui
exprimait, rappelons-le, la variation de la quantité de
matière d'un des composés de la réaction
par rapport à sa proportion stoechiométrique (constante)
et l'avancement de la réaction. Il vient dès lors:
(56.31)
ainsi que:
(56.32)
Par définition, nous appelons
cette dernière somme algébrique "grandeur
standard de réaction
associée
à la fonction extensive X"
et la notons (notation mal choisie par les chimistes...):
(56.33)
qui est une grandeur intensive qui
ne dépend que de la température et qui représente
une variation relative (d'où le r en indice!).
Cette relation peut aussi s'écrire:
(56.34)
De manière générale, les chimistes appellent "opérateur
de Lewis",
noté ,
la dérivée d'une grandeur X (standardisée
ou non),
par rapport à l'état
d'avancement de la réaction à température
et pression constantes.
Remarque: Le symbole figure avec la lettre r en
indice pour bien montrer qu'il s'agit d'une grandeur de réaction.
En d'autres termes, il s'agit de variation de la grandeur molaire
standard considérée au cours de la réaction
concernée pour un avancement de réaction d'une mole
à une pression de 1 bar pour un gaz parfait.
Il ne faut par ailleurs pas
oublier que les coefficients stoechiométriques des réactifs
sont positifs et ceux des produits négatifs (cf.
chapitre de Chimie Analytique).
Il existe deux grandeurs de réaction
jouant des rôles importants en chimie:
1. L'énergie interne molaire de réaction, appelée
plus souvent "énergie
interne de réaction standard", d'un
système
chimique:
(56.35)
2. L'enthalpie
molaire de réaction, appelée plus souvent "enthalpie
de réaction
standard", d'un système
chimique:
(56.36)
ENTHALPIE STANDARD DE RÉACTION
Dès lors nous pouvons
considérer
les deux cas suivants suivant en connaissant la relation (cf.
chapitre de Thermodynamique):
:
(56.37)
1. Si les
sont dans un état condensé, puisque la pression interne
ne s'applique pas nous avons:
(56.38) qui reste quand même à prendre avec des pincettes
suivant les scénarios!
2. Si les
sont à l'état gazeux (supposés parfaits):
(56.39)
Il en résulte que seuls les
gaz vont intervenir dans cette relation:
(56.40)
que nous écrivons conventionnellement:
(56.41)
Il en résulte que
dans le cas particulier où:
(56.42)
(qui
est au fait une notation... malheureuse... pour la somme algébrique
des proportions stoechiométriques qui serait donc nulle)
pour une température donnée
alors nous avons:
(56.43)
où il faut se rappeler que les coefficients stoechiométriques
des produits sont comptés comme positifs, alors que ceux des réactifs
sont négatifs (cf. chapitre de Chimie
Analytique).
Ainsi, la variation de
la fonction enthalpie correspond à la variation de la
quantité de
chaleur mise en jeu dans une transformation isobare à une
température T donnée. Raison pour laquelle
celle-ci est parfois notée .
Une réaction chimique qui a une enthalpie de réaction
(qui est pour rappel la variation instantanée de l'enthalpie
pendant une réaction) négative
est dite exothermique, puisqu'elle libère
de la chaleur dans l'environnement (pression constante oblige par
définition de cette enthalpie de réaction!), alors qu'une réaction
chimique dont l'enthalpie de réaction est positive est dite
endothermique puisqu'elle nécessite alors un apport de chaleur
pour se produire.
Ainsi, selon les développements précédents, si nous notons avec
un indice p les produits et avec un indice i les
réactifs, nous trouvons souvent l'enthalpie standard de réaction
sous la forme suivante si les coefficients stoechiométriques
sont tous comptés comme positifs:
(56.44)
sous cette forme, nous voyons alors bien que l'enthalpie standard
de réaction correspond donc à la
différence
des enthalpies molaires partielles entre les produits et les réactifs.
Il s'agit ni plus ni moins de la "loi
de Hess" définie
au 19ème siècle par le chimiste suisse Henri Hess.
Puisque dans un système
à l'équilibre, l'énergie initiale est
toujours supérieure ou égale à
l'énergie finale (les systèmes tendent toujours à aller
vers un
état plus
stable ayant une énergie minimale), alors l'enthalpie
standard de réaction ne
peut être que négative ou nulle.
