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ANALYTIQUE
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THERMIQUE
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LISTE DES SUJETS TRAITÉS SUR CETTE PAGE
La
chimie est une science très
complexe
à n corps que la mathématique ne peut
expliquer sans l'apport de simulations numériques sur ordinateur
ou d'approximations quant à l'utilisation de la théorique
quantique (voir section d'atomistique). D'ici que ces outils soient
suffisamment
puissants et accessibles à tout le monde, la chimie reste
une science principalement expérimentale basée sur
l'observation de différentes
propriétés de la matière dont voici quelques
définitions fort
importantes (que nous retrouvons d'ailleurs dans d'autres domaines
que la chimie).
Définitions:
D1.
Une "propriété subjective" est
une propriété basée sur
une impression personnelle/individuelle, par exemple, la beauté,
la sympathie, la couleur, l'utilité, etc.
D2.
Une "propriété objective"
est une propriété ressentie (qui ne peut être contredite),
par exemple, sa masse, son volume, sa forme, etc.
D3.
Une "propriété qualitative" est
une propriété descriptive
donnée à l'aide de mots. Par exemple: forme ovale,
magnétique,
conducteur, etc.
D4.
Une "propriété quantitative" est
une propriété qui se
chiffre. Par exemple: sa masse, son volume, sa densité,
etc.
D5.
Une "propriété caractéristique" est
une propriété exclusive
qui permet d'identifier une substance pure. Elle ne change pas
même
si l'on transforme physiquement la matière, par exemple,
sa masse volumique, son point d'ébullition, son point de
fusion, etc.
D6. Un corps est dit un
"corps pur" lorsque tout échantillon
de ce corps présente des valeurs de constantes bien définies
et identiques à celles de l'ensemble (densité, point
de fusion, point d'ébullition, indice de réfraction,
etc.).
Remarque: Nous connaissons environ 2'000'000 de substances
pures différentes en ce début du 21ème siècle
(c'est dire… qu'il y a du travail derrière).
D7. Nous nommons "corps
composés",
les corps qui, soumis à des procédés chimiques,
restituent leurs composants sous forme de corps purs.
D8. Si nous effectuons la séparation
des mélanges et la décomposition des combinaisons,
nous obtenons finalement des corps qui sont indécomposables
par les méthodes chimiques classiques; nous les nommons "éléments"
ou "corps simples".
Ainsi, la plus petite partie
d'une combinaison chimique présentant encore toutes les
propriétés
de celle-ci est la "molécule" de
cette combinaison. La plus petite partie d'un élément
ou corps simple est "l'atome" de cet élément.
Quelques rappels d'ordre général
au préalable:
R1. Un mélange est dit "hétérogène"
en chimie si ces constituants sont immédiatement discernables
à l'oeil nu ou au microscope
R2. Un mélange est dit "homogène"
en chimie si ces constituants ne sont pas discernables à l'oeil
nu ou au microscope.
MÉLANGES SIMPLES
Avant de partir dans des équations plus ou moins compliquées,
le cas le plus simple d'application des mathématiques à la chimie
par lequel nous pouvons commencer est la gestion des mélanges pour
les opérations d'analyse et de contrôle de réactions chimiques
simples avec deux mélanges.
Considérons deux exemples typiques et particuliers:
1. Soit une solution (jaune) de 10 millilitres d'une solution
qui contient une concentration d'acide à 30%. Combien de millilitres
d'acide pur (bleu) devons-nous rajouter pour augmenter la concentration
(verte) à 50%?
Figure: 55.1 - La joie des mélanges...
Puisque l'inconnue est la quantité d'acide pur à rajouter, nous
la noterons x. Nous avons alors:
(55.1)
Ce qui donne:
(55.2)
Il vient alors trivialement:
(55.3)
Donc 4 millilitres d'acide devraient être ajoutés à la solution
d'origine.
