BASES
NUMERIQUES
Pour écrire un nombre
dans un système de base ,
nous devons commencer par adopter caractères
destinés à représenter les premiers
nombres. Ces caractères sont comme nous les avons déjà défini, les
"chiffres" que nous énoncons comme à l'ordinaire.
Pour la numérotation
écrite, nous faisons cette convention, qu'un chiffre, placé à gauche
d'un autre représente des unités de l'ordre immédiatement supérieur,
ou
fois plus grandes. Pour tenir la place des unités qui peuvent manquer
dans certains ordres, nous nous servons du zéro (0) et par suite, le
nombre de chiffres employés est toujours égal à la base du système.
Définition : pour la numérotation
parlée, nous convenons d'appeler "unité simple", "dizaine",
"centaine", "mille", etc., les unités du premier
ordre, du second, du troisième, du quatrième, etc. Ainsi les nombres
10, 11,…,19 se liront de même dans tous les systèmes de numérotation;
les nombres 1a, 1b,a0, b0, … se liront dix-a, dix-bé, a-dix,
bé-dix, etc. Ainsi, le nombre 5b6a71c se lira :
cinq millions bé-cent soixant-a
mille sept cent dix-cé
Cet
exemple est pertinent car il nous montre l'expression générale de
la langue parlée que nous utilisons quotidiennement et
intuitivement en base dix (faut à notre éducation).
Remarques :
R1. Les règles des
opérations définies pour les nombres écrits dans le système décimal
sont les mêmes pour les nombres écrits dans un système quelconque
de numérotation.
R2. Pour opérer
rapidement dans un système quelconque de numérotation, il est indispensable
de savoir par cœur toutes les sommes et tous les produits de deux
nombres d'un seul chiffre.
Le fait que la base
décimale ait été choisie est semblerait t'il due au fait que l'humain
a dix doigts. Comme quoi cela ne tient pas à grand chose…
Voyons comment nous
convertissons un système de numérotation dans un ordre:
En base dix nous
savons que 142'713 s'écrit:
En base deux (binaires)
le nombre 0110 s'écrirait en base 10:

en ainsi de suite.
L'inverse (pour
l'exemple de la base deux) est toujours un peu plus délicat. Par
exemple la conversion du nombre décimal 1'492 en base deux donne
(le principe est à peu près identique pour toutes les autres bases):

Ainsi,
pour convertir le nombre 142'713 (base décimale) en base duodécimale
(base douze) nous avons (notation :
est le "quotient", et
le "reste") :




Ainsi
nous avons les restes 6, 10, 7, 0, 9 ce qui nous amène à écrire
:

Nous
avons choisi pour ce cas particulier la symbolique que nous avions
définie précédemment (a-dix) pour éviter tout confusion.
TYPES
DE NOMBRES
Il existe en mathématiques
une très grande variété de nombres (naturels, rationnels, réels,
irrationnels, complexes, p-adiques,...) puisque le mathématicien
peut à loisirs en créer en ayant uniquement à poser les axiomes
(règles) de manipulations de ceux-ci.
Cependant, il y en a quelqu'uns
que nous retrouvons plus souvent que d'autres et certains qui servent
de base de construction à d'autres et qu'il conviendrait de définir
suffisament rigoureusement (sans aller dans les extrêmes) pour pouvoir
savoir de quoi nous parlerons lorsque nous les utiliserons.
Nombres
entiers
L'idée du "nombre
entier" est le concept fondamental de la mathématique et nous
vient à la vue d'un groupement d'objets de même espèce (un mouton,
un autre mouton, encore un autre, etc.). Lorsque la quantité d'objets
d'un groupe est différente de celle d'un autre groupe nous parlons
alors de groupe numériquement supérieur ou inférieur quelque soit
l'espèce d'objets contenus dans ces groupes. Lorsque la quantité
d'objet d'un ou de plusieurs groupes est équivalente, nous parle
alors "d'égalité". A chaque objet correspond le nombre
"un" ou "unité".
Pour former des groupements
d'objets, nous pouvons opérer ainsi: à un objet, ajouter un autre
objet, puis encore un et ainsi de suite; chacun des groupements,
au point de vue de sa collectivité, est caractérisé par un nombre;
il résulte de là qu'un nombre peut être considéré comme représentant
un groupement d'unités tel que chacune de ces unités corresponde
à un objet de la collection.
Définition : deux nombres
sont dits "égaux" si à chacune des unités de l'un nous
pouvons faire correspondre une unité de l'autre et inversement.
Si ceci ne se vérifie par alors nous parlons "d'inégalité".
Prenons un objet, puis
un autre, puis au groupement formé, ajoutons encore un objet et
ainsi de suite. Les groupements ainsi constitués sont caractérisés
par des nombres qui, considérés dans le même ordre que les groupements
successivement obtenus, constituent la "suite naturelle"
notée et
appelée contenant la suite: 0,1, 2, 3, …,et
que nous notons :
La
présence du 0 (zéro) dans notre définition de est
discutable étant donné qu'il n'est ni positif ni négatif. C'est
la raison pour laquelle dans certains ouvrages vous pourrez trouver
une définition de sans
le 0.
Nous
pouvons définir cet ensemble de façon plus générale mais non axiomatique
(définition personnelle) :
est
l'ensemble le plus commun et intuitif d'abstraits quantitatifs
arbitraires qui satisfont à des règles subjectives dépendantes
de la complexe logique qui en est à l'origine.
Et
les constituants par (nous devons cette définition au mathématicien
Gottlob) les propriétés (avoir lu au préalable le chapitre de théorie
des ensembles est recommandé...) : 0
(lire "zéro") est le nombre d'éléments (défini comme une
relation d'équivalence) de tous les ensembles équivalents à (en
bijection avec) l'ensemble vide. 1 (lire "un") est le
nombre d'éléments de tous les ensembles équivalents à l'ensemble
dont le seul élément est 1. 2 (lire "deux") est le nombre
d'éléments de tous les ensembles équivalents à l'ensemble dont tous
les éléments sont 0 et 1. En général, un nombre entier est le nombre
d'éléments de tous les ensembles équivalents à l'ensemble des nombres
entiers le précédent!
La construction de l'ensemble
des entiers naturels s'est faite de la manière la plus naturelle
et cohérente qui soit. Les naturels doivent leur nom à ce qu'ils
avaient pour objet, aux prémices de leur existence, de dénombrer
des quantités et des choses de la nature ou qui intervenaient dans
la vie de l'homme. L'originalité de l'ensemble réside dans la manière
empirique dont il s'est construit car il ne résulte pas réellement
d'une définition mathématique, mais davantage d'une prise de conscience
par l'homme du concept de quantité dénombrable, de nombre et de
lois qui traduisent des relations entre eux.
La question de l'origine
de
est dès lors la question de l'origine des mathématiques. Et de tout
temps des débats confrontant les pensées des plus grands esprits
philosophiques ont tenté d'élucider ce profond mystère, à savoir
si les mathématiques sont une pure création de l'esprit humain ou
si au contraire l'homme n'a fait que redécouvrir une science qui
existait déjà dans la nature (nous en avons déjà parlé lors de l'introduction
à la théoire de la démonstration). Outre
les nombreuses questions philosophiques que cet ensemble peut susciter,
il n'en est pas moins intéressant d'un point de vue exclusivement
mathématique. Du fait de sa structure, il présente des propriétés
remarquables qui peuvent se révéler d'une grande utilité lorsque
l'on pratique certains raisonnements (dénombrabilité,
récurrence, descente infinie, principe de Dirichlet, ...) ou calculs.
Remarquons immédiatement
que la suite naturelle des nombres entiers est illimitée mais dénombrable
(nous le verrons plus bas), car, à un groupement d'objets qui se
trouve représenté par un certain nombre ,
il suffira d'ajouter un objet pour obtenir un autre groupement qui
sera défini par un nombre entier immédiatement supérieur .
Deux nombres entiers qui différent d'une unité positive sont dits
"consécutifs".
AXIOMES
DE PEANO
Lors de la crise des fondements
des mathématiques, les mathématiciens ont bien évidemment cherché
à axiomatiser l'ensemble et
nous devons l'axiomatisation actuelle à Peano et à Dedekind dont
voisci une énumération (nous utiliserons également certains de ces
axiomes pour la démonstration des propriétés des opérations élémentaires
des mathématiques) :
A1.
Zéro est un nombre.
A2.
Si est
un nombre alors, le successeur de ,
noté est
un nombre.
A3.
Zéro n’est le successeur d’aucun nombre :
A4. Si les successeurs
de deux nombres sont égaux alors ces deux nombres sont égaux :
A5. Soit l’ensemble
de tous les nombres si un ensemble de
nombres est tel que :
1.
2. si et
alors
.
Remarque : A5 est
appelé "axiome d’induction"
Théorème
: soit
l’ensemble (à ne pas confondre avec le symbole représentant
l'élément successeur)
alors .
Démonstration
:
1. par
définition de
2. Si par
définition de ,
Par
l’axiome 5 il vient que .
Donc
l’ensemble de tous les nombres vérifiant les 5 axiomes sont :
NOMBRES
PAIRS, IMPAIRS ET PARFAITS
Les nombres obtenus en
comptant par deux à partir de zéro, (soit 0, 2, 4, 6, 8, …) dans
cette suite naturelle sont appelés "nombres pairs".
Les nombres que nous
obtenons en comptant par deux à partir de un (soit 1, 3, 5, 7,...
) dans cette suite naturelle s'appellent "nombres impairs".
La formation des nombres pairs peut
être définie ainsi :
D1. le nombre
pair est donné par la relation 
D2. de même, le nombre
impair est donné par .
Remarque : nous
appellons "nombres parfaits", les nombres égaux à la somme
de leurs diviseurs entiers (concept que nous verrons en détail plus
tard) comme par exemple: 6=1+2+3 et 28=1+2+4+7+14
NOMBRES
PREMIERS
Par définition un nombre premier est
un entier possédant exactement 2 diviseurs (ces deux diviseurs sont donc "1" et lui-même).
A noter que la définition de nombre
premier exclut le chiffre "1". Admettre "1"
comme nombre premier rendrait
faux l'important "théorème
fondamental de
l'arithmétique" (voir la théorie des nombres dans le site)
qui dit qu'il existe une unique manière d'écrire
un nombre entier supérieur à "1" comme produit de
nombres premiers
(sans prendre
en compte l'ordre de la multiplication).
Cette définition est très
important car elle nous permettra de démontrer que
forme un anneau intégralement clos (voir un peu plus loin
lorsque nous définirons le conception de "nombre algébrique).
Nous pouvons nous demander s'il existe
une infinité de nombres premiers ? La réponse est positive et en
voici une démonstration (parmi tant d'autres) par l'absurde :
Supposons qu'il en existe qu'un nombre
fini de nombres premiers qui seraient (nous utilisons des nombres
abstraits pour représent un nombre premier quelconque):

