
THÉORIE
DE LA DÉMONSTRATION | NOMBRES
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THÉORIE DES NOMBRES
| THÉORIE DES ENSEMBLES |
PROBABILITÉS | STATISTIQUES
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LISTE DES SUJETS TRAITÉS SUR CETTE PAGE
Traditionnellement,
la théorie des
nombres est une branche des mathématiques qui s'occupe
des propriétés des nombres entiers, qu'ils soient
entiers naturels ou entiers relatifs. Plus généralement,
le champ d'étude de cette
théorie concerne une large classe de problèmes qui
proviennent naturellement de l'étude des entiers. La théorie
des nombres peut être divisée en plusieurs branches
d'étude (théorie algébrique des nombres, théorie
calculatoire des nombres, etc.) en fonction des méthodes
utilisées
et des questions traitées.
Remarque:Le terme "arithmétique" était
aussi utilisé
pour faire référence à la théorie des
nombres mais c'est un terme assez ancien, qui n'est plus aussi
populaire
que par le passé.
Nous avons choisi de
ne présenter
dans cet exposé que les sujets qui sont indispensables à l'étude
de la mathématique et de la physique théorique ainsi
que ceux devant faire absolument partie de la culture générale
de l'ingénieur.
PRINCIPE
DU BON ORDRE
Nous tiendrons pour
acquit ce principe qui dit que tout ensemble
non vide contient
un plus petit élément.
Nous
pouvons utiliser ce théorème pour démontrer une propriété importante
des nombres appelée "propriété
archimédienne" ou
"axiome d'Archimède" qui
s'énonce ainsi:
Pour où a est
non nul, il existe au moins un entier positif n tel que:
(4.1)
En d'autres termes, pour deux grandeurs inégales, il existe
toujours un multiple entier de la plus petite, supérieur à la
plus grande. Nous appelons "archimédiennes"
des structures dont les éléments vérifient une
propriété comparable (cf. chapitre
de Théorie Des Ensembles).
Même si cela est trivial à comprendre dans le cas
des nombres entiers faisons la démonstration
car elle permet de voir le type de démarches utilisées
par les mathématiciens
quand ils doivent démontrer des éléments triviaux
de ce genre...
Démonstration:
Supposons le contraire en disant que
pour nous
avons:
(4.2)
Si nous
démontrons que cela est absurde pour tout n alors
nous aurons démontré la propriété archimédienne
(et ce également si a,b sont réels).
Considérons
alors l'ensemble:
(4.3)
En utilisant le principe du bon ordre, nous en déduisons
qu'il existe tel
que pour
tout .
Posons donc que ce plus petit élément est:
(4.4)
et nous avons donc aussi:
(4.5)
Comme par hypothèse
nous
devons alors avoir:
(4.6)
et si nous réarrangeons et simplifions:
(4.7)
et que nous simplifions le signe négatif nous devions donc avoir...:
(4.8)
d'où une contradiction évidente!
Cette contradiction amène
que l'hypothèse
initiale comme quoi pour
tout n alors est fausse et donc que la propriété archimédienne
est démontrée par l'absurde.
C.Q.F.D.
PRINCIPE
D'INDUCTION
Soit S
un ensemble de nombres naturels qui possède les deux propriétés
suivantes:
P1. 
P2. Si
,
alors 
Alors:
(4.9)
Nous
construisons ainsi l'ensemble des nombres naturels (se référer
au chapitre de Théorie des Ensembles pour voir la construction
rigoureuse de l'ensemble des nombres entiers avec les axiomes de
Zermelo-Fraenkel).
Soit maintenant:
(4.10)
le
symbole " \ " signifiant "excluant". Nous
voulons démontrer que:
(4.11)
A nouveau, même si cela est trivial à comprendre
faisons la démonstration
car elle permet de voir le type de démarches utilisées
par les mathématiciens quand ils doivent démontrer
des éléments triviaux de ce genre...
Démonstration:
Supposons
le contraire, c'est-à-dire:
(4.12)
Par le principe du bon ordre, puisque ,
B doit posséder un plus petit élément
que nous noterons .
Mais puisque de
par (P1),
nous avons que et
bien évidemment aussi que ,
c'est-à-dire aussi .
En faisant appel à (P2), nous avons finalement que ,
c'est-à-dire que ,
donc une contradiction.
C.Q.F.D.
Exemple:
Nous
souhaitons montrer à l'aide du principe d'induction, que la
somme des n
premiers carrés est égale à ,
c'est-à-dire que pour nous
aurions (cf. chapitre de Suites Et Séries):
(4.13)
D'abord la relation ci-dessus est facilement
vérifiée pour nous
allons montrer que vérifie
aussi cette relation. En vertu de l'hypothèse d'induction:
(4.14)
nous retrouvons bien l'hypothèse de la validité de la première
relation mais avec ,
d'où le résultat.
C.Q.F.D.
Ce procédé
de démonstration est donc d'une très grande importance
dans l'étude de
l'arithmétique; souvent l'observation et l'induction ont
permis de soupçonner des lois qu'il eût été plus
difficile de trouver par a priori. Nous nous rendons compte de
l'exactitude des
formules par la méthode précédente qui a donné naissance à l'algèbre
moderne par les études de Fermat et de Pascal sur le triangle
de Pascal (voir la section d'Algèbre)
DIVISIBILITÉ
Définition: Soit
avec
.
Nous disons que "A divise
B (sans
reste)"
s'il existe un entier q
(le quotient)
tel que:
(4.15)
auquel
cas nous écrivons:
A|B
(4.16)
Dans
le cas contraire, nous écrivons et
nous lisons "A ne divise
pas B".
