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MÉCANIQUE DES MILIEUX CONTINUS
34. MÉCANIQUE DES MILIEUX CONTINUS (2/3) |
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LISTE DES SUJETS TRAITÉS SUR CETTE PAGE
LIQUIDES (FLUIDES)
Les fluides usuels sont de deux types: les liquides et les gaz
(les solides sont aussi parfois considérés comme
des fluides... ce n'est qu'une question d'opinion...). Étymologiquement,
un fluide est susceptible de s'écouler. Le liquide adopte
la forme du récipient qui le contient tout en conservant
un volume propre à peu près invariable. Le gaz n'a
pas de volume propre: il envahit uniformément (mécanique
statistique de Boltzmann) le récipient dans lequel il est
maintenu. Une atmosphère en constitue un cas spécial,
du fait qu'elle est maintenue par la gravité à la
périphérie d'un astre, ce qui exclut l'uniformité de
la densité ou pression.
La distinction entre liquide et gaz est subtile. Nous pouvons
cependant dire que le volume propre des liquides manifeste l'existence
d'une cohésion liée à une densité assez
grande (liaisons de Van der Waals); cette cohésion disparaît
avec le volume propre chez les gaz.
Si nous comparons les fluides avec les solides, la première
remarque qui s'impose concerne l'isotropie (les propriétés
sont les mêmes dans toutes les directions spatiales) des fluides
usuels qui est toujours réalisée (si nous n'agissons
pas sur le fluide en tout cas!).
Nous allons aborder la théorie de la mécanique des
fluides en difficulté croissante et par redondance. D'abord,
il va être démontré que les propriétés
d'un fluide statique sont isotropes (théorème de
Pascal). À l'aide de ce résultat, il va être plus
simple de comprendre le théorème de Bernoulli qui
va nous permettre, entre autres, de définir le concept de "pression
hydrostatique". Ensuite, nous construirons un modèle
très important de la dynamique des fluides, connu sous le
nom de "équations de Navier-Stokes", que l'on
retrouve dans tous les domaines possibles (astrophysique, mécanique
quantique, météorologie,..). Ce modèle de
dynamique des fluides est conséquent en développements
théoriques et résultats expérimentaux et peut être
considéré comme un terrain difficile. Cependant,
pour faciliter la lecture, nous avons choisi de ne pas aborder
celui-ci directement par usage du calcul tensoriel. Nous avons
ainsi fait en sorte que les variables tensorielles apparaissent
d'elles-mêmes d'écoulant des résultats simples de
l'analyse vectorielle que nous obtiendrons. Une fois les équations
de Navier-Stokes déterminées et démontrées,
nous verrons que nous pouvons retrouver l'expression du théorème
de Bernoulli à partir de ces mêmes équations.
La dynamique des fluides, ou "hydrodynamique", est de
loin, le domaine de la mécanique classique le moins aisé en
ce qui concerne la description et la prédiction. C'est pourquoi
le théorème de Bernoulli s'utilise fréquemment,
non pour expliquer en détail le comportement d'un fluide,
mais pour en faire une description qualitative.
THÉORÈME DE PASCAL
Le résultat qui va suivre est de la plus haute importance
pour comprendre l'ensemble de la mécanique des fluides.
Il faut donc prendre le temps de comprendre!

Figure: 34.1 - Tétraèdre régulier élémentaire pour
faire émerger le théorème de Pascal
Si nous considérons les forces s'exerçant, en l'absence
de mouvement, sur un tétraèdre élémentaire OABC de
volume élémentaire V, il est toujours possible
d'adopter un volume suffisamment petit pour avoir une pression
uniforme s'exerçant sur les faces du tétraèdre.
Soient ,
les pressions de réaction du fluide dues aux contraintes
extérieures sollicitant les faces respectives OBC, OAB, OAC et ABC de
surface .
Soient également les cosinus directeurs (cf.
chapitre de Calcul Vectoriel) du vecteur unitaire normal à la
surface ABC.
Le système étant en équilibre, la résultante des
forces de réaction du système est nulle. Nous avons
donc les équations suivantes résultant de la projection
suivant les trois axes de coordonnées:
(34.1)
Par simplification élémentaire, il vient:
(34.2)
Nous obtenons alors la relation suivante:
(34.3)
Conclusion importante: En un point quelconque d'un fluide, la
pression est indépendante de la direction de la normale à la
surface élémentaire sur laquelle elle s'exerce.
Par le principe de l'action et de réaction de Newton, nous
sommes amenés à énoncer le "théorème
de Pascal" ou "principe
de Pascal": Les fluides incompressibles (en équilibre)
transmettent intégralement et dans toutes les directions,
les pressions qui leur sont appliquées.
Ce théorème est fondamental aussi bien en mécanique
des fluides qu'en mécanique des gaz et les implications
pratiques sont énormes. Ce théorème explique
entre autres le fameux "paradoxe hydrostatique" comme
quoi la pression d'un liquide sur le fond d'un récipient
est indépendante de sa forme, et aussi de la surface du
fond mais ne dépend seulement de la hauteur d'eau dans le
récipient. Ce théorème est à la base
de la conception de nombreuses machines hydrauliques!
Voyons-en une illustration très claire. Considérons
le schéma suivant (nous avons fait un exemple en U bien
que la majorité des symtèmes hydrauliques soient
linéaires):

Figure: 34.2 - Exemple typique de machine hydraulique (élévateur, cric
hydraulique)
Que se passe-t-il exactement? Eh bien sur la partie
gauche, nous avons la force qui crée une pression:
(34.4)
et de par le principe de Pascal, nous devons retrouver
la même pression de l'autre côté tel que:
(34.5)
Il s'ensuit immédiatement la relation très
importante dans la pratique:
(34.6)
Nous avons donc une démultiplicateur de force!
Attention! Le principe de la machine hydraulique est donc un fantastique
démultiplicateur de force mais en aucun cas il démultiplie
le travail! Donc de par le principe de conservation de l'énergie,
nous avons:
(34.7)
et il vient alors:
(34.8)
Ainsi, entre contrepartie de la démultiplication
de force, de par la conservation de l'énergie, la force
primaire devra parcourir une plus grande distance.
VISCOSITÉ
En mécanique des fluides, il est utile de considérer
plusieurs types fluides ayant des caractéristiques qui les
différencient. Ceci s'avère particulièrement
pratique pour les simulations tout en restant conforme à l'observation
expérimentale (cf. chapitre de Génie
Météo Et Marin).
Nous définissons la "viscosité" par
les forces internes s'opposant au déplacement des diverses
couches composant le fluide. Nous distinguons la "viscosité dynamique" et
la "viscosité cinématique" .
1. La viscosité dynamique:
(34.9)
avec étant
le coefficient de viscosité dynamique (l'unité étant
le Poiseuille [PI]), dF la variation de la
force de frottement entre deux couches infiniment voisines, variation
de la vitesse par la distance entre deux couches infiniment voisines et dS étant
la surface considérée .
Conclusion: Le Poiseuille est la viscosité d'un fluide
nécessitant 1 Newton pour faire glisser à la vitesse
de 1 mètre par seconde, deux couches fluides de 1 mètre
carré distantes de 1 mètre.
Remarque: Anciennement, l'unité employée était
la " poise": 
2. La viscosité cinématique est définie par:
(34.10)
Une transformation de la définition de la viscosité dynamique
donne (il faut se rappeler de cette relation pour plus tard!!):
(34.11)
Soit:
(34.12)
Par définition les fluides ayant les caractéristiques
suivantes:

Figure: 34.3 - Caractéristiques de viscosité de différents fluides
sont nommés respectivement:
- (1) Fluides pseudo-plastiques
- (2) Fluides newtoniens (contraintes de cisaillement proportionnelles au gradient
de vitesse)
- (3) Fluides dilatants
Il existe encore 3 autres types de fluides non représentés
sur la figure et dont la viscosité est supposée nulle
(cf. chapitre de Thermodynamique):
- (4) Fluides parfaits
- (5) Fluides semi-parfaits
- (6) Fluides réels
Remarques:
R1. Le comportement d'un fluide parfait est très différent
de celui d'un fluide réel aussi petite soit la viscosité de
ce dernier. En effet, le fluide parfait, parce qu'il n'a pas
de viscosité, ne dissipe jamais l'énergie cinétique.
Alors qu'un fluide réel très peu visqueux la
dissipe efficacement grâce à la turbulence, et
au phénomène de cascade qui l'accompagne.
R2. Nous reviendrons sur les propriétés de la
viscosité dynamique et cinématique lors de la
démonstration des équations de Navier-Stokes-(Reynolds).
R3. Les fluides qui ne sont pas newtoniens sont appelés
en toute généralité dans la littérature "fluides
non-newtoniens"... et nous ne traiterons pas les
ferrofluides ici car trop complexes théoriquement à analyser.
Les fluides non-newtoniens ont donc une déformation qui
dépend de la force que nous leur appliquons. Le meilleur
exemple est celui du sable mouillé en bord de mer: quand
nous frappons le sable, il a la viscosité élevée
d'un solide, alors que lorsque nous appuyons doucement dessus,
il se comporte comme une pâte. Par ailleurs, certains fluides
non-newtoniens ont des propriétés telles qu'il est
possible pour un individu de courir dessus sans couler ou de couler
en restant en position...
LOI DE POISEUILLE
En 1835 un médecin français, Jean Léonard
Marie Poiseuille fit une série d'expériences soignées,
pour déterminer comment un fluide visqueux s'écoule
dans un tuyau étroit. Son but était de comprendre
la dynamique de la circulation sanguine chez l'homme. Le plasma
du sang se comporte comme un fluide newtonien, tandis que le sang
entier ne l'est pas. Presque la moitié du volume normal
du sang est faite de cellules assez grandes pour perturber l'écoulement
laminaire, surtout quand elles entrent en contact avec les parois
des vaisseaux, un phénomène qui prend de l'importance
dans les capillaires très étroits. Néanmoins,
l'analyse de Poiseuille s'applique à l'écoulement
dans les veines et les plus grosses artères et elle a une
grande valeur, bien qu'elle soit un peu simpliste.
Le résultat de Poiseuille peut être établi
en considérant le fluide dans un tuyau comme formé de
couches cylindriques orientées selon un axe x de
rayon r concentriques qui se déplacent à des
vitesses qui vont en décroissant à partir du centre
(symétrie circulaire supposée).
Alors la relation définissant la viscosité s'écrit:
(34.13)
Ce qui nous donne la force de viscosité sur le cylindre.
La surface de contact de chaque couche cylindrique de longueur l est
donnée par et
donc:
(34.14)
L'origine de l'accélération (in extenso de la force)
ne peut se faire que par une différence de pression telle
que:
(34.15)
ce qui nous amène à écrire:
(34.16)
En intégrant membre à membre, nous obtenons:
(34.17)
Nous obtenons donc la fameuse "loi
d'écoulement laminaire visqueux" découverte
par le physicien français Jean-Louis-Marie Poiseuille
en 1840:
(34.18)
très utilisée en médecine pour calculer la
vitesse d'écoulement du sang dans les veines, dans les installations
hydrauliques (pour déterminer la pression nécessaire
afin d'avoir un certain débit), dans les souffleries (pour
la même raison que dans les installations hydrauliques).
La courbe représentative de la vitesse en fonction de r est
une parabole dont le sommet se situe sur l'axe centre du cylindre
( ).
Donc la vitesse est plus grande au centre que sur les bords (c'est
intuitif). En dérivant cette dernière relation par
rapport à r, on obtient immédiatement le
gradient de vitesse en fonction de r (calcul utile dans
la pratique).
Le "débit volumique" J (tantôt
noté D dans les petites classes) transporté par
une couche cylindrique entre r et r + dr est
(34.19)
Ainsi, le débit total est:
(34.20)
et nous obtenons la "loi de Poiseuille" pour
le débit laminaire visqueux:
(34.21)
Nous trouvons donc le résultat logique que le débit
augmente avec le gradient de pression et
le rayon du tube, et diminue avec la viscosité.
Nous trouvons par ailleurs une relation analogue à la loi
d'Ohm (cf. chapitre d'Électrocinétique)
où la différence de potentiel est donnée par
la résistance multipliée par le courant alors que
la différence de pression est donnée par la résistance
visqueuse multipliée par le débit. Nous reviendrons également
sur cette relation lorsque nous traiterons les pertes de charge
dans les conduites.
Remarque: Dans la littérature,
le débit est tantôt noté J, Q ou D...
Bref, il n'y a pas de standaridation et il faut faire avec...
THÉORÈME DE BERNOULLI
Quand nous discutons du mouvement d'un fluide, l'équation
de continuité (cf. chapitre Thermodynamique),
qui exprime la conservation de la masse (volumique) du fluide est
une notion importante.
(34.22)
Considérons cette équation dans le cas particulier
qui nous intéresse ici un fluide non visqueux en écoulement
laminaire se déplaçant à l'intérieur
d'un tube de lignes de courants parallèles (le mouvement
du fluide est de type irrotationnel - voir chapitre de Calcul Vectoriel),
délimité par la surface :
Figure: 34.4 - Fluide non visqueux en écoulement laminaire d'un tube de lignes
de courants parallèles
Nous sommes en régime stationnaire (l'aspect du mouvement
est indépendant du temps) et la masse n'est ni apportée
par une source ni enlevée par un puits à l'intérieur
de la région considérée. Le volume de fluide
qui traverse dans
l'intervalle correspond à un
cylindre de base ,
de longueur et
donc de volume .
La masse de fluide qui a traversé pendant
le temps est
donc:
(34.23)
De même:
(34.24)
est la masse de fluide qui a traversé pendant
le même intervalle de temps. Avec les hypothèses faites,
l'équation de conservation de la masse exige que les deux
masses soient les mêmes, ou exprimé autrement:
(34.25)
D'où:
(34.26)
Ceci est la forme de l'équation de continuité dans
le contexte qui nous intéresse. De plus, si le fluide est
incompressible, la densité est partout la même et l'équation
précédente se réduit à:
(34.27)
Ainsi, le rapport des vitesses entrée/sortie dans
une conduite tubuliare sera en général (frottements non pris en
compte!):
(34.28) L'équation de continuité est connue indirectement
de tous les enfants et adultes qui jouent avec ou utilisent un
tuyau d'arrosage (le pouce sert de "convergent"):

Figure: 34.5 - Application de tous les jours de l'équation de continuité
Considérons maintenant une région dans un fluide
où il y a un flux stationnaire comme l'indique la figure ci-dessous:

Figure: 34.6 - Agrandissement sur une région du fluide
Pendant un court intervalle de temps ,
le fluide qui, initialement, traversait a
progressé jusqu'à une surface à la
distance tandis
que le fluide qui traversait se
retrouve en à une
distance .
Puisque le reste du volume entre les surfaces et reste
inchangé, nous allons porter notre attention sur les deux
volumes (égaux) hachurés sur la figure.
Ces deux volumes sont égaux, car le fluide est incompressible
et l'équation de continuité est valable. Soient et les
forces exercées sur les surfaces et en
raison de la pression existant dans le fluide. À cause de
ces forces, le fluide produit ou reçoit du travail en déplaçant
les deux volumes. En ,
la surface est poussée par le fluide et le travail exercé sur
le fluide est alors
qu'en le
fluide pousse la surface et le travail effectué par le fluide
est .
Le travail total exercé sur le volume de fluide situé entre et est
donc:
(34.29)
en appelant et les
pressions respectives en et et
en écrivant:
(34.30)
d'après la définition de la pression. Comme:
(34.31)
d'après l'équation de continuité et l'hypothèse
d'incompressibilité, nous pouvons écrire que:
(34.32)
Le travail extérieur exercé sur le système
change son énergie propre comme l'établit la thermodynamique
( ).
Pour le volume de fluide considéré, l'énergie
propre des volumes mise en évidence comprend l'énergie
cinétique et l'énergie potentielle de gravitation.
Le fluide entre et gagne
de l'énergie dans le volume .
Supposons que les deux volumes aient une masse égale m,
de nouveau à cause de l'équation de continuité.
Alors le gain net d'énergie est:
(34.33)
Puisque nous avons déjà supposé le fluide
incompressible, la densité est
la même partout et m peut être remplacé par aux
deux extrémités. D'où:
(34.34)
En combinant cette relation avec nous
obtenons:
(34.35)
ou:
(34.36)
Comme l'équation ci-dessus concerne des grandeurs prises
en deux points arbitraires le long d'une ligne de courant, nous
pouvons généraliser et écrire:
(34.37)
Ce résultat, connu sous le nom de "théorème
de Bernoulli", exprime la constance de la pression
le long d'une ligne de courant dans un fluide incompressible,
irrotationnel et non visqueux et où les forces volumiques
extérieures dérivent d'une énergie potentielle
(nous reviendrons là-dessus après avoir déterminé les équations
de Navier-Stokes).
Signalons aussi une manière élégante
et simple de retrouver cette relation. La conservation de l'énergie
nous donne le long d'une ligne de courant:
(34.38)
avec respectivement et dans l'ordre la somme de l'énergie
cinétique, de l'énergie potentielle et de l'énergie
de pression. Soit:
(34.39)
et si nous divisons tout cela par le volume, nous obtenons alors:
(34.40)
voilà....
Remarques:
R1. D'une ligne de courant à l'autre, c'est la valeur
de la constante qui change. De plus, l'utilisation du théorème
de Bernoulli exige de connaître la forme des lignes de
courant.
R2. La conservation de la quantité de gauche exprime
la conservation de l'énergie le long d'une ligne de
courant et nous y trouvons respectivement l'énergie
cinétique volumique, l'énergie potentielle volumique
de pesanteur et la pression.
Considérons maintenant deux applications importantes du
théorème de Bernoulli.
Si le fluide se déplace dans un plan horizontal, l'énergie
potentielle de gravitation reste constante et l'équation
de Bernoulli se réduit alors à:
(34.41)
Donc, dans un tuyau horizontal fermé, la vitesse est d'autant
plus grande que la pression est plus faible et réciproquement.
Nous utilisons aussi cet effet pour participer à la poussée
d'un avion du moins dans le cas d'essais en soufflerie dans une
cylindre fermé (attention ce paramètre est mineur
dans le cas d'un déplacement dans l'atmosphère qui
est un volume ouvert, car ce n'est pas ce qui contribue le plus
au vol d'un avion, c'est l'effet Magnus dont la démonstration
sera donnée plus loin un jour...).
Figure: 34.7 - Illustration du profil d'une aide avec les pressions correspondantes
Le profil d'une aile est construit de telle sorte que l'air ait
une vitesse plus grande au-dessus de la surface de l'aile qu'au-dessous,
ce qui produit une pression plus forte au-dessous qu'au-dessus
dans le cas d'un courant d'air dans un cylindre fermé (comme
c'était le cas lors des premiers essais en soufflerie au
début des années 1900!). Il en résulte donc
une force résultante vers le haut.
Autrement dit, une spécialiste dans l'aérodynamique
(pour les avions) ou en hydrodynamique (pour les stabilisateurs
de roulis des gros bateaux) dirait dans le cas d'essais en volume
fermé:
- À l'extrados: Par effet de courbure, les particules d'air
(d'eau) vont passer par une surface transversale plus faible dans
le cylindre d'essai et par effet Venturi vont alors accélerer.
Leur vitesse va donc d'abord s'accroître fortement pour diminuer
ensuite afin de retrouver au bord de fuite la vitesse initiale
de l'écoulement. Tout l'extrados est donc le siège
d'une dépression locale généralisée.
- À l'intrados: Par effet de courbure, les particules d'air
(d'eau) vont passer par une surface transversale plus grande dans
le cylindre d'essai et par effet Venturi vont alors décélérer.
Leur vitesse va donc diminuer fortement pour augmenter ensuite
afin de retrouver au bord de fuit la vitesse initiale de l'écoulement.
Tout l'intrados est donc le sièce d'une surpression locale
généralisée.
La portance d'une aile en ce qui concerne sa géométre
serait due en plus grande partie par la
dépression sur l'extrados, et non à la surpression
sur l'intrados. l'aile ne "repose" pas sur l'air, mais
est aspiré par
ce dernier vers le haut
C'est bien mieux ainsi non ?
Autre chose encore, si le fluide n'est pas en mouvement, nous
avons l'équation de Bernoulli qui s'écrit:
(34.42)
Il s'agit de "'équation de Laplace" en
hydrostatique (utilisée dans les vases communicants).
THÉORÈME DE TORRICELLI
Le théorème de Torricelli permet de déterminer
la vitesse d'écoulement d'un liquide. C'est un cas classique
d'étude dans les petites écoles.
Considérons un volume fermé contenant un liquide
de masse volumique et
muni d'un orifice de surface ,
duquel le liquide coule vers l'extérieur. Nous voulons déterminer
la vitesse d'écoulement
du liquide de cet orifice.
Figure: 34.8 - Schéma de principe pour le thoèrme de Toricelli
Le volume est supposé être assez grand pour que ni
le niveau du liquide, ni la pression P au-dessus de sa
surface ne
varient de façon appréciable pendant l'écoulement.
Comme le tube d'échappement de liquide va de la région
de la surface du liquide à l'orifice ouvert à l'air
libre, nous avons .
Un liquide coulant à l'air libre est à la pression
atmosphérique, ,
car le liquide est entouré d'air libre et rien ne peut maintenir
une différence de pression. D'après l'équation
de Bernoulli, avec ,
nous trouvons sur une ligne de courant:
(34.43)
d'où:
(34.44)
De l'équation de continuité ( ),
nous déduisons que si alors et est
alors négligeable devant .
Dans le cas particulier, mais fréquent, où le réservoir
est ouvert à l'air libre ( ),
la densité d'énergie de pression disparaît.
Le fluide coule sous l'effet de la gravité, sans être
poussé par une différence de pression. Nous trouvons
alors (en multipliant par la surface de l'orifice, nous obtenons
le débit):
(34.45)
qui est indépendant des sections! Évidemment en
utilisant cette dernière relation, dans le cas où sont
donnés le débit et la surface de l'orifice nous pouvons
en déduire la vitesse d'écoulement.
Cette relation constitue le "théorème
de Torricelli". Chose curieuse, nous avons déjà vu
cette relation dans le chapitre de MécaniqueCclassique
pour la vitesse de chute libre d'un corps. Il en retourne l'observation
faite par Torricelli: si le jet est dirigé directement
vers le haut, il atteint presque le niveau de la surface du liquide
dans le volume. La raison pour laquelle le jet n'atteint pas
effectivement ce niveau est une certaine perte d'énergie à cause
du frottement.
De ce résultat nous pouvons étudier un cas intéressant
dans la pratique et souvent aussi utilisé dans les cours
de modélisation numérique. Il s'agit de déterminer
le temps pour qu'un réservoir du type suivant se vide:
Figure: 34.9 - Vidange verticale d'un réservoir
Nous partons donc du théorème de Toricelli dans
le cas où l'orifice est beaucoup plus petit que la diamètre
du réservoir (nous verrons après que sinon la vitesse
n'est plus la même!):
(34.46)
et le débit est alors trivialement:
(34.47)
où le signe "-" est là pour
indique que le réservoir se vide. Nous avons aussi le débit
qui est défini par:
(34.48)
et le volume V pouvant être exprimé par:
(34.49)
Nous avons alors explicitement:
(34.50)
Dans notre cas particulier, la surface ne dépend
pas du z. Nous avons alors:
(34.51)
Soit après réarrangement:
(34.52)
Maintenant nous intégrons à gauche
de H à 0 (H étant la hauteur
initiale du fluide) et à droite de 0 à T.
Nous avons alors:
(34.53)
Soit après réarrangement nous en déduisons
que le temps T de vidange est:
(34.54)
et nous remarquons que si le rayon de l'orifice d'évauation
est égal au rayon du cylindre on retombe sur l'expression
du temps de chute libre d'une masse ponctuelle vu dans le chapitre
de Mécanique Classique.
VASES COMMUNICANTS
Parlons un tout petit peu des vases communicants car l'air de
rien, encore en ce début du 21ème siècle, la majorité des
immeubles ont un approvisionnement de l'eau courante basée sur
ce principe (lacs de réserve en hauteur, sources en hauteur, châteaux
d'eau) et de nombreuses personnes ont fait usage du principe des
vases communicants pour siphonner un fluide d'un réservoir/récipient
d'un autre au moins une fois dans leur vie.
Nous pouvons d'abord introduire le concept intuitivement en nous
basant sur le constat expérimental des 4 vases communicants de
la figure suivante avec un fluide non visqueux:

Figure: 34.10 -Photo du principe des vases communicants
nous constatons que les que le fluide se stabilise à la même hauteur
pour les quatre vases quelle que soit leur forme!
Il en va de même pour un château d'eau (indispensable s'il s'agit
de diminuer les coûts d'approvisionnement et si l'emplacement ne
permet pas de jouer avec la topographie des lieux):

Figure: 34.11 - Application des vases communicants avec des châteaux d'eaux
Ainsi, si nous voulons au 4ème étage d'un immeuble avoir un débit
minimal à un robinet donné, nous allons devoir appliquer le théorème
de Torricelli pour savoir à combien de mètres h au-dessus
du niveau du robinet soit de trouver le niveau d'eau du château
d'eau.
Nous avions obtenu plus haut:
(34.55)
Donc:
(34.56)
Soit en utilisant la définition du débit:
(34.57)
Où D est débit à assurer en mètres cubes par seconde et S,
la section à travers laquelle nous devons assurer ce même débit?
Ainsi, un débit de 0.05 litre par seconde (typique d'un robinet
de cuisine ou de salle de bain) à travers une section ayant un
rayon de 0.5 centimètres donnera:
(34.58)
Valeur qui ne prend donc pas en compte les pertes
de charges dans la conduite!
EFFET VENTURI
Certaines applications pratiques de la mécanique des fluides
résultent de l'interdépendance de la pression et
la vitesse. Il y a une catégorie de situations dans lesquelles
la variation d'énergie potentielle gravitationnelle est
négligeable. L'équation de Bernoulli relie alors
la différence de pression à la différence
d'énergie cinétique donc la variation du carré de
la vitesse.
Nous considérons un fluide incompressible (!), non visqueux
et de masse volumique .
Le fluide s'écoule en régime permanent dans une canalisation
cylindrique de rayon et
de section suivie
par un tube cylindrique de rayon et
de section et
qui reprend ensuite la géométrie initiale de rayon et
de section (il
s'agit typiquement d'un racordement qu'il est d'usage d'appeler
"tube de Venturi"). Le raccordement
est fait par une canalisation cylindrique assez longue pour que
l'on reste
en
régime
laminaire:

