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LISTE DES SUJETS TRAITÉS SUR CETTE PAGE
La
chimie moléculaire
est le domaine central qui interconnecte par l'étude des
molécules de nombreuses techniques de pointe prometteuses
du début 21ème siècle qui sont pour ne
citer que les plus connues: la biologie moléculaire, les
matériaux moléculaires,
l'électronique moléculaire, les polymères...
Sachant qu'il a été découvert expérimentalement
qu'une même molécule
peut avoir plusieurs fonctions très différentes,
son étude théorique
permet de bien les utiliser (avec parfois un meilleur rendement
en termes de R&D) dans ses domaines d'application. Le lecteur
aura donc compris que, comme à l'habitude sur ce site, nous
allons nous concentrer ici uniquement sur l'aspect théorique
(mathématique)
de la chimie moléculaire même si nous allons nous
limiter uniquement aux développements théoriques
effectués entre 1910 et
environ 1935 (au-delà la complexité des théories
nécessite
trop de pages pour un site Internet généraliste).
Nous ne sommes à notre époque qu'aux balbutiements
de la découverte de ce que la nature a fait avec beaucoup
de temps et de hasard: c'est-à-dire
des molécules complexes fonctionnant comme des nanomachines
capables localement (site actif) de filtrer, d'oxyder, de faire
de catalyses... et
bien d'autres manipulations (y a qu'à observer votre corps!).
Une molécule est souvent traitée dans les classes
d'école avec l'équation de Schrödinger (donc pas
de cas relativistes et pas de prise en compte des spins) sous la
forme
habituelle (cf. chapitre de Physique Quantique
Ondulatoire):
(54.1)
soit sous une forme également stationnaire (indépendante du temps)
où pour rappel est
une fonction propre et E une valeur propre de l'application H.
En réalité, les fonctions d'ondes sont impossibles à calculer
formellement avec les outils mathématiques contemporains et la
seule chose que nous savons faire sont des calculs numériques (méthode
des perturbations). C'est la raison pour laquelle certains centres
de chimie se transforment avec le temps en des centres de calculs
où le caractère prédictif (et peu coûteux) de la chimie quantique
s'affirme de plus en plus.
Il reste cependant bien évidemment indispensable, comme
toujours, de comprendre comment les modèles théoriques
sont construits et leurs hypothèses
sous-jacentes.
Mais nous pouvons quand même avec les calculs prédire la forme
de molécules de taille raisonnable, l'énergie de leurs liaisons
internes, leur capacité énergétique sous l'effort d'une déformation,
la forme des orbitales moléculaires (O.M.), l'énergie de transitions
d'états (lorsque des parties de la molécule se déplacent dans celle-ci),
leur réactivité vis-à-vis d'un milieu réactionnel...
Nous distinguons couramment deux cas d'études de la chimie moléculaire:
- Mécanique quantique: toutes les interactions entre particules
sont prises en compte sous l'hypothèse de quelques simplifications
acceptables.
- Mécanique moléculaire: Pour de grosses molécules,
nous ne nous occupons plus du problème électronique,
mais des interactions de certains paramètres sur lesquels
nous voulons nous concentrer.
Par exemple, l'hémoglobine (protéine transportant
l'oxygène dans
les muscles) est une énorme structure moléculaire
dont on ne va étudier
que le site actif avec les outils de la mécanique quantique.
Le comportement global de la molécule elle-même sera traité avec
les outils de la mécanique moléculaire.
Il s'ensuit qu'excepté pour les atomes hydrogénoïdes,
nous ne pouvons pas décrire analytiquement une molécule
d'un point de vue purement quantique! Toutes les méthodes
quantiques actuelles reposent sur une ou plusieurs approximations.
Les fonctions d'onde
ne sont donc qu'approchées et le niveau de calcul est adapté en
fonction de ce que nous voulons montrer et de la précision
que nous recherchons (en cherchant à minimiser le temps de calcul
pour des problèmes de coûts...). La bonne compréhension
des approximations permet de formuler des modèles simples
ne nécessitant qu'un minimum
de calculs (souvent triviaux).
Nous nous proposons ici de montrer deux modèles courants (et
les plus simples):
APPROXIMATION ORBITALAIRE
Une molécule est bien évidemment un problème
extrêmement complexe: N noyaux, n électrons
et le tout est en mouvement!