Remarques:
1. Se rappeler que le symbole | est une relation
alors que le symbole / est une opération!
2. Il ne faut pas confondre l'expression "A divise B"
qui signifie que le reste est obligatoirement nul et "A est
le diviseur de la division de B" qui indique que
le reste n'est pas forcément nul!
Par ailleurs, si A|B,
nous dirons aussi que "B
est divisible par A"
ou que "B
est un multiple de A".
Dans le cas où A|B et
que ,
nous dirons que A est un "diviseur
propre" de B.
De plus, il est clair que A|0 quel
que soit sinon
quoi nous avons une singularité.
Voici
maintenant quelques théorèmes élémentaires se rattachant à la divisibilité:
T1.
Si A|B,
alors A|BC quel
que soit 
Démonstration:
Si A|B,
alors il existe un entier q tel que .
Alors, et
ainsi A|BC.
C.Q.F.D.
T2.
Si A|B et
B|C,
alors A|C.
Démonstration:
Si A|B et
B|C,
alors il existe des entiers q et r tels
que et .
Donc, et
ainsi A|C.
C.Q.F.D.
T3.
Si A|B et
A|C,
alors:
,
(4.17)
Démonstration:
Si A|B et
A|C,
alors il existe des entiers q et r tels
que et .
Il s'ensuit que:
(4.18)
et ainsi que  .
C.Q.F.D.
T4.
Si A|B et
B|A,
alors 
Démonstration:
Si A|B et B|A,
alors il existe des entiers q et r tels
que et
.
Nous avons donc et
ainsi ;
c'est pourquoi nous pouvons avoir si
et
qu'ainsi 
C.Q.F.D.
T5.
Si A|B et
alors

Démonstration:
Si A|B et ,
alors il existe un entier tel
que .
Mais alors, ,
puisque .
C.Q.F.D.
DIVISION
EUCLIDIENNE
La division
euclidienne est une opération
qui, à deux entiers naturels appelés dividende et
diviseur, associe deux entiers appelés quotient et reste.
Initialement définie aux entiers naturels non nuls, elle
se généralise aux entiers relatifs et aux polynômes,
par exemple.
Définition: Nous appelons "division
euclidienne" ou "division
entière" de deux nombres A et B l'opération
consistant à diviser B par A en s'arrêtant
quand le reste devient strictement inférieur à A.
Rappelons (cf. chapitre Nombres)
que tout nombre qui admet exactement les deux diviseurs euclidiens
(dont la division
donne
un reste
nul)
que
sont 1 et
lui-même
est dit "nombre
premier" (ce qui exclut le nombre 1 de la liste des
nombres premiers) et que tout couple de nombres qui n'ont que 1
comme diviseur euclidien commun
sont dits "premiers entre eux".
Soient
avec .
Le "théorème de la division
euclidienne"
affirme qu'il existe des entiers uniques q
et r
tels que:
(4.19)
où .
De plus, si ,
alors .
Démonstration:
Considérons l'ensemble:
(4.20)
Il est relativement facile de voir que et
que ,
d'où, d'après le principe du bon ordre, nous concluons
que S
contient un plus petit élément .
Soit q l'entier satisfaisant donc à:
(4.21)
Nous voulons d'abord montrer que en
supposant
le contraire (démonstration par l'absurde),
c'est-à-dire que .
Alors, dans ce cas, nous avons:
(4.22)
ce
qui est équivalent à:
(4.23)
mais et:
(4.24)
ce
qui contredit le fait que:
(4.25)
est
le plus petit élément de S. Donc, .
Enfin, il est clair que si ,
nous avons A|B,
d'où la seconde affirmation du théorème.
C.Q.F.D.
Remarque: Dans l'énoncé de la division euclidienne, nous avons
supposé que  .
Qu'obtenons-nous lorsque  ?
Dans cette situation, - A est positif, et alors nous
pouvons appliquer la division euclidienne à B et - A.
Par conséquent, il existe des entiers q et r
tels que:
où
(4.26)
Or,
cette relation peut s'écrire:
(4.27)
où bien
sûr, -q est un entier. La conclusion
est que la division euclidienne peut s'énoncer sous la
forme plus générale:
Soient ,
alors il existe des entiers q et r tels
que:
(4.28)
où .
De plus, si ,
alors .
Les
entiers q
et r
sont uniques dans la division euclidienne. En effet, s'il
existe deux autres entiers et
tels
que:
(4.29)
avec
toujours ,
alors:
(4.30)
et
ainsi .
En vertu de (T5) nous avons, si , .
Or, cette dernière inégalité est impossible
puisque par construction .
Donc, et,
puisque ,
alors d'où l'unicité.
PLUS
GRAND COMMUN DIVISEUR
Soit tels
que .
Le "plus grand commun diviseur"
(noté "PGCD" par la suite) de a et b,
noté:
(4.31)
est l'entier naturel d non nul qui satisfait aux
deux propriétés
suivantes:
P1. d|a et d|b
(donc sans reste r dans la division!)
P2. si c|a et c|b alors et c|d (par
définition!)
Notons que 1 est toujours un diviseur commun de deux
entiers arbitraires.
Exemple:
Considérons les entiers positifs 36 et 54. Un diviseur
commun de 36 et 54 est un entier positif qui divise
36, et aussi 54. Par exemple, 1 et 2 sont des diviseurs communs de 36 et 54.
