LA
DIVISIBILITE
Soit
avec
.
Nous disons que "divise
(sans
restes)"
s'il
existe un entier
(le quotient)
tel que :

auquel cas nous écrivons : .
Dans le cas contraire, nous
écrivons et nous lisons "ne
divise
pas ".
Remarque
: si ,
nous dirons aussi que " est divisible par
" ou que
"
est un multiple de ". Dans le cas où et
que ,
nous dirons que
est un "diviseur propre" de . De plus,
il est clair que quel
que soit sinon
quoi nous avons une singularité. Enfin, nous écrira pour
signifier que mais
que .
Voici
maintenant quelques théorèmes élémentaires se rattachant à la divisibilité:
T1.
Si ,
alors quel
que soit 
Démonstration:
Si ,
alors il existe un entier
tel que .
Alors, et
ainsi .
T2.
Si et
,
alors
Démonstration:
Si et
,
alors il existe des entiers
et
tels que et
.
Donc, et
ainsi .
T3.
Si et
,
alors ,

Démonstration:
Si et
,
alors il existe des entiers
et
tels que et
.
Il s'ensuit que:

et
ainsi que  
T4.
Si et
,
alors 
Démonstration:
Si et
,
alors il existe des entiers
et
tels que et
.
Nous avons donc et
ainsi ;
c'est pourquoi nous pouvons avoir si
et
qu'ainsi
T5.
Si et
,
alors il existe un entier alors

Démonstration:
Si et
,
alors il existe un entier tel
que .
Mais alors, ,
puisque .
DIVISION
EUCLIDIENNE
Soit
avec
;
alors, il existe des entiers
et
tels que ,
où .
De plus, si ,
alors .
Démonstration
:
Considérons l'ensemble:
Il
est facile de voir que et
donc que ,
d'où, d'après le principe du bon ordre, nous concluons que
contient un plus petit élément .
Soit
l'entier satisfaisant à .
Il reste à montrer que .
Supposons le contraire à nouveau (démonstration par l'absurde),
c'est-à-dire que .
Alors, dans ce cas, nous avons ,
ce qui est équivalent à ;
mais et
,
ce qui contredit le fait que est
le plus petit élément de . Donc, .
Enfin, il est clair que si ,
nous avons ,
d'où la seconde affirmation du théorème.
Remarque
: dans l'énoncé de la division euclidienne, nous avons supposé que .
Qu'obtenons-nous lorsque ?
Dans cette situation, est
positif, et alors nous pouvons appliquer la division euclidienne à
et -.
Par conséquent, il existe des entiers
et
tels
que:
où 
Or,
cette relation peut s'écrire ,
où bien sûr, -
est un entier. La conclusion est que la division
euclidienne peut s'énoncer sous la forme plus générale :
Soit ,
alors il existe des entiers
et
tels que ,
où .
De plus, si ,
alors 
Les
entiers
et sont dans la division euclidienne uniques.
En effet, s'il existe deux autres entiers et
tels
que avec
toujours ,
alors et
ainsi .
En vertu de (T5) nous avons, si
,
.
Or, cette dernière inégalité est impossible puisque .
Donc, et,
puisque ,
alors ;
d'où l'unicité.
PLUS
GRAND COMMUN DIVISEUR
Soit tels
que .
Le "plus grand commun diviseur" (noté "p.g.c.d" par la suite)
de ,
noté :

est l'entier positif
qui satisfait aux deux propriétés suivantes :
P1. et
P2. si et
alors
(par
définition)
Remarque: notons
que 1 est un diviseur commun de deux entiers arbitraires. Cependant,
il n'est pas évident que le p.g.c.d de deux entiers existe
toujours; ce fait est démontré dans le théorème suivant (cependant,
si le p.g.c.d existe, il est de par sa définition unique) :
Soit tels
que .
Alors, il existe des entiers tels
que:
Démonstration:
Considérons l'ensemble
.
Comme et
,
nous pouvons utiliser le principe du bon ordre et conclure que
possède un plus petit élément .
Nous pouvons alors écrire pour
un certain choix .
Il suffit de montrer que .
Pour cela, il faut montrer que
satisfait aux propriétés (P1) et (P2) de la définition du p.g.c.d.
Commençons par la première:
Supposons que .
Alors, d'après la division euclidienne, il existe tels
que ,
où .
Mais alors:

et donc et
,
ce qui contredit le fait que
est le plus petit élément
possible de . Donc, et,
de la même façon, nous démontrons que .
Corollaire:
Soit
tels que .
Alors:

constitue l'ensemble
de tous les multiples de .
Démonstration:
Comme
et
,
alors nous supposons pour
tout .
Soit .
Nous voulons montrer que .
Soit d'abord ce
qui signifie que et
qui implique .
Supposons maintenant également qu'il existe un ,
cela voudrait donc dire que pour
un certain .
Comme pour
un choix d'entiers quelconques ,
alors:

Ainsi se termine
la démonstration. Les hypothèses peuvent vous sembler compliquées
mais portez plutôt votre attention un certain temps sur la dernière
relation. Vous allez tout de suite comprendre!
Remarque: si au
lieu de définir le p.g.c.d de deux entiers non nuls, nous permettons
à
l'un d'entre eux d'être égal à 0, disons ,
?
Dans ce cas, nous avons et
, selon notre définition du p.g.c.d, il est clair que .
Propriétés : Soit
et
soit ,
alors:
P1. 
P2. où

P3. 
P4. Si tel
que et
alors

Dans certains ouvrages,
ces quatre propriétés sont "démontrées" en utilisant intrinsèquement
la propriété elle-même. Personnellement nous nous en
abstiendrons car
faire cela est plus ridicule qu'autre chose à notre goût car la propriété
est un démonstration en elle-même.
Elaborons maintenant
un méthode qui s'avérera très importante pour calculer le plus grand
commun diviseur de deux entiers (utile en informatique parfois).
ALGORITHME
D'EUCLIDE
Soit ,
où .
En appliquant successivement la division euclidienne, nous
obtenons la suite d'équations:
Si ,
alors .
Par suite, les entiers satisfaisant
à
Démonstration:
Nous voulons d'abord montrer que .
Or, d'après la propriété nous
avons :

Pour démontrer la
deuxième propriété de l'algorithme d'Euclide, nous écrivons l'avant dernière équation
du système sous la forme:

Or, en utilisant
l'équation précédant l'avant dernière équation du système,
nous avons :

En continuant ce
processus, nous arrivons à exprimer comme
un combinaison linéaire de .
Exemple:
Calculons le plus
grand commun diviseur de (966,429) et exprimons ce nombre comme une
combinaison linéaire de 966 et de 429.
Solution : nous
appliquons bien évidemment l'algorithme d'Euclide:

Nous en déduisons donc
que :

et,
de plus, que:

Définition: nous
disons que les entiers sont
"relativement premiers" si 
PLUS
PETIT COMMUN MULTIPLE
Définition: soit
.
Nous disons que
est un "commun multiple de si
pour
.
Le "plus petit commun multiple" (p.p.c.m) de ,
noté :

est le plus petit entier positif par tous les communs multiples
de .
Remarque : soit ;
alors, le plus petit commun multiple existe. En effet, considérons
l'ensemble:

Puisque ,
alors l'ensemble est non vide et, d'après l'axiome du bon ordre,
l'ensemble
contient un plus petit élément positif.
Théorèmes :
T1. Si
est
un commun multiple de alors

Démonstration:
Soit
.
Alors, d'après la division euclidienne, il existe des entiers
et
tels
que:

Il suffit de montrer
que .
Supposons (démonstration
par l'absurde). Puisque et
,
alors on a et
cela pour .
Donc, est
un commun multiple de plus
petit que le p.p.c.m. On vient d'obtenir une contradiction, ce qui
prouve la première partie.
T2. Si ,
alors 
La démonstration
est évidente.
T3.
Démonstration:
Pour la démonstration,
nous allons utiliser le "lemme d'Euclide" qui s'énonce
ainsi :
Si et
alors
.
Démonstration :
Nous avons vu qu'il
existe tels
que et
alors .
Mais et
impliquent
que ,
c'est-à-dire également que .
Revenons à notre
théorème:
Puisque et
,
il suffit de prouver le résultat pour des entiers positifs et
. En tout premier lieu, considérons le cas où .
L'entier étant
un multiple de ,
nous pouvons écrire .
Ainsi, nous avons et,
puisque ,
il s'ensuit, d'après le lemme d'Euclide, que .
Donc, et
alors .
Mais est
un commun positif de et
qui ne peut être plus petit que le p.p.c.m; c'est pourquoi
.
Pour le cas général,
c'est-à-dire ,
nous avons, d'après la propriété :

et avec les
résultat obtenu précédemment que:

Lorsque nous
multiplions
des deux côtés de l'équation par ,
le résultat suit et la démonstration est effectuée
theoreme fondamental de l'arithmétique
Tout nombre naturel
peut
s'écrire comme un produit de nombres premiers, et cette représentation
est unique, à part l'ordre dans lequel les facteurs premiers sont
disposés.
Si
est premier, alors la preuve
est terminée. Supposons que
n'est pas premier et considérons
l'ensemble:

Alors, et
, puisque
est composé, nous avons que .
D'après le principe du bon ordre,
possède un plus petit
élément qui
est premier, sans quoi le choix minimal de serait
contredit. Nous pouvons donc écrire .
Si est
premier, alors la preuve est terminée. Si est
composé, alors nous répètons le même argument que précédemment et
nous en déduisons l'existence d'un nombre premier et
d'un entier tels
que .
En poursuivant ainsi nous arrivons forcément à la conclusion que sera
premier.
Donc finalement nous
avons bien démontré qu'un nombre quelconque est décomposable en
facteurs de nombres premiers à l'aide du principe du bon ordre.
Nous ne connaissons pas
à ce jour de loi qui permette de calculer le -ième facteur premier
.
Ainsi, pour savoir si un entier
est premier, il est pratiquement
plus facile à ce jour de vérifier sa présence dans une table de
nombres premiers.
En fait, nous
utilisons
aujourd'hui la méthode suivante :
Soit un nombre ,
si nous voulons déterminer s'il est premier ou non, nous calculons s'il
est divisible par les nombres premiers qui
appartiennent à l'ensemble :
Exemple: L'entier
223 n'est divisible par 2, ni par 3, ni par 5, ni par 7, ni par
11, ni par 13. Il est inutile de continuer avec le prochain nombre
premier, car .
Nous en déduisons dès lors que le nombre 223 est premier.
NOMBRES
CONGRUS
Définition:
soit .
Nous disons que "
est congru à
modulo ",
et nous écrivons :

si
;
dans le cas contraire, nous disons que "
est non congru à
modulo ".
D'autre
part, nous pouvons étendre la signification du mot "reste" en
disant que deux nombres congrus pour le module
sont "résidus"
l'un de l'autre pour ce module.
L'égalité entre deux nombres, en
supprimant les multiples du module, s'appelle "congruence"
ou "équivalence". La notation de Gauss permet de mettre
en évidence l'analogie qui existe entre les égalités et les congruences,
sans introduire de confusion.
Nous
avons les propriétés suivantes:
P1.
Nous pouvons peut ajouter ou retrancher membre à membre des congruences de
même module.
P2.
Nous pouvons multiplier les deux membres d'une congruence par un même
nombre entier.
P3.
Nous pouvons multiplier membre à membre les congruences de même module.
P4.
Nous pouvons élever à une même puissance les deux membres d'une congruence.
Des
ces propriétés il vient que si nous désignons par un
polynôme à coefficient entiers, positifs ou négatifs:

La
congruence donnera
aussi 
Si
nous remplacons successivement
par tous les nombres entiers
dans un polynôme à
coefficients entiers, et si nous prenons les résidus pour le module
, ces
résidus se reproduisent de
en (dans
le sens où la congruence se vérifie), puisque
nous avons, quel que soit l'entier et
:

Nous
en déduisons alors l'impossibilité de résoudre la congruence
suivante :

en
nombres entiers, si
désigne l'un quelconque des non-résidus (un résidu qui ne
satisfait pas la congruence).
PREUVE
PAR NEUF
La
"preuve par 9" dans le système de numérotation décimale, pour les
quatre opérations fondamentales de l'arithmétique (+, - , x, / ),
repose sur les théorèmes que nous venons de voir sur les congruences,
en supposant .
En effet, suivant le module
, toutes les puissances
de dix sont congrues à l'unité, puisque ,
étant un nombre formé exclusivement des chiffres 9999
., est divisible
par 9. Par conséquent, si désignent
respectivement les chiffres des unités, dizaines, centaines,
d'un
nombre
écrit dans le système décimal, nous avons :
et,
par suite de par les propriétés de la congruence:
En
d'autres termes, le reste de la division d'un nombre par 9 est égal
au reste de la division par 9, de la somme de ses chiffres.
Par
conséquent, si l'on remplace, dans les quatre opérations fondamentales
de l'arithmétique, les nombres donnés par leurs restes suivant le
module 9, les nombres obtenus doivent êtres congrus à ceux qu'on
déduirait des résultats; sinon il y aurait erreur dans les calculs.
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