Figure: 34.12 - Tube de Venturi
Nous savons (équation de continuité) que:
(34.59)
qui veut dire, comme nous l'avons vu, qu'une diminution de la
section traversée par le fluide se traduit par une augmentation
de sa vitesse.
Dans toute situation où le flux entrant est environ au
même niveau que le rétrécissement ,
l'équation de Bernoulli s'emploie pour exprimer la différence
de pression:
(34.60)
devient:
(34.61)
Utilisant l'équation de continuité, pour éliminer
(arbitrairement) ,
nous obtenons:
(34.62)
Nous pouvons aussi écrire en utilisant l'équation
fondamentale de l'hydrostatique:
(34.63)
Comme le
second membre de la relation est positif et :
il y a donc une chute de pression dans la région étroite.
En arrivant à la région divergente à nouveau
en ,
la pression du fluide augmente de nouveau et la vitesse reprend
sa valeur initiale. Cette diminution de la pression qui accompagne
l'augmentation de la vitesse est appelée "effet Bernoulli" ou "effet
Venturi".
Ainsi, la vitesse du fluide augmente dans un goulot d'étranglement
pour satisfaire l'équation de continuité (conservation
du flux/masse) et le fait qu'il soit incompressible (sinon il y
aurait une sorte de bouchon...).
Remarque: Paradoxalement l'effet
Venturi se produit aussi lors du franchissement d'un sommet ou
d'une crête par l'air atmosphérique ou également
dans les rues des villes. En effet, l'air qui arrive sur la montagne
ou la crête à tendance à "s'écraser" dessus.
La section d'écoulement de l'air au sommet est donc plus
faible qu'à la base. Il se produit donc également
un effet Venturi: la vitesse du vent est plus élevée
sur les sommets et les crêtes qu'en bas (les professionnels
du planeur en savent quelque chose...).
De la dernière relation, nous tirons trivialement une égalité
très utile dans la pratique:
(34.64)
qu'il suffit de multiplier par la surface pour
avoir le débit dans le racordement. Évidemment nous avons de même:
(34.65)
TUBE DE PITOT
Le tube de Pitot permet la mesure de la vitesse d'écoulement
d'un fluide/gaz subsonique parfait (supposé en écoulement permanent).
Le tube de Pitot le plus utilisé en aéronautique consiste à pratiquer
dans un tube, un orifice de prise de pression en A et en B:

Figure: 34.13 - Tube de Pitot horizontal
Le point A est un point d'arrêt, car la vitesse y est nulle
(il n'y a pas d'écoulement dans l'orifice, c'est juste une
prise de pression). Loin de l'obstacle (le tube de Pitot) l'écoulement
est supposé uniforme de vitesse v et de pression .
En A (point d'arrêt), en utilisant la relation de Bernoulli
le long de la ligne de courant et en considérant la variation
de hauteur entre A et B négligeable, la pression
vaut:
(34.66)
Nous avons donc:
(34.67)
Donc pour les avions à partir de la différence d'une
mesure de pression et de la connaissance de la densité du
gaz, il est possible de connaître la vitesse! En multiplisant
par la section du conduit nous avons aussi alors le débit correspondant.
Remarque:En aéronautique, la
pression dynamique s'ajoute à la pression statique pour
donner la pression totale qui peut être mesurée au point
de vitesse nulle du tube Pitot. En enlevant la pression statique,
on trouve la "pression dynamique".
Il existe une autre variante du tube de Pitot plus utilisé dans
le domaine industriel dont voici le schéma:

Figure: 34.14 - Tube de Pitot vertical
Nous appliquons donc aussi le théorème de Bernoulli
sur l'axe de la conduite. Nous y avons alors (nous détaillons les
développements un peu plus que dans l'exemple précédent):
(34.68)
or , et
donc:
(34.69)
Mais nous avons aussi en utilisant le théorème fondament
de l'hydrostatique:
(34.70)
Nous avons alors:
(34.71)
PERTE DE CHARGE (PRESSION)
Lorsque, dans un écoulement d'un fluide parfait, il n'y
a aucune machine (ni pompe ni turbine) entre les points (1) et
(2) d'une même ligne de courant, la relation de Bernoulli peut
s'écrire sous la forme suivante:
(34.72)
Lorsque le fluide traverse une machine hydraulique, il échange
de l'énergie avec cette machine sous forme de travail pendant
une durée donnée. La puissance P échangée
est alors (cf. chapitre de Mécanique
Classique):
(34.73)
où par convention, si l'énergie
est reçue par le fluide (pompe) sinon, si l'énergie
est fournie par le fluide (turbine).
Si le débit-volume est ,
la relation de Bernoulli s'écrit alors logiquement:
(34.74)
où:
(34.75)
Un fluide parfait n'existe pas. Lors d'un écoulement dans
une conduite, les forces de frottement dissipent une partie de
l'énergie cinétique et potentielle ce qui se traduit
par l'existence de pertes de charges dont il s'agit de tenir compte.
Considérons un écoulement cylindrique horizontal
stationnaire et incompressible. Si nous appliquons la relation
de Bernoulli entre l'entrée et la sortie, nous obtenons:
(34.76)
Or, expérimentalement, nous observons qu'il faut imposer
une pression plus importante en entrée pour entretenir le
régime permanent. En effet, les forces de viscosité résistent à l'écoulement.
Il faut donc imposer une suppression que
nous appelons "perte de charge en pression" et qui est
due à l'existence de forces de frottements (viscosité)
ou de pertes singulières (géométrie des circuits
de distribution).
L'équation de Bernoulli généralisée
s'écrit alors dans ce cas d'étude qui fait partie
de l'ingénierie des procédés:
(34.77)
Cette relation est souvent utilisée dans l'étude
théorique (...) des problèmes de conduite.
Dans la pratique, la perte de charge est calculée à partir
de la loi de Poiseuille que nous avons démontrée plus
haut:
(34.78)
où pour rappel J est la notation
traditionnelle du débit volumique dans ce domaine particulier.
Ce qui est intéressant à observer avec
la loi de Poiseulle dans le cas de l'analyse des pertes de charge
c'est que le débit volumique est donc inversement proportionnel à la
distance l de la conduite horizontale. Ainsi, la perte
de charge et donc la pression à l'extrémité d'une
conduite se calcule très facilement en réarrangement
la relation ci-dessus:
(34.79)
Donc évidemment la pression à l'extrimité d'une
conduite est moins grande que la pression en amont.
ÉQUATIONS DE NAVIER-STOKES
Soit un parallélépipède élémentaire
extrait d'un fluide statique à l'équilibre de dimensions dx, dy, dz représenté à la
figure ci-dessous. La matière à l'équilibre
composant le parallélépipède est en général
soumise à des forces de volume dans toutes les directions
(théorème de Pascal) dont les composantes sur les
trois axes orthogonaux sont représentées sur
la figure ci-dessous (ces forces peuvent être de nature gravitationnelles, électromagnétiques
ou inertielles...).

Figure: 34.15 - Parallélépipède élémentaire extrait
d'un fluide statique à l'équilibre
Remarques:
R1. Il est important de remarquer que les composantes de tous
les vecteurs visibles sur la figure ci-dessus sont exprimées
en newton par unité de surface, soit en d'autres termes
par unité de pression (qui est l'unité de la
contrainte pour rappel...).
R2. Il est important d'être attentif au plus haut point à ce
qui va suivre car certains des résultats que nous obtiendrons
ici seront réutilisés dans le chapitre de Relativité Générale
pour comprendre le tenseur d'énergie-impulsion!!
Nous pouvons, comme nous l'avons représenté ci-dessus,
décomposer et translater l'ensemble des forces auxquelles
est soumis le parallélépipède aux centres
des faces de ce dernier. Nous représentons bien évidemment
chacune des contraintes sur chacune des faces comme la somme des
contraintes normales et tangentielles telles que nous l'avions
fait pour l'étude des solides sous contrainte (selon les
trois axes toujours, d'où la somme de trois composantes!).
Au total, nous nous retrouvons avec 18 composantes de contraintes
normales et tangentielles:
(34.80)
Nous cherchons à minimiser le nombre de composantes normales
afin de déterminer quelles sont les contraintes suffisantes
sur chacun des axes. Ainsi, nous poserons:
(34.81)
Donc trois composantes suffisent pour connaître les forces
de contraintes normales aux surfaces selon chaque axe.
Si nous effectuons la somme des moments de forces par rapport
aux centres de gravité pour chaque axe de symétrie
du parallélépipède (XX',YY',ZZ') il
est évident que sur les 12 composantes tangentielles, 6
suffisent pour décrire l'ensemble du système.
Ainsi pour le plan XOY passant par le centre de
gravité nous avons:
(34.82)
Pour le plan XOZ:
(34.83)
Pour le plan ZOY:
(34.84)
Donc pour chaque plan (XOY, ZOY, ZOX),
une composante suffit pour décrire l'ensemble de moments
de forces.
Ainsi, par souci de simplification d'écriture, nous poserons
(il est plus conforme de faire les développements avec des
indices en minuscules):
et
(34.85)
Au total, cela nous fait donc 3 composantes tangentielles plus
3 composantes normales qui sont suffisantes et nécessaires
pour décrire les contraintes sur le parallélépipède
selon chaque axe du plan de symétrie de ce dernier:
(34.86)
Nous pouvons obtenir les mêmes composantes d'équilibre
en considérant cette fois un tétraèdre régulier élémentaire
(extrait du cube) statique. Le but étant de démontrer
que nous retrouvons bien les 6 composantes déterminées
précédemment.