(4.32)
Nous avons alors l'intersection représentée par le diagramme de
Venn suivant:

Figure: 4.1 - Diagramme de Venn des diviseurs communs
avec l'ensemble des diviseurs communs suivant:
(4.33)
et donc le PGCD est:
(4.34)
et nous constatons que l'ensemble des diviseurs
communs de 36 et 54 est aussi l'ensemble des
diviseurs de 18.
Cependant, il n'est pas forcément évident que le
PGCD autre qu'unitaire (c'est-à-dire différent
1) de deux entiers a et b qui ne sont pas
premiers entre eux existe toujours. Ce fait est démontré
dans le théorème suivant (cependant, si le PGCD
existe, il est de par sa définition unique!) dit "théorème
de Bézout" qui permet aussi de démontrer
d'autres propriétés intéressantes de deux
nombres comme nous le verrons plus tard.
Démonstration:
Soient tels
que .
Si d divise a et d divise b (pour
les deux sans reste r!) il existe alors obligatoirement
des entiers relatifs x et y tels
que:
(4.35)
Cette relation est appelée "identité
de Bézout" et il s'agit
d'une équation diophantienne linéaire (cf.
chapitre de Calcul Algébrique).
Évidemment, si a et b sont
premiers entre eux nous savons que d vaut alors 1.
Pour démontrer l'identité de Bézout considérons
d'abord l'ensemble:
(4.36)
Comme et ,
nous pouvons utiliser le principe du bon ordre et conclure que S possède
un plus petit élément d.
Nous pouvons alors écrire:
(4.37)
pour
un certain choix .
Il suffit donc de montrer que
pour démontrer l'identité de Bézout!
Procédons via une démonstration par l'absurde en posant supposant .
Alors si c'est le cas, d'après la division euclidienne,
il existe tels
que ,
où .
Mais alors:
(4.38)
Ainsi, nous avons que et
,
ce qui contredit le fait que d
est le plus petit élément possible de S.
Donc nous avons démontré ainsi non seulement que d|a mais
qu'en plus d existe toujours et,
de la même façon, nous démontrons que d|b.
Comme corollaire important montrons maintenant que si
tels que ,
alors:
(4.39)
constitue l'ensemble de tous les multiples de :
Comme d|a et
d|b,
alors nous avons forcément pour
tout .
Soit .
Notre problème se réduit au fait à montrer que .
Soit d'abord ce
qui signifie que d|s et qui implique .
Soit un ,
cela voudrait donc dire que pour
un certain .
Comme pour
un choix d'entiers quelconques ,
alors:
(4.40)
C.Q.F.D.
Les hypothèses peuvent sembler compliquées mais portez plutôt
votre attention un certain temps sur la dernière relation. Vous
allez tout de suite comprendre!
Remarque: Si au lieu de définir le PGCD de deux
entiers non nuls, nous permettons à l'un d'entre eux d'être égal à 0,
disons:  ,
 .
Dans ce cas, nous avons a| b et
, selon notre définition du PGCD, il est clair que  .
Soit et
soit ,
alors nous avons les propriétés suivantes du PGCD:
P1. 
P2. où

P3. 
P4. Si
tel
que g|a et g|b alors

Dans certains ouvrages, ces quatre propriétés sont démontrées en
utilisant intrinsèquement la propriété elle-même. Personnellement
nous nous en abstiendrons car faire cela est plus ridicule qu'autre
chose à notre goût car la propriété est une démonstration en elle-même.
Elaborons
maintenant une méthode (algorithme) qui s'avérera
très
importante pour calculer (déterminer) le plus grand commun diviseur
de deux entiers (utile en informatique
parfois).
ALGORITHME
D'EUCLIDE
L'algorithme d'Euclide est un algorithme permettant donc de déterminer
le plus grand commun diviseur de deux entiers.
Pour aborder cette méthode de manière intuitive,
il faut savoir que vous devez comprendre un nombre entier comme
une longueur, un couple d'entiers
comme
un
rectangle
(côtés) et
leur
PGCD est la taille du plus grand carré permettant de carreler
(paver) ce rectangle par définition (oui si vous réfléchissez
un petit moment c'est assez logique!).
L'algorithme décompose le rectangle initial en carrés,
de plus en plus petits, par divisions euclidiennes successives,
de la longueur par la largeur, puis de la largeur par le reste,
jusqu'à un reste nul. Il faut bien comprendre cette démarche
géométrique pour comprendre ensuite l'algorithme.
Exemple:
Considérons que nous cherchons le PGCD (a,b)
où b vaut
21 et a vaut 15 et gardons à l'esprit que le PGCD, outre
le fait qu'il divise a et b, doit laisser un
reste nul! En d'autres termes il doit pouvoir diviser le reste
de la division de b par a aussi!
Nous avons donc le rectangle de 21 par 15 suivant:

Figure: 4.2 - Première étape de l'algorithme PGCD
D'abord nous regardons si 15 est le PGCD (on commence toujours
par le plus petit). Nous divisons alors 21 par 15 ce qui équivaut
géométriquement à:

Figure: 4.3 - Deuxième étape de l'algorithme PGCD
15 n'est donc pas le PGCD (on s'en doutait...). Nous voyons immédiatement
que nous n'arrivons pas à paver le rectangle avec un carré de
15 par 15.
Nous avons donc un reste de 6 (rectangle de gauche). Le PGCD
comme nous le savons doit, s'il existe, par définition pouvoir
diviser ce reste et laisser un reste nul.
