
PHYSIQUE
QUANTIQUE CORPUSCULAIRE | PHYSIQUE
QUANTIQUE ONDULATOIRE
PHYSIQUE QUANTIQUE RELATIVISTE | PHYSIQUE
NUCLÉAIRE
PHYSIQUE QUANTIQUE
DES CHAMPS | PHYSIQUE
DES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES
45.
PHYSIQUE QUANTIQUE DES CHAMPS |
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LISTE DES SUJETS TRAITÉS SUR CETTE PAGE
Avant la formulation de la physique quantique,
les particules et les champs étaient considérés comme des entités
distinctes mais liées; les particules possèdent certaines caractéristiques
intrinsèques (comme la masse et la charge électrique) et produisent
les champs (gravitationnels et électromagnétiques). Chaque champ
de force émane des particules et remplit l'espace autour d'elles.
Les champs emmagasinent et peuvent transporter de l'énergie; ils
sont, en ce sens, des milieux continus réels qui lient les particules
et communiquent les interactions entre elles. On considérait que
les particules étaient composées de matière et les champs étaient
composés d'énergie. La notion de champ de force était l'alternative
du 19ème siècle à l'ancienne action à distance assez mystérieuse.
Des particules qui ne réagissent à aucun champ de force ne sont
pas observables et physiquement n'ont aucun sens. De même, des
champs de force qui n'agissent sur aucune particule sont également
sans signification. Les notions de particules et de champs n'ont
donc un sens que lorsqu'elles sont reliées.
La notion de champ a commencé à être modifiée
fondamentalement avec l'introduction par Albert Einstein du concept
de photon.
Selon
cette nouvelle conception, le champ électromagnétique
n'a pas son
énergie distribuée d'une façon continue dans
l'espace. Le photon est le "quantum
du champ électromagnétique".
Il transporte l'énergie et la quantité de mouvement
du champ. L'interaction
électromagnétique de deux particules chargées
et le transfert de l'énergie et de la quantité de
mouvement d'une particule à l'autre
doivent donc avoir lieu par l'échange des quanta d'énergie électromagnétique,
les photons. La théorie de telles interactions (entre particules
chargées), appelée "électrodynamique
quantique" (Q.E.D.), a été la première
application réussite
de ces idées (elle permet de démontrer la structure
fine du modèle
de Sommerfeld, d'expliquer le spin de l'électron, etc.)
et c'est à
elle que nous allons nous intéresser ici.
Dans ce chapitre, nous n'avons pas souhaité faire un cours
complet de physique quantique des champs car pour rappel, l'ensemble
du
site n'a que pour objectif de donner les bases de ce qu'un ingénieur
doit connaître au début du 21ème siècle
et accessoirement à l'auteur
de se faire plaisir en étudiant des sujets qu'il n'avait
pas pu voir pendant son cursus scolaire. À ce titre, le
lecteur intéressé à approfondir plus cette
matière pourra se reporter
au meilleur ouvrage que nous ayons eu entre les mains à ce
jour (développements détaillés, simples et
pédagogiques avec de nombreux
cas pratiques) sur ce sujet
qui est celui Quantum Mechanics with Basic Field
Theory de Bipin R. Desai (référence [96] dans
la bibliographie).
Remarque: La théorie quantique des champs est l'application
de la mécanique quantique aux champs. Elle fournit un cadre
largement utilisé en physique des particules et en physique
de la matière condensée. Les bases de la théorie
quantique des champs auxquelles nous allons limiter notre étude
furent développées
entre 1935 et 1955, principalement par Paul Dirac, Wolfgang
Pauli,
Sin-Itiro
Tomonaga, Julian Schwinger, Richard Feynman, et Freeman Dyson.
Avant de nous lancer dans les calculs
(voir plus loin), montrons que l'approche proposée
précédemment, peut être considérée à
l'aide d'un formalisme fort simple (pédagogique).
Le lecteur doit
cependant se rappeler que les approches simples nécessitent
parfois des constructions mentales erronées (par trop
simplificatrices) par rapport à la réalité,
mais qui satisfont à l'objectif
visé:
avoir
un modèle compréhensible et plus ou moins intuitif.