Figure: 34.16 - Tétraèdre régulier élémentaire extrait
d'un fluide à l'équilibre
Remarque: Il est important d'observer à nouveau
que les composantes de tous les vecteurs visibles sur la figure
ci-dessus sont exprimées en newton par unité de surface,
soit en d'autres termes par unité de pression (qui est l'unité de
la contrainte pour rappel...).
Pour connaître l'aire des faces OAC, OBC, OAB ,
nous multiplions la surface ABC (notée ci-après: S)
par le cosinus de l'angle que forment les vecteurs et .
Effectivement, soit les surfaces:
et
(34.87)
Cependant, nous cherchons à exprimer les en
fonction de S. Le schéma ci-dessous (coupe du tétraèdre)
devrait aider à comprendre le raisonnement:
(34.88)

et donc:
(34.89)
Finalement:
(34.90)
Le rapport:
(34.91)
d'où:
(34.92)
Le principe d'analyse étant le même pour toutes les autres
surfaces telles que:
(34.93)
Nous écrirons donc:
(34.94)
tel que:
(34.95)
Remarque: Nous pouvons facilement
connaître les valeurs des  à l'aide
de l'analyse vectorielle. Effectivement, le plan ABC étant
d'équation:
(34.96)
en simplifiant par :
(34.97)
Le vecteur normal au plan étant bien:
(34.98)
pour connaître les cosinus de l'angle du vecteur normal
avec les ,
il suffit d'assimiler ces derniers aux vecteurs de base tel
que (trigonométrie élémentaire):
(34.99)
et en procédant de même pour tous les autres .
L'équilibre des forces nous donne:
(34.100)
Après simplification:
(34.101)
Suivant les autres axes:
(34.102)
Soit en résumé:
(34.103)
En utilisant la représentation matricielle, nous obtenons:
(34.104)
Soit en notation indicielle les contraintes normales et tangentielles
sont données par la relation traditionnelle suivante (où nous
ne distinguons plus ce qui est tangentiel de ce qui est normal
donc il y a une perte de clarté):
(34.105) .
Nous voyons apparaître une grandeur mathématique ayant
9 composantes, alors qu'un vecteur dans le même espace en
possède 3. Nous connaissons ce genre d'être mathématique
que nous avons déjà étudié en algèbre
dans le chapitre de Calcul Tensoriel. La grandeur est
appelée "tenseur des contraintes
du second ordre". En outre, certaines composantes peuvent être égales
( ,
si )
, ce qui le rendrait symétrique. Il ne possède alors
plus que les 6 composantes distinctes, relativement aux nombres
de composantes suffisantes pour décrire totalement un système à l'équilibre.
Pour étudier les déformations d'un milieu continu
tel qu'un fluide, nous considérerons d'abord le cas de très
faibles déformations. Les petits déplacements d'un
point seront représentés par u, v, w parallèles
aux axes d'un référentiel OXYZ. Nous admettons
que ces composantes sont des quantités très faibles
variant d'une façon continue dans le volume du corps considéré.
Soit un segment linéaire OP situé dans
un solide avant déformation. Dans un référentiel OXYZ,
nous noterons et les
coordonnées de O et P.
Pendant la déformation, la ligne OP devient O'P' tel
que représenté ci-dessous:

Figure: 34.17 - Segment linéaire dans un solide avant et après déformation
Soient les
déplacements du point O parallèlement aux
axes OX, OY, OZ et
les
déplacements du point P parallèlement aux
mêmes axes.
Les coordonnées des points O' et P' sont
alors:
et
(34.106)
Avant déformation, soit L la longueur OP :
(34.107)
Après déformation, nous avons une longueur L'
valant:
(34.108)
Si est
l'allongement de l'élément OP pendant la déformation,
nous avons:
(34.109)
En effectuant les quelques transformations suivantes:
(34.110)
En développant:
(34.111)
Soit:
(34.112)
En négligeant les termes de déplacement d'ordre
supérieur et en tenant compte de la relation:
(34.113)
il vient que disparaît
avec ainsi
que les termes au carré, nous avons:
(34.114)
Or, la géométrie analytique (trigonométrie élémentaire;
rapport des côtés opposés et adjacents à l'hypoténuse)
donne les relations suivantes:
(34.115)
qui sont les cosinus directeurs de la droite L.
Nous pouvons alors écrire:
(34.116)
La variation étant
un déplacement faible, nous avons recours à un développement
en série de Taylor (cf. chapitres
Suites Et Séries) dont nous négligeons les
termes d'ordres supérieurs (linéarisation des équations):
(34.117)
Nous avons également:
(34.118)
La différence donne:
(34.119)
Donc, nous pouvons maintenant écrire:
(34.120)
Finalement:
(34.121)
En groupant, nous avons:
(34.122)
Cette expression permet en un point quelconque le calcul de la
déformation dans
une direction ayant comme cosinus directeur l, m, n en
fonction des déplacements u, v, w en
ce point!
Soit le cas où la ligne L coïncide avec l'axe OX,
nous avons ,
l'équation précédente devient alors:
(34.123)
Nous avons, si L coïncide avec l'axe OY ou
avec l'axe OZ :
(34.124)
Les grandeurs sont
appelées "déformations
normales" et n'ont pas d'unités.
Pour l'interprétation des termes ,
nous nous référerons à la figure suivante:

Figure: 34.18 - Situation permettant de faire émerger les tensions de cisaillement
Soient deux segments de droite OR et OQ situés
dans le plan XOY. Avant déformation OR et OQ coïncidaient
avec le référentiel orthonormé YOX.
Après déformation, ils peuvent prendre la position O'R' et O'Q'.
Les composantes du déplacement de O sont u, v .
- La composante du déplacement de R' est calculée
comme suit:
avec
(34.125)
car l'angle est faible .
En toute généralité comme ,
nous écrirons:
(34.126)
- La composante du déplacement de Q' est
elle:
(34.127)
Comme avant déformation, l'angle QOR est
de ,
après déformation, l'angle droit est réduit
de .
Cette réduction est
appelée "déformation de
cisaillement" ou "déformation
tangentielle" et est notée par .
Nous procéderons de la même façon pour les autres
termes, d'où:
(34.128)
Au vu de ce qui précède, il est d'usage de définir la "matrice
d'opérateurs différentiels":
(34.129)
Compte tenu du quadruplet de groupes d'équations démontrées
précédemment dans cette section (voir les déformations
des solides):


(34.130)
Nous pouvons résumer:
(34.131)
Au vu de ce qui précède, il est d'usage de définir
la "matrice de transformation des contraintes
en déformations":
(34.132)
où il est possible d'inverser la matrice pour ainsi obtenir
alors la matrice de transformation des déformations en contraintes.
Généralement, nous posons pour simplifier les notations
(il faut cependant ne pas croire que la déformation en cisaillement
devient une déformation normale! ce n'est qu'une convention
d'écriture dont le physicien doit se rappeler!):
(34.133)
De même, nous posons:
(34.134)
Soit finalement:
(34.135)
En tenant compte que:
(34.136)
Nous obtenons les tensions de cisaillement comme suit:
(34.137)
Considérons maintenant, pour exemple, un fluide circulant
dans la direction de OY avec un gradient de vitesse dans
la direction de x:

Figure: 34.19 - Situation permettant de faire émerger les contraintes normales
En se plaçant au niveau de y et au
point 1 d'abscisse x, nous avons une vitesse et
au point 2 d'abscisse x+dx, une vitesse:
(avec )
(34.138)
Dans la direction de x, il n'y a pas de composante de
vitesse donc:
(avec )
(34.139)
Nous supposons maintenant que les tensions de cisaillement sont
proportionnelles à à un
facteur près tel que:
(34.140)
avec pour rappel:
(34.141)
Il est donc possible de considérer des déplacements
par unité de temps en posant:
(34.142)
En rapprochant cette dernière relation de:
(34.143)
nous pouvons dire alors que G initialement valable dans
un milieu élastique solide considéré par ses
déplacements est l'analogue de dans
le cas d'un fluide visqueux considéré par ses déplacements
par unité de temps. Ainsi, nous voyons que les unités
sont conservées.
En considérant également les déformations
par unité de temps pour les contraintes normales (nous y
reviendrons en détail un peu plus loin), nous avons alors
le système d'équations:
(34.144)
Ainsi, nous obtenons une écriture condensée:
(34.145)
où est
le symbole de Kronecker:
=
(34.146)
Le tenseur décrit
ainsi en partie l'ensemble des contraintes d'un fluide visqueux
dans lequel nous avons supposé dans le cadre de l'hypothèse
d'un fluide newtonien qu'il y a des relations linéaires
entre les tensions et les déformations normales.
Nous posons maintenant la somme des contraintes dynamiques sous
une forme générale que nous allons justifier:
(34.147)
où le terme se
justifie par le fait que dans le cas statique, une pression dynamique
constante p existe toujours en un point d'un fluide
ce que l'on n'a pas dans le cas d'un solide. Pour justifier le
signe négatif, nous observerons que dans l'expression de ,
les deux premiers termes du membre de droite correspondent, dans
l'étude précédente, à des contraintes
d'extension, alors que la pression p correspond à une
compression du fluide.
Il nous reste à présent, à déterminer
le coefficient . Soit ,
nous avons alors .
Il vient successivement et par addition:
(34.148)
Cette expression doit répondre à un fluide qui est également
dans une situation statique (au repos) telle que:
(34.149)
Il vient alors que dans le cas statique:
(34.150)
Puisque:
(34.151)
Nous avons alors:
(34.152)
L'expression générale des contraintes s'écrit
alors:
(34.153)
Présentement, nous allons introduire les opérateurs
de l'analyse vectorielle afin de disposer d'une expression plus
générale. De cette façon, nous pourrons adapter
la formulation à n'importe quel système de coordonnées
(cartésiennes, cylindriques, sphériques,...) ce qui
facilitera la résolution de problèmes pratiques.
Nous avons vu que pour un solide, nous avions:
(34.154)
Nous allons déterminer ces équations sous une forme
indicielle en considérant toujours des déplacements
par unité de temps (vitesses).
(34.155)
tel que et
que 
Pour nous
avons ainsi:
ou
(34.156)
Pour nous
avons:
ou
(34.157)
Nous pouvons dès lors écrire:


(34.158)
En effectuant la somme des termes de:
(34.159)
Or, les outils de l'analyse vectorielle nous permettent d'écrire:
(34.160)
Pour le fluide, nous aurons ainsi:
(34.161)
L'équation générale dynamique des contraintes
s'écrira alors sous la forme suivante pour un fluide newtonien:
(34.162)
Tenseurs des contraintes que certains auteurs notent (l'écriture
est un peu dangereuse mais elle a une justification dans un cadre
d'étude plus approfondi des fluides!):
(34.163)
ou encore pour différencier vecteur et tenseur:
(34.164)
Si les contraintes normales (fluide incompressible) sont négligeables
le deuxième terme se simplifie et nous avons alors (relation
que nous retrouverons dans le chapitre de Génie Marin Et
Météo):
(34.165)
Il est, à présent, utile de repasser sous une forme
développée pour l'équation précédente,
en se rappelant que (voir plus haut):


(34.166)
Écrivons maintenant le système d'équations
de Newton (sommes des contraintes dynamiques internes et externes à un élément
de volume d'un fluide) qui est:
(34.167)
où:
- est
la somme des forces externes par unité de volume
- est
la notation traditionnelle (malheureuse...) de l'accélération
massique en 
- est
la densité du fluide
et qui peut s'écrire sous forme condensée:
(34.168)
avec:
(34.169)
Nous avons:
(34.170)
En introduisant les expressions de obtenues
dans la relation ci-dessus, nous aboutissons aux équations:

(34.171)
Ce sont les "équations de Navier-Stokes
de la dynamique des fluides newtoniens". Il en existe
deux formes condensées que nous allons de suite déterminer:
En reprenant la première équation de Navier-Stokes
et en la développant, il vient:

(34.172)
Comme:
(34.173)
et que:
(34.174)
Nous obtenons:
(34.175)
En simplifiant, il vient finalement:
(34.176)
En opérant de la même manière pour les deux autres
composantes, nous pouvons réduire le système d'équations
de Navier-Stokes à une seule équation vectorielle:
(34.177)
Comme (cf. chapitre de Calcul Vectoriel)
le laplacien vectoriel est donné par:
(34.178)
Nous avons:
(34.179)
Soit au final:
(34.180)
Remarque: Nous trouvons également
parfois dans la littérature, une équation contenant
une seconde viscosité  ,
alors que  ne
se manifeste rigoureusement que lors du cisaillement pur selon
nos hypothèses,  apparaît
lors d'une compression omnidirectionnelle s'accompagnant d'une
variation de densité.
L'équation précédente s'écrit alors:
(34.181)
C'est "l'équation de Navier-Stokes" ou
aussi appelée "équation
de mouvement pour un fluide newtonien".
FLUIDE INCOMPRESSIBLE
Dans un fluide incompressible, nous avons par définition .
L'équation de conservation qui est (cf.
chapitre de Thermodynamique):
(34.182)
s'écrit alors:
(34.183)
soit la divergence du champ de vitesse est nulle:
(34.184)
L'équation de Navier-Stokes sous la forme:
(34.185)
s'écrit alors:
(34.186)
ou autrement:
(34.187)
Si de plus la viscosité est
négligeable, nous avons donc pour un fluide parfait:
(34.188)
Cette équation est appelée "équation
d'Euler de 1ère forme" ou encore "équation
locale du bilan de conservation de la quantité de mouvement".
Nous réutiliserons cette relation dans le cadre de notre étude
des ondes de gravité (vagues) dans le chapitre de Génie
Météo Et Marin.
Remarque: Il a été démontrer
en 1996 par Vladimir Scheffer (mais la démonstration est
horriblement complexe et compréhensible seulement par quelques
personnes sur la planète) que l'équation d'Euler
dans le plan autorise une création spontanée d'énergie!
Donc une création d'énergie à partir de rien!
Une année plus tard un autre mathématicien présente
une nouvelle preuve du même résultat. Quelques années
plus tard, deux jeunes mathématiciens ont démontré qu'il était
inutile d'imposer un critère aux solutions pour éviter
ce paradoxe...
Il existe une deuxième forme de l'équation d'Euler
dans le cadre d'un fluide incompressible et à viscosité négligeable
que nous allons de suite déterminer (souvent utilisée
dans l'industrie):
Si ,
nous pouvons écrire:
(34.189)
Ce qui peut aussi s'écrire:

(34.190)
Ce qui s'écrit encore:
(34.191)
Le premier facteur peut être considéré comme le
produit scalaire suivant:
(34.192)
Soit:
(34.193)
La "dérivée particulaire" peut
alors prendre la forme condensée suivante:
(34.194)
où l'expression entre parenthèses est
le "terme d'advection".
L'advection est le transport d'une quantité scalaire ou
vectorielle conservée, par un champ vectoriel. Un exemple
est le transport de matière polluante par le flux d'une
rivière. En météorologie et en océanographie,
l'advection se réfère surtout au transport horizontal
de certaines propriétés par les fluides considérés,
dont le transport par le vent ou les courants : advection de vapeur
d'eau, de chaleur, de salinité, etc.
Remarque: La composante en x de
la dérivée particulaire est donc (nous retrouverons
cela dans le chapitre de Génie Marin Et Météo!):
(34.195)
ce que les spécialistes du domaine notent de manière
générale pour toute composante:
(34.196)
L'équation d'Euler de 1ère forme:
(34.197)
devient compte tenu de la dérivée particulaire:
(34.198)
ou encore (forme courante dans la littérature):
(34.199)
Nous avons vu dans le chapitre de Calcul Vectoriel que:
(34.200)
Si nous posons ,
nous avons:
(34.201)
Soit:
(34.202)
Finalement, nous obtenons une nouvelle équation appelée "équation
d'Euler de 2ème forme" et qui s'écrit:
(34.203)
Bien que les deux équations d'Euler soient très
importantes, il en existe une forme variée très utile
en météorologie que nous allons de suite déterminer.
Nous nous basons toujours sur l'écoulement d'un fluide
incompressible et non visqueux, mais dont les forces de volume
dérivent cette fois-ci d'un potentiel (U étant
un potentiel).
Dans ce cas, nous recourons à l'équation d'Euler
sous sa 1ère forme:
(34.204)
Puisque les forces volumiques dérivent
d'un potentiel U, nous avons:
(34.205)
Nous rappelons la relation:
(34.206)
Soit un
vecteur ,
il vient:
(34.207)
donc:
(34.208)
donc nous pouvons aussi écrire:
(34.209)
En reprenant la relation:
(34.210)
l'équation:
(34.211)
devient alors:
(34.212)
et en utilisant:
(34.213)
cette dernière devient:
(34.214)
et puisque:
(34.215)
nous pouvons finalement écrire:
(34.216)
Généralisons cette dernière relation en faisant
apparaître d'éventuelles rotations. Pour cela, nous
savons que donc:
(34.217)
En écrivant le produit vectoriel sous
forme développée, nous avons:
(34.218)
Ce qui donne:
(34.219)
Supposons que soit
un vecteur vitesse angulaire constant, nous avons alors:
(34.220)
Définition: Nous disons qu'un "écoulement
est tourbillonnaire" si le rotationnel du champ de
vitesse est non nul:
(34.221)
partout ou en certains points. Nous définissons aussi de
la relation antéprécédente la "vorticité" par:
(34.222)
Exemple d'écoulement partiellement tourbillonnaire (en
certains points):