Il nous reste donc un rectangle de 15 par 6. Nous cherchons donc
maintenant à paver ce nouveau rectangle car nous savons que le
PGCD est par construction inférieur ou égal à 6. Nous avons alors:

Figure: 4.4 - Troisième étape de l'algorithme PGCD
Et nous divisons donc 15 par le reste 6 (ce résultat sera inférieur à 6
et permet immédiatement de tester si le reste sera le PGCD). Nous
obtenons:

Figure: 4.5 - Quatrième étape de l'algorithme PGCD
A nouveau, nous n'arrivons pas à paver ce rectangle rien qu'avec
des carrés. En d'autres termes, nous avons un reste non
nul qui vaut 3. Soit un rectangle de 6 par 3. Nous cherchons donc
maintenant à paver
ce nouveau rectangle car nous savons que le PGCD est par construction
inférieur ou égal à 3 et qu'il laissera un reste
nul s'il existe. Nous avons alors géométriquement:

Figure: 4.6 - Cinquième étape de l'algorithme PGCD
Nous divisons 6 par 3 (ce qui sera inférieur à 3 et permet immédiatement
de tester si le reste sera le PGCD):

Figure: 4.7 - Sixième et dernière étape de l'algorithme PGCD
et c'est tout bon! Nous avons 3 qui laisse donc un reste nul
et divise le reste 6 il s'agit donc du PGCD. Nous avons donc au
final:

Figure: 4.8 - Résumé de l'algorithme PGCD
Maintenant, voyons l'approche formelle équivalente:
Soient ,
où .
En appliquant successivement la division euclidienne (avec b>a),
nous obtenons la suite d'équations:
(4.41)
Si ,
alors .
Sinon de manière plus formelle:
Démonstration:
Nous voulons d'abord montrer que .
Or, d'après la propriété P1:
(4.42)
nous
avons:
(4.43)
Pour démontrer
la deuxième propriété de l'algorithme d'Euclide,
nous écrivons l'avant-dernière équation du
système sous la forme:
(4.44)
Or, en
utilisant l'équation qui précède cette avant-dernière équation
du système,
nous avons:
(4.45)
En continuant ce processus, nous arrivons à exprimer comme
une combinaison linéaire de a et b.
C.Q.F.D.
Exemple:
Calculons
le plus grand commun diviseur de (429,966) et exprimons ce nombre
comme une combinaison linéaire de 429 et de 966.
Nous appliquons
bien évidemment l'algorithme d'Euclide:
(4.46)
Nous en
déduisons donc que:
(4.47)
et, de
plus, que:
(4.48)
Donc le PGCD est bien exprimé comme une combinaison
linéaire de a et b et constitue à ce
titre le PGCD.
Définition: Nous disons que les entiers
sont "relativement premiers" ou
"premiers entre eux" si:
(4.49)
PLUS
PETIT COMMUN MULTIPLE
Définitions:
D1. Soient ,
nous disons que m est un "commun
multiple" de si pour .
D2. Soient ,
nous appelons "plus
petit commun multiple" (PPCM)
de ,
noté:
(4.50)
le
plus petit entier commun multiple positif à tous les communs
multiples de .
Exemple:
Considérons les entiers positifs 3 et 5. Un multiple commun
de 3 et 5 est un entier positif qui est à la fois un multiple
de 3, et un multiple de 5. Autrement dit, qui est divisible par
3 et aussi par 5. Nous avons donc:
(4.51)
Nous avons alors l'intersection représentée par
le diagramme de Venn suivant:

Figure: 4.9 - Diagramme de Venn des communs multiples
avec l'ensemble des communs multiples suivants:
(4.52)
et le PPCM est alors:
(4.53)
Soit sous une autre forme schématique:

Figure: 4.10 - Exemple schématique du PPCM de 3 et 5
Nous constatons
que l'ensemble des multiples communs de 3 et 5 est aussi l'ensemble
des
multiples de 15.
Remarque: Soient  .
Alors, le plus petit commun multiple existe. En effet, considérons
l'ensemble E des entiers naturels m qui pour
tout i divisent  .
Ce que nous noterons:
(4.54)
Puisque nous avons forcément ,
alors l'ensemble est non vide et, d'après l'axiome du bon
ordre, l'ensemble E contient un plus petit élément
positif.
Voyons maintenant quelques théorèmes
relatifs au PPCM:
T1. Si
m
est un commun multiple quelconque de alors
,
c'est-à-dire que m divise chacun des .
Démonstration:
Soit .
Alors, d'après la division euclidienne, il existe des entiers
q et r tels que:
(4.55)
Il suffit de montrer que .
Supposons (démonstration
par l'absurde). Puisque et
,
alors on a et
cela pour .
Donc, r est un commun multiple de plus
petit que le PPCM. On vient d'obtenir une contradiction,
ce qui
prouve le théorème.
C.Q.F.D.
T2. Si
,
alors 
La démonstration sera supposée évidente (dans le
cas contraire contactez-nous et cela sera détaillé!)
T3.
Démonstration:
Pour la démonstration, nous allons utiliser le "lemme
d'Euclide" qui dit que si a|bc et
alors
a|c.
Effectivement cela se vérifie aisément car nous
avons vu qu'il existe tels
que et
alors .
Mais a|ac et a|bc impliquent
que ,
c'est-à-dire également que .
Revenons
à notre théorème:
Puisque
et
,
il suffit de prouver le résultat pour des entiers positifs a et
b.
En tout premier lieu, considérons le cas où .
L'entier [a,b] étant
un multiple de a,
nous pouvons écrire .
Ainsi, nous avons et,
puisque ,
il s'ensuit, d'après le lemme d'Euclide, que b | m.