Considérons
à ce titre la figure ci-dessous (représentation de
la collision
élastique de deux électrons):

Figure: 45.1 - Exemple de pseudo-diagramme de Feynman
Cette figure est appelée, et à tort (!),
dans de nombreux ouvrages pédagogiques "diagramme
de Feynman" (en réalité il s'agit
seulement d'un diagramme qui y ressemble un peu car les vrais
diagrammes de Feynman sont destinés à
calculer des produits de Wick dans une série perturbative).
Supposons que les deux électrons
qui y sont représentés, se déplacent
initialement
à la même vitesse. Ils s'approchent d'abord puis s'éloignent
l'un de l'autre le long d'une droite dans l'espace qui est projetée
sur l'axe des temps, dans le sens des temps croissants. L'électron à
gauche émet un photon (la ligne ondulée), et pendant
un certain temps ,
il y a deux électrons et un photon. L'électron à droite
absorbe ensuite le photon et l'interaction est momentanément
terminée;
d'autres photons feront par la suite l'aller et retour entre
les électrons.
La force moyenne est proportionnelle au taux de transfert de la
quantité de mouvement due à l'échange
des photons. La probabilité
de l'émission ou de l'absorption de photons par une particule
est reliée à sa charge. La force doit donc être proportionnelle
au produit des charges en interaction (en accord avec la loi de
Coulomb). Pensez
à la force de répulsion entre deux astronautes flottant
dans l'espace et échangeant une balle dans un sens puis
dans l'autre (c'est une approche pédagogique du problème mais qui
ne s'applique pas par exemple à l'attraction entre deux particules
de charges opposées!). Cependant, le phénomène
inverse d'attraction ne peut être visualisé de cette
manière mais uniquement sous forme mathématique
formelle.
La collision présentée dans
la figure ci-dessus est élastique; l'énergie de chacun des électrons
est inchangée
dans la collision. Malgré cela, pendant un temps ,
le système contient une quantité d'énergie supplémentaire hv correspondant
au photon. Pendant ce temps ,
la conservation de l'énergie est apparemment violée! Peut-on
tolérer
cette situation? La réponse, donnée par la physique moderne, est
oui; mais elle ne peut jamais être observée. Autrement dit, il
y a toujours une certaine incertitude sur
la valeur mesurée de l'énergie d'un système. Le principe d'incertitude
de Heisenberg impliquant (voir démonstration dans le
chapitre de Physique Quantique Ondulatoire) que:
(45.1)
Une violation de la loi de conservation
de l'énergie jusqu'à une quantité sera
cachée par l'incertitude sur l'énergie à condition
que le temps disponible pour faire l'observation soit
suffisamment grand tel que
(45.2)
évidemment une valeur inférieure à satisfait
également la condition. Nous pouvons donc écrire:
(45.3)
L'incertitude sur l'énergie
dépasse
l'énergie d'un photon d'énergie hv si
le photon existe pendant un temps plus court que:
(45.4)
Ce photon est alors observable
sur une distance maximale de:
(45.5)
et comme la
fréquence peut être arbitrairement petite, la portée
de la force transmise par le photon sans masse est illimitée.
Il peut paraître dans cette relation que la portée
est limitée
pour un photon libre. Mais ce serait oublier (cf.
chapitre de Physique Quantique Ondulatoire) qu'un photon
libre n'existe pas, car il aurait une fréquence totalement
indéterminée. Donc la distance
d'interaction
le serait aussi.
Ces quanta
d'échanges, qui sont inobservables, sont appelés
des "photons
virtuels". Comme les photons ne sont pas chargés,
nous disons aussi que l'interaction s'effectue par "courant
neutre".
Une approche beaucoup plus satisfaisante est celle qui consiste
à utiliser la masse comme terme d'énergie:
(45.6)
À l'aide de cette relation, il est possible de connaître
le temps pendant lequel une particule virtuelle peut parcourir
une distance
qui correspondrait à:
(45.7)
Nous verrons plus loin comment déterminer approximativement la
masse des particules virtuelles qui interviennent dans les forces
nucléaires ce qui nous permettra d'estimer la durée des interactions
comme étant de l'ordre de .