Figure: 34.20 - Exemple d'un écoulement tourbillonnaire
L'équation:
(34.223)
s'écrit alors:
(34.224)
Nous retrouvons dans cette équation, utilisée en
météorologie, l'accélération de Coriolis
que nous avions déterminée dans le chapitre de Mécanique
Classique.
Si l'écoulement s'effectue à vitesse constante et
n'est pas rotationnel (non turbulent) ,
alors l'équation précédente se réduit à:
(34.225)
En dynamique classique du point matériel rigide, nous avons
montré que dans le cas d'un potentiel gravitationnel Terrestre:
(34.226)
z étant l'altitude d'un point du fluide par
rapport à un niveau de référence .
Si nous prenons pour
le niveau du sol, l'avant-dernière relation devient donc
dans le cas d'un écoulement dit alors "écoulement
potentiel":
(34.227)
Le terme entre crochets pour satisfaire cette relation doit être
tel que:
(34.228)
Nous retrouvons donc bien le théorème de Bernoulli,
ce qui conforte notre modèle des fluides newtoniens selon
le modèle de Navier-Stokes.
Si inversement l'écoulement est tourbillonaire, donc tel
que:
(34.229)
Or, comme nous l'avons démontré dans
le chapitre de Calcul Vectoriel, si le rotationnel d'une variable
vectorielle est nul, la variable peut être exprimée
comme le gradient d'un potentiel scalaire! Dès lors, dans
le cas tourbillonaire, le champ de vitesse dérive alors
d'un potentiel de vitesse:
(34.230)
Et si en plus le le fluide est incompressible, comme
nous l'avons vu plus haut:
(34.231)
Alors en combinant les deux dernières relations
il vient (divergence du gradient):
(34.232)
Soit explicitement:
(34.233)
Le potentiel des vitesses dans le cas d'un liquide
incompressible et non-tourbillonaire vérifie donc l'équation
de Laplace!
FLUIDE COMPRESSIBLE
Dans ce cas est
une fonction de la pression p (cas des "fluides
barotropes"). Nous considérons également
que la viscosité est négligeable. Il vient alors:
(34.234)
L'équation:
(34.235)
s'écrit alors:
(34.236)
FLUIDE STATIQUE
Dans le cas statique et l'équation:
(34.237)
devient simplement:
(34.238)
qui est "l'équation de la statique
des fluides" ou la "loi
fondamentale de l'hydrostatique". Sous forme discète
et plus classique (réarrangée), nous retrouvons
le relation des manuels scolaires:
(34.239)
ou encore en prenant la hauteur initiale comme étant
nulle:
(34.240)
Remarque: Les viscosités disparaissant,
la statique des fluides est la même pour les fluides visqueux
ou non visqueux.
NOMBRE DE REYNOLDS
Considérons d'abord, pour simplifier, le cas incompressible.
L'équation de continuité, ou de conservation de
la masse, (cf. chapitre de Thermodynamique):
(34.241)
s'écrit alors dans ce cas particulier:
(34.242)
Nous choisissons maintenant plusieurs grandeurs de références
sans dimensions notées par un indice r telles
que:
et
(34.243)
De par ces définitions, nous avons par exemple:
(34.244)
donc l'équation des déformations par unité de
temps devient:
(34.245)
Mais nous avons également:
(34.246)
Restreignons-nous à l'étude d'une composante seulement:
(34.247)
En multipliant cette dernière relation par la densité et
par définition de la vitesse:
(34.248)
Reprenons maintenant une des formulations possible de l'équation
de Navier-Stokes démontrée plus haut:
(34.249)
En n'oubliant pas que pour un fluide incompressible nous avons:
(34.250)
l'équation de Navier-Stokes précédente, se
réduit à:
(34.251)
Or, pour un fluide nous avions supposé plus haut que les
tensions de cisaillement étaient données par:
(34.252)
Les termes où apparaissent les coefficients de viscosité peuvent être
réécrits tels que:
(34.253)
Ainsi par correspondance:
(34.254)
que nous pouvons écrire sous forme encore plus condensée
en utilisant un peu abusivement la notation tensorielle:
(34.255)
En introduisant les variables adimensionnelles:
(34.256)
Maintenant, multiplions cette dernière relation par et
divisons-la par des
deux côtés de l'égalité tel qu'elle
devienne:
(34.257)
Au niveau dimensionnel, remarquons que nous avons:
(34.258)
Finalement:
(34.259)
Cette équation différentielle exprimée en
variables relatives et sans dimensions est appelée "équation
de Navier-Stokes-Reynolds adimensionnelle"
Le terme ,
appelé "nombre de Reynolds",
représente au niveau symbolique le rapport des forces d'inerties
sur les forces visqueuses:
(34.260)
où est
la "viscosité cinématique
relative". La viscosité dynamique est donc un
terme inversement proportionnel à la valeur du nombre de
Reynolds.
Nous retrouvons également souvent cette dernière
relation sous la forme suivante (identification terme à terme
avec la première égalité de l'expression précédente où 2R est
le diamètre de la section circulaire du tube qui transporte le
fluide):
(34.261)
Si en lieu et place de la vitesse c'est le débit massique qui
est mesuré à travers une section circulaire, nous avons alors
en utilisant la relation suivante entre débit massique et vitesse
de fluide dans un tube cylindrique:
(34.262)
Une autre écriture pour la relation antéprécédente que nous retrouvons
souvent dans la pratique industrielle:
(34.263)
Dans la pratique nous calculons régulièrement le
temps qu'il faudrait pour remplir un réservoir de volume donné
avec un fluide ayant un débit massique, une densité, une viscosité
et un Nombre de Reynolds connus dans un tuyau clindrique dont les
rayon est lui aussi connu. Dès lors, il vient:
(34.264)
APPROXIMATION DE BOUSSINESQ
Soit la relation déjà démontrée précédemment:
(34.265)
En y remettant le terme contenant la viscosité:
(34.266)
sans oublier qu'au niveau des notations (nous savons… c'est
un peu embêtant):
(34.267)
Si le potentiel est de type gravitationnel, il va de soi que:
(34.268)
Donc:
(34.269)
Si l'on peut considérer le contexte de l'expérience
telle que la densité volumique est inférieure ou égale à celle
de l'eau et que les vitesses sont petites, alors nous pouvons éliminer
les termes de second degré, tel que la relation précédente
s'écrive:
(34.270)
Nous nous plaçons dans le cadre d'un fluide faiblement
turbulent, dans lequel la pression et la densité s'écrivent:
(34.271)
où représentent
le terme d'accroissement turbulent par rapport aux valeurs statiques
du fluide.
Nous négligeons également les frottements sur les
bords et donc la viscosité en supposant que l'effet des
turbulences devient vite prépondérant sur la valeur
du frottement.
Donc, nous avons le système d'équations:
(34.272)
qui peut s'écrire:
(34.273)
et encore:
(34.274)
ce qui s'écrit aussi:
(34.275)
Mais dans le cas statique:
(34.276)
Il nous reste donc:
(34.277)
En divisant le tout par :
(34.278)
mais encore une fois:
(34.279)
L'approximation de Boussinesq consistant à supposer que
le fluide est incompressible et que le système est à température
constante et peu turbulent, nous avons:
(34.280)
Ce qui nous donne:
(34.281)
Cette équation s'appelle "équation
de Boussinesq" et va nous permettre d'introduire
la théorie du chaos dans le domaine de la météorologie
et des fluides dans le cas particulier des cellules de convection.
LOI DE STOKES
La complexité de l'hydrodynamique est un terrain tout désigné pour
l'application de l'analyse dimensionnelle dont nous avons parlé au
tout début de notre étude de la mécanique
analytique. L'exemple analysé ici montre clairement les
possibilités, mais aussi les limites de la méthode.
Nous envisageons un solide de forme quelconque plongé dans
un fluide incompressible animé d'une vitesse uniforme à grande
distance (le problème est équivalent à celui
d'un solide qui se déplace à vitesse constante dans
un fluide au repos). Nous cherchons à exprimer la force F qu'exerce
le fluide sur l'obstacle, supposé immobile (et notamment
dépourvu de tout mouvement de rotation).
La solution analytique est trop complexe pour perdre son temps à résoudre
ce genre de problème pratique. Il convient de recourir à l'analyse
dimensionnelle.
Les paramètres pertinents sont dans notre étude:
- L la dimension linéaire de l'obstacle
- v la vitesse du fluide à grande distance
- la
masse du fluide
- le
coefficient de viscosité du fluide
Comme il se doit, tous ces paramètres sont des constantes,
bien que la vitesse varie en direction et en norme au voisinage
de l'obstacle: à grande distance, elle est uniforme et sa
valeur v est bien un paramètre pertinent.
Nous pourrions nous demander si la pression ne devrait pas compter
au nombre de ces paramètres. Ce n'est pas le cas. La pression
est conditionnée par la valeur de la vitesse et par celles
des paramètres constants comme nous l'avons voyons dans
le théorème de Bernoulli. Inutile donc de rajouter
un terme redondant.
Sans chercher l'unique combinaison sans dimension des quatre premières,
nous appliquons la démarche systématique. Nous voulons
déterminer A, B, C, D,
tels que:
(34.282)
Comme:
(34.283)
Il vient:
(34.284)
Le système de dimensionnalité s'écrit:
(34.285)
Ainsi:
(34.286)
Dès lors:
(34.287)
et curieusement nous retrouvons ici ce que nous avions vu dans
notre développement de l'approximation de Boussinesq:
(34.288)
Donc la force exercée par le fluide s'écrit:
(34.289)
Dans la littérature, nous trouvons la notation:
(34.290)
où C dépend de .
Nous retrouvons également cette relation sous la forme condensée:
(34.291)
où n'apparaît le coefficient de trainée qui
est déterminé dans les souffleries ou expérimentalement
en se basant sur le fait qu'un objet en chute libre dans un liquide
ou un gaz parfait suivra l'équation différentielle:
(34.292)
Équation différentielle que nous pouvons résoudre
astucieusement en écrivant:
(34.293)
Il vient alors après réarrangement des termes:
(34.294)
Soit après intégration:
(34.295)
Il vient alors une relation qui permet de déterminer expérimentalement
le coefficient de trainée pour un objet en chute libre sans
trop de difficultés:
(34.296)
Les limites de la méthode analytique dimensionnelle (et
même analytique tout court…) apparaît lorsque l'on
confronte ce modèle à l'expérience (évidemment
nous pourrions faire des modèles numériques de l'équation
de Navier-Stokes-Reynolds pour l'ordinateur et ainsi l'honneur
serait sauf):