Donc, et
alors .
Mais ab est
un commun multiple de a et
b
qui ne peut être plus petit que le PPCM. c'est pourquoi .
Pour le
cas général, c'est-à-dire ,
nous avons, d'après la propriété:
(4.56)
et avec
le résultat obtenu précédemment que:
(4.57)
Lorsque nous multiplions des deux côtés de l'équation par ,
le résultat suit et la démonstration est effectuée.
C.Q.F.D.
tHÉORÈME FONDAMENTAL DE L'ARITHMÉTIQUE
Le théorème fondamental de l'arithmétique
dit que tout nombre naturel peut
s'écrire comme un produit de nombres premiers, et cette
représentation
est unique, à part l'ordre dans lequel les facteurs premiers
sont disposés.
Le théorème établit l'importance des nombres
premiers. Essentiellement, ils sont les briques élémentaires
de construction des entiers positifs, chaque entier positif
contenant des nombres premiers d'une manière unique.
Remarque: Ce théorème est parfois appelé "théorème
de factorisation" (un peu à tort... car d'autres
théorèmes portent le même nom...).
Démonstration:
Si n est premier, et donc produit d'un unique entier
premier, à savoir lui-même le résultat est
vrai et la démonstration est terminée (dire qu'un
nombre premier est produit de lui-même est bien évidemment un abus
de langage!). Supposons que n n'est
pas premier et donc strictement supérieur à 1 et
considérons
l'ensemble:
(4.58)
Alors,
et
, puisque n
est composé, nous avons que .
D'après le principe du bon ordre, D possède
un plus petit élément qui
est premier, sans quoi le choix minimal de serait
contredit. Nous pouvons donc écrire .
Si est
premier, alors la preuve est terminée. Si est
composé, alors nous répétons le même argument que précédemment
et nous en déduisons l'existence d'un nombre premier et
d'un entier tels
que .
En poursuivant ainsi nous arrivons forcément à la conclusion
que
sera
premier.
Donc finalement nous avons bien démontré qu'un nombre quelconque
est décomposable en facteurs de nombres premiers à l'aide du principe
du bon ordre.
C.Q.F.D.
Nous ne
connaissons pas à ce jour de loi simple qui permette de calculer
le n-ième
facteur premier .
Ainsi, pour savoir si un entier m
est premier, il est pratiquement plus facile à ce jour de vérifier
sa présence dans une table de nombres premiers.
En fait,
nous utilisons aujourd'hui la méthode suivante:
Soit un
nombre m,
si nous voulons déterminer s'il est premier ou non, nous calculons
s'il est divisible par les nombres premiers qui
appartiennent à l'ensemble:
(4.59)
Exemple:
L'entier 223 n'est ni divisible par 2, ni par 3, ni par 5, ni
par 7, ni par 11, ni par 13. Il est inutile de continuer avec le
prochain
nombre premier, car .
Nous en déduisons dès lors que le nombre 223 est
premier.
CONGRUENCES
Définition:
Soit .
Si a et b ont même reste dans la division
euclidienne par m nous disons que "a est
congru à b
modulo m",
et nous écrivons:
(4.60)
ou
de manière équivalente il existe (au moins) un nombre
entier relatif k tel
que:
(4.61)
Nous appelons aussi le nombre b "résidu".
Ainsi, un résidu est un entier congru à un autre, modulo
un
entier m donnée. Le lecteur pourra vérifier
que cela impose que:
(4.62)
soit en français.... que m divise la différence
entre a et b.
Dans le cas contraire, nous disons que "a est
non congru à b
modulo m".
Une autre manière de dire tout cela si ce n'est pas clair...:
L'étude
des propriétés qui relient trois nombres entre
eux est appelée
communément "l'arithmétique
modulaire".
Remarques:
R1.
Que nous soyons bien d'accord, la congruence implique un reste
nul pour la division!
R2.
Nous excluons en plus de 0 aussi 1 et -1 pour les valeurs que
peut prendre m dans la définition de la congruence dans
certains ouvrages.
R3.
Derrière le terme de congruence se cachent des notions
semblables mais de niveaux d'abstraction différents:
- En arithmétique modulaire, nous disons donc que "deux
entiers relatifs a et b sont congrus modulo m s'ils ont
même
reste dans la division euclidienne par m". Nous pouvons
aussi dire qu'ils sont congrus modulo m si leur différence
est un multiple de m.
- Dans la mesure des angles orientés, nous disons que "deux
mesures sont congrues modulo si
et seulement si leur différence
est un multiple de ".
Cela caractérise deux mesures d'un
même angle (cf. chapitre de Trigonométrie).
- En algèbre, nous parlons de congruence modulo I dans
un anneau commutatif (cf. chapitre de Théorie
Des Ensembles)
dont I est un idéal: "x est congru à y modulo I si
et seulement si leur différence appartient I".
Cette congruence est une relation d'équivalence, compatible
avec les opérations
d'addition et multiplication et permet de définir un anneau
quotient de l'ensemble parent avec son idéal I.
- Nous trouvons parfois, dans l'étude de la géométrie
(cf. chapitre de Géométrie
Euclidienne)
le terme de congru mis à la place de semblable. Il s'agit
alors d'une simple relation d'équivalence sur l'ensemble
des figures planes.
La relation de congruence
est une relation d'équivalence (cf.
chapitre sur les Opérateurs),
en d'autres termes , soient
alors la relation de congruence est:
P1. Réflexive:
(4.63)
P2. Symétrique:
(4.64)
P3. Transitive:
(4.65)
Démonstration:
Les propriétés P1 et P2 sont
évidentes (si ce n'est pas le cas faites-le nous savoir
nous développerons!). Nous démontrerons P3. Les
hypothèses
impliquent que .