Vers la fin
des années 1920, il était devenu clair que l'on pouvait
considérer
chacune des particules connues (proton, électron, etc.)
comme le quantum d'un champ spécifique. Dans cette vision,
il y a un champ d'électron, un champ de proton, et ainsi
de suite comme nous le démontrerons plus loin (l'Univers
serait donc un ensemble de champs unifiés). Un objet quelconque
est en réalité un
ensemble de manifestations observables des quanta des champs.
Par ailleurs,
nous avons vu que l'écriture des équations
d'onde
pour des particules relativistes (équation de Dirac et équation
de Klein-Gordon vue en physique quantique relativiste) amène
des problèmes insolubles classiquement, notamment des énergies
négatives. En fait, cette approche n'est pas justifiée,
car d'après l'équation d'Einstein
masse et énergie sont équivalentes et si l'on
rajoute à cela le principe d'incertitude d'Heisenberg
énergie-temps nous constatons qu'un nombre infini
de particules peuvent être créées ou annihilées,
d'où la nécessité d'un modèle
ne prenant plus en compte les propriétés d'une
seule particule, mais d'un ensemble de particules, aussi
bien réelles que virtuelles.
Remarque: Quand Fermi formula sa théorie des interactions faibles
en 1932, il la fonda sur les mêmes principes que l'électrodynamique
quantique (c'est une des raisons pour laquelle la QED est appelée
"bijou de la physique" - le modèle standard est
calqué sur cette théorie par ailleurs). Deux ans
plus tard, le physicien japonais H. Yukawa proposa que l'interaction
faible était due à l'échange d'un boson virtuel massif.
POTENTIEL
DE YUKAWA
Le meilleur moyen pour
argumenter l'exemple des quantums reste la "démonstration"
de la loi de Coulomb (et de Newton) à partir des
résultats que nous avons obtenus en physique quantique ondulatoire
(nous devons ces développements à Yukawa).
Une version simplifiée de cette démonstration consiste
d'abord
à se rappeler de l'équation de Klein-Gordon libre
(cf.
chapitre Physique Quantique Ondulatoire):
(45.8)
cette équation décrit la
dynamique d'amplitude de présence d'une particule sans spin
dans le temps dans un potentiel donné.
Considérons une composante de statique
(indépendante du temps) à symétrique sphérique:
(45.9)
L'équation de Klein-Gordon se réduit
alors à:
(45.10)
Si nous divisons des deux côtés de
l'égalité par :
(45.11)
Rappelons (cf.
chapitre de Calcul Vectoriel) la notation du laplacien
d'un champ scalaire:
(45.12)
ainsi que son expression en
coordonnées
sphériques où est
identifié à l'origine du champ (cf.
chapitre de Calcul Vectoriel):
(45.13)
Comme le champ U(r) est
à symétrie sphérique (dépendant de r uniquement)
le laplacien se réduit à:
(45.14)
Donc l'équation du champ U(r) s'écrit:
(45.15)
Cette équation différentielle a pour
solution (on devine assez facilement que l'exponentielle est une
solution possible):
(45.16)
où C est
une constante d'intégration.
Dans le cadre de l'utilisation des
unités naturelles (ce qui est le plus fréquent à ce niveau dans
la littérature scientifique) ce potentiel s'écrit:
(45.17)
et se nomme "potentiel
de Yukawa".
Le lecteur remarquera que
mise à part
la distance r,
l'autre variable dans l'exponentielle est la masse (les autres
termes
étant des constantes universelles). Conséquence: le potentiel
de Yukawa est aussi bien un "champ
scalaire" dans le cas où la
masse est nulle (voir l'exemple ci-après) qu'un "champ
massique"
dans le cas où la masse est non nulle !
Cela nous conduit à l'hypothèse
suivante: si c'est le champ électrique qui maintient les
particules chargées
entre elles dans l'atome (voir le traitement du champ non-massique
ci-dessous), c'est le champ massique qui maintient les particules
non chargées entre elles dans l'atome.