Si une réaction chimique à pression constante et à une
température
donnée ne donne qu'un seul et unique composé chimique
(produit) alors l'enthalpie standard de réaction est appelée "enthalpie
standard de formation" et notée .
Au fait, l'intérêt de la relation antéprécédente
est que le chimiste peut simplement, sans avoir à connaître
les quantités
de matières mises en jeu, déterminer juste en connaissant
les coefficients stoechiométriques d'une réaction
chimique gazeuse ou condensée
(s'il accepte qu'il s'agira alors d'une approximation pour ce dernier
cas) isobare si la variation instantanée de l'énergie
interne molaire lors de l'avancement d'une réaction à une
température donnée est
égale
à la variation instantanée de l'enthalpie molaire.
Deux cas pratiques se présentent alors:
1. La différence entre la variation instantanée
de l'énergie interne
molaire et l'enthalpie molaire est nulle: Dès lors, la
réaction
chimique (à la température donnée) n'occupe
pas instantanément un
volume plus grand et ne perd donc aucune énergie à repousser
("inutilement") la pression du gaz environnant la réaction étudiée
(cela peut être vu comme une économie d'argent en
termes énergétiques
dans une industrie chimique). Dans ce cas, l'enthalpie standard
de réaction est égale simplement à la chaleur
de réaction à pression
constante .
2. La différence entre la variation instantanée
de l'énergie interne molaire et l'enthalpie molaire est
positive: Dès lors, la réaction
chimique (à la température donnée) occupe instantanément
un volume plus grand et perd donc une part d'énergie à repousser
("inutilement")
la pression du gaz environnant la réaction étudiée
(cela peut être vu
comme une perte d'argent en termes de rendement énergétique
dans une industrie chimique).
Remarque: Évidemment,
il est tout à fait possible
d'imaginer une entreprise qui tire profit de la variation du volume
d'une réaction
(le cas 2) qui repousse le gaz environnant avec un système
de piston pour produire ensuite de l'énergie mécanique...
donc il est serait possible dans certaines situations de
perdre beaucoup moins d'argent (in extenso d'énergie...).
Une petite difficulté se présente cependant...l'enthalpie
standard d'un corps pur simple (corps formé que d'un seul
type d'atomes) ne peut être
calculée
de façon
absolue car elle dépend de l'énergie interne qui
est très difficilement calculable (il faut utiliser les
outils de la physique quantique qui soulèvent des
problèmes insurmontables
aujourd'hui). Cela suppose de définir une échelle
arbitraire d'enthalpies molaires en définissant un zéro
arbitraire d'enthalpie et adopté à l'échelle
internationale (ce qui n'est malheureusement pas le cas à ma connaissance!).
Ainsi, pour pouvoir dresser des tables d'enthalpies molaires standards,
il a été choisi de définir l'échelle
d'enthalpie de la manière suivante: l'enthalpie molaire
standard d'un corps pur simple stable dans l'état standard
est nulle à 298
[K]. Il s'ensuit que l'enthalpie de formation standard d'un
corps pur simple est donc toujours nulle.
Exemple:
Soit la réaction:
(56.45)
C'est-à-dire la dissociation du pentachlorure de phosphore en
chlore en et trichlorure de phosphore. Les tables nous donnent à la
température de la
valeur suivante de l'enthalpie standard molaire de cette réaction:
(56.46)
où nous n'avons pas indiqué le petite m en indice
La variation de la valeur de l'enthalpie molaire de réaction étant
positive, il s'ensuit que la réaction est endothermique (puisque
nécessite un apport de chaleur d'où la température de dissociation
de 1'000 [K]) et donc le produit est plus instable que le
réactif initial.
Nous avons la somme algébrique suivante des coefficients stoechiométriques
de la réaction:
(56.47)
Soit (qui est sans dimensions puisque l'enthalpie est en valeur
molaire!):
(56.48)
donc la réaction fait augmenter la pression en créant une mole
supplémentaire par mole de réactif.
Puisque:
(56.49)
il vient alors:
(56.50)
C'est donc la part d'énergie interne absorbée par le système
sur les .