Mais alors:
(4.66)
ce qui montre que a et c sont congrus modulo m.
C.Q.F.D.
La relation de congruence
est
compatible avec la somme et le produit (se rappeler que la puissance
n'est finalement qu'une extension du produit!).
Effectivement,
soient tel
que et alors:
P1. 
P2. 
Démonstrations:
Nous avons:
(4.67)
par
hypothèse. Mais alors:
(4.68)
ce qui démontre P1.
Nous avons également:
(4.69)
ce qui démontre P2.
C.Q.F.D.
Remarque: La relation de congruence se comporte sur de
nombreux points comme la relation d'égalité. Néanmoins
une propriété de la relation d'égalité
n'est plus vraie pour celle de congruence, à savoir la simplification: si  ,
nous n'avons pas nécessairement  .
Exemple:
mais 
Jusqu'ici, nous avons vu
des propriétés des congruences faisant intervenir
un seul modulus. Nous allons maintenant étudier le comportement
de la relation de congruence lors d'un changement de modulus.
P1. Si
et d|m,
alors 
P2. Si et
alors a et b sont congrus modulo [r,s]
Ces deux propriétés
sont évidentes. Inutile d'aller dans les détails
pour P1. Pour P2, puisque b-a est un multiple de r et
de
s puisque par hypothèse:
(4.70)
b-a est donc un multiple du PPCM de r et s, ce qui
démontre P2.
De
ces propriétés il vient que si nous désignons par f(x)
un polynôme à coefficient entiers (positifs ou négatifs):
(4.71)
La
congruence donnera
aussi .
Si
nous remplaçons x
successivement par tous les nombres entiers dans un polynôme
f(x) à
coefficients entiers, et si nous prenons les résidus pour le module
m,
ces résidus se reproduisent de m
en m (dans
le sens où la congruence se vérifie), puisque nous avons,
quel que soit l'entier m et
x:
(4.72)
Nous
en déduisons alors l'impossibilité de résoudre la congruence suivante:
(4.73)
en
nombres entiers, si r
désigne l'un quelconque des non-résidus (un résidu qui ne satisfait
pas la congruence).
CLASSES DE
CONGRUENCE
Définition: Nous
appelons "classe de congruence modulo m",
le sous-ensemble de l'ensemble
défini par la propriété que deux éléments
a et b de
sont dans la même classe si et seulement si
ou qu'un ensemble d'éléments entre eux sont congrus
par ce même modulo.
Remarque: Nous avons vu dans le chapitre traitant des opérateurs
qu'il s'agit en fait d'une classe d'équivalence car la congruence
modulo m est, comme nous l'avons démontré plus
haut, une relation d'équivalence.
Exemple:
Soit .
Nous divisons l'ensemble des entiers en classes de congruence modulo
3. Exemple de trois ensembles dont tous les éléments
sont congrus entre eux sans reste (observez bien ce que donne
l'ensemble des classes!):
(4.74)
Ainsi, nous voyons que pour
chaque couple d'élément d'une classe de congruence,
la congruence modulo 3 existe. Cependant, nous voyons que nous
ne
pouvons pas prendre
où -9 se trouve dans la première classe et -8 dans
la seconde.
Le plus petit nombre non
négatif de la première classe est 0, celui de la deuxième
est 1 et celui de la dernière est 2. Ainsi, nous noterons
ces trois classes respectivement ,
le chiffre 3 en indice indiquant le modulus.
Il est intéressant
de noter que si nous prenons un nombre quelconque de la première
classe et un nombre quelconque de la deuxième, alors leur
somme est toujours dans la deuxième classe. Ceci se généralise
et permet de définir une somme sur les classes modulo
3 en posant:
(4.75)
Ainsi que:
(4.76)
Ainsi, pour tout ,
la classe de congruence de:
(4.77)
est
l'ensemble des entiers congrus à a modulo m (et
congrus entre eux modulo m). Cette classe est notée:
(4.78)
Remarque: Le fait d'avoir mis entre
parenthèses l'expression "et congrus entre eux modulo m"
est dû au fait que la congruence, étant une relation
d'équivalence
nous avons comme nous l'avons démontré plus haut
que si  ,
alors  .
Définition: L'ensemble des classes de
congruence
(qui forment par le fait que la congruence est une relation d'équivalence
des: "classes
d'équivalence"),
pour un m fixe donne ce que nous appelons un "ensemble
quotient"
(cf. chapitre Opérateurs).
Plus rigoureusement, nous parlons de "l'ensemble quotient
de par
la relation de congruence" dont
les éléments
sont les classes de congruence (ou: classes d'équivalence)
et qui forment alors l'anneau .
Nous déduisons de
la définition les deux propriétés triviales
suivantes:
P1. Le nombre b est
dans la classe
si et seulement si 
P2. Les classes
et
sont égales si et seulement si 
Montrons maintenant qu'il y a exactement m différentes
classes de congruence modulo m, à savoir .
Démonstration:
Soit
,
alors tout nombre entier a est congru modulo m à un
et un seul entier r de l'ensemble (remarquez
bien, c'est important, que nous nous restreignons aux entiers positifs
ou nuls sans prendre en compte les négatifs!).
De plus, cet entier r est exactement le reste de la division
de a par m. En d'autres termes, si ,
alors:
(4.79)
si et seulement si
où q est le quotient de a par m et r
le reste. La démonstration est donc une conséquence
immédiate de la définition de la congruence et de
la division euclidienne.