Autrement dit, si des particules
interagissent par l'intermédiaire d'un champ massique
de masse (au
lieu d'interagir avec des photons de masse nulle), leur force
mutuelle va décroître exponentiellement (ce qui
est très
rapide).
L'approce de Yukawa permet une nouvelle approche interprétation
des phénomènes nucléaires, mais elle reste toutefois trop naïve
pour expliquer adéquatement les interactions fortes dans leur ensemble.
CHAMPS
MASSIQUES
Le physicien H. Yukawa
proposa donc en 1935 que la force nucléaire devait sa
très courte
portée au fait qu'elle était transmise par des
particules massives (plus la masse du quanta échangé est
grande, plus la portée de
l'interaction est réduite), décrites par le champ
massique ci-haut.
Remarque: Dans
le cadre historique de l'époque ces particules
hypothétiques
étaient les "mésons".
Mais nous verrons que cette hypothèse ne tiendra pas la route très
longtemps.
Voyons cela de plus près. Notons le potentiel de Yukawa
sous la forme suivante:
(45.18)
avec:
(45.19)
Cette notation n'est pas innocente, car comme nous le
verrons en détails plus loin, lorsque (cas
de l'interaction électromagnétique et gravitationnelle)
alors et
nous retrouvons alors la loi fondamentale de l'électrodynamique
ou de la gravitation où la particule d'interaction est respectivement
le photon (masse nulle) pour la première et le graviton
pour la deuxième.
Ainsi, en supposant que le rayon de l'interaction nucléaire
forte (cohésion des nucléons entre eux) est et
celui de l'interaction nucléaire faible (qui serait à l'origine
de la désintégration bêta comme nous l'avons précisé dans
le chapitre de Physique Nucléaire) ,
nous obtenons alors les énergies de liaisons des interactions
ainsi que leur masse approximative immédiatement:
- Pour "l'interaction nucléaire forte":
(45.20)
soit environ 386 fois la masse de l'électron et 1/5 de
la masse du proton.
Deux ans après cette prédiction de Yukawa, les
physiciens découvrirent
une particule correspondant à cette masse: le méson .
Il s'avérera plus tard que ce n'était pas la bonne
particule mais une particule de même type que l'électron,
soit un lepton et donc un fermion (ce ne peut donc être une particule
messagère).
De plus, les expériences de diffusions et de collisions
avec des protons, deutérons, etc. à des énergies
de plus en plus hautes ont montré
qu'il y avait une modification de l'intensité/forme de l'interaction
forte incompatible avec l'hypothèse d'un seul méson.
En outre, les résonnances hadroniques montraient qu'il
existait des états excités
des mésons ce qui est difficile à imaginer pour
des particules considérées
comme fondamentales en analogie avec le photon!!
Les particules détectées dans les laboratoires et
qui semblaient être les meilleures candidates à l'époque (car
il y en avait plusieurs...)
de l'interaction nucléaire forte étaient les "pions"
(ou "mésons pi") qui se
présentent sous trois
formes:
(45.21)
et qui sont 270 fois plus massifs que l'électron. Donc cette
différence
de masse indique bien que le modèle de Yukawa n'est pas tout à fait
exact.
Avant la découverte des quarks (dont sont constitués
les mésons), les mésons pi (pions) étaient
donc considérés comme les vecteurs de l'interaction
forte (aujourd'hui nous savons qu'en fait ces vecteurs
sont les gluons).
- Pour "l'interaction nucléaire faible":
(45.22)
Il s'agit donc d'une masse colossale, une centaine de fois la
masse du proton! Les vecteurs d'interactions ont des candidats
qui ont été mis en évidence en 1983 dans les
accélérateurs du CERN.
Ces particules messagères de l'interaction nucléaire
faible se nomment les "bosons intermédiaires" .
Ces observations amenèrent
l'hypothèse
que la théorie de Yukawa n'était pas une théorie assez fondamentale
quoiqu'elle représente bien certaines de ses propriétés...
