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LISTE DES SUJETS TRAITÉS SUR CETTE PAGE
La base des mathématiques,
mis à part le
raisonnement (cf. chapitre Théorie
De La Démonstration),
est sans nul doute pour le commun des personnes l'arithmétique.
Il est donc obligatoire que nous y fassions étape pour étudier
sa provenance, quelques-unes de ses propriétés et
conséquences.
Les nombres, comme les figures géométriques, constituent
les bases de l'arithmétique. Ce sont aussi les bases historiques
car la mathématique a certainement commencé par
l'étude de ces objets, mais aussi les bases pédagogiques,
car c'est en apprenant à compter que nous entrons dans
le monde de la mathématique.
L'histoire
des nombres, appelés également parfois "scalaires",
est beaucoup trop longue pour être relatée ici, mais nous
ne pouvons que vous conseiller un des meilleurs ouvrages francophones
sur le sujet:
Histoire
Universelle des chiffres (~2'000 pages), Georges Ifrah, ISBN: 2221057791.
Cependant voici
une petite bride de cette dernière qui nous semble fondamentale:
Notre
système décimal actuel, de base 10, utilise les chiffres
de 0 à
9, dits "chiffres arabes",
mais au fait d'origine indienne (hindous). Effectivement, les
chiffres
arabes (d'origine indienne...) dans le tableau ci-dessous sont
la première ligne et nous voyons qu'ils sont nettement différents
des "chiffres indiens" de la
deuxième ligne:

Tableau: 2.1
- Chiffres arabes
Il faut lire dans ce tableau:
0 "zéro", 1 "un", 2 "deux",
3 "trois",
4 "quatre", 5 "cinq", 6 "six", 7 "sept",
8 "huit", 9 "neuf". Ce système est
beaucoup plus efficace que les chiffres romains (essayez de faire
un calcul
avec le système de notation romain vous allez voir...).
Ces
chiffres ne furent introduits en Europe que vers l'an 1000. Utilisés
en Inde, ils furent transmis par des Arabes au monde occidental
par le pape Gerbert d'Aurillac lors de son séjour en Andalousie
à la fin du 9ème siècle.
Remarque:Le mot français "chiffre"
est une déformation du mot arabe "sifr" désignant "zéro".
En italien, "zéro" se dit "zero",
et serait une contraction de "zefiro", on voit
là
encore la racine arabe mais le zéro serait aussi d'origine indienne...
Ainsi nos termes "chiffre" et
"zéro" ont la même origine.
L'usage précoce
d'un symbole numérique désignant "rien",
au sens de "aucune
quantité" ou "absence de quantité",
c'est à dire
notre zéro, provient du fait que les indiens utilisèrent
un système
dit "système positionnel".
Dans un tel système,
la position d'un chiffre dans l'écriture d'un nombre exprime
la puissance de 10 et le nombre de fois qu'elle intervient...
et l'absence d'une position dans ce système posait d'énormes problèmes
de relecture et pouvait engendrer de grosses erreurs de calculs.
L'introduction révolutionnaire et pourtant simple du concept de
rien permettait un relecture sans erreur des nombres.
L'absence d'une
puissance est notée par un petit rond...: c'est le zéro. Notre
système actuel est donc le "système
décimal et positionnel".
Exemple:
Description du système décimal et positionnel:

Figure: 2.1 - Description système décimal et positionnel
Le nombre 324
s'écrit de gauche à droite comme étant trois centaines: 3 fois
100, deux dizaines: 2 fois 10 et quatre unités: 4 fois 1.
Remarques:
R1. Attention!! Nous différencions un chiffre
d'un nombre... Le nombre est composé de chiffres et non
inversement. Par ailleurs, nous différencions la partie
entière
de la partie décimale du nombre.
R2. Un "nombre décimal" est un nombre qui a
une écriture
finie en base 10.
Nous
voyons parfois (et c'est conseillé) un séparateur
de milliers représenté
par une apostrophe ' en Suisse (posé
tous les trois chiffres à partir du premier en partant de la droite
pour les nombres entiers). Ainsi, nous écrirons 1'034 au
lieu de 1034 ou encore 1'344'567'569 au lieu de 1344567569. Les
séparateurs
de milliers permettent de rapidement quantifier l'ordre de grandeur
des nombres lus.
Ainsi:
-
Si nous voyons uniquement une apostrophe nous saurons que le nombre
est de l'ordre du millier
- Si nous voyons deux apostrophes nous saurons que le nombre
est de l'ordre du million
- Si nous voyons trois apostrophes nous saurons que le nombre est
de l'ordre du milliard
et ainsi
de suite... :

Figure: 2.2 - Principe de construction du système positionnel
Au
fait, tout nombre entier, autre que l'unité, peut être pris
pour base d'un système de numérotation. Nous avons
ainsi les systèmes
de numérotation binaire, ternaire, quaternaire,..., décimal,
duodécimal
qui correspondent respectivement aux bases deux, trois, quatre,...,
dix, douze.
Une
généralisation de ce qui a été vu précédemment, peut s'écrire sous
la forme suivante:
Tout
nombre entier positif peut être représenté dans une base b
sous forme de somme, où les coefficients sont
multipliés chacun par leur poids respectif .
Tel que:
(2.1)
Plus
élégamment écrit:
(2.2) avec
et
.
Remarques:
R1. Comme très
fréquemment en mathématique, nous remplacerons l'écriture
des chiffres ou des nombres par des lettres latines ou grecques
afin de généraliser leur représentation. Ainsi,
lorsque nous parlons d'une base b la valeur b peut
prendre n'importe quelle valeur entière 1, 2, 3, ...
R2. Lorsque nous prenons la valeur 2 pour b, N aura
pour valeur maximale .
Les nombres qui s'écrivent sous cette forme s'appellent
les
"nombres de Mersenne". Ces
nombres ne peuvent être premiers (voir plus bas ce qu'est
un nombre premier) que si n est premier.
Effectivement, si nous prenons
(par exemples)
et
la plus grande valeur que nous pourrons avoir sera alors:
(2.3)
R3. Lorsque qu'un nombre est le même lu de gauche à
droite ou de droite à gauche, nous parlons de "nombre
palindrome".
BASES
NUMÉRIQUES
Pour écrire
un nombre dans un système de base b,
nous devons commencer par adopter b
caractères destinés à représenter les b
premiers nombres {0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9}.
Ces caractères sont comme nous les avons déjà définis, les "chiffres"
que nous énonçons comme à l'ordinaire.
Pour la
numérotation écrite, nous faisons cette convention,
qu'un chiffre, placé à gauche d'un autre représente
des unités de l'ordre immédiatement
supérieur, ou b
fois plus grandes. Pour tenir la place des unités qui peuvent
manquer dans certains ordres, nous nous servons du zéro
(0) et par suite, le nombre de chiffres employés peut varier.
Définition: Pour la numérotation
parlée, nous
convenons d'appeler "unité
simple", "dizaine", "centaine", "millier",
etc., les unités du premier ordre, du second, du troisième,
du quatrième,
etc. Ainsi les nombres 10, 11, ..., 19 se liront de même dans tous
les systèmes de numérotation. Les nombres 1a, 1b,
a0, b0, ...
se liront dix-a, dix-bé, a-dix, bé-dix, etc. Ainsi,
le nombre 5b6a71c se lira:
cinq
millions bé-cent soixante-a mille sept cent dix-cé
Cet
exemple est pertinent car il nous montre l'expression générale
de la langue parlée que nous utilisons quotidiennement et intuitivement
en base dix (faute à notre éducation).
Remarques:
R1. Les
règles des opérations définies pour les nombres écrits dans le système
décimal sont les mêmes pour les nombres écrits dans un système quelconque
de numérotation.
R2. Pour
opérer rapidement dans un système quelconque de numérotation,
il est indispensable de savoir par coeur toutes les sommes et
tous les
produits de deux nombres d'un seul chiffre.
R3. Le choix de la base décimale semblerait dû au
fait que l'humain a dix doigts.
Voyons
comment nous convertissons un système de numérotation dans un ordre:
Exemple:
En
base dix nous savons que 142'713 s'écrit:
(2.4)
En base
deux (base binaire) le nombre 0110 s'écrirait en base 10:
(2.5)
et ainsi
de suite...
L'inverse
(pour l'exemple de la base deux) est toujours un peu plus délicat.
Par exemple la conversion du nombre décimal 1'492 en base deux se
fait par divisions successives par 2 des restes et donne (le principe
est à peu près identique pour toutes les autres bases):