C.Q.F.D.
Définition: Un entier b dans
une classe de congruence modulo m est appelé "représentant
de cette classe" (il est clair que par la relation d'équivalence
que deux représentants d'une même classe sont donc
congrus entre eux modulo m).
Nous allons pouvoir maintenant
définir une addition et une multiplication sur les classes
de congruences. Pour définir la somme de deux classes ,
il suffit de prendre un représentant de chaque classe,
de faire leur somme et de prendre la classe de congruence du
résultat.
Ainsi (voir les exemples plus haut):
(4.80)
et de même pour la
multiplication:
(4.81)
Par définition de
la somme et du produit, nous constatons que la classe de 0 est
l'élément
neutre pour l'addition:
(4.82)
et la classe de l'entier
1 est l'élément neutre pour la multiplication:
(4.83)
Définition: Un élément
de
est "une unité" s'il existe
un élément tel que 
Le théorème
suivant permet de caractériser les classes modulo m
qui sont des unités dans :
Théorème:
Soit [a]
un élément de .
Alors [a] est une unité si et seulement
si .
Démonstration:
Supposons d'abord que .
Alors par Bézout, nous avons son identité:
(4.84)
Autrement dit, as
est congru à 1 modulo m. Mais ceci est équivalent
à écrire par définition que
ce qui montre que [a] est une unité.
Réciproquement, si [a] est une unité,
ceci implique qu'il existe une classe [s]
telle que .
Ainsi, nous venons de démontrer
que
constitue bien un anneau puisqu'il possède une addition,
une multiplication, un élément neutre et un inverse.
C.Q.F.D.
SYSTÈME COMPLET DE RÉSIDUS
Considérons le système fini suivant
de congruences modulo 6:
(4.85)
où comme le lecteur l'aura remarqué: aucun résidu
ne se répète et les résidus pris deux à deux ne sont pas congrus
modulo m (c'est ce dernier point qui fait que nous nous
arrêtons à 5 dans l'exemple).
Si ces conditions sont satisfaites, nous disons alors
que l'ensemble ordonné {6,
13, 2, -3, 22, 11} est un "système
complet de résidus
modulo m". Un tel ensemble n'est pas unique
pour un module donné. Ainsi, l'ensemble {0, 1, 2, 3, 4,
5} est aussi un système complet (trivial) de résidus
modulo 6. Si nous éliminons de ce sytème complet
tous les nombres qui ne sont pas premier avec m, nous
avons alors un "système
réduit de résidus modulo m".
Ainsi de la cas ci-dessus, le système réduit
de résidus
module 6 sera {13, 11}.
Les systèmes réduits nous seront utiles dans le
chapitre de Cryptographie pour démontrer un résultat important
dans les systèmes asymétriques à clé publique.
Nous verrons aussi dans le chapitre de Cryptographie,
que la "fonction indicatrice d'Euler" lorsque m est
premier (ce qui n'est pas le cas de l'exemple précédent)
donne le cardinal du système
réduit
de résidus
module m
comme étant:
(4.86)
Donc sous couvert que m est premier, le
système réduit
de résidu s'écrira bien évidemment:
(4.87)
THÉORÈME DES RESTES CHINOIS
Le théorème des restes chinois peut être vu comme la résolution
d'un système linéaire mais dans un ensemble modulaire. Pour beaucoup
d'étudiants et futurs ingénieurs, ce théorème ne servira jamais
dans la pratique, mais certains le retrouveront dans le domaine
de la cryptographie (dans le cadre du décryptage en
particulier).
Il existe comme toujours plusieurs démonstrations possibles mais
nous avons opté pour celle qui nous semblait comme toujours la
plus pédagogique.
Soient m et n deux entiers premiers entre eux. Le
système de congruence:
(4.88)
admet une unique solution.
Démonstration:
Comme m et n sont imposés comme étant premiers entre
eux, il existe alors u et v deux entiers relatifs
tels que (application de l'identité de Bézout démontrée plus haut):
(4.89)
Nous avons donc:
(4.90)
C'est-à-dire:
(4.91)
Nous avons aussi in extenso:
(4.92)
C'est-à-dire:
(4.93)
Donc afin d'être clair, nous avons donc pour l'instant:
(4.94)
Nous avons donc pour rappel:
(4.95)
Mais nous pouvons aussi écrire avec :
(4.96)
Dès lors:
(4.97)
De même, nous avons:
(4.98)
Mais nous pouvons aussi écrire avec :
(4.99)
Dès lors:
(4.100)
Donc afin d'être toujours clair, nous avons donc pour l'instant:
(4.101)
Donc, il vient finalement que:
(4.102)
est une solution particulière du système. Mais nous avons aussi
pour de
par la définition de la congruence:
(4.103)
Afin que x soit toujours solution du système, il faut avoir:
(4.104)
et donc:
(4.105)
Dès lors, une solution un peu plus générale est:
(4.106)
mais in extenso, nous avons la solution générale:
(4.107)
avec .
Nous disons alors parfois que la solution est x modulo nm
FRACTIONS CONTINUES
La notion de fraction continue remonte à l'époque de Fermat et
atteint son apogée avec les travaux de Lagrange et Legendre vers
la fin du 18ème siècle. Ces fractions sont importantes en physique
car nous les retrouvons en acoustique ainsi que dans la démarche
intellectuelle qui a amené Galois à créer sa théorie des groupes.
Considérons dans un premier temps le nombre rationnel a/b avec avec et .