Figure: 54.1 - Exemple de molécule où un peu tout est en mouvement
L'hamiltonien (cf. chapitre de Physique
Quantique Ondulatoire):
(54.2)
est alors de la forme cauchemardesque mais intuitive (le G en
indice de l'hamiltonien signifie "Général") suivante:
(54.3)
où:
1. est
l'énergie cinétique des k noyaux de masse de
la molécule.
2. est
l'énergie cinétique des n électrons de masse
3. est
l'énergie potentielle due à l'attraction électron(-)/noyaux(+)
4. est
l'énergie potentielle de répulsion électron(-)/électron(-)
5. est
l'énergie potentielle de répulsion noyau(+)/noyau(+)
Souvent nous retrouvons ces termes sous la forme suivante de
l'équation de Schrödinger dans la littérature:
(54.4)
Une première approximation que nous pourrions tenter c'est de
découpler le mouvement des noyaux de celui des électrons. Effectivement,
comme le noyau est beaucoup plus massif (environ 2000 fois) que
le cortège des électrons, le centre de masse est assimilé au noyau
de l'atome et le mouvement relatif à l'ensemble du cortège électronique.
Cette approche approximative est très connue sous la dénomination "d'approximation
de Born-Oppenheimer":
(54.5)
qui nous permet alors d'étudier les orbitales moléculaires. Mais
malheureusement cette approximation n'est pas suffisante à cause
du terme de répulsion interélectronique (la double somme) qui
empêche d'utiliser la technique de séparation des variables comme
nous l'avons fait dans le chapitre de Chimie Quantique avec l'atome
d'hydrogène.
Par ailleurs, cette dernière équation s'écrit également
sous la forme de la première ligne du couple d'équation
ci-dessous (équation
de Schrödinger des électrons et des noyaux):
(54.6)
Ce système d'équations constitue
ce que certains appellent "l'approximation
adiabatique" (???).
L'idée qui vient alors à l'esprit va être d'utiliser
la propriété suivante:
Soit deux opérateurs A et B, f(u)
et g(v) leurs fonctions propres respectives associées
aux valeurs propres a et b. Alors f(u)g(v)
est fonction propre de l'opérateur somme A+B avec
la valeur propre associée a+b.
Ce qui s'écrit:
(54.7)
Démonstration:
(54.8)
C.Q.F.D.
Et c'est ce que nous allons faire pour décomposer l'hamiltonien n-électronique en
somme d'hamiltoniens monoélectroniques indépendants
en sachant de ce qui précède que si nous trouvons
la fonction propre pour chacun (ce qui est relativement plus facile)
il suffira de les
multiplier pour avoir la fonction propre globale.
Ainsi, nous écrivons:
(54.9)
et donc nous devrons trouver pour chaque i:
(54.10)
Pour ensuite avoir:
(54.11)
avec donc:
(54.12)
Cette approche par hamiltoniens monoélectroniques va nous
amener à remplacer:
(54.13)
par la somme des hamiltoniens pour un électron appelés "hamiltoniens
effectifs":
(54.14)
Cette méthode d'approximation est parfois appelée
en chimie théorique "approximation
des électrons indépendants" ou encore "approximation
orbitalaire". Elle consiste donc à globaliser
les interactions individuelles électron-électron
et à écrire que chaque électron
évolue dans un potentiel moyen résultant de la présence
de l'ensemble des autres électrons.
La "méthode de Slater" consiste par définition à écrire
cette dernière relation sous la forme:
(54.15)
où est
appelée "constante d'écran".
Cette méthode de Slater revient en gros à remplacer les termes
purement électroniques par une constante. Elle peut être considérée
comme une méthode paramétrique car les constantes ont été déterminées
de façon purement expérimentale.
Le principe de calcul empirique de la constante d'écran
est relativement simple. Dans un atome poly-électronique,
les électrons de coeur
sont sur des orbites beaucoup plus contractées alors que
les électrons
de valence qui vont être responsables des propriétés
chimiques de l'atome en question sont sur des orbites beaucoup
plus relâchées.
L'attraction exercée par le noyau sur ces électrons est beaucoup
plus faible que celle exercée sur les électrons de coeur et ces électrons
ne perçoivent qu'une partie de la charge atomique.
Slater a alors proposé que cette charge effective, qui
est le plus souvent notée pouvait être
calculée en tenant compte de la constante d'écran.