Figure: 2.3 - Conversion décimal en binaire
Ainsi,
pour convertir le nombre 142'713 (base décimale) en base duodécimale
(base douze) nous avons (notation: q
est le "quotient", et r
le "reste"):
(2.6)
(2.7)
(2.8)
(2.9)
(2.10)
Ainsi
nous avons les restes 6, 10, 7, 0, 9 ce qui nous amène à écrire:
(2.11)
Nous
avons choisi pour ce cas particulier la symbolique que nous avions
définie précédemment (a-dix) pour éviter toute confusion.
TYPES
DE NOMBRES
Il existe en
mathématiques une très grande variété de nombres (naturels, rationnels,
réels, irrationnels, complexes, p-adiques, quaternions, transcendants,
algébriques, constructibles...) puisque le mathématicien
peut à loisirs en créer en ayant uniquement à poser les axiomes
(règles) de manipulations de ceux-ci (cf.
chapitre de Théorie Des Ensembles).
Cependant, il
y en a quelques-uns que nous retrouvons plus souvent que d'autres
et certains qui servent de base de construction à d'autres et
qu'il conviendrait de définir suffisamment rigoureusement
(sans aller dans les extrêmes) pour pouvoir savoir de quoi nous
parlerons lorsque nous les utiliserons.
NOMBRES ENTIERS NATURELS
L'idée du "nombre entier"
(nombre pour lequel il n'y a pas de chiffres après la virgule)
est le concept fondamental de la mathématique et nous vient à la
vue d'un groupement d'objets de même espèce (un mouton,
un autre mouton, encore un autre, etc.). Lorsque la quantité d'objets
d'un groupe est différente de celle d'un autre groupe
nous parlons alors de groupe numériquement supérieur
ou inférieur quel que soit l'espèce
d'objets contenus dans ces groupes. Lorsque la quantité d'objets
d'un ou de plusieurs groupes est équivalente, nous parlons
alors "d'égalité".
A chaque objet correspond le nombre "un" ou "unité" noté "1".
Pour former
des groupements d'objets, nous pouvons opérer ainsi: à un
objet, ajouter un autre objet, puis encore un et ainsi de suite...
chacun
des groupements, au point de vue de sa collectivité, est
caractérisé
par un nombre. Il résulte de là qu'un nombre peut être
considéré
comme représentant un groupement d'unités tel que
chacune de ces unités corresponde à un objet de la collection.
Définition: Deux nombres sont dits "égaux"
si à chacune des unités de l'un nous pouvons faire correspondre
une unité de l'autre et inversement. Si ceci ne se vérifie pas
alors nous parlons "d'inégalité".
Prenons un objet,
puis un autre, puis au groupement formé, ajoutons encore un objet
et ainsi de suite. Les groupements ainsi constitués sont caractérisés
par des nombres qui, considérés dans le même ordre que les groupements
successivement obtenus, constituent la "suite
naturelle"
et notée:
(2.12)
Remarque: La présence du 0 (zéro) dans notre
définition de 
est discutable étant donné qu'il n'est ni positif
ni négatif. C'est
la raison pour laquelle dans certains ouvrages vous pourrez trouver
une définition de  sans
le 0.
Les constituants de cet ensemble peuvent être définis
par (nous devons cette définition au mathématicien Gottlob) les
propriétés (avoir lu au préalable le chapitre de Théorie Des
Ensembles est recommandé...) suivantes:
P1. 0 (lire "zéro") est le nombre d'éléments (défini
comme une relation d'équivalence) de tous les ensembles équivalents
à (en bijection avec) l'ensemble vide.
P2. 1 (lire "un") est le nombre d'éléments de tous les
ensembles équivalents à l'ensemble dont le seul élément est 1.
P3. 2 (lire "deux") est le nombre d'éléments de tous
les ensembles équivalents à l'ensemble dont tous les éléments sont
0 et 1.
P4. En général, un nombre entier est le nombre d'éléments
de tous les ensembles équivalents à l'ensemble des nombres
entiers le précédant!
La construction
de l'ensemble des entiers naturels s'est faite de la manière la
plus naturelle et cohérente qui soit. Les naturels doivent leur
nom à ce qu'ils avaient pour objet, aux prémices de leur existence,
de dénombrer des quantités et des choses de la nature ou qui intervenaient
dans la vie de l'homme. L'originalité de l'ensemble réside dans
la manière empirique dont il s'est construit car il ne résulte pas
réellement d'une définition mathématique, mais davantage d'une prise
de conscience par l'homme du concept de quantité dénombrable, de
nombre et de lois qui traduisent des relations entre eux.
La question
de l'origine de
est dès lors la question de l'origine des mathématiques.
Et de tout temps des débats confrontant les pensées
des plus grands esprits philosophiques ont tenté d'élucider
ce profond mystère, à savoir
si la mathématique est une pure création de l'esprit
humain ou si au contraire l'homme n'a fait que redécouvrir
une science qui existait déjà dans la nature. Outre
les nombreuses questions philosophiques que cet ensemble peut
susciter, il n'en est pas moins intéressant
d'un point de vue exclusivement mathématique. Du fait de
sa structure, il présente des propriétés
remarquables qui peuvent se révéler d'une
grande utilité lorsque l'on pratique certains raisonnements
ou calculs.
Remarquons immédiatement
que la suite naturelle des nombres entiers est illimitée
(cf.
chapitre de Théorie Des Nombres) mais dénombrable
(nous verrons cela plus bas), car, à un groupement d'objets qui
se trouve représenté par un certain nombre n,
il suffira d'ajouter un objet pour obtenir un autre groupement
qui sera défini par un nombre entier immédiatement
supérieur n + 1.
Définition: Deux nombres entiers qui différent
d'une unité positive
sont dits
"consécutifs".
AXIOMES
DE PEANO
Lors de la crise
des fondements des mathématiques, les mathématiciens ont bien évidemment
cherché à axiomatiser l'ensemble
et nous devons l'axiomatisation actuelle à Peano et à Dedekind.
Les axiomes de ce système
comportent les symboles < et = pour représenter les
relations
"plus petit" et "égal" (cf. chapitre
sur les Opérateurs). Ils comprennent d'autre part
les symboles 0 pour le nombre zéro et s pour
représenter le nombre "successeur".
Dans ce système, 1 est noté:
(2.13)
dit "successeur de zéro", 2 est noté:
(2.14)
Les axiomes de Peano qui
construisent sont
les suivants (voir le chapitre de la Théorie
de la Démonstration pour certains symboles):
A1. 0 est un entier naturel (permet de poser que n'est
pas vide).
A2. Tout entier naturel
a un successeur, noté s(n).
Donc s est
une application injective, c'est- à-dire:
(2.15)
si deux successeurs sont égaux,
ils sont les successeurs d'un même nombre.
A3. ,
le successeur d'un entier naturel n'est jamais égal à
zéro (ainsi à
un premier élément)
A4. ,
"axiome de récurrence" qui
se doit se lire de la manière
suivante: si l'on démontre qu'une propriété est
vraie pour un x et son successeur, alors cette propriété est
vraie pout tout x.
Donc
l'ensemble de tous les nombres vérifiant les 4 axiomes est:
(2.16)
Remarque: Les axiomes de Peano permettent de construire
très
rigoureusement les deux opérations de base de l'arithmétique
que sont l'addition et la multiplication (cf.
chapitre sur les Opérateurs) et ainsi tous les
autres ensembles que nous verrons par la suite.
NOMBRES
PAIRS, IMPAIRS ET PARFAITS
En arithmétique, étudier la parité d'un entier,
c'est déterminer si cet entier est ou non un multiple de
deux. Un entier multiple de deux est un entier pair, les autres
sont les entiers impairs.
Définitions:
D1. Les nombres
obtenus en comptant par deux à partir de zéro, (soit 0,
2, 4, 6, 8, ...) dans cette suite naturelle sont appelés "nombres
pairs".
Le nombre
pair est donné par la relation:
(2.17)
D2. Les nombres
que nous obtenons en comptant par deux à partir de un (soit 1, 3,
5, 7,... ) dans cette suite naturelle s'appellent "nombres
impairs".
Le
nombre
impair est donné par:
(2.18)
Remarque: Nous appelons "nombres
parfaits",
les nombres égaux à la somme de leurs diviseurs entiers strictement
plus petits qu'eux mêmes (concept que nous verrons en détail
plus tard) comme par exemple: 6=1+2+3 et 28=1+2+4+7+14.
NOMBRES
PREMIERS
Définition: Un "nombre
premier" est un entier possédant exactement
2 diviseurs (ces deux diviseurs sont donc "1" et
le nombre lui-même). Dans le cas où il y a plus de
2 diviseurs on parle de "nombre
composé".
Voici l'ensemble des nombres premiers inférieurs à 60:
{2,3,5,7,11,13,17,19,23,29,31,37,41,43,47,53,59}
Remarque: A noter que la définition de nombre premier
exclut le chiffre "1" de l'ensemble des nombres premiers
car il a un unique diviseur (lui-même)
et pas deux comme le veut la définition.
Nous pouvons nous demander s'il existe une infinité de nombres
premiers ? La réponse est positive et en voici une démonstration
(parmi tant d'autres) par l'absurde.
Démonstration:
Supposons qu'il n'existe
qu'un nombre fini de nombres premiers qui seraient:
(2.19)
Nous formons
un nouveau nombre à partir du produit de tous les nombres premiers
auquel nous ajoutons "1":
(2.20)
Selon
notre hypothèse initiale et le théorème fondamental de
l'arithmétique (cf. chapitre
de Théorie Des Nombres) ce nouveau nombre devrait être
divisible par l'un des nombres premiers existants selon:
(2.21)
Nous pouvons
effectuer la division:
(2.22)
Le premier
terme se simplifie, car est
dans le produit. Nous notons E
cet entier:
(2.23)
Or, q
et E
sont deux entiers, donc doit
être un entier. Mais est
par définition supérieur à 1. Donc n'est
pas un entier.
Il y a alors contradiction et nous en concluons que les nombres
premiers ne sont pas en nombre fini, mais infini.
C.Q.F.D.
Remarques:
R1. (le
produit des n
premiers nombres premiers inférieurs ou égaux à n) est appelé "primorielle
n".
R2. Nous renvoyons le lecteur
au chapitre de Cryptographie de la section d'Informatique Théorique
pour étudier quelques propriétés remarquables des nombres premiers
dont la non moins fameuse fonction phi d'Euler (ou appelé aussi
"fonction indicatrice").
R3. L'étude des nombres premiers est un sujet immensément vaste et certains théorèmes y relatifs sortent largement
du cadre d'étude de ce site.
NOMBRES
entiers RELATIFS
L'ensemble
à quelques défauts que nous n'avons pas énoncés
tout à l'heure.
Par exemple, la soustraction de deux nombres dans
n'a pas toujours un résultat dans (les
nombres négatifs n'y existent pas). Autre défaut,
la division de deux nombres dans n'a
également pas toujours un résultant dans (les
nombres fractionnaires n'y existent pas).
Nous
pouvons dans un premier temps résoudre le problème
de la soustraction en ajoutant à l'ensemble des entiers naturels,
les entiers négatifs
(concept révolutionnaire pour ceux qui en sont à l'origine)
nous obtenons "l'ensemble des entiers
relatifs"
noté
(pour "Zahl" de l'allemand):
(2.24)
L'ensemble des
entiers naturels est donc inclus dans l'ensemble des entiers relatifs.
C'est ce que nous notons sous la forme:
(2.25)
et nous avons
par définition (c'est une notation qu'il faut apprendre):
(2.26)
Cet ensemble a été créé à l'origine
pour faire de l'ensemble des entiers naturels un objet que nous
appelons un "groupe" (cf.
chapitre Théorie Des Ensembles) par rapport à l'addition.
Définition: Nous disons qu'un ensemble E
est un "ensemble dénombrable",
s'il est équipotent à .
C'est-à-dire s'il existe une bijection de (cf.
chapitre Théorie Des Ensembles) sur
E.
Ainsi, grosso modo, deux ensembles équipotents ont "autant"
d'éléments au sens de leurs cardinaux (cf.
chapitre de Théorie Des Ensembles), ou
tout au moins la même infinité.
L'objectif
de cette remarque est de faire comprendre que les ensembles sont
dénombrables.
Démonstration:
Montrons que est
dénombrable en posant:
et
(2.27)
pour tout entier .
Ceci donne l'énumération suivante:
0,-1,1,-2,2,-3,3,
...
(2.28)
de tous les entiers relatifs à partir des entiers naturels
seuls.
C.Q.F.D.
NOMBRES
RATIONNELS
L'ensemble
a aussi un défaut. Ainsi,
la division de deux nombres dans
n'a également pas toujours un résultat dans
(les nombres fractionnaires
n'y existent pas). Nous disons alors dans le langage de la théorie
des ensembles que: la division n'est pas une opération
interne dans .
Nous pouvons
ainsi définir un nouvel ensemble qui contient tous les nombres
qui peuvent s'écrire sous forme de "fraction",
c'est-à-dire du rapport
d'un dividende (numérateur) et d'un diviseur (dénominateur). Quand
un nombre peut se mettre sous cette forme, nous disons que c'est
une "nombre
fractionnaire":
Figure: 2.4 - Construction nombre fractionnaire
Une fraction peut être employée pour exprimer une
partie, ou une part, de quelque chose
(d'un objet, d'une distance, d'un terrain, d'une
somme d'argent…).
Par définition, "l'ensemble
des nombres rationnels"
est donné par:
(2.29)
et
où p et q sont des entiers sans facteurs
communs (autrement dit la fraction p/q est écrite
sous forme irréductible).
Nous supposerons
par ailleurs comme évident que:
(2.30)
La
logique de la création de l'ensemble des nombres rationnels
est similaire à celle des entiers relatifs. Effectivement,
les mathématiciens
ont souhaité faire de l'ensemble des nombres relatifs un "groupe"
par rapport à la loi de multiplication et de division (cf.
chapitre de Théorie Des Ensembles).
De
plus, contrairement à l'intuition, l'ensemble des nombres entiers
et nombres rationnels sont équipotents. Nous pouvons
nous persuader de cette équipotence en rangeant comme le fit Cantor,
les rationnels dans un premier temps de la façon suivante:

Figure: 2.5 - Métode diagonale de Cantor
Ce tableau est
construit de telle manière que chaque rationnel n'apparaît
qu'une seule fois (au sens de sa valeur décimale) par diagonale
d'où le nom de la méthode: "diagonale
de Cantor".
Si nous éléminons de chaque diagonale les rationnels
qui apparaissent plus d'une fois (les "fractions
équivalentes")
pour ne garder plus que ceux qui sont irréductibles (donc
ceux dont le PGCD du numérateur et dénominateur est égal à 1),
nous pouvons alors ainsi grâce à cette
distinction définir une application qui
est injective (deux rationnels distincts admettent des rangs distincts)
et surjective (à toute place sera inscrit un rationnel).
L'application f est
donc bijective: et
sont
donc bien équipotents !
La définition un peu
plus rigoureuse (et donc moins sympathique) de
se fait à partir de
en procédant comme suit (il est intéressant d'observer
les notations utilisées):
Sur l'ensemble ,
qu'il faut lire comme étant l'ensemble construit à
partir de deux éléments entiers relatifs dont on exclut
le zéro pour le deuxième, on considère la relation
R entre deux couples d'entiers relatifs définie par:
(2.31)
Nous vérifions facilement
ensuite que R est une relation d'équivalence (cf.
chapitre sur les Opérateurs) sur .
L'ensemble des classes d'équivalences
pour cette relation R noté alors est
par définition .
C'est-à-dire que nous posons alors plus rigoureusement:
(2.32)
La classe d'équivalence
de
est explicitement notée par:
(2.33)
conformément à
la notation que tout le monde a l'habitude d'employer.
Nous vérifions facilement
que l'addition et la multiplication qui étaient des opérations
définies sur
passent sans problèmes à
en posant:
(2.34)
De plus ces opérations
munissent
d'une structure de corps (cf. chapitre de
Théorie Des Ensembles)
avec
comme élément neutre additif et
comme élément neutre multiplicatif. Ainsi, tout élément
non nul de
est inversible, en effet:
(2.35)
ce qui s'écrit aussi
plus techniquement:
(2.36)
Remarque: Même si nous aurions envie de définir 
comme étant l'ensemble 
où 
représente les numérateurs et 
les dénominateurs des rationnels, ceci n'est pas possible
car autrement nous aurions par exemple 
tandis que nous nous attendons à une égalité.
D'où le besoin d'introduire
une relation d'équivalence qui nous permet d'identifier,
pour revenir à l'exemple précédent, (1,2)
et (2,4).
La relation R que nous avons définie ne tombe pas
du ciel, en effet le lecteur qui a manipulé les rationnels
jusqu'à présent sans jamais avoir vu leur définition
formelle sait que:
(2.37)
Il est donc naturel de définir la relation R comme
nous l'avons fait. En particulier, en ce qui concerne l'exemple
ci-dessus,
car (1,2)R(2,4)
et le problème est résolu.
Outre les circonstances historiques
de sa mise en place, ce nouvel ensemble se distingue des ensembles
d'entiers relatifs car il induit la notion originale et paradoxale
de quantité partielle. Cette notion qui a priori n'a pas
de sens, trouvera sa place dans l'esprit de l'homme notamment
grâce à la
géométrie où l'idée de fraction de longueur,
de proportion s'illustre plus intuitivement.
NOMBRES IRRATIONNELS
L'ensemble des
rationnels
est limité et non suffisant lui aussi. Effectivement,
nous pourrions penser que tout calcul mathématique numérique
avec les opérations communément connues se réduisent
à cet ensemble mais ce n'est pas le cas.
Exemples:
E1. Prenons le calcul de la racine carrée de deux que nous
noterons .
Supposons que cette dernière racine soit un
rationnel. Alors s'il s'agit bien d'un rationnel, nous devrions
pouvoir l'exprimer comme a/b,
où par de par la définition d'un rationnel a et b sont
des entiers sans facteurs communs. Pour
cette raison, a et b ne
peuvent tous les deux être pairs. Il y a trois possibilités
restantes:
1. a
est impair (b
est alors pair)
2. a
est pair (b est
alors impair)
3. a est impair (b est alors impair)
En mettant
au carré, nous avons:
(2.38)
qui peut
s'écrire:
(2.39)
Puisque
le carré d'un nombre impair est impair et le carré d'un nombre pair
est pair, le cas (1) est impossible, car serait
impair et serait
pair.
Le cas
(2) est aussi impossible, car alors nous pourrions écrire
,
où c
est un entier quelconque, et donc si nous le portons au carré nous
avons où
nous avons un nombre pair des deux côtés de l'égalité.
En remplaçant
dans nous
obtenons après simplification que .
serait
impair alors que serait
pair.
Le cas (3) est aussi impossible, car est
donc alors impair et est
pair (que b soit pair ou impair!).
Il n'y a pas de solution! C'est donc que l'hypothèse
de départ
est fausse et qu'il n'existe pas deux entiers a et
b tels
que .
E2. Démontrons,
aussi par l'absurde, que le fameux nombre d'Euler e est
irrationnel. Pour cela, rappelons que e (cf.
chapitre d'Analyse Fonctionnelle) peut aussi être
défini
par la série
de Taylor (cf. chapitre sur les Suites Et Séries):
(2.40)
Alors
si e est rationnel, il doit pouvoir s'écrire sous la forme p/q (avec ,
car nous savons que e n'est pas entier). Multiplions les
deux côtés de l'égalité par q!:
(2.41)
Le premier
membre q!e serait alors un entier, car par définition
de la factorielle:
(2.42)
est un entier.
Les premiers
termes du second membre de la relation antéprécédente,
jusqu'au terme q!/q!=1
sont aussi des entiers car q!/m! se simplifie
si q>m. Donc par soustraction nous trouvons:
(2.43)
où la série à droite devrait
aussi être un entier!
Après
simplification, le second membre de l'égalité devient:
(2.44)
le premier
terme de cette somme est strictement inférieur à 1/2, le deuxième
inférieur à 1/4, le troisième inférieur à 1/8, etc.
Donc,
vu que chaque terme est strictement inférieur aux termes
de la série harmonique suivante qui converge vers 1:
1/2+1/4+1/8+...=1
(2.45)
alors
par conséquent, la série n'est pas un entier puisque étant
strictement inférieure à 1.
Ce qui constitue une contradiction!
Ainsi, les nombres rationnels
ne satisfont pas à l'expression numérique de comme
de e (pour citer seulement ces deux exemples particuliers).
Il
faut donc les compléter
par l'ensemble de tous
les nombres qui ne peuvent s'écrire sous forme de fraction
(rapport d'un dividende et d'un diviseur entiers sans facteurs
communs) et
que nous appelons des "nombres irrationnels".
NOMBRES
RÉELS
Définition: La réunion des nombres rationnels et irrationnels donne "l'ensemble
des nombres réels".
Ce que nous notons:
(2.46)
Remarque: Les mathématiciens dans leur rigueur habituelle
ont différentes techniques pour définir les nombres
réels. Ils utilisent pour cela des propriétés
de la topologie (entre autres) et en particulier les suites de Cauchy
mais c'est une autre histoire qui dépasse le cadre formel
du présent chapitre.
Nous sommes évidemment amenés à nous poser la question si est
dénombrable ou non. La démonstration est assez simple.
Démonstration:
Par définition, nous avons
vu plus haut qu'il doit y avoir une bijection entre et pour
dire que soit
dénombrable.
Pour simplifier,
nous allons montrer que l'intervalle [0,1[ n'est
alors pas dénombrable. Ceci impliquera bien sûr par extension
que
ne l'est pas!
Les éléments de cet intervalle sont représentés
par des suites infinies entre 0 et 9 (dans le système décimal):
- Certaines de ces suites
sont nulles à partir d'un certain rang, d'autres non
- Nous pouvons donc identifier
[0,1[ à l'ensemble de toutes les suites (finies ou infinies)
d'entiers compris entre 0 et 9
n°1 |

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n°2 |

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n°3 |

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n°4 |

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n°6 |

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n°k |

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Tableau: 2.2
- Identification et classement de nombres réels
Si cet ensemble était
dénombrable, nous pourrions classer ces suites (avec une
première,
une deuxième, etc.). Ainsi, la suite
serait classée première et ainsi de suite... comme
le propose le tableau ci-dessus.
Nous pourrions alors modifier
cette matrice infinie de la manière suivante: à chaque élément
de la diagonale, rajouter 1, selon la règle: 0+1=1, 1+1=2,
8+1=9 et 9+1=0
n°1 |
+1 |

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n°2 |

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+1 |

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n°3 |

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+1 |

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n°4 |

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+1 |
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n°5 |