Nous savons que tous les quotients et
les restes sont
dans le cadre de la division euclidienne des entiers positifs.
Rappelons l'algorithme d'Euclide vu plus haut (mais noté de manière
un peu différente):
(4.108)
Par substitutions successives, nous obtenons:
(4.109)
Ce qui est aussi parfois noté:
(4.110)
Ainsi, tout nombre rationnel positif peut s'exprimer comme une
fraction continue finie où .
Exemples:
E1. Cherchons l'expression de 17/49. Nous savons déjà que donc
que .
Nous avons alors:
(4.111)
Nous voyons bien dans cet exemple que nous avons effectivement .
Nous pouvons également remarquer que par construction:
(4.112)
où les crochets représentent la partie entière et nous avons
aussi:
(4.113)
E2. Voyons comment extraire la racine carrée d'un nombre A par
la méthode des fractions continues.
Soit a le plus grand nombre entier dont le carré est
plus petit que A. On le soustrait de A. Il y a donc
un reste de:
(4.114)
où nous avons utilisé une des identités remarquables vues dans
le chapitre d'Algèbre. D'où en divisant les deux membres par la
deuxième parenthèse, nous avons:
(4.115)
Soit:
(4.116)
Dans le dénominateur, nous remplaçons par:
(4.117)
Cela donne:
(4.118)
etc.... on voit ainsi que le système est simple pour déterminer
l'expression d'une racine en termes de fraction continue.
Le développement du nombre a/b s'appelle le "développement
du nombre a/b en fraction continue finie" et
est condensé sous la notation suivante:
(4.119)
Nous considérerons comme intuitif que tout nombre rationnel peut
s'exprimer comme fraction continue finie et inversement que toute
fraction continue finie représente un nombre rationnel. Par extension,
un nombre irrationnel est représenté par une fraction continue
infinie!
Considérons maintenant une
fraction continue finie. La fraction continue:
(4.120)
où est
appelée la "k-ième
réduite" ou
la "k-ième
convergente" ou encore le "k-ième
quotient partiel".
Avec cette notation, nous avons:
(4.121)
Pour simplifier les expressions ci-dessus, nous introduisons
les suites (n pour
numérateur et d pour dénominateur) définies par:
(4.122)
à l'aide de cette construction, nous avons une petite inégalité immédiate intéressante
pour un peu plus loin:
(4.123)
Avec la définition ci-dessus, nous constatons que:
(4.124)
Soit en généralisant:
(4.125)
Maintenant, montrons pour un usage ultérieur que pour ,
nous avons:
(4.126)
Le résultat est immédiat pour .
En supposant que le résultat est vrai pour i montrons qu'il
est aussi vrai pour .
Puisque:
(4.127)
alors en utilisant l'hypothèse d'induction, nous obtenons le
résultat!
Nous pouvons maintenant établir une relation indispensable
pour la suite. Montrons que si est
la k-ième réduite de la fraction continue
simple finie alors:
(4.128)
Démonstration:
(4.129)
puisque:
(4.130)
donc:
(4.131)
ce qui nous indique que le signe est
le même que celui de .
Il en résulte que pour k impair,
et que pour k pair.
Il s'ensuit que:
et
(4.132)
Ensuite, puisque:
(4.133)
Donc pour k pair, nous avons ,
nous en déduisons donc:
(4.134)
C.Q.F.D.
Montrons maintenant que toute fraction continue infinie peut
représenter un nombre irrationnel quelconque.
En des termes formels, si est
une suite d'entiers tous positifs et que nous considérons alors
celui-ci converge nécessairement vers un nombre réel si .
Effectivement il n'est pas difficile d'observer (c'est assez
intuitif) avec un exemple pratique que nous avons:
(4.135)
lorsque .
Maintenant, notons x un nombre réel quelconque et la
partie entière de ce nombre réel. Alors nous avons vu tout au début
de notre étude des fractions continues que:
(4.136)
Il vient donc que:
(4.137)
Attardons-nous pour les nécessités du chapitre
d'Acoustique sur le calcul d'une fraction continue d'un logarithme
en utilisant
la relation précédente!
D'abord rappelons que:
(4.138)
Soit (relation démontrée dans le chapitre d'Analyse
Fonctionnelle):
(4.139)
avec et .
Soit défini
par:
(4.140)
Alors montrons que:
(4.141)
En effet, pour nous
avons:
(4.142)
pour nous
avons d'abord:
(4.143)
donc:
(4.144)
et puisque nous avions montré que:
(4.145)
etc... par récurrence ce qui démontre notre droit
d'utiliser ce changement d'écriture.
Exemple:
Cherchons l'expression de la fraction continue de:
(4.146)
Nous savons en jouant avec la définition du logarithme que:
(4.147)
donc:
(4.148)
donc .
Nous avons alors:
(4.149)
et puisque:
(4.150)
il vient:
(4.151)
Donc nous avons le premier quotient partiel:
(4.152)
Et in extenso nous avons déjà:
(4.153)
Simplifions:
(4.154)
Donc le premier quotient partiel peut s'écrire:
(4.155)
et passons au deuxième quotient partiel. Nous savons déjà pour
cela que:
(4.156)
donc il est immédiat que et
alors comme:
(4.157)
nous avons:
(4.158)
Il vient finalement:
(4.159)
etc... etc.
- Introduction à la théorie
des Nombres, Éditions Modulo, J.-M. De
Koninck + A. Mercier,
ISBN10: 2891135008 (254 pages) - Imprimé en 1954 (disponible
ici sur Amazon EU Sàrl
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