Nous formons un nouveau
nombre. Le produit de tous les nombres premiers auquel nous ajoutons
"1":

Selon notre hypothèse
initiale ce nouveau nombre devrait être divisible par l'un des nombres
premiers existants (selon le théorème fondamental de l'arithmétique
– voir le chapitre de théorie des nombres dans le site) selon:

Nous pouvons effectuer
la division:

Le premier terme
se simplifie, car est
dans le produit. On note
cet entier:

Or,
et
sont deux entiers, donc doit
être un entier. Mais est
par définition supérieur à 1. Donc n'est
pas un entier.
Contradiction
: les nombres premiers ne sont pas en nombre fini, mais infini.
Remarque: (le
produit des
premiers nombres premiers) est appelé "primorielle ".
Nous renvoyons le lecteur au chapitre
de cryptographie de la section d'analyse numérique pour étudier
quelques propriétés remarquables des nombres premiers dont la non
moins fameuse fonction phi d'Euler (ou appelé aussi: fonction indicatrice).
Nombres
entiers relatifs
L'ensemble à
quelques défauts que nous n'avons pas énoncés tout à l'heure. Par
exemple, la soustraction de deux nombres dans n'a
pas toujours un résultat dans (les
nombres négatif n'y existent pas). Autre défaut, la division de
deux nombres dans n'a
également pas toujours un résultant dans (les
nombres fractionnaires n'y existent pas).
Ainsi, nous pouvons dans
un premier temps résoudre le problème de la soustraction en ajoutant
à l'ensemble des entiers naturels, les entiers négatifs (concept
révolutionnaire pour ceux qui en sont à l'origine) nous obtenons
"l'ensemble des entiers relatifs" noté :

L'ensemble des entiers
naturels est donc inclus dans l'ensemble des entiers relatifs. C'est
ce que nous notons sous la forme :

et nous avons par définition
(c'est un notation qu'il faut apprendre) :

Cet ensemble à été crée
à l'origine pour faire de l'ensemble des entiers naturels un objet
que nous appellons un "groupe" (voir le chapitre théorie
des ensembles dans le site) par rapport à l'addition et la soustraction.
Remarque: nous disons
qu'un ensemble
est "dénombrable", s'il est équipotent à
.
C'est-à-dire s'il existe une bijection de (voir chapitre théorie
des ensembles) sur
.
Ainsi, grosso modo, deux ensembles équipotents ont "autant"
d'éléments au sens de leurs cardinaux (voir chapitre théorie des
ensembles), ou tout au moins la même infinité.
L'objectif
de cette remarque est de faire comprendre que les ensembles sont
dénombrables. Par choix, nous ne souhaitons pas démontrer maintenant
que est
dénombrable. Cela sera évident lorsque nous démontrerons que l'ensemble
des rationnels (définition
ci-dessous) est dénombrable. Nombres
rationnels
L'ensemble à
aussi un défaut. Ainsi,
la division de deux nombres dans n'a
également pas toujours un résultant dans (les
nombres fractionnaires n'y existent pas).
Nous pouvons ainsi définir
un nouvel ensemble qui contient tous les nombres qui peuvent s'écrire
sous forme de fraction (rapport d'un dividende et d'un diviseur
entiers) ou autrement dit : les "nombres fractionnaires".
Cet ensemble est noté :
Remarque : peut
également s'écrire
et nous avons évidemment
:

La
logique de la création de l'ensemble des nombres rationnels est
similaire à celle des entiers relatifs. Effectivement, les mathématiciens
ont souhaité faire de l'ensemble des nombre relatifs un "groupe"
par rapport à la loi de multiplication et de division (voir théorie
des ensembles). De plus, contrairement à l'intuition, les nombres
rationnels sont en même quantité que les nombres entiers relatifs
et naturels. Nous pouvons nous persuader
de cette équipotence en rangeant comme le fit Cantor, les rationnels
de la façon suivante:

Cette
matrice (ou tableau si vous préférez) montre clairement que tout
rationnel admet un rang. Par exemple, 3/2 est classé 8ème.
Nous définissons ainsi une application qui
est injective (deux rationnels distincts admettent des rangs distincts)
et surjective (à tout place sera inscrit un rationnel: on le cherche
par son dénominateur, puis en colonne pour son numérateur). L'application
est
donc bijective: et
sont
donc bien équipotents.
Outre les circonstances
historiques de sa mise en place, ce nouvel ensemble se distingue
des ensembles d'entiers relatifs car il induit la notion originale
et paradoxale de quantité partielle. Cette notion qui a priori n'a
pas de sens, trouvera sa place dans l'esprit de l'homme notamment
grâce à la géométrie où l'idée de fraction de longueur, de proportion
s'illustre plus intuitivement.
Nombres
irrationnels
L'ensemble des rationnels
ne permet pas de résodure un grand nombre de problème mathématiques,
bien qu'il existe des nombres rationnels qui soient extrêmement
proches d'une solution.
Ainsi, tous les nombres
qui ne peuvent (négation) s'écrire sous forme de fraction (rapport
d'un dividende et d'un diviseur entiers) sont ce que nous appelons
des nombres "irrationnels".
Pour démontrer l'irrationalité
d'un nombre, nous utilisons un démonstration par l'absurde utilisant
les propriétés des nombres pairs et impairs. Par exemple, pour l'exemple
fort connu de nous
procèdons de la façon suivante:
Supposons que soit
rationnel. Alors, nous pouvons l'exprimer comme ,
où et
sont
des entiers sans facteur commun (de par la définition des nombres
rationnels). Pour cette raison, et
ne
peuvent tous les deux être pairs. Il y a deux possibilités:
1. est
impair (
est alors pair)
2. est
pair (
est alors impair)
En mettant au carré,
nous avons :
qui peut s'écrire
:

Puisque le carré
d'un nombre impair est impair et le carré d'un nombre pair est pair,
le cas (1) est impossible, car serait
impair et serait
pair.
Le cas (2) est aussi
est aussi impossible, car alors nous pourrions écrire ,
où
est un entier quelconque, et donc si on le porte au carré on a où
l'on a un nombre pair des deux côtés de l'égalité. En remplaçant
dans on
obtient .
serait
impair alors que serait
pair. Il n'y a pas de solution; c'est donc que l'hypothèse de départ
est fausse et qu'il n'existe pas deux entiers et
tels
que .
Nous
pouvons appliquer ce genre de raisonnement pour vérifier l'irrationalité
de n'importe quel irrationnel… avec plus ou moins de temps en fonction
des cas (essayez avec …).
Nombres
réels
La réunion des
nombres rationnels et irrationnels donne l'ensemble des nombres
réels. Donc nous pouvons écrire que :
Nous sommes évidemment
amenés à nous poser la question si est
dénombrable ou non. La démonstration est assez simple. Par définition,
nous savons qu'il doit y avoir une bijection entre
et
pour
que dire que soit
dénombrable.
Pour simplifier,
nous allons montrer que l'intervalle n'est
pas dénombrable; ce qui implique bien sûr que ne
l'est pas.
Supposons cependant
le contraire (démonstration par l'absurde): nous pouvons alors énumérer
,
c'est-à-dire qu'il existe une suite qui
contient tous les réels de .
Ecrivons le développement
décimal des premiers termes de en
notant le
i-ème chiffre après la virgule de :
Nous formons maintenant
le nombre
s'écrivant (nous prenons les chiffres de la diagonale principale
ci-dessus):
Nous formons enfin
le nombre
en remplaçant chaque décimale de
par son prédécesseur:
Alors le nombre
qui est bien défini, n'est pas dans la liste des valeurs parcourues
par .
En effet:
(le
premier chiffre décimal de )
est différent de (le
premier chiffre décimal de )
donc et
puis en procédant toujours avec le même raisonnement donc
etc.
Donc pour
tout
!! Nous avons donc construit un réel de qui
n'est pas dans tel
que nous ayons une contradiction avec l'hypothèse initiale. Une
telle suite parcourant
tous les réels de n'existe
donc pas, donc est
indénombrable.
La
technique qui nous a permis d'arriver est connue sous le nom de "procédé
diagonal de Cantor" et l'ensemble des nombres réels est dit avoir
"la puissance du continu" de par le fait qu'il est indénombrable.
Nombres
transfinis
Nous nous retrouvons
donc avec un "infini" des nombres réels qui est différent
de celui des nombres naturels. Cantor osa alors ce que personne
n'avait osé depuis Aristote: la suite des entiers positifs est infinie,
l'ensemble ,
est donc un ensemble qui a
une infinité d'éléments, alors il affirma que le cardinal (voir
la théorie des ensembles de la présent section) de cet ensemble
était un nombre qui existait comme tel sans que l'on utilise le
symbole fourre tout ,
il le nota:

Ce symbole est la
première lettre de l'alphabet hébreu, qui se prononce "aleph
zéro". Canton allait appeler ce nombre étrange, un nombre "transfini".
Cantor écrivit:
«l'acte décisif fut d'affirmer qu'il y a, après le fini, un transfini,
c'est-à-dire une échelle illimitée de modes déterminés qui par nature
sont infinis, et qui cependant peuvent êtres précisés, tout comme
le fini, par des nombres déterminés, bien définis et distinguables
les uns des autres.»
Après ce premier
coup d'audace allant à l'encontre de la plupart des idées reçues
depuis plus de deux mille ans, Cantor allait poursuivre sa lancée
et établir des règles de calcul, paradoxales à première vue, sur
les nombres transfinis. Ces règles se basaient, comme nous l'avons
défini tout à l'heure, sur le fait que deux ensembles infinis sont
équivalent s'il existe une bijection entre les deux ensembles. Elle
permettent donc de distinguer plusieurs sortes d'infinis.
Ainsi, par la même
méthode que celle que nous avons utilisé, nous pouvons montrer que
l'infini des nombres pairs est équivalent à l'infini des nombres
entiers. Pour cela, il suffit de montrer qu'à chaque nombre entier,
nous pouvons associer un nombre pair, son double, et inversement.
Ainsi, même si les nombres paires sont inclus dans l'ensemble des
nombres entiers, il y en a une infinité égale,
les deux ensembles sont équivalents. En affirmant qu'un ensemble
peut être égale à une de ses parties, Cantor va à l'encontre ce
qui semblait être une évidence pour Aristote et Euclide: l'ensemble
de tous les ensembles est infini ! Cela va ébranler la totalité
des mathématiques et va amener à l'axiomatisation de Zermelo-Frankel
que nous verrons en théorie des ensembles.
Démontrer que l'ensemble
des réels est non dénombrable revient aussi à démontrer qu'il n'y
a pas plus de points sur la surface d'un carré que sur un de ses
côtés (d'ailleurs Cantor écrivit: «Je le vois mais je ne le crois
pas»). En généralisant ce raisonnement, nous arrivons au fait qu'un
espace à
dimensions ne contient pas plus de points qu'un espace à une dimension
(il fallut trois années à Cantor pour démontrer rigoureusement ce
résultat) !
A partir de ce qui
précède, Cantor établit les règles de calculs suivants sur les cardinaux:
Nous pouvons remarquer
que ces règles ne sont pas nécessairement intuitives.
L'ensemble transfini
des nombres réels amène à un "paradoxe" dit "paradoxe
de Russell".
Effectivement, si
nous prenons une partie de ,
celle-ci reste transfinie (à la puissance du continu), et de même
si nous prenons la partie de cette partie. Nous somme donc amenés
à énoncer le paradoxe suivant:
Si nous considérons
le cardinal de l'ensemble de tous les cardinaux, il est nécessairement
plus grand que tous les cardinaux, y compris lui-même !
Nous reviendrons
plus en détail là-dessus lors de notre étude des cardinaux dans
la théorie des ensembles.
Nombres
complexes
Inventés au XVIIIème
siècle entre autres par Jérôme Cardan et Rafaello Bombelle, ces
nombres permettent de résoudre des problèmes n'ayant pas de solutions
dans .
L'idée fut d'introduire un nombre imaginaire
tel que:
.
La forme générale d'un
nombre complexe est la suivante:
(
et
étant des nombres abstraits - voir plus loin la définition d'un
nombre abstrait) et nous notons l'ensemble des nombres complexes
et
avons donc par extension:
L'ensemble
est identifié au plan affine euclidien orienté
(voir le chapitre d'analyse vectorielle dans la section d'algèbre
du site) grâce au choix d'une base orthonormée directe
(nous obtenons ainsi le "plan d'Argand-Cauchy" ou "plan
de Gauss" que nous verrons un peu plus loin).
L'ensemble des nombres complexes (qui
constitue un corps - voir théorie des ensembles), donc noté
,
est défini par:

Pendant
près de 150 ans les nombres complexes étaient purement des êtres
mathématiques abstraits n'ayant pas d'équivalents dans la nature.
Avec l'avénement de la mécanique quantique, il est apparu que les
dimensions complexes (nous allons voir un peu plus loin ce qu'est
une dimension complexe) étaient inhérentes aux propriétés de la
nature (voir mécanique quantique ondulatoire dans la section de
physique atomique du site).
L'addition et la multiplication de
nombres complexes sont des opérations internes à l'ensemble des
complexes (nous reviendrons beaucoup plus en détail sur certaines
propriétés des nombres complexes dans le chapitre traitant de la
théorie des ensembles) et définies par:

La "partie réelle" de
est notée:

La "partie imaginaire" de
est notée:
Le "conjugué" de
est défini par:

et
est souvent noté
(particulièrement en mécanique quantique !).
A
partir d'un complexe et de son conjugué, il est possible de trouver
ses parties réelles et imaginaires. Ce sont les relations évidentes
suivantes:
et
Le "module" de
représente la longueur par rapport au centre du plan de Gauss (voir
un peu plus bas ce qu'est le plan de Gauss) et est simplement calculé
avec l'aide du théorème de Pythagore:
La
notation pour
le module n'est pas innocente puisque coïncide
avec la valeur absolue de
lorsque
est réel.
La division entres deux complexes se
calcule comme:
L'inverse
d'un complexe se calculant de façon similaire:

Nous pouvons aussi énumérer 8 importantes
propriétés (ou théorèmes) du module et du conjugué complexe:
T1. 
Démonstration:
Par définition pour
que la somme soit
positive la condition nécessaire est que 
T2. 
Démonstration:
T3. 
Démonstration:
Les deux inégalités peuvent s'écrire:
donc équivalent respectivement à:

qui sont triviales. Bien entendu si
et seulement si avec
le même type de raisonnement pour la partie imaginaire.
T4. et
si 
Démonstrations:
et:

T5. 
Démonstration:

T6. 
Démonstrations:
T7. 
Nous nous restreindrons à la démonstration
de la seconde relation qui est un cas général de la première (où
):
T8. Nous avons a pour
tous complexes .
De plus l'égalité a lieu si et seulement si et
sont
colinéaires (les vecteurs sont "sur la même droite") et
de même sens, autrement dit s'il existe tel
que ou
.
Démonstration:

A priori cette inégalité peut ne pas
paraître évident à tout le monde alors développons un peu et supposons-la
vraie:

Après simplification:

Après simplification:

Cette dernière relation démontre donc
que l'inégalité est vraie.
L'égalité à lieu si et seulement si
ce
qui équivaut successivement à:
La version complète de cette inégalité
(inégalité de Minkowski) est au fait:
Démonstration:
Nous appliquons deux fois la première
version de l'inégalité pour obtenir:
Nous pouvons aussi représenter un nombre
complexe ou
dans
un plan délimité par deux axes (deux dimension) de longueur infinie
et orthogonaux entres eux. L'axe vertical représentant la partie
imaginaire d'un nombre complexe et l'axe horizontal la partie réelle
(voir figure ci-après).
On nomme parfois ce type de représentation
"plan de Gauss".
Nous calculons sans trop de difficultés
avec les bases de trigonométrie (voir le chapitre de trigonométrie
dans la section de géométrie du site) que:
où est
appelé "l'argument de "
et est noté:

Pour passer de la forme algébrique
d'un nombre complexe à sa forme trigonométrique et inversement nous
démontrons de façon élémentaire que pour obtenir la forme trigonométrique
nous avons les relations:
,
,
et inversement:
,
Les égalités suivantes sont vraies
modulo pour
tous nombres complexes non nuls et
tout entier naturel
:
1. et

2.
3.
4.
5.
Démonstration: (1) et (2) proviennent
des formules classique de trigonométrie. (2) entraîne (3) par récurrence
sur .
(2) entraîne aussi:
d'où
(4). Enfin, (5) provient de (2) et (4). Nous
démontronse entre autres avec les séries de Taylor (voir le chapitre
des suites et séries dans la section d'algèbre) que:
et:
dont la somme est semblable à:
mais par contre parfaitement identique
au développement de Taylor de 
donc nous avons:

relation nommée "formule d'Euler".
Grâce à la forme exponentielle d'un
nombre complexe (très fréquemment utilisée en physique) nous pouvons
très facilement tirer des relations telles que soit:



et en supposant connues les relations
trigonométriques de bases (sinon voir la section "géométrie")
nous avons les relations suivantes pour la multiplication:

étant
le module de
nous avons trivialement:
et concernant l'argument du produit:

pour la division:

Nous avons donc :
et
pour la mise en puissance (ou la racine):

nous avons donc :
et
Dans le cas où nous avons un module
unité tel que nous
avons évidemment:

Nous appelle cette relation "formule
de Moivre".
Pour le logarithme népérien:

Evidemment tous les résultats vus jusqu'ici
sont périodiques de période
avec .
Il est habituel
de représenter les nombres réels comme points d'une droite graduée.
Les opérations algébriques y ont leur interprétation géométrique:
l'addition est une translation, la multiplication une homothétie
centrée à l'origine.
En particulier nous
pouvons parler de la "racine carrée d'une transformation".
Une translation d'amplitude peut
être obtenue comme l'itération d'une translation d'amplitude .
De même une homothétie de rapport a peut être obtenue comme
l'itérée d'une homothétie de rapport .
En particulier une homothétie de rapport 9 est la composée de deux
homothéties de rapport 3 ( ou -3).
La racine carrée
prend alors un sens géométrique. Mais qu'en est-il de la racine
carrée de nombres négatifs?
En particulier la racine carrée de -1?
Une homothétie de
rapport -1 peut être vue comme une symétrie par rapport à l'origine;
toutefois si nous voulons voir cette transformation d'une manière
continue, force nous est de placer la droite dans un plan. Dès lors
une homothétie de rapport -1 peut être vue comme une rotation de
radians
autour de l'origine.
Du coup, le problème
de la racine carrée se simplifie. En effet il n'est guère difficile
de décomposer une rotation de radians
en deux transformations: nous pouvons répéter soit une rotation
de soit
une rotation de .
L'image de 1 sera la racine carrée de -1 et est
située sur une perpendiculaire à l'origine à une distance 1 soit
vers le haut soit vers le bas.
Ayant réussi à positionner
le nombre il
n'est plus guère difficile de disposer les autres nombres complexes
dans un plan (le plan de Gauss, d'Argand ou de Wessel). Nous pouvons
ainsi associer à le
produit de l'homothétie de rapport 2 par la rotation de centre O
et d'angle ,
soit une similitude centrée à l'origine.
Dans ce plan réel
toute opération sur les complexes prend un sens géométrique. L'addition
correspond
à une translation. Quant à la multiplication par un nombre ,
elle est représentée par une similitude: 0 reste évidemment fixe
et 1 est appliqué sur .
Tout nombre complexe est ainsi associé, par le biais de la multiplication,
à une similitude: l'amplitude de la similitude est son argument,
le rapport de la similitude est son module.
D'une manière algébrique
le nombre complexe multiplié
par est
associée la similitude de rapport et
d'angle :
Si nous désignons par
et
les
axes de coordonnées du plan complexe (ou plan de Gauss) nous avons
(en laissant le soin au lecteur de faire les petits dessins s'il
n'arrive pas à en percevoir l'évidence mentalement):
Similitudes directes (les plus usitées):
- Translation d'amplitude :
- Rotation de centre O, d'angle
:
- Homothétie (agrandissement) de centre
O, de rapport ():
- Similitude linéaire directe (combinaison
des trois précédents):
- Rotation de centre c, d'angle
:
- Homothétie
de centre c, de rapport ():
- Similitude
directe (cas général de tous les précédents):
Similitudes rétrogrades (les plus usitées):
- Symétrie d'axe :
- Symétrie d'axe :
- Symétrie d'axe passant par O
et :
- Similitude linéaire rétrograde (combinaison
des trois précédents):
Inversion:
- Inversion de pôle O et de
puissance 1:
Nombres
quaternions
Appelés aussi "hypercomplexes", ces nombres ont été inventés
en 1843 par William Rowan Hamilton pour généraliser les nombres
complexes. Ils s'écrivent sous la forme où
sont réels et où
vérifient certaines propriétés.
Nombres
algébriques
Nous définissons tout
nombre algébrique par un nombre qui est solution d'une équation
algébrique, à savoir un polynôme (concept que nous aborderons dans
la seciont d'algèbre) dont les coefficients sont des entiers relatifs
et non nuls.
Un résultat intéressant (curiosité
de mathématique) est qu'un nombre rationnel est un nombre algébrique
si et seulement si c'est un entier relatif (lisez plusieurs fois
au besoin…). De par cette propriété que nous allons de suite démontrer,
nous disons que l'anneau
est "intégralement clos".
Démonstrations: nous supposons que
le nombre ,
où
et
sont deux entiers premiers entre eux, est une racine du polynôme
(voir le sous-chapitre traitant des polynômes dans le chapitre de
calcul algébrique se trouvant dans la section d'algèbre):

Dans ce cas:

Ainsi,
divise une puissance de ,
ce qui n'est possible dans l'ensemble que
si
vaut (puisqu'ils
étaient premiers entre eux).
Réciproquement, tout entier relatif
est évidemment un entier algébrique.
Nombres
transcendants
Les nombres qui ne sont
pas algébriques sont transcendants. Les transcendants sont donc
beaucoup plus nombreux que les algébriques.
Remarque: les transcendants
les plus connus sont
et .
Les démonstrations de leur transcendance est en cours de rédaction.
Nous devrions pouvoir vous les fournir fin 2004.
Nombres
abstraits
Le nombre peut être envisagé
en faisant abstraction de la nature des objets qui constituent le
groupement qu'il caractérise; et ainsi qu'à la façon de codifier
(chiffre arabe, romain, ou autre système universel) on dit alors
que le nombre est "abstrait". Arbitrairement, l'être humain
a adopté un système numérique majoritairement utilisé de par le
monde et représenté par les symboles 1, 2, 3, 4, 5... qui seront
connus aussi bien en écriture qu'oralement par le lecteur (apprentissage
du langage).
Pour les mathématiciens
il n'est pas avantageux de travailler avec ces symboles car ils
représentent uniquement des cas particuliers. Ce que cherchent les
physiciens théoriciens ainsi que les mathématiciens, se sont des
relations applicables universellement dans un cas général et que
les ingénieurs puissent en fonction de leurs besoins changer ces
nombres abstraits par les valeurs numériques qui correspondent au
problème qu'ils ont besoin de résoudre.
Ces nombres abstraits
appelés aujourd'hui communément "variables" sont très
souvent représentés par:
1. L'alphabet latin (a,
b, c, d, e... ; A, B, C, D, E...)
2. Par l'alphabet grec
qui est lui particulièrement utilisé pour représenter soit des opérateurs
mathématiques plus ou moins complexes (comme le sont le + pour l'addition,
le - pour l'addition par exemple), soit des variables physiques.
3. Par l'alphabet hébraïque
(à moindre mesure)
Bien que ces symboles
puissent représenter n'importe quel nombre il en existe quelques
uns qui peuvent représenter des constantes dites Universelles (vitesse
da la lumière, la constante gravitationnelle, constante de Planck
et bien d'autres).
Nous utilisons très
souvent encore d'autres symboles que nous introduirons et définirons
au fur et à mesure.
Remarques :
R1. les lettres pour
représenter les nombres ont été employées pour la première fois
par Viète.
R2. habituellement,
les premières lettres de l'alphabet latin
désignent les nombres connus, et les dernières
les nombres inconnus.
Domaine
de définition
Une variable est un
nombre abstrait susceptible de prendre des valeurs numériques
différentes. L'ensemble de ces valeurs peut varier suivant le
caractère du problème considéré.
Nous appellons "domaine
de définition" d'une variable, l'ensemble des valeurs numériques
qu'elle est susceptible de prendre.
Définitions
y relatives :
D1. nous appelons "domaine
de définition"
d'une variable, l'ensemble des valeurs numériques qu'elle est susceptible
de prendre.
Soit deux
et deux
nombres tel que .
Alors :
D2. nous appelons "intervalle
fermé d'extrémité
et ",
l'ensemble de tous les nombres
compris entre ces deux valeurs comprises et nous le désignons de
la façon suivante :

D3. nous appelons "intervalle
ouvert d'extrémité
et ",
l'ensemble de tous les nombres
compris entre ces deux valeurs non comprises et nous le désignons
de la façon suivante:

D4.
nous appelons "intervalle fermé à gauche, ouvert à droite"
la relation suivante :

D5.
nous appelons "intervalle ouvert à gauche, fermer à droite"
la relation suivante :

Remarque : si la variable
peut prendre toutes les valeurs négatives et positives possibles
nous écrivons dès lors: où
le symbole " " signifie
une infinité. Evidemment il peut y avoir des combinaisons d'intervalles
ouverts et infinis à droite, fermé et limité gauche et réciproquement.
Remarque : nous rappelerons
ces concepts lorsque nous étudierons l'algèbre (calcul littéral).
Nous
disons que la variable
est "ordonnée" si en représentant son domaine de définition
par un axe horizontal où chaque point de l'axe représente une valeur
de ,
alors que pour chaque couple de de valeurs, nous pouvons indiquer
celle qui est "antécédente" (qui précède) et celle qui
est "conséquente" (qui suit). Ici la notion d'antécédente
ou de conséquente n'est pas liée au temps, elle exprime juste la
façon d'ordonner les valeurs de la variable.
Définitions
y relatives :
D1.
une variable est dite "croissante" si chaque valeur conséquente
est plus grande que chaque valeur antécédente.
D2.
une variable est dite "décroissante" si chaque valeur
conséquente est plus petite que chaque valeur antécédente.
D3.
les variables croissantes et les variables décroissantes sont appelées
"variables à variations monotones" ou simplement "variables
monotones".
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