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n°6 |

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n°k |

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Tableau: 2.3
- Identification et classement de nombres réels
Alors considérons
la suite infinie qui se trouve sur la diagonale:
- Elle ne peut être
égale à la première car elle s'en distingue
au moins par le premier élément
- Elle ne peut être
égale à la deuxième car elle s'en distingue
au moins par le deuxième élément
- Elle ne peut être
égale à la troisième car elle s'en distingue
au moins par le troisième élément
et ainsi de suite... Elle ne peut donc être
égale à aucune des suites contenues dans ce tableau!
Donc, quel que soit le classement choisi des suites infinies de
0...9, il y en a toujours une qui échappe à ce classement!
C'est donc qu'il est impossible de les numéroter... tout
simplement parce qu'elles ne forment pas un ensemble dénombrable.
C.Q.F.D.
La
technique qui nous a permis d'arriver à ce résultat
est connue sous le nom de "procédé diagonal
de Cantor" (car similaire à celle utilisée
pour l'équipotence entre ensemble naturel et rationnel) et
l'ensemble des nombres réels est dit avoir "la
puissance du continu" de par le fait qu'il est indénombrable.
Remarque: Nous supposerons intuitif pour le lecteur que
tout nombre réel peut être approché infiniment près par un nombre
rationnel (pour les nombres irrationnels il suffit de s'arrêter à un
nombre de décimales données et d'en trouver le rationnel correspondant).
Les mathématiciens disent alors que  est
" dense" dans  et
notent cela:
(2.47)
NOMBRES TRANSFINIS
Nous
nous retrouvons donc avec un "infini" des nombres
réels qui
est différent de celui des nombres naturels. Cantor osa
alors ce que personne n'avait osé depuis Aristote: la suite
des entiers positifs est infinie, l'ensemble ,
est donc un ensemble qui a
une infinité dénombrable d'éléments,
alors il affirma que le cardinal (cf.
chapitre de Théorie Des Ensembles) de cet ensemble était
un nombre qui existait comme tel sans que l'on utilise le
symbole
fourre tout ,
il le nota:
(2.48)
Ce symbole
est la première lettre de l'alphabet hébreu, qui
se prononce "aleph
zéro". Cantor allait appeler ce nombre étrange,
un nombre "transfini".
L'acte
décisif est d'affirmer qu'il y a, après le fini, un transfini, c'est-à-dire
une échelle illimitée de modes déterminés qui par nature sont infinis,
et qui cependant peuvent être précisés, tout comme le fini, par
des nombres déterminés, bien définis et distinguables les uns des
autres !!
Après
ce premier coup d'audace allant à l'encontre de la plupart des
idées
reçues depuis plus de deux mille ans, Cantor allait poursuivre
sur sa lancée et établir des règles de calcul,
paradoxales à première vue,
sur les nombres transfinis. Ces règles se basaient, comme
nous l'avons précisé tout à l'heure, sur le fait
que deux ensembles infinis sont
équivalents s'il existe une bijection entre les deux ensembles.
Ainsi,
nous pouvons facilement montrer que l'infini des nombres pairs est
équivalent à l'infini des nombres entiers: pour cela, il suffit
de montrer qu'à chaque nombre entier, nous pouvons associer un nombre
pair, son double, et inversement.
Ainsi,
même si les nombres pairs sont inclus dans l'ensemble des nombres
entiers, il y en a une infinité égaux,
les deux ensembles sont donc équipotents. En affirmant
qu'un ensemble peut être égal à une de ses parties, Cantor
va à l'encontre
ce qui semblait être une évidence pour Aristote et Euclide:
l'ensemble de tous les ensembles est infini ! Cela va ébranler
la totalité
des mathématiques et va amener à l'axiomatisation de Zermelo-Fraenkel
que nous verrons dans le chapitre de Théorie Des Ensembles.
A partir
de ce qui précède, Cantor établit les règles de calculs suivants
sur les cardinaux:
(2.49)
À première vue ces
règles semblent non intuitives mais en fait elles le sont
bien! En effet, Cantor définit l'addition de deux nombres
transfinis comme le cardinal de l'union disjointe des ensembles
correspondants.
Exemples:
E1. En notant donc le
cardinal de nous
avons qui
est équivalent à dire que nous sommons le cardinal
de union
disjointe .
Or union
disjointe est équipotent à donc (il
suffit pour s'en convaincre de prendre l'ensemble des entiers
pairs et impairs tout deux dénombrables dont l'union
disjointe est dénombrable).
E2. Autre exemple trivial:
correspond au cardinal de l'ensemble
union un point. Ce dernier ensemble est encore équipotent
à
donc .
Nous verrons également
lors de notre étude du chapitre de Théorie Des
Ensembles que le concept de produit cartésien de deux ensembles
dénombrables
est tel que nous ayons:
(2.50)
et donc:
(2.51)
De même (cf.
chapitre de Théorie Des Ensembles), puisque nous
avons:
(2.52)
et en identifiant à (rapport
d'un numérateur sur un dénominateur), nous
avons immédiatement:
(2.53)
Nous pouvons d'ailleurs démontrer
un énoncé intéressant: si
nous considérons le cardinal de l'ensemble de tous les cardinaux,
il est nécessairement plus grand que tous les cardinaux,
y compris lui-même (il vaut mieux avoir lu le chapitre de Théorie
Des Ensembles au préalable)! En d'autres termes: le cardinal
de l'ensemble de tous les ensembles de A est plus grand
que le cardinal de A lui-même.
Ceci implique qu'il n'existe aucun
ensemble qui contient tous les ensembles puisqu'il en existe
toujours un qui est plus grand (c'est une forme équivalente
du fameux ancien paradoxe de Cantor).
Dans un langage technique cela revient à considérer un ensemble
non vide
A et alors d'énoncer que:
(2.54)
où est
l'ensemble des parties de A (voir le chapitre de Théorie
des Ensembles pour le calcul général du cardinal
de l'ensemble des parties d'un ensemble dénombrable).
C'est-à-dire par définition
de la relation d'ordre < (strictement inférieur), qu'il
suffit de montrer qu'il n'existe pas d'application surjective ,
en d'autres termes qu'à chaque élément de
l'ensemble des parties de A il ne correspond pas au moins
une pré-image
dans A.
Remarque: 
est par exemple constitué de l'ensemble des nombres impairs,
pairs, premiers, et l'ensemble des naturels, ainsi que l'ensemble
vide lui-même, etc. 
est donc l'ensemble de toutes les "patates" (pour emprunter le
vocabulaire de la petite école...) possibles qui forment

.
Démonstration (par l'absurde):
L'idée
maintenant est de supposer que nous pouvons numéroter chacune
des patates de avec
au moins un élément de A (imaginez cela
avec ou
allez voir l'exemple dans le chapitre de Théorie Des Ensembles).
En d'autres termes cela revient à supposer que est
surjective et considérons un sous-ensemble E de A
tel que:
(2.55)
c'est-à-dire l'ensemble
d'éléments x de A qui n'appartiennent
pas à l'ensemble numéro x (l'élément
x n'appartient pas à la patate qu'il numérote...
en d'autres termes).
Or, si f est surjective
il doit alors exister aussi un pour
ce sous-ensemble E tel que:
(2.56)
puisque E est aussi une partie de A.
Si
alors mais
de par la définition de E , et
nous avons donc une absurdité de par l'hypothèse
de la surjectivité!
C.Q.F.D.
NOMBRES
COMPLEXES
Inventés au 16ème siècle entre autres par
Jérôme Cardan
et Rafaello Bombelli, ces nombres permettent de résoudre
des problèmes
n'ayant pas de solutions dans
ainsi que de formaliser mathématiquement certaines transformations
dans le plan telles que la rotation, la similitude, la translation,
etc. Pour les physiciens, les nombres complexes constituent surtout
un moyen très commode de simplifier les notations. Il est
ainsi très difficile d'étudier les phénomènes
ondulatoires, la relativité générale ou
la mécanique quantique sans recourir aux nombres et
expressions complexes.
Il existe plusieurs manières de construire les nombres
complexes. La première est typique de la construction telle
que les mathématiciens en ont l'habitude dans le cadre de
la théorie
des ensembles. Ils définissent un couple de nombres réels
et définissent des opérations entre ces couples
pour arriver enfin à une signification du concept de
nombre complexe. La deuxième est moins rigoureuse mais
son approche est plus simple et consiste à définir
le nombre imaginaire pur unitaire i et ensuite de
construire les opérations
arithmétiques à partir de sa définition. Nous
allons opter pour cette deuxième méthode.
Définitions:
D1. Nous définissons le "nombre
imaginaire unitaire pur"
que nous notons i par la propriété suivante:
(2.57)
D2. Un "nombre complexe"
est un couple d'un nombre réel a et d'un nombre
imaginaire ib et s'écrit généralement
sous la forme suivante:
z = a+ib
(2.58)
a
et b
étant des nombres appartenant à .
Nous notons l'ensemble des nombres complexes et
avons donc par construction:
(2.59)
Remarque: L'ensemble 
est identifié au plan euclidien orienté E
( cf. chapitre de Calcul Vectoriel)
grâce au choix d'une base orthonormée directe (nous
obtenons ainsi le "plan d'Argand-Cauchy", appelé aussi
"plan de Gauss-Argand" ou encore plus communément
"plan de Gauss" que nous verrons un peu plus loin et
qui aurait proposé pour la première fois en 1806).
L'ensemble des nombres complexes qui constitue un corps (cf.
chapitre de Théorie Des Ensembles), et noté ,
est défini (de manière simple pour commencer) dans
la notation de la théorie des ensembles par:
(2.60)
En d'autres termes nous disons que le
corps est
le corps auquel
nous avons "adjoint" le nombre
imaginaire i. Ce qui se note formellement:
(2.61)
L'addition et la multiplication
de nombres complexes sont des opérations internes à l'ensemble
des complexes (nous reviendrons beaucoup plus en détail sur certaines
propriétés des nombres complexes dans le chapitre traitant de
la Théorie Des Ensembles) et définies par:
(2.62)
La "partie réelle" de z
est traditionnellement notée:
(2.63)
La "partie
imaginaire" de z
est traditionnellement notée:
(2.64)
Le "conjugué"
ou "conjugaison" de z
est défini par:
(2.65)
et
est aussi parfois noté
(en particulier en physique quantique dans certains ouvrages!).
A
partir d'un complexe et de son conjugué, il est possible de trouver
ses parties réelles et imaginaires. Ce sont les relations évidentes
suivantes:
et
(2.66)
Le "module"
de z
(ou "norme") représente la longueur par rapport au centre
du plan de Gauss (voir un peu plus bas ce qu'est le plan de Gauss)
et est simplement calculé avec l'aide du théorème de Pythagore:
(2.67)
et est donc toujours un nombre positif ou nul.
Remarque: La notation  pour
le module n'est pas innocente puisque  coïncide
avec la valeur absolue de z lorsque z est réel.
La division entre deux complexes
se calcule comme (le dénominateur étant évidemment
non nul):
(2.68)
L'inverse d'un complexe se
calculant de façon similaire:
(2.69)
Nous pouvons aussi énumérer
8 importantes propriétés du module et du conjugué complexe:
P1. Nous affirmons que:
(2.70)
Démonstration:
Par définition du module ,
pour que la somme soit
nulle, la condition nécessaire est que:
(2.71)
C.Q.F.D.
P2. Nous affirmons que:
(2.72)
Démonstration:
(2.73)
C.Q.F.D.
P3. Nous affirmons que:
(2.74)
Démonstration:
Les deux inégalités ci-dessus
peuvent s'écrire:
(2.75)
donc équivalent respectivement
à:
(2.76)
qui sont triviales. La suite est alors triviale...
C.Q.F.D.
P4. Nous avons:
(2.77)
et
si:
(2.78)
Démonstrations:
(2.79)
(nous démontrerons un peu plus bas en toute généralité
que )
et:
(2.80)
C.Q.F.D.
P5. Nous affirmons (à nouveau...) que:
(2.81)
Démonstration:
(2.82)
C.Q.F.D.
P6. Nous affirmons que:
(2.83)
Démonstrations:
(2.84)
et:
(2.85)
et:
(2.86)
C.Q.F.D.
Remarques:
R1. En des termes mathématiques,
la première démonstration permet de montrer que la
conjugaison complexe est ce que l'on appelle "involutive"
(dans le sens qu'elle ne fait rien évoluer...).
R2. En des termes tout aussi
mathématiques (ce n'est que du vocabulaire!), la deuxième
démonstration montre que la conjugaison de la somme de
deux nombres complexes est ce que nous appelons un "automorphisme
du groupe" (cf. chapitre de Théorie Des Ensembles).
R3. Encore une fois, pour le vocabulaire..., la troisième
démonstration montre que la conjugaison du produit de deux
nombres complexes est ce que nous appelons un "automorphisme
du corps"
(cf. chapitre de Théorie Des Ensembles).
P7. Nous affirmons que pour z différent de zéro:
(2.87)
Nous nous restreindrons à la démonstration de la seconde relation
qui est un cas général de la première (pour ).
Démonstration:
(2.88)
C.Q.F.D.
P8. Nous avons:
(2.89)
Démonstration:
(2.90)
C.Q.F.D.
P9. Nous avons:
(2.91)
pour tous complexes (rigoureusement
non nuls car sinon le concept d'argument du nombre complexe que
nous verrons plus loin est alors indéterminé). De plus l'égalité a
lieu si et seulement si et
sont
colinéaires (les vecteurs sont "sur la même droite")
et de même sens, autrement dit .... s'il existe tel
que .
Démonstration:
(2.92)
Cette inégalité
peut ne pas paraître évidente à tout le monde alors développons
un peu et supposons-la vraie:
(2.93)
Après simplification:
(2.94)
et encore après simplification:
(2.95)
donc comme la parenthèse au carré est forcément positive ou nulle
il s'ensuit:
(2.96)
Cette dernière relation démontre donc que l'inégalité est
vraie.
C.Q.F.D.
Remarque: Il existe une forme plus générale
de cette inégalité appelée "inégalité
de Minkowski" présentée dans le chapitre de
Calcul Vectoriel (les nombres complexes peuvent effectivement
s'écrire
sous la forme de vecteurs comme nous allons le voir de suite).
INTERPRÉTATION
GÉOMÉTRIQUE
Nous pouvons aussi représenter
un nombre complexe ou
dans
un plan délimité par deux axes (deux dimensions) de longueur infinie
et orthogonaux entres eux. L'axe vertical représentant la partie
imaginaire d'un nombre complexe et l'axe horizontal la partie réelle
(voir figure ci-après).
Il y donc bijection entre l'ensemble des nombres complexes
et l'ensemble des vecteurs du plan de Gauss (notion d'affixe).
Nous nommons parfois ce type
de représentation "plan de Gauss":