2. Un jerricane contient 8 litres d'essence et d'huile pour faire
fonctionner un agrégat. Si 40% du mélange initial est de l'essence,
combien devrions-nous enlever du mélange (reste en rose) pour le
remplacer par de l'essence pure (vert clair) pour que le mélange
final (vert kaki) contienne 60% d'essence?
Figure: 55.2 - La joie des mélanges chez les bricoleurs et militaires...
Nous noterons x l'inconnue qui est le nombre de litres
du mélange initial à retirer et à remplacés par l'essence pure
qui étant de quantité égale est aussi x. Nous avons alors:
(55.4)
Ce qui donne:
(55.5)
Il vient alors trivialement:
(55.6)
Donc 2.6 litres devraient être enlevés du mélange
d'origine et être
remplacés par 2.6 d'essence pure.
Bref voilà pour les mélanges. Nous pouvons aller beaucoup plus
loin, et faire beaucoup plus compliqué avec plus d'inconnues mais
nous nous arrêterons là pour l'instant.
RÉACTIONS
Puisque l'étude principale en
chimie consiste à observer les résultats de mélanges
de corps purs et/ou composés, il convient d'abord de nous
attarder sur les règles de bases qui régissent
ces mélanges dans des conditions normales de pression
et de température (C.N.T.P).
Il convient au préalable de
préciser que nous n'allons pas étudier dans ce chapitre
ce qui crée les liaisons entre les éléments,
car ceci est le rôle de la chimie quantique et moléculaire
(voir chapitres précédents). De plus, nous insistons
sur le fait que chaque élément théorique
sera illustré d'un exemple
pratique auquel il peut être utile de se reporter parfois
pour mieux comprendre.
Considérons maintenant
un système
chimique fermé (sans transfert de masse donc!). Nous traduisons
la modification de la composition (s'il y a lieu et si elle existe)
du système chimique par une équation de réaction
de la forme (le système ne va pas toujours dans les deux
sens!):
(55.7)
appelée "équation de
bilan" où les
coefficients
sont appelés "coefficients stoechiométriques" dans
le sens où ils
indiquent les "proportions d'or", rigoureusement appelées "proportions
stoechiométriques",
nécessaires telles qu'à des conditions normales la
réaction
puisse avoir lieu et où les
sont les produits réagissants (purs ou composés)
et les
produits formés.
Attention! Dans l'écriture de l'équation ci-dessus,
nous imposons que tous sans
exception réagissent à la réaction chimique
et donc que tous les sont
dépendants.
Si les proportions d'or sont respectées
(tels que les coefficients soient bien stoechiométriques!)
et existent lors de l'écriture de l'équation de
réaction,
alors pour tout
nous avons:
(55.8)
cette proposition n'est démontrable
que si les coefficients stoechiométriques d'un côté
ou l'autre de la réaction varient de manière proportionnelle.
L'expérience montre que dans des conditions normales de
température
et de pression (C.N.T.P) cela est bien le cas.
Dès lors, la stoechiométrie
de la réaction impose que s'il disparaît dans le système
moles de
,
moles de
avec respectivement une variation de matière des produits
...,
il apparaîtra en conséquence
moles de ,
moles de ,
... avec respectivement une variation de matière des produits
...
en respectant les proportionnalités des coefficients stoechiométriques
tel que nous puissions écrire "l'équation du bilan
de matière":
(55.9)
où
est appelé "avancement élémentaire
de la réaction" (fréquemment on prendra les
valeurs absolues des rapports pour ne pas avoir à réfléchir
sur le signe des variations).
La division des variations et par
leurs coefficients stoechiométriques se justifie uniquement
pour des raisons de normalisation ayant pour objectif de rapporter à
une valeur comprise entre 0 et 1 (soit entre 0% et 100%...).
Ces dernières égalités
indiquent simplement que si l'un des produits réactif disparaît
en une quantité donnée, les autres produits réactifs
voient leur quantité diminuée en rapport à leur
coefficient stoechiométrique de manière à conserver
la proportion d'or de la réaction.
L'écriture du bilan énergétique
peut être allégée par l'introduction des coefficients
stoechiométriques algébriques
tels que:
pour un produit formé,
pour un produit réagissant.