Le reste (différence) étant juste passé dans la poussée de l'atmosphère
environnante du réacteur chimique.
RELATION ENTHALPIQUE DE KIRCHHOFF
La relation enthalpique de Kirchhoff permet d'exprimer les variations
de l'enthalpie de réaction (molaire ou non) en fonction de la température à partir
de la connaissance de la capacité calorifique à pression constante
des réactifs gazeux.
Nous avons donc défini dans les développements précédents la
relation:
(56.51)
qui est donc l'enthalpie de réaction standard à une température
donnée dans un système à la pression standard.
Nous avions également mentionné que était
pour rappel une notation un peu malheureuse pour l'opérateur différentiel
(de Lewis) d'avancement de la réaction .
Si nous nous intéressons à l'influence de la température T sur nous
n'avons qu'à écrire la différentielle exacte:
(56.52)
puisque la variation algébrique de l'enthalpie standard par définition
ne dépend que de la température.
Les coefficients stoechiométriques ne
sont pas dépendants de la température tant que cette dernière n'arrive
pas à un niveau tel qu'elle change l'essence même de la transformation étudiée.
Nous avons alors dans le cadre de cette approximation:
(56.53)
Or, nous avons défini dans le chapitre de Thermodynamique la
capacité calorique à pression constante qui s'écrit:
(56.54)
Donc si les conditions sont standards (l'enthalpie de dépend
donc plus que de la température), il vient la différentielle exacte:
(56.55)
Nous avons alors:
(56.56)
Nous pouvons bien évidemment intégrer cette dernière relation
pour avoir sa forme commune d'utilisation dans la pratique:
(56.57)
Nous avons alors:
où est
une température particulière pour laquelle est
connu.
Dans un domaine de température très proche de les
chimistes approximent parfois la variation comme étant linéaire.
Ce qui revient à poser:
(56.58)
Il vient alors immédiatement de la relation antéprécédente:
(56.59)
Remarque: Assez souvent, la variation de l'enthalpie de réaction
avec la température est négligeable!
Exemple:
Pour la réaction (graphite + oxygène donnant du dioxyde de carbone)
nous aimerions connaître à 1'000
[K]:
(56.60)
Pour cela, il est donné dans les tables pour cette réaction à 298
[K]:
(56.61)
et:
(56.62)
Remarque: Lorsque l'enthalpie de réaction est donnée à la température
de référence (à ce jour...) de 298 [K] les chimistes parlent
alors comme nous en avons déjà fait mention plus haut "d'enthalpie
standard de formation".
La valeur de l'enthalpie molaire de réaction étant négative,
il s'ensuit que la réaction est exothermique (c'est une tendance
de la nature à basse température de privilégier les réactions exothermiques
pour stabiliser énergétiquement le système).
Nous avons alors immédiatement:
(56.63)
Donc la variation est de soit
une variation d'environ +0.1%. Il s'ensuit que plus la température
augmente, plus la réaction est exothermique. Au fait, le choix
de cette température particulière de 1'000 [K] n'est pas
innocent car à partir de cette température l'expérience montre
que la réaction produit également du monoxyde de carbone.
Nous pouvons aussi conclure que certaines réactions exothermiques
et ayant une enthalpie de réaction qui diminue très vite avec la
température peuvent s'emballer!
Enfin, indiquons que dans la pratique nous utilisons souvent
la notion de "pouvoir calorifique" ou "énergie
spécifique
de combustion", qui est au fait simplement... l'enthalpie
de réaction
par unité de masse de combustible ou l'énergie obtenue par la combustion
d'un kilogramme de combustible.
Ainsi, pour l'essence, nous avons selon les tables (sous réserve
que ce chiffre soit juste):
(56.64)
Et nous pouvons nous amuser à calculer la quantité d'essence
nécessaire pour accélérer une voiture de 1'000 [kg] à 100
[km/h] avec un rendement à 35%. Nous avons donc:
(56.65)
et pour obtenir la quantité d'essence en litres les tables nous
donnent pour l'essence une densité d'environ ce
qui donne au final:
(56.66)

- Chimie Générale,
R. Didier, Éditions Lavoisier, ISBN10: 274300181 (1071 pages)
- Imprimé en 2004
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