Cette constante représente donc l'effet moyen des autres électrons
sur l'électron
considéré de l'hamiltonien effectif i.
(54.16)
Pour un électron périphérique, nous devrons donc considérer que
sa constante d'écran est due à tous les électrons placés sur des
orbites égales ou inférieures. La tradition (ou plutôt le "truc")
veut que le calcul se fasse en regroupant les orbitales atomiques
en plusieurs groupes 1s/2s, 2p/3s, 3p/3d/4s, 4p/4d/4f/5s, 5p/etc...
Ensuite le calcul est simple car il se fait sur la base d'un
tableau de valeurs prédéfinies et il suffit d'additionner les contributions
d'écran de tous les électrons selon le tableau ci-dessous:
|
n'<n-1 |
n'=n-1 |
n'=n |
n'>n |
1s |
|
|
0.30 |
0 |
ns, np |
1 |
0.85 |
0.35 |
0 |
nd, nf |
1 |
1 |
0.35 |
0 |
Tableau: 7.1
- Contributions d'écran des électrons
Ce tableau mérite quelques explications bien évidemment!:
L'indice indique le nombre du groupe qui contribue à la constante
d'écran alors que n est le nombre du groupe de l'électron
que nous considérons.
Exemple:
Dans le cas du Carbone de configuration 1s22s22p2,
la charge nucléaire est .
Un électron 1s n'est écranté que par l'autre électron 1s,
la charge effective qu'il voit est donc de:
(54.17)
Un électron 2s ou 2p est écranté par les deux électrons
1s et par les 3 autres électrons 2s et 2p. La charge
effective par laquelle il est attiré est alors:
(54.18)
Nous voyons donc bien que la charge effective ressentie décroît
assez rapidement!
MÉTHODE C.L.O.A.
Cette méthode, plutôt qualitative, consiste à considérer
que la fonction d'onde moléculaire est une "Combinaison
Linéaire des
Orbitales Atomiques" (C.L.O.A.) contrairement à la
méthode
précédente
où nous
multiplions les hamiltoniens effectifs.
Cette méthode est importante car elle est à la base d'une grande
partie du vocabulaire courant des chimistes dès que la chimie effectuée
est assez pointue!
Basons-nous sur l'exemple de la molécule de dihydrogène .
L'idée est alors la suivante:
Si nous avons la fonction de l'orbitale atomique de et
respectivement la fonction de ,
alors nous posons que l'orbitale moléculaire dicentrique (liée à deux
atomes) correspondante est donnée par:
(54.19)
qui définit un système quantique à deux états
propres.
Mais comme nous le savons bien, en réalité, seul
le carré de la fonction d'onde possède un sens physique
(probabilité de
présence).
Ainsi, si nous supposons que la fonction d'onde n'est pas à valeur
dans ,
nous avons pour l'unique électron qui nous intéresse
(1s):
(54.20)
où nous admettons que:
- représente
la probabilité de présence d'être près de A
- représente
la probabilité de présence d'être près de B
- représente
la probabilité de présence de l'électron qui joue la liaison A-B
Dans le cas particulier de la molécule diatomique symétrique
que nous avons choisie comme exemple, les atomes A et B jouent
le même rôle et il n'y a donc pas de raison que l'électron
soit plus près de A que de B ou inversement.
Ainsi, la probabilité de trouver l'électron près de A est
donc égale à la probabilité de le trouver près de B.
(54.21)
De plus dans ce cas les orbitales et sont
totalement identiques (orbitales 1s toutes deux du même
atome) et il n'y a donc pas lieu de les distinguer. Nous avons
donc:
(54.22)
Nous avons donc deux solutions pour qui
sont (ces deux solutions peuvent se trouver sous des notations
très variées dans la littérature):
(54.23)
si et:
(54.24)
si .
Remarque: Attention! Nous ne pouvons
pas poser pour les deux dernières relations que .
Cette dernière égalité n'a lieu en tout point
que si la distance qui sépare les deux noyaux est nulle
(ce qui est peu probable) ou, s'ils sont distants d'une certaine
valeur D située au milieu de celle-ci.
Ces deux expressions seront simultanément solutions de l'équation
de Schrödinger. Nous obtenons donc deux orbitales moléculaires à partir
des deux orbitales atomiques dans le cas de la molécule diatomique
symétrique.
La fonction:
(54.25)
est appelée "fonction liante" car elle correspond à un
renforcement de la probabilité de présence de l'électron entre
les atomes A et B ce
qui correspond à la création de la liaison!
Inversement, la fonction:
(54.26)
est appelée "fonction antiliante" car elle correspond à une
diminution de la probabilité de présence de l'électron entre les
atomes A et B ce qui correspond à la destruction
de la liaison!
En définitive, en se recouvrant, les deux orbitales atomiques
de même énergie donnent naissance à deux orbitales
moléculaires
d'énergies différentes, l'une liante stabilisée
et l'autre antiliante déstabilisée.
Nous avons évidemment au vu de ce qui précède
que, dans des cas plus complexes, le niveau d'énergie
de l'orbitale moléculaire
liante est plus petit que celle de l'antiliante (nous allons
le démontrer rigoureusement en détails plus bas).
Ainsi, il faut respectivement plus d'énergie pour ioniser l'électron
de l'orbitale liante qu'il
n'en faut pour ioniser l'électron de l'orbital antiliante .
Donc il est communément admis de dire que l'énergie de la liaison
liante est plus forte que l'antiliante (mais nous en ferons la
démonstration juste un peu plus loin).
Indiquons aussi qu'en chimie, une liaison chimique dans laquelle
chacun des atomes liés met en commun un électron d'une de ses couches
externes afin de former un doublet d'électrons liant les deux atomes
est communément appelée "liaison covalente".
Les chimistes disent alors que la liaison covalente implique
le partage équitable d'une seule paire d'électrons,
appelé "doublet
liant" (mais dont au fait qu'un seul des électrons
l'est vraiment). Chaque atome fournissant un électron, la
paire d'électrons est
alors délocalisée entre les deux atomes comme nous
l'avons démontré.
Ce sont les raisons qui font que nous disons couramment que la
liaison est
une liaison chimique covalente créée entre deux atomes par recouvrement
axial d'orbitales.
Creusons maintenant cette approche! Les orbitales moléculaires
doivent être normées. Ce qui signifie que:
(54.27)
Ce qui donne, puisque les orbitales atomiques sont normées pour et
sont des fonctions réelles:
(54.28)
Puisque a (nombre réel dans notre cas particulier)
est imposé comme étant
une constante, il vient immédiatement:
(54.29)
D'où pour :
(54.30)
De manière identique, nous avons pour :
(54.31)
Si nous avons ,
il vient la forme suivante que nous trouvons dans la littérature:
(54.32)
Faisons un petit exemple en utilisant comme orbitale, l'orbitale
atomique la plus basse (1s) de l'atome d'hydrogène dans
le cas d'une liaison dihydrogène pour
laquelle nous avons démontré à la fin du chapitre
de Chimie Quantique que:
(54.33)
Il vient alors que:
et
(54.34)
avec pour rappel:
(54.35)
Il vient alors pour l'orbitale moléculaire liante de niveau s:
(54.36)
et pour l'antiliante de niveau s:
(54.37)
Nous voyons alors immédiatement que s'annule
au milieu des deux protons car à cet endroit .
L'orbitale moléculaire antiliante présente donc un
plan nodal et les électrons sont essentiellement localisés
sur les protons.
Par contre, pour l'orbitale moléculaire la
densité ne s'annule pas. Nous comprenons alors aisément
qu'un électron
de assure
la stabilité de la molécule et qu'il est donc responsable
de la liaison chimique.
Nous en déduisons donc que la stabilisation électronique due à l'interaction
de deux orbitales identiques est proportionnelle à leur recouvrement.
Plus le recouvrement est grand, plus la stabilisation est importante.
Il y a une approche encore plus technique utilisant la notation
de Dirac et qui a l'avantage de permettre la détermination des
valeurs propres de l'énergie.
D'abord nous écrivons l'expression générale de l'équation indépendante
du temps de Schrödinger avec la notation Ket-Bra pour une orbitale
moléculaire, superposition de deux orbitales atomiques:
(54.38)
Soit sous forme explicite:
(54.39)
Si nous multiplions par le bra à gauche
et en tenant compte que a, b ainsi que les valeurs
propres de l'énergie sont des constantes, nous obtenons l'équation
suivante:
(54.40)
De même, nous obtenons avec le bra :
(54.41)
Simplifions encore les écritures:
(54.42)
Par symétrie du problème dans le cas du dihydrogène, nous posons:
(54.43)
qui sont appelées "intégrales
de résonance" car il
s'agit d'un terme relatif à la combinaison (résonance) des
deux orbitales atomiques propres aux deux atomes de base de la
structure
moléculaire.
Nous avons également:
(54.44)
qui sont appelées "intégrales
coulombiennes" car elles
correspondent selon le cinquième postulat de la physique
quantique ondulatoire (voir chapitre du même nom) à la valeur moyenne
de l'énergie totale de l'électron.
Nous avons évidemment aussi:
(54.45)
qui sont appelées "intégrales de recouvrement" car
les deux orbitales atomiques de même type de chacun des atomes
se recouvrent.
Et enfin, nous avons toujours par symétrie de notre cas particulier:
(54.46)
Nous pouvons alors écrire, puisque les intégrales de recouvrement
sont unitaires:
(54.47)
Ces deux équations sont appelées "équations séculaires".
La solution triviale, mais a priori non physique car elle signifierait
que l'électron aurait une densité de probabilité nulle en tout
point de l'espace correspond à .
Il existe une solution non triviale, si et seulement si, le déterminant
(cf. chapitre d'Algèbre Linéaire), appelé dans la chimie moléculaire "déterminant
séculaire", suivant est nul:
(54.48)
Comme nous avons par symétrie de notre cas particulier:
(54.49)
Il vient alors:
(54.50)
D'où:
(54.51)
Ce qui nous donne deux solutions (+):
(54.52)
et (-):
(54.53)
Nous avons donc:
et
(54.54)
Mais pour pouvoir faire le calcul des niveaux d'énergie
de manière
détaillée, encore faut-il avoir la forme de l'hamiltonien...
et celui utilisant les deux électrons de la molécule
de dihydrogène est
déjà bien tordu... Pour simplifier l'étude, nous
nous réduisons au
cas du cation (ion positif) constitué de
deux protons et un électron:

Figure: 54.2 - Étude simplifiée du cation hydrogène H2
Nous avons alors en nous basant sur la relation obtenue au début
de ce chapitre:
(54.55)
la relation suivante:
(54.56)
où les deux premiers termes dans la parenthèse sont pour
rappel associés à l'énergie potentielle de l'électron
et le dernier à l'énergie
potentielle de répulsion des protons (le premier terme à droite
de l'égalité étant l'énergie cinétique
de l'électron).
Essayons maintenant d'ordonner l'énergie de ces deux orbitales
moléculaires.
Pour cela, écrivons:
et
(54.57)
Rappelons que pour qu'un système soit stable, les énergies En doivent être
négatives, ce qui correspond à des états stables (il faut un apport
de l'énergie pour les défaire) et nous impose à cause de la forme
de :
(54.58)
Sachant ceci, il vient:
(54.59)
Dès lors, nous voyons que les notations ne sont pas conformes à l'usage
de la physique quantique car normalement l'indice 1 est réservé au
niveau de plus basse énergie. Nous écrirons donc à l'avenir:
et
(54.60)
avec les fonctions propres associées et et
donc:
(54.61)
Nous pouvons également remarquer une chose importante! C'est
que si nous considérons les atomes isolément, les termes d'interactions
s'annulent et nous avons:
(54.62)
Donc nous avons la différence qualitative entre un atome isolé et
un système diatomique simple:
(54.63)
Ce qui signifie que l'énergie du plus bas niveau d'une molécule
diatomique est inférieure à l'énergie d'un atome isolé qui est
proche de .
Cette observation confirme que le système est stabilisé en énergie
par rapport aux deux atomes isolés, ce qui paraît cohérent avec
le constat expérimental de l'existence de telles molécules.
L'usage veut que les chimistes représentent les différences d'énergie
sous la forme suivante pour notre cas particulier:

Figure: 54.3 - Niveaux d'énergie du cation hydrogène H2
Nous concluons donc que lorsque deux atomes (contribuant chacun
avec un électron) s'unissent, leurs orbitales atomiques vont se
combiner pour générer deux orbitales moléculaires, l'une d'énergie
plus basse et une seconde d'énergie
plus élevée que celle des atomes isolés. Ainsi, la rupture qui
fera partir l'électron avec un des atomes sera exothermique par
rapport aux atomes isolés.

- Chimie Générale,
R. Didier, Éditions Lavoisier, ISBN10: 274300181 (1071 pages)
- Imprimé en 2004
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