Figure: 2.6 - Plan de Gauss
et nous écrivons alors:
(2.97)
Nous voyons sur ce diagramme
qu'un nombre complexe a donc une interprétation vectorielle
(cf. chapitre de Calcul Vectoriel)
donnée par:
(2.98)
où la base canonique est définie telle que:
(2.99)
avec:
(2.100)
Ainsi, est
le vecteur de la base unitaire porté par
l'axe horizontal
et est
le vecteur de la base unitaire porté par
l'axe imaginaire et r est
le module (la norme) positif ou nul.
Ceci est à comparer avec
les vecteurs de (cf.
chapitre de Calcul Vectoriel):
(2.101)
avec:
(2.102)
ce qui fait que nous pouvons identifier le plan complexe avec
le plan euclidien.
À l'aide de l'interprétation géométrique du plan de Gauss, l'égalité
ci-dessous est par exemple immédiate et évite de faire quelques
développements:
(2.103)
Par ailleurs, les définitions du cosinus et sinus (cf.
chapitre de Trigonométrie) nous donnent:
(2.104)
Finalement:
(2.105)
Ainsi:
(2.106)
complexe qui est toujours égal à lui-même
modulo de
par les propriétés des fonctions trigonométriques:
(2.107)
avec et où est
appelé "l'argument de z"
et est noté traditionnellement:
(2.108)
Les propriétés
du cosinus et du sinus (cf. chapitre de Trigonométrie)
nous amènent directement à écrire pour
l'argument:
et
(2.109)
Nous démontrons entre autres avec les séries de Taylor (cf.
chapitre des Suites Et Séries) que:
(2.110)
et:
(2.111)
dont la somme est semblable
à:
(2.112)
mais par contre parfaitement
identique au développement de Taylor de :
(2.113)
Donc finalement, nous pouvons
écrire:
(2.114)
relation nommée "formule d'Euler".
En utilisant les propriétés des fonctions trigonométriques:
(2.115)
Suivant que nous sommes ou soustryons cela nous donne
les "formules d'Euler" ou
"formules de Moivre et Euler":
(2.116)
Remarquons que l'angle peut être un nombre purement complexe et
dans ce cas les deux formules d'Euler donnent un nombre réel. Si
l'angle est un nombre complexe avec une partie réelle + imaginaire
alors dans ce cas les fonctions trigonométriques redonnent un nombre
complexe en sortie. Ceci pour dire qu'en toute généralité les fonctions
trigonométriques peuvent être considérées commes des fonctions
qui vont de dans .
Grâce à la forme exponentielle
d'un nombre complexe, très fréquemment utilisée dans de nombreux
domaines de la physique et de l'ingénierie,
nous pouvons très facilement tirer des relations telles
que (cis est
une vieille notation qui est l'abréviation du cos i
sin se trouvant dans la parenthèse):
(2.117)
et en supposant connues les
relations trigonométriques de bases (cf.
chapitre de Trigonométrie) nous avons les relations
suivantes pour la multiplication de deux nombres complexes:
(2.118)
dès lors:
(2.119)
et donc si n est un entier positif:
(2.120)
Pour
le module de la multiplication (nous changeons de notation pour
la lisibilité):
(2.121)
d'où:
(2.122)
Pour la division de deux
nombres complexes:
(2.123)
Le module de
leur division vient alors immédiatement:
(2.124)
dès lors
nous avons pour l'argument:
(2.125)
ainsi il vient
immédiatement:
(2.126)
Pour la mise en puissance
d'un nombre complexe (ou la racine):
(2.127)
ce qui nous donne immédiatement un résultat
déjà mentionné plus haut:
(2.128)
et pour l'argument:
(2.129)
Dans le cas où nous avons
un module unité tel que nous
avons alors la relation:
(2.130)
appelée "formule
de De Moivre".
Pour le logarithme népérien d'un nombre complexe, nous avons trivialement
la relation suivante sur laquelle nous reviendrons dans le chapitre
d'Analyse Complexe:
(2.131)
où ln( z ) est souvent dans le cas complexe écrit Log( z
) avec un "L" majuscule.
Toutes les relations
précédentes pourraient
bien sûr être
obtenues avec la forme trigonométrique des nombres complexes
mais nécessiteraient alors quelques lignes supplémentaires
de développements.
Remarque: Une variation sinusoïdale 
peut être représentée comme la projection ( cf.
chapitre de Trigonométrie) sur l'axe vertical y (axe
des imaginaires de l'ensemble  )
d'un vecteur 
tournant à vitesse angulaire 
autour de l'origine dans le plan xOy:

Figure: 2.7 - Représentation d'un vecteur de Fresnel
Un tel vecteur tournant s'appelle "vecteur
de Fresnel" et peut très bien être interprété
comme la partie imaginaire d'un nombre complexe donné par:
(2.132)
Nous retrouverons les vecteurs tournants de façon explicite
lors de notre étude de la mécanique ondulatoire et
optique géométrique (dans le cadre de la diffraction).
TRANSFORMATIONS
DANS LE PLAN
Il est
habituel de représenter les nombres réels comme points d'une droite
graduée. Les opérations algébriques y ont leur interprétation géométrique:
l'addition est une translation, la multiplication une homothétie
centrée à l'origine.
En particulier
nous pouvons parler de la "racine carrée d'une transformation".
Une translation d'amplitude a peut être obtenue comme l'itération
d'une translation d'amplitude a/2.
De même une homothétie de rapport a peut être obtenue comme
l'itérée d'une homothétie de rapport .
En particulier une homothétie de rapport 9 est la composée de
deux homothéties de rapport 3 ( ou -3).
La racine
carrée prend alors un sens géométrique. Mais
qu'en est-il de la racine carrée de nombres négatifs?
En particulier de la racine carrée de -1?
Une homothétie
de rapport -1 peut être vue comme une symétrie par rapport à l'origine.
Toutefois si nous voulons voir cette transformation d'une manière
continue, force nous est de placer la droite dans un plan. Dès
lors une homothétie de rapport -1 peut être vue comme
une rotation de
radians
autour de l'origine.
Du coup,
le problème de la racine carrée négative se
simplifie. En effet, il n'est guère difficile de décomposer
une rotation de radians
en deux transformations: nous pouvons répéter soit
une rotation de soit
une rotation de .
L'image de 1 sera la racine carrée de -1 et i est
située sur une perpendiculaire à l'origine à une distance
1 soit vers le haut soit vers le bas.
Ayant
réussi à positionner le nombre i il
n'est plus guère difficile de disposer les autres nombres
complexes dans un plan de Gauss. Nous pouvons ainsi associer à 2i le
produit de l'homothétie (cf. chapitre
de Géométrie
Euclidienne) de rapport 2 par la rotation de centre O
et d'angle ,
soit une similitude centrée à l'origine. C'est ce que nous
allons nous efforcer à montrer maintenant.
Soient:
(2.133)
et .
Nous avons les propriétés de transformations géométriques
suivantes pour les nombres complexes (voir le chapitre
de Trigonométrie
pour les propriétés du sinus et cosinus)
que nous pouvons joyeusement combiner selon notre bon vouloir:
P1. La multiplication de
par un réel dans
le plan de Gauss correspond (trivial) à une homothétie
(agrandissement) de centre O (l'intersection des axes
imaginaires et réels), de rapport .
Démonstration:
(2.134)
C.Q.F.D.
P2. La multiplication de
par un nombre complexe de module unitaire:
(2.135)
correspond à une rotation
de centre O et d'angle du complexe .
Démonstration:
(2.136)
C.Q.F.D.
Remarque: Nous voyons alors immédiatement, par
exemple, que multiplier un nombre complexe par i (c'est-à-dire
 )
correspond à une rotation de  .
Il est intéressant
d'observer que sous forme vectorielle la rotation de centre O
de par
peut
s'écrire à l'aide de la matrice suivante:
(2.137)
Démonstration:
Nous savons que
est une rotation de centre O et d'angle .
Il suffit de l'écrire à l'ancienne:
(2.138)
ce qui donne sous forme vectorielle:
(2.139)
donc l'application linéaire
est équivalente à:
(2.140)
ou encore (nous retombons
sur la matrice de rotation dans le plan que nous avons dans le
chapitre de Géométrie Euclidienne ce qui est un résultat
remarquable!) en utilisant:
(2.141)
dans le cas particulier et arbitraire où r serait
unitaire (afin d'avoir une rotation pure!):
(2.142)
nous avons immédiatement
(nous avons repris les notations de l'angle tel que nous l'avons
dans
le chapitre
de Géométrie):
(2.143)
Remarquons que la matrice
de rotation peut aussi s'écrire sous la forme:
(2.144)
de même:
(2.145)
C.Q.F.D.
Ainsi nous remarquons que
ces matrices de rotation ne sont pas que des applications mais
sont des nombres complexes aussi (bon c'était évident
dès
le début mais fallait le montrer de manière esthétique
et simple).
Ainsi, nous avons pour habitude
de poser que:
(2.146)
ou avec une autre notation fréquente en alègbre linéaire:
(2.147)
Le corps des nombres complexes est donc isomorphe au corps des
matrices réelles carrées de dimension 2 du type:
(2.148)
C'est un résultat que nous réutiliserons de nombreuses
fois dans divers chapitres de ce site pour des études particulières
en algèbre,
géométrie et en physique quantique relativiste.
P3. La multiplication de
deux complexes correspond à une homothétie ajoutée
à une rotation. En d'autres termes, d'une "similitude
directe".
Démonstration:
(2.149)
il s'agit donc bien d'une similitude de rapport b et d'angle
.
C.Q.F.D.
Au contraire, l'opération
suivante:
(2.150)
sera appelée une "similitude linéaire
rétrograde".
Par ailleurs, il en retourne
trivialement la relation déjà connue suivante:
(2.151)
Remarques:
R1. La somme de deux nombres
complexes ne pouvant avoir une écriture mathématique
simplifiée sous quelque forme que ce soit, nous disons alors
que la somme équivaut à une "translation
d'amplitude".
R2. La combinaison d'une similitude linéaire (multiplication
de deux nombres complexes) directe et d'une translation d'amplitude
(sommation par un troisième nombre complexe) correspond à
ce que nous appelons une "similitude linéaire
directe".
P4. Le conjugué d'un
nombre complexe est géométriquement son symétrique
par rapport à l'axe
tel que:
(2.152)
sans oublier que:
(2.153)
Ce
qui nous donne un résultat déjà connu:
(2.154)
D'où nous pouvons
tirer la propriété suivante:

(2.155)
d'où:
(2.156)
P5. La négation du
conjugué d'un nombre complexe est géométriquement
son symétrique par rapport à l'axe des imaginaires
tel que:
(2.157)
Remarques:
R1. La combinaison de P4,
P5 est appelée une "similitude rétrograde".
R2. L'opération géométrique qui consiste à
prendre l'inverse du conjugué d'un nombre complexe (soit
)
est appelée une "inversion de pôle".
P6. La rotation de centre
c et d'angle
est donnée par:
(2.158)
Explications:
Le complexe c donne un point dans le plan de Gauss qui
sera le centre de rotation. La différence donne
le rayon r choisi. La multiplication par est
la rotation du rayon par rapport à l'origine du plan de
Gauss dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Finalement,
l'addition par c est la translation nécessaire
pour ramener le rayon r tourné à l'origine
du centre c. Ce qui donne schématiquement:
Figure: 2.8 - Représentation de la rotation complexe
P7. Sur la même idée,
nous obtenons une homothétie de centre c, de rapport
par
l'opération:
(2.159)
Explications:
La différence
donne
toujours le rayon r et c un
point dans le centre de Gauss. donne
l'homothétie du rayon par rapport à l'origine
du plan de Gauss et finalement l'addition par c la translation
nécessaire pour que l'homothétie soit vue comme étant
faite de centre c.
NOMBRES QUATERNIONS
Appelés aussi "hypercomplexes",
les nombres quaternions ont été inventés en
1843 par William Rowan Hamilton pour généraliser
les nombres complexes.
Définition: Un quaternion est un élément et
dont nous notons
l'ensemble qui le contient et que nous appelons "ensemble
des quaternions".
Un "quaternion"
peut aussi bien être représenté en ligne ou
en colonne tel que:
(2.160)
Nous définissons
la somme de deux quaternions (a,b,c,d)
et (a',b',c',d')
par:
(2.161)
Il est évident
(du moins nous l'espérons pour le lecteur) que est un groupe commutatif (cf. chapitre de
Théorie Des Ensembles), d'élément
neutre (0,0,0,0), l'opposé d'un élément
(a,b,c,d) étant (-a,-b,-c,-d)
Remarque: C'est l'addition naturelle dans 
vu comme  -espace
vectoriel ( cf. chapitre de Théorie
Des Ensembles).
L'associativité
se vérifie en appliquant les propriétés correspondantes
des opérations sur .
Nous définissons
également la multiplication:
(2.162)
de
deux quaternions (a,b,c,d) et (a ',b ',c 'd ')
par l'expression:
(2.163)
C'est peut-être difficile à accepter mais nous verrons un peu
plus loin qu'il y a un air de famille avec les nombres complexes.
Nous pouvons
remarquer que la loi de multiplication n'est pas commutative. Effectivement,
en prenant la définition de la multiplication ci-dessus,
nous avons:
(2.164)
Mais nous pouvons
remarquer que:
(2.165)
Remarque: La loi de multiplication est distributive avec la loi
d'addition mais c'est un excellent exemple où il faut quand
même prendre garde à démontrer la distributivité
à gauche et à droite, puisque le produit n'est pas
commutatif !
La multiplication
a pour élément neutre:
(1,0,0,0)
(2.166)
Effectivement:
(2.167)
Tout élément:
(2.168)
est
inversible.
En effet, si (a,b,c,d)
est un quaternion non nul, nous avons alors nécessairement:
(2.169)
sinon
les quatre nombres a, b, c, d sont de carré nul,
donc tous nuls. Soit alors le quaternion défini
par:
(2.170)
alors en appliquant
machinalement la définition de la multiplication des quaternions,
nous vérifions que:
(2.171)
ce dernier quaternion est donc l'inverse pour la multiplication!
Montrons maintenant (pour
la culture générale) que le corps
des complexes
est un sous-corps de .
Remarque: Nous aurions pu mettre cette démonstration
dans le chapitre de Théorie Des Ensembles car nous faisons
usage de beaucoup de concepts qui y sont vus mais il nous a semblé
un peu plus pertinent de la mettre ici.
Soit
l'ensemble des quaternions de la forme (a,b,0,0).
Si
est non vide, et si (a,b,0,0), (a',b',0,0)
sont des éléments de alors
est
un corps. Effectivement:
P1. Pour la
soustraction (et donc l'addition):
(2.172)
P2. La multiplication:
(2.173)
P3. L'élément
neutre:
(2.174)
P4. Et finalement
l'inverse:
(2.175)
de
(a,b,0,0) est encore dans .
Donc est un sous-corps de .
Soit alors l'application:
(2.176)
f
est
bijective, et nous vérifions aisément que pour tous
complexes ,
nous avons:
(2.177)
Donc f
est un isomorphisme de
sur .
Cet
isomorphisme a pour intérêt (provoqué) d'identifier à et
d'écrire ,
les lois d'addition et de soustraction sur prolongeant
les opérations déjà connues sur .
Ainsi, par
convention, nous écrirons tout élément de
(a,b,0,0)
de
sous la forme complexe a+ib. En particulier 0 est
l'élément (0,0,0,0), 1 l'élément
(1,0,0,0) et i l'élément (0,1,0,0).
Nous notons
par analogie et par extension j l'élément
(0,0,1,0) et k l'élément (0,0,0,1). La famille
{1,i,j,k}
forme une base de l'ensemble des quaternions vu comme un espace
vectoriel sur ,
et nous écrirons ainsi le
quaternion (a,b,c,d).
La notation
des quaternions sous forme définie ci-avant est parfaitement
adaptée à l'opération de multiplication.
Pour le produit de deux quaternions nous obtenons en développant
l'expression:
(2.178)
16 termes que
nous devons identifier à la définition d'origine de
la multiplication des quaternions pour obtenir les relations suivantes:
(2.179)
Ce
qui peut se résumer dans un tableau:
· |
1 |
i |
j |
k |
1 |
1 |
i |
j |
k |
i |
i |
-1 |
k |
-j |
j |
j |
-k |
-1 |
i |
k |
k |
j |
-i |
-1 |
Tableau: 2.4
- Multiplication des composantes d'un quaternion
Nous pouvons constater que l'expression de la multiplication de
deux quaternions ressemble en partie beaucoup à un produit
vectoriel (noté
sur ce site) et scalaire (noté
sur ce site):
(2.180)
Si ce n'est pas évident (ce qui serait tout à fait
compréhensible), faisons un exemple concret.
Exemple:
Soient
deux quaternions sans partie réelle:
(2.181)
et les
vecteurs de de
coordonnées respectives (x, y, z) et
(x', y', z'). Alors le produit:
(2.182)
est:

Nous pouvons
aussi par curiosité nous intéresser au cas général...
Soient pour cela deux quaternions:
(2.183)
Nous avons
alors:
(2.184)
Définition: Le centre du corps non-commutatif
est l'ensemble des éléments de
commutant pour la loi de multiplication avec tous les éléments
de .
Nous allons
montrer que le centre de
est l'ensemble des réels!
Soit le
centre de ,
et (x, y, z, t) un quaternion. Nous
devons avoir les conditions suivantes qui soient satisfaites:
Soit
alors pour tout
nous cherchons:
(2.185)
ce qui donne en développant:
(2.186)
après
simplification (la première ligne du système précédent
est nulle des deux côtés de l'égalité):
(2.187)
la résolution
de ce système, nous donne:
(2.188)
Donc pour que
le quaternion (x, y, z, t) soit le
centre de
il doit être réel (sans parties imaginaires)!
Au même
titre que pour les nombres complexes, nous pouvons définir
un conjugué des quaternions:
Définition: Le conjugué d'un quaternion
est le quaternion 
Au même
titre que pour les complexes, nous remarquons que:
1. D'abord
de manière évidente que si alors
cela signifie que .
2. Que 
3. Qu'en développant
le produit
nous avons:
(2.189)
que nous adopterons,
par analogie avec les nombres complexes, comme une définition
de la norme (ou module) des quaternions tel que:
(2.190)
Dès lors nous avons aussi immédiatement (relation
qui nous sera utile plus tard):
(2.191)
Comme pour
les nombres complexes (voir plus loin), il est aisé de montrer
que la conjugaison est un automorphisme du groupe .
Effectivement, soient
et alors:
(2.192)
Il est aussi aisé de montrer qu'elle
est involutive. Effectivement:
(2.193)
La conjugaison
n'est par contre pas un automorphisme multiplicatif du corps .
En effet, si nous considérons la multiplication de Z, Z' et en prenons le conjugué:
(2.194)
nous voyons
immédiatement (ne serait-ce que pour la deuxième
ligne) que nous avons:
(2.195)
Revenons maintenant
sur notre norme (ou module).... Pour cela, calculons le carré de
la norme de :
(2.196)
Nous savons
(par définition) que:
(2.197)
notons ce produit
de manière telle que:
(2.198)
Nous
avons alors:
(2.199)
en substituant
il vient:
(2.200)
après
un développement algébrique élémentaire
(honnêtement ennuyeux), nous trouvons:
(2.201)
Donc:
(2.202)
Remarque:La norme est donc un homomorphisme de  dans
 . Par la suite, nous noterons G l'ensemble des quaternions
de norme 1.
INTERPRETATION
MATRICIELLE
Soient q
et p deux quaternions donnés, soit l'application:

La multiplication (à gauche) peut être faite avec
une application linéaire (cf. chapitre
d'Algèbre Linéaire) sur .
Si q s'écrit:
(2.203)
cette
application a pour matrice, dans la base 1, i, j, k:
(2.204)
Ce que nous vérifions bien:
(2.205)
En fait, nous
pouvons alors définir les quaternions comme l'ensemble des
matrices ayant la structure visible ci-dessus si nous le voulions.
Cela les réduirait
alors à un sous espace vectoriel de .
En particulier,
la matrice de 1 (la partie réelle du quaternion q)
n'est alors rien d'autre que la matrice identité:
(2.206)
de même:
(2.207)
ROTATIONS
Nous allons
maintenant voir que la conjugaison par un élément
du groupe G des quaternions de norme unité peut s'interpréter
comme une rotation pure dans l'espace!
Définition: La "conjugaison" par
un quaternion q non nul et de norme unité est l'application
définie sur
par:
(2.208)
et nous affirmons
que cette application est une rotation.
Remarques:
R1. Comme q
est de norme 1, nous avons bien évidemment donc .
Ce quaternion peut être vu comme la valeur propre (unitaire)
de l'application (matricielle) p sur le vecteur
(on se retrouve avec un concept en tout point similaire aux matrices
orthogonales de rotation vues en algèbre linéaire).
R2.
est une application linéaire (donc si c'est bien une rotation,
la rotation peut être décomposée en plusieurs
rotations). Effectivement, prenons deux quaternions
et
des réels, alors nous avons:
(2.209)
Vérifions
maintenant que l'application est bien une rotation pure. Comme
nous l'avons vu lors de notre étude de l'algèbre
linéaire
et en particulier des matrices orthogonales (cf.
chapitre d'Algèbre Linéaire), une première
condition est que l'application conserve la norme.
Vérifions:
(2.210)
Par ailleurs,
nous pouvons vérifier qu'une rotation d'un quaternion purement
complexe (tel qu'alors nous nous restreignons à )
et la même rotation inverse sommées est nulle (le
vecteur sommé à son opposé s'annulent):
(2.211)
nous vérifions
trivialement que si nous avons deux quaternions q, p alors
dès lors:
(2.212)
pour que cette
opération soit nulle, nous voyons immédiatement que
nous devons restreindre p aux quaternions purement complexes.
Dès lors:
(2.213)
Nous en déduisons
alors que p doit être purement complexe pour que l'application soit
une rotation et que est un quaternion pur. En d'autres termes, cette application est
stable (en d'autres termes: un quaternion pur par cette application
reste un quaternion pur).
restreint à l'ensemble des quaternions purement complexes
est donc une isométrie
vectorielle, c'est-à-dire une symétrie ou une rotation.
Nous avons
vu également lors de notre étude des matrices de
rotation dans le chapitre d'Algèbre Linéaire que
l'application A devait être de déterminant 1 pour
que nous ayons une rotation. Voyons si c'est le cas de :
Pour cela,
nous calculons explicitement en fonction de:
(2.214)
la
matrice (dans la base canonique )
de et
nous en calculons le déterminant. Ainsi, nous obtenons
les coefficients des colonnes de A en se rappelant que:
(2.215)
et ensuite
en calculant:
(2.216)
Il faut alors
calculer le déterminant de la matrice (pfff...):

(2.217)
en se souvenant
que (ce qui permet aussi de simplifier l'expression des termes
de la diagonale comme nous pouvons le voir dans certains ouvrages):
(2.218)
nous trouvons que le déterminant vaut bien 1. Sinon,
nous pouvons vérifier cela avec Maple 4.00b:
>with(linalg): >A:=linalg[matrix](3,3,[a^2+b^2-c^2-d^2,2*(a*d+b*c),2*(b*d-a*c),2*(b*c-a*d),a^2-b^2+c^2-d^2,2*(a*b+c*d),2*(a*c+b*d),2*(c*d-a*b),a^2-b^2-c^2+d^2]);
>factor(det(A));
Montrons maintenant
que cette rotation est un demi-tour d'axe (l'exemple qui peut sembler
particulier est général!):
D'abord, si:
(2.219)
nous
avons:
(2.220)
ce qui signifie
que l'axe de rotation (x, y, z) est fixé
par l'application elle-même !
D'autre part,
nous avons vu que si q est un quaternion purement complexe
de norme 1 alors:
et
(2.221)
Ce
qui nous donne la relation:
(2.222)
Ce
résultat nous amène à calculer la rotation
d'une rotation:
(2.223)
Conclusion: Puisque la rotation d'une rotation est un tour complet,
alors
est
nécessairement un demi-tour :
par
rapport (!) à l'axe (x, y, z).
A ce stade,
nous pouvons affirmer que toute rotation de l'espace peut se représenter
par (la
conjugaison par un quaternion q de norme 1). En effet,
les demi-tours engendrent le groupe des rotations, c'est-à-dire
que toute rotation peut s'exprimer comme le produit d'un nombre
fini de demi-tours, et donc comme la conjugaison par un produit
de quaternions de norme 1 (produit qui est lui-même un
quaternion de norme 1 ...).
Nous allons
tout de même donner une forme explicite reliant une rotation
et le quaternion qui la représente, au même titre que
nous l'avons fait pour les nombres complexes.
Soit
un vecteur unitaire et
un angle. Alors nous affirmons que la rotation d'axe
et d'angle
correspond à l'application ,
où q est le quaternion:
(2.224)
Pour que cette
affirmation soit vérifiée, nous savons qu'il faut
que: la norme de q soit unitaire, le déterminant
de l'application soit égal à l'unité, que l'application conserve la norme, que l'application renvoie tout vecteur colinéaire à l'axe de rotation
sur l'axe de rotation.
1. La norme
du quaternion proposé précédemment vaut effectivement
1:
(2.225)
et comme est
unitaire alors nous avons:
(2.226)
Donc:
(2.227)
2. Le fait
que q soit un quaternion de norme 1 amène immédiatement
à ce que le déterminant de l'application soit
unitaire. Nous l'avons déjà montré plus
haut dans le cas général de n'importe quel quaternion
de norme 1 (condition nécessaire et suffisante).
3. Il en est
de même pour la conservation de la norme. Nous avons déjà
montré plus haut que c'était de toute façon
le cas dès que le quaternion q était de norme
1 (condition nécessaire et suffisante).
4. Voyons maintenant
que tout vecteur colinéaire à l'axe de rotation est
projeté sur l'axe de rotation. Notons q' le quaternion
purement imaginaire et unitaire .
Nous avons alors:
(2.228)
Alors:
(2.229)
mais comme q' est la restriction de q à ces
éléments purs qui le constituent, cela revient à
écrire:
(2.230)
Montrons maintenant
le choix de l'écriture .
Si
désigne un vecteur unitaire orthogonal à
(perpendiculaire à l'axe de rotation donc), et p le
quaternion
alors nous avons:
(2.231)
Nous avons
montré lors de la définition de la multiplication
de deux quaternions que:
(2.232)
nous
obtenons alors:
(2.233)
Nous avons
également montré plus haut que:
(2.234)
dès lors:
(2.235)
(le
demi-tour d'axe (x, y, z)). Donc:
(2.236)
Remarque: Nous commençons à entrevoir ici
déjà
l'utilité d'avoir écrit dès le début  pour
l'angle!
Nous savons
que p est le quaternion pur assimilé à un
vecteur unitaire
orthogonal à l'axe de rotation ,
lui-même assimilé à la partie purement imaginaire
de q'. Nous remarquons alors de suite que la partie imaginaire
du produit (défini!) des quaternions
est alors égal au produit vectoriel .
Ce produit vectoriel engendre donc un vecteur perpendiculaire à
et
donc .
Le couple
forme donc un plan perpendiculaire à l'axe de rotation
(c'est comme pour les nombres complexes simples dans lequel nous
avons le plan de Gauss et perpendiculairement à celui-ci
un axe de rotation!).
Alors finalement:
(2.237)
Nous nous retrouvons
avec une rotation basée sur un plan (mais qui a donc lieu dans
l'espace!) identique à celle
présentée
plus haut avec les nombres complexes standards dans le plan de
Gauss.
Nous savons
donc maintenant comment faire n'importe quel type de rotation dans
l'espace en une seule opération mathématique et ce
en plus par rapport à un libre choix de l'axe !
Nous pouvons aussi maintenant
mieux comprendre pourquoi l'algèbre des quaternions n'est
pas commutative. Effectivement, les rotations vectorielles du plan
sont commutatives mais celles de l'espace ne le sont pas comme
nous
le montre l'exemple ci-dessous:
Soit la configuration initiale:
Figure: 2.9 - Situation initiale pour rotations quaternions
Alors une rotation autour
de l'axe X suivie d'une rotation autour de l'axe Y:

Figure: 2.10 - Exemple de rotation de quaternions
n'est pas égale à
une rotation autour de l'axe Y suivie d'une rotation autour de l'axe
X:

Figure: 2.11 - Exemple de non équivalence pour rotation quaternions
Les résultats
obtenus seront fondamentaux pour notre compréhension des
spineurs (cf. chapitre de Calcul Spinoriel)!
NOMBRES ALGÉBRIQUES
ET TRANSCENDANTS
Définitions:
D1. Nous appelons "nombre entier algébrique
de degré n",
tout nombre qui est solution d'une équation
algébrique de degré n, à savoir: un polynôme
de degré n (concept que nous aborderons dans la
section d'Algèbre)
dont les coefficients sont des entiers
relatifs et dont le
coefficient dominant
vaut 1.
D2. Nous appelons "nombre algébrique
de degré n",
tout nombre qui est solution d'une équation algébrique
de degré n, à savoir:
un polynôme de degré n dont les coefficients sont des rationnels.
Un premier résultat intéressant et particulier dans
ce domaine d'étude (curiosité
mathématique...) est qu'un nombre rationnel est un "nombre
entier algébrique de degré n"
si et seulement si c'est un entier relatif (lisez plusieurs fois
au besoin...). En termes savants, nous disons
alors que l'anneau est "intégralement
clos".
Démonstration:
Nous supposons que le nombre p/q,
où p et q sont deux entiers premiers entre eux (c'est-à-dire
dont le rapport ne donne pas un entier ou plus rigoureusement...
que le plus grand commun diviseur est 1!), est une
racine du polynôme
(cf. chapitre de Calcul Algébrique)
suivant
à coefficients entiers relatifs et dont le coefficient
dominant est unitaire:
(2.238)
où l'égalité avec
zéro
du polynôme est implicite.
Dans ce cas:
(2.239)
Puisque les coefficients
sont par définition tous entiers et leurs multiples aussi
dans la parenthèse,
alors la parenthèse à nécessairement
une valeur dans .
Ainsi, q
(à droite de la parenthèse) divise une puissance
de
p
(à gauche de l'égalité), ce qui n'est possible,
dans l'ensemble
(car notre parenthèse a une valeur dans cet ensemble pour
rappel...), que si q
vaut (puisqu'ils
étaient premiers entre eux).
Donc parmi tous les nombres rationnels, les seuls qui
sont solutions d'équations
polynômiales
à coefficients entiers relatifs et dont le coefficient dominant
est unitaire sont des entiers relatifs!
C.Q.F.D.
Pour prendre un autre cas intéressant et particulier, il
est facile de montrer qu'absolument tout nombre rationnel est un "nombre
algébrique". Effectivement, si nous prenons le plus
simple polynôme suivant:
(2.240)
où q et p sont premiers entre eux et
où q est différent de 1. Alors comme il
s'agit d'une polynôme à coefficients rationnels simple,
après remaniement
nous avons:
(2.241)
Donc puisque q et p sont premiers entre eux
et que q est différent de l'unité, nous
avons bien que tout nombre rationnel est un "nombre algébrique
de degré 1".
Ainsi, la quantité de nombres rationnels "algébriques" est
plus grande que le nombre de rationnels qui sont des "entiers
algébriques".
Nous avons aussi le nombre réel (et irrationnel) qui
est un "nombre entier algébrique de degré 2",
car il est racine de:
(2.242)
et le nombre complexe i qui est aussi un "nombre
entier algébrique de degré 2",
car il est racine de l'équation:
(2.243)
etc...
Définition: Les nombres qui ne sont pas
algébriques
(entiers ou non!) sont transcendants.
L'ensemble de tous les nombres transcendants est non dénombrable.
La preuve est simple et ne nécessite aucun développement mathématique
difficile.
Effectivement, puisque les polynômes à coefficients
entiers sont dénombrables, et puisque chacun de ces polynômes
possède un nombre fini de zéros (voir le théorème
de factorisation dans le chapitre de Calcul Algébrique),
l'ensemble des nombres algébriques
est dénombrable!
Mais l'argument de la diagonale de Cantor (cf.
chapitre de Théorie
des Ensembles) établit
que les nombres réels
(et par conséquent les nombres complexes aussi) sont non
dénombrables, donc l'ensemble de tous les nombres transcendants
doit être non dénombrable.
En d'autres termes, il
y a beaucoup plus de nombres transcendants que de nombres algébriques.
Les transcendants les plus connus sont
et .
Les démonstrations de leur transcendance est en cours de
rédaction.
Nous devrions pouvoir vous les fournir fin 2014.
NOMBRES
ABSTRAITS
Le nombre peut
être envisagé en faisant abstraction de la nature des objets
qui constituent le groupement qu'il caractérise et ainsi
qu'à la façon
de codifier (chiffre arabe, romain, ou autre système universel).
Nous disons alors que le nombre est "abstrait".
Remarque: Arbitrairement, l'être humain a adopté un système
numérique
majoritairement utilisé de par le monde et représenté par les symboles
1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9 du système décimal et qui
seront supposés connus aussi bien en écriture qu'oralement
par le lecteur (apprentissage du langage).
Pour les mathématiciens,
il n'est pas avantageux de travailler avec ces symboles car ils
représentent uniquement des cas particuliers. Ce que cherchent
les physiciens théoriciens ainsi que les mathématiciens,
ce sont des "relations littérales"
applicables dans un cas général et que
les ingénieurs puissent en fonction de leurs besoins changer
ces nombres abstraits par les valeurs numériques qui correspondent
au problème qu'ils ont besoin de résoudre.
Ces nombres
abstraits appelés aujourd'hui communément "variables"
ou "inconnues", utilisées
dans le cadre du "calcul littéral",
sont très
souvent représentés par:
1. L'alphabet
latin:
a,
b, c, d, e...x, y, z
; A, B, C, D, E...
(2.244) où Les lettres minuscules du début
l'alphabet latin (a, b, c, d, e...)
sont souvent utilisées pour représenter de manière
abstraite des constantes, alors que les lettres minuscules de la
fin de l'alphabet latin (...x, y, z) sont utilisées
pour représenter des entités (variables ou inconnues)
dont nous recherchons la valeur.
2. L'alphabet
grec:
 |
Alpha |
 |
Lambda |
 |
Beta |
 |
Mu |
 |
Gamma |
 |
Nu |
 |
Delta |
 |
Xi |
 |
Epsilon |
 |
Omicron |
 |
Zeta |
 |
Pi |
 |
Eta |
 |
Rho |
 |
Thêta |
 |
Sigma |
 |
Iota |
 |
Tau |
 |
Kappa |
 |
Upsilon |
 |
Phi |
 |
Chi |
 |
Psi |
 |
Omega |
Tableau: 2.5
- Alphabet Grec
qui est particulièrement utilisé pour représenter
soit des opérateurs mathématiques plus ou moins complexes
(comme la somme indexée ,
le variationnel ,
l'élément infinitésimal ,
le différentiel partiel ,
etc.) soit des variables dans le domaine de la physique (comme pour
la pulsation, la fréquence v, la densité ,
etc.).
3. L'alphabet
hébraïque (à moindre mesure)
Remarque: Comme nous l'avons vu, les nombres transfinis
sont par exemples donnés par la lettre 
"aleph".
Bien que ces
symboles puissent représenter n'importe quel nombre il en
existe quelques-uns qui peuvent représenter en physique
des valeurs dites
"constantes Universelles" comme la vitesse de la lumière
c, la constante gravitationnelle G, la constante
de Planck h, etc.
Nous utilisons très souvent encore d'autres symboles que nous
introduirons et définirons au fur et à mesure.
Remarque: Les lettres pour représenter
les nombres auraient été
employées pour la première fois par Viète
au 16ème siècle.
DOMAINES DE DÉFINITION
Une variable est un nombre abstrait susceptible de prendre des
valeurs numériques différentes. L'ensemble de ces valeurs peut varier
suivant le caractère du problème considéré.
Définitions:
D1. Nous appelons
"domaine de définition"
d'une variable, l'ensemble des valeurs numériques qu'elle est susceptible
de prendre entre deux valeurs finies ou infinies appelées "bornes".
Soient a
et b deux
nombres tel que .
Alors:
D2. Nous appelons
"intervalle fermé d'extrémités a et b",
l'ensemble de tous les nombres x compris
entre ces deux valeurs incluses et nous le désignons de
la façon suivante:
(2.245)
D3. Nous appelons
"intervalle ouvert d'extrémités a et b",
l'ensemble de tous les nombres x compris
entre ces deux valeurs non incluses et nous le désignons
de la façon suivante:
(2.246)
D4. Nous appelons "intervalle fermé
à gauche, ouvert à droite" l'ensemble suivant:
(2.247)
D5. Nous appelons "intervalle ouvert
à gauche, fermé à droite" l'ensemble suivant:
(2.248)
Soit sous forme résumée et imagée telle que
souvent notée en Suisse:
[a,b] |
 |
 |
Intervalle fermé borné |
[a,b[ |
 |
 |
Intervalle borné semi-fermé en a et
semi-ouvert en b (ou semi-fermé à gauche et semi-ouvert à droite) |
]a,b] |
 |
 |
Intervalle borné semi-ouvert en a et
semi-fermé en b (ou semi-ouvert à gauche et semi-fermé à droite) |
]a,b[ |
 |
 |
Intervalle ouvert borné. |
]- ,b] |
 |
 |
Intervalle non borné fermé en b (ou
fermé à droite) |
]- ,b[ |
 |
|
Intervalle non borné ouvert en b (ou
ouvert à droite) |
[a ,+ [ |
 |
 |
Intervalle non borné fermé en a (ou
fermé à gauche) |
]a,+ [ |
 |
 |
Intervalle non borné ouvert en a (ou
ouvert à gauche) |
Tableau: 2.6
- Types d'intervalles et de bornes tels que notés en Suisse
et selon la norme internationale ISO 80000-2:2009 (car les Suisses ont
l'art de ne pas respecter les normes...):
[a,b] |
 |
 |
Intervalle fermé borné |
[a,b) |
 |
 |
Intervalle borné semi-fermé en a et
semi-ouvert en b (ou semi-fermé à gauche
et semi-ouvert à droite) |
(a,b] |
 |
 |
Intervalle borné semi-ouvert en a et
semi-fermé en b (ou semi-ouvert à gauche
et semi-fermé à droite) |
(a,b) |
 |
 |
Intervalle ouvert borné. |
(- ,b] |
 |
 |
Intervalle non borné fermé en b (ou
fermé à droite) |
(- ,b) |
 |
|
Intervalle non borné ouvert en b
(ou ouvert à droite) |
[a ,+ ) |
 |
 |
Intervalle non borné fermé en a (ou
fermé à gauche) |
(a,+ ) |
 |
 |
Intervalle non borné ouvert en a (ou
ouvert à gauche) |
Tableau: 2.7 - Types d'intervalles et de bornes tels que notés selon les normes
Remarques:
R1. La notation {x tels que }
désigne l'ensemble des réels x strictement
plus grands que a et strictement inférieurs à b.
R2. Le fait de dire qu'un intervalle est par exemple ouvert en b signifie
que le réel b ne fait pas partie de celui-ci. Par
contre, s'il avait été fermé alors b en
aurait fait partie.
R3. Si la variable peut prendre toutes les valeurs négatives
et positives possibles nous écrivons dès lors: où le
symbole " " signifie
une "infinité". Évidemment
il peut y avoir des combinaisons d'intervalles ouverts et infinis à droite,
fermé et limité gauche
et réciproquement.
R4. Nous rappellerons ces concepts avec une autre approche lorsque
nous étudierons
l'algèbre
(calcul littéral).
Nous
disons que la variable x
est "ordonnée" si en représentant
son domaine de définition
par un axe horizontal où chaque point de l'axe représente une valeur
de x,
alors pour chaque couple de valeurs, nous pouvons indiquer
celle qui est "antécédente" (qui
précède) et celle qui
est "conséquente" (qui suit).
Ici la notion d'antécédente
ou de conséquente n'est pas liée au temps, elle exprime juste la
façon d'ordonner les valeurs de la variable.
Définitions:
D1.
Une variable est dite "croissante" si
chaque valeur conséquente
est plus grande que chaque valeur antécédente.
D2.
Une variable est dite "décroissante" si
chaque valeur conséquente est plus petite que chaque valeur antécédente.
D3.
Les variables croissantes et les variables décroissantes sont appelées
"variables à variations monotones" ou
simplement "variables
monotones".
|