Finalement nous pouvons écrire:
(55.10)
que nous retrouvons également souvent dans la littérature
avec la valeur absolue au numérateur!
Dès lors, avec cette convention
algébrique, l'équation de réaction comme elle
existe, permet d'écrire:
(55.11)
ce qui signifie que la somme algébrique
du nombre total de composés purs des réactifs et produits
formés est toujours nulle.
Il est clair qu'à l'instant
initial de la réaction nous choisissons pour l'avancement
la valeur (sa
valeur maximale étant égale à l'unité), instant auquel les quantités
de matière
sont .
L'intégration de l'expression
différentielle du bilan de matière donne bien évidemment:
(55.12)
relation que nous retrouvons dans les tableaux d'avancements (voir
plus bas) en se souvenant bien que pour
un produit formé, pour
un produit réagissant.
Se pose alors la question: Quelle est la valeur maximale de
l'avancement d'une réaction ? Eh bien la réponse
à cette question est ma foi fort simple. La valeur maximale
d'avancement
d'une réaction ayant les proportions stoechiométriques
(nous respectons la tradition ainsi plutôt qu'en parlant
de proportions d'or...) est telle qu'elle a lieu lorsque les
réactifs
auront tous disparu et dès lors elle est nécessairement
donnée par:
(55.13)
pour ce que nous appelons le "réactif
limitant", c'est-à-dire le produit réagissant
qui disparaît (a toujours la plus petite valeur de molarité)
en premier et qui arrête la réaction attendue! S'il
n'y a pas de réactif limitant, c'est qu'à la fin
de la réaction tous les réactifs ont été transformés:
on dit que les réactifs étaient en proportion stœchiométriques.
Il peut être utile de définir
le "taux d'avancement" donné par la grandeur intensive:
(55.14)
ce qui de manière formelle donne:
(55.15)
Exemple:
Considérons pour illustrer tous ces concepts la réaction
(diazote avec hydrogène donnant de l'ammoniac):
(55.16)
où les lettres latines représentent
des corps purs (atomes) dont le nom ne nous importe pas (notation
proposée par Jöns Jacob Berzelius en 1813). Les indices
représentent
tout simplement la combinaison des atomes pour obtenir une molécule.
Nous avons dans cette réaction:
et
(55.17)
Le lecteur remarque que nous avons
bien selon notre convention pour le bilan de masse:
(55.18)
Si nous considérons qu'il y
a une mole de chaque corps composé, cela nous donne pour
les proportions stoechiométriques (à un facteur
près pour toutes les valeurs):
(55.19)
Si à un moment
donné, nous obtenons par mesure:
(55.20)
Quel est l'avancement de la réaction
?
(55.21)
soit autrement dit, nous en sommes à 10% (logique!).
Le taux de conversion de
y relatif est donc:
(55.22)
Et quelle est la valeur maximale d'avancement
du réactif limitant ?
Donc dans le cadre de l'exemple
ci-dessus où nous
avons pour
le alors:
(55.23)
Les chimistes utilisent également souvent ce qu'ils appellent
un "tableau d'avancement".
Voyons de quoi il s'agit avec notre exemple:
|
Équation |
|
+ |
= |
État initial |
|
1 |
3 |
0 |
État
intermédiaire |
|
|
|
|
État final |
|
|
|
|
Tableau: 55.1- Avancement d'une réaction chimique
Recherchons à partir
de ce tableau. Le réactif limitant est donc soit ,
soit .
Donc pour :
(55.24)
et pour :
(55.25)
Chaque réactif possédant le même avancement ,
celui-ci est donc aussi le minimal.
En conséquence, selon la définition de
l'actif limitant, vue que les proportions sont stoechiométriques
dans l'exemple donné aucun des réactifs n'est limitant.

- Chimie Générale,
R. Didier, Éditions
Lavoisier, ISBN10: 274300181 (1071 pages) - Imprimé en
2004
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