CHAMPS NON-MASSIQUES
Imaginons maintenant un
champ scalaire
à symétrique sphérique statique, dont le photon (particule sans
spin) est l'hypothétique
quantum d'échange.
Comme la masse du photon est nulle,
l'expression de U(r) se
réduit à:
(45.23)
Si nous interprétons U(r) comme
le potentiel électrostatique source d'une quantité de
charges élémentaires q alors
la constante C
dans notre système métrique vaut:
(45.24)
Tel que:
(45.25)
Comme nous avons:
(45.26)
Il
en découle:
(45.27)
Ce
qui nous donne:
(45.28)
Conclusion:
Si une particule se trouve dans un champ de potentiel à symétrique
sphérique U(r) dont
le photon est supposé être initialement le quantum d'interaction
alors nous avons affaire à un champ électrostatique
dont l'expression est identique à la loi de Coulomb (ceci
valide donc encore une fois de façon magistrale la théorie
de la physique quantique ondulatoire).
Remarque: Le photon est donc bien le quantum d'interaction
du champ
électrique à symétrie sphérique (lorsque les
charges ont une vitesse relativiste le champ électrique
n'est pas à symétrie sphérique
et les équations deviennent un peu plus compliquées
- voir le chapitre de Relativité Restreinte)
et nous ne devrions plus parler de charge électrique mais
de "transparence"
aux photons. Effectivement, le neutron étant neutre globalement
celui-ci ne devrait pas interagir avec le champ électrique,
mais comme il est composé de particules chargées
(les quarks) les expériences mettent en évidence
une affluence en présence du champ électromagnétique
(dont le photon est le quantum d'interaction).
Ceci
dit, en appliquant le même raisonnement, nous pouvons de même retrouver
le potentiel gravitationnel de Newton:
(45.29)
Ce
qui impliquerait que le quantum d'interaction du champ gravitationnel
est aussi sans masse (du moins dans le cas des petites masses étant
donné que nous savons que le potentiel de Newton n'est
qu'une approximation de la relativité générale
dans le cas des petites masses). Étant donné que
le champ gravitationnel ne semble pas interagir avec la présence
d'un champ magnétique
ou électrostatique,
cela nous amène
à émettre l'hypothèse que le quantum d'interaction
n'est pas le photon et à supposer qu'une autre particule,
que nous appellerons "graviton",
en est le messager.
ÉQUATION
D'EULER-LAGRANGE DES CHAMPS
La
façon dont la théorie des champs fut introduite à
partir des particules élémentaires par Dirac est
connue pour des raisons historiques sous l'appellation de "deuxième
quantification".
Il est peut-être
utile de mettre en évidence une possible source de confusion: les
champs ne sont pas liés à la dualité onde-corpuscule.
Ce que nous entendons par "champ" est un concept
qui permet la création ou l'annihilation de particules en
tout point de l'espace comme nous le verrons dans les développements
mathématiques.
Rappelons
que nous avons défini dans le chapitre de Physique Quantique
Ondulatoire lors de l'étude de l'équation d'évolution
de Schrödinger
l'opérateur
d'Heisenberg, nécessaire à la condition de normalisation
de De Broglie:
(45.30)
En
dérivant cet opérateur par rapport au temps, nous avons trivialement:
(45.31)
où
rappelons-le, le commutateur de deux opérateurs est donné
(comme nous l'avons déjà vu lors de notre étude des opérateurs
adjoints et hermitiques en physique quantique ondulatoire) par
définition
par:
(45.32)
C'est
l'hamiltonien H qui fait irruption en
premier dans la relation précédente. Mais
nous pouvons tout aussi bien lui substituer un hamiltonien dépendant
du temps H(t)
tel que:
(45.33)
Maintenant,
nous pouvons substituer à des
observables connues telles que:
(45.34)
dites
"équations du mouvement de Heisenberg".
Ce qui est intéressant
dans les deux relations obtenues précédemment, c'est
la façon avec
laquelle se réalise la jonction entre la physique quantique
et la mécanique classique. Effectivement, nous avions démontré dans
le chapitre de Mécanique Analytique que les relations ci-dessous
sont et seront toujours valables quel que soit le domaine étudié:
(45.35)
ainsi
que:
(45.36)
et en supposant la généralisation à plusieurs degrés de liberté
comme étant intuitive:
(45.37)
La
généralisation à plusieurs degrés de liberté est
immédiate et nous
donne l'ensemble des relations (nous allégeons les écritures
en omettant l'écriture de la dépendance à la variable
temporelle):
(45.38)
Nous
avons encore besoin de deux autres relations importantes que nous
allons de suite déterminer. D'abord, d'après les définitions des
commutateurs, il est inutile de démontrer que (trivial):
(45.39)
Par
contre, il est un peu plus subtil de démontrer la valeur de (nous
plaisantons...). Rappelons que nous avions démontré lors de notre
étude des opérateurs linéaires fonctionnels que (nous nous restreignons
au cas de la coordonnée x ici):
(45.40)
et que q représente une coordonnée généralisée (x
par exemple...). Nous avons donc (résultat déjà
démontré dans le chapitre de Physique Quantique Ondulatoire...):
(45.41)
Les
deux dernières relations peuvent être généralisées à toutes les
composantes voulues telles que:
(45.42)
avec
rappelons-le (cf. chapitre de Calcul Tensoriel):
(45.43)
qui
est le symbole de Kronecker.
Pour
en arriver enfin à la théorie quantique des champs, il nous faut
encore généraliser à une infinité continue de degrés de liberté.
En effet, même le plus simple des champs est caractérisé, à un
instant t,
par une infinité continue de quantités:
(45.44)
pour
tout .
Nous pourrions donc imaginer représenter la fonction par
ses valeurs en
un ensemble discret de points que
nous rendrons en fin de compte infiniment dense (prenez garde
au
fait que nous utilisions la notion de densité !). Nous pouvons
aussi travailler, pour commencer, non pas dans tout l'espace,
mais dans
un volume fini que nous finirons par rendre très grand.
En procédant
ainsi, nous pouvons trouver comment généraliser
le formalisme canonique et le processus de quantification. Au
niveau formel,
nonobstant
de subtiles questions de convergences (voir les parties mathématiques
du site), la généralisation aux systèmes
continus consiste principalement
à remplacer les sommes sur des indices n par
des intégrales sur des arguments ,
et les deltas de Kronecker par des deltas de Dirac (sur l'espace-temps):
(45.45)
En
considérant alors le principe variationnel comme nous l'avons étudié
en mécanique analytique:
(45.46)
et
le principe de moindre action nous imposant:
(45.47)
où
le lagrangien sera maintenant une fonction du champ et
de dérivée par rapport au champ (puisqu'il
n'y a pas de notion de quantité de mouvement pour un champ !).
Si
nous divisons la relation précédente par nous
obtenons:
(45.48)
ce
qui nous donne le droit d'écrire:
(45.49)
et
en imposant une analogie avec un concept de champ:
(45.50)
où
et
.
Finalement,
comme tous les termes suivants sont nuls, ils sont égaux
(nous faisons intervenir l'équation d'Euler-Lagrange démontrée
dans le chapitre de Mécanique Analytique):
(45.51)
en
analogie avec le champ nous
obtenons (donc c'est une démarche intuitive à la sauce physicienne...):
(45.52)
Il s'agit donc maintenant d'un lagrangien avec des dérivées partielles
fonctionnelles.
Cette écriture étant cependant peu commode, on prend
pour habitude d'écrire les
différentielles
partielles (en utilisant les unités naturelles de la physique)
aux composantes sous
la forme
, ce qui nous donne
finalement:
(45.53)
Évidemment, si nous n'utilisions pas les unités
naturelles, nous devrions adopter l'écriture:
(45.54)
Le fait que la dérivation partielle porte
maintenant sur toutes les composantes et non pas uniquement sur t est
dû au
passage de coordonnées
généralisées q fonction uniquement
de t à une
fonction du champ dépendante
de x, y, z et t. La raison
profonde réside dans le fait que le temps et les coordonnées spatiales
jouent le même rôle, celui de décrire le continuum espace-temps
sur lequel évolue le système physique.