Figure: 34.21 - Illustration du paramètre C pour un cylindre dans différents
régimes
Ce graphique correspond à l'écoulement autour d'un
cylindre; la vitesse étant
perpendiculaire à l'axe du cylindre. Les régimes
sont signalés en chiffres romains: stationnaire (I), périodique
laminaire (II), turbulent avec superposition d'état périodique
(III), turbulent (IV).
La courbe a deux caractéristiques remarquables:
1. Elle a été obtenue en modifiant de manière
indépendante les valeurs des quatre paramètres. Nous
constatons que C ne dépend que du seul nombre
sans dimension :
c'est un succès de l'analyse dimensionnelle.
2. Il est vain d'espérer trouver une fonction analytique
simple qui reproduise la courbe expérimentale. Il faut donc
aller voir de plus près les divers régimes correspondants à cette
courbe complexe.
La figure ci-dessous schématise l'écoulement d'un
fluide visqueux autour d'un cylindre pour différentes valeurs
du nombre de Reynolds:

Figure: 34.22 - Écoulements autour d'un cylindre en fonction de différentes
valeur du nombre de Reynolds
Le régime correspondant à la figure (a) est dit "régime
stationnaire". Nous pouvons parler d'un déplacement "quasi-statique" de
la part du fluide où en chaque point l'accélération
est négligeable. Nous devons donc nous attendre à ce
que l'inertie du fluide n'intervienne pas dans l'expression de
la force. Pour cela, il faut et il suffit que:
(34.297)
où C est indépendant de .
Nous avons donc:
(34.298)
Le paramètre C' sans dimensions ne peut dépendre
que de la géométrie de l'obstacle. Dans le cas où l'obstacle
est sphérique (cas très important en physique avec L=R), C' a été déterminé expérimentalement
comme valant tel
que:
(34.299)
connue sous le nom de "loi de Stokes" ou "formule
de Stokes". Attention.... cette loi ne s'applique
bien que pour les petites vitesses et des petites sphères.
Dans le régime décrit par (b), deux tourbillons
s'installent symétriquement derrière le cylindre.
Quand augmente
au-delà de 40, nous distinguons l'allée de "tourbillons
de von Kármán".
PRESSION HYDROSTATIQUE
Nous avons précédemment démontré sans
mal que:
(34.300)
Si la vitesse du fluide est nulle:
(34.301)
Ce qui donne sous forme différentielle:
(34.302)
Si nous mesurons la pression du liquide à partir de sa
face supérieure :
(34.303)
Si nous prenons comme
référence, nous pouvons poser que:
(34.304)
d'où:
(34.305)
Si nous nous trouvons dans le cas d'un récipient rempli
d'un fluide en contact avec l'atmosphère, pour calculer
la pression dans ce fluide à une hauteur h donnée,
il faudrait prendre en considération la pression atmosphérique qui "s'appuie" également
sur le fluide. Ainsi, la "pression hydrostatique" est
donnée par:
(34.306)
Conséquence: Dans un liquide au repos, homogène,
les équipotentielles gravifiques sont confondues avec les
surfaces isobares. Sans quoi, il y aurait mouvement transversal.
Remarque: Dans l'univers des pompes,
pneus ou réservoirs à air comprimé, nous mesurons
la pression avec des "manomètres" dont
le zéro correspond à la pression atmosphérique.
POUSSÉE D'ARCHIMÈDE
La poussée d'Archimède, phénomène
mondialement connu..., est souvent rebelle à l'intuition
première. Au fait, nous avons trop tendance dans les écoles à poser
la poussée d'Archimède comme un "principe" et
ce à tort puisqu'une simple analyse mathématique
suffit à la démontrer .
Si nous isolons une portion arbitraire
d'un fluide en équilibre statique, les conditions de cet équilibre
s'écrivent nécessairement (sinon quoi le volume se
dissocie et n'est plus en équilibre statique):
(34.307)
désigne
le poids ( en
première approximation…) de alors
que le terme décrit
la résultante des forces de pression exercée sur
la surface de .
Chaque élément de surface dS subit donc
une force:
(34.308)
où p est la pression qui s'exerce localement sur dS.
Quant à ,
il s'agit d'un vecteur unité dirigé normalement (à la
perpendiculaire) à dS et vers l'intérieur
de .
La résultante de toutes ces forces se note historiquement
de la façon suivante:
(34.309)
qui exprime donc, comme vous le devinez, la fameuse "poussée
d'Archimède" que le reste du fluide exerce
sur l'élément. L'intégrale porte sur toute
la surface (cette surface est fermée, d'où l'intégrale
curviligne correspondante) de l'élément .
La condition d'équilibre impose donc que:
(34.310)
Nous comprenons aisément que soit
dirigé vers le haut: sous l'effet du champ gravitationnel
et donc p augmente avec la profondeur.
Si nous remplaçons le fluide contenu dans le volume par
un objet fluide ou solide quelconque mais qui occupe le même volume,
la poussée d'Archimède n'est pas modifiée. À cause
de la relation nous
avons coutume de dire qu'elle est équivalente au poids du
fluide déplacé.
Dans le cas où la direction et l'intensité dans le temps
de sont
uniformes et constantes nous pouvons écrire:
(34.311)
et nous retrouvons la relation de la "loi
d'Archimède" bien connue de tous les écoliers:
(34.312)
Il existe une autre possibilité pour arriver à cette
démonstration qui demande moins d'outils mathématiques
et qui est donc plus abordable:
Considérons un cylindre de volume V plongé dans
un liquide à la verticale. Les composantes horizontales
des forces de pression s'annulent, mais la composante verticale
au sommet du cylindre (proche
de la surface) est inférieure en intensité (sauf
cause extérieure) à celle se trouvant à sa
base .
Nous pouvons donc écrire:
(34.313)
C'est un peu plus simple et ça tient en une ligne sans
intégrales…
Il convient de se rappeler que la poussée d'Archimède
est une force qui s'applique à des fluides et donc aussi à des
gaz. C'est ainsi grâce à la poussée d'Archimède
qu'une montgolfière ou un dirigeable peuvent s'élever
dans les airs (dans les deux cas, un gaz de masse volumique plus
faible que l'air est utilisé, que ce soit de l'air chauffé ou
de l'hélium).
Il est aussi amusant, après démonstration de la
loi des gaz parfaits (voir plus loin), de déterminer la
pression que devrait avoir notre atmosphère pour avoir la
même densité que l'eau et qu'un humain puisse ensuite
flotter dans l'air...
VITESSE DU SON DANS UN LIQUIDE
Intéressons-nous un petit moment au calcul de la vitesse
du son dans un liquide. Nous avons démontré dans
le cas de notre étude des ondes sonores longitudinales du
chapitre de Musique Mathématique que:
(34.314)
où pour rappel, est
le "coefficient de Laplace",
appelé aussi "coefficient adiabatique" défini
par:
(33.315)
et nous avions démontré que la vitesse de l'onde
sonore était donnée par:
(34.316)
En combinant il vient:
(34.317)
La fraction:

c'est-à-dire le rapport entre une variation de pression
et la variation relative de volume qu'elle entraîne reçoit
le nom de "module d'élasticité volumique".
Remarquez qu'il faut le signe - pour que B soit positif:
quand la pression augmente, le volume diminue.
Nous avons alors par exemple pour l'eau:
(34.318)
La valeur mesurée étant de .
Il peut paraître surprenant que la vitesse du son dans un
liquide, qui est beaucoup plus difficile à comprimer qu'un
gaz soit seulement 5 fois plus grande que dans un gaz. La raison
est que la densité d'un liquide est environ mille fois plus élevée
que celle d'un gaz. L'une dans l'autre, les deux propriétés
se compensent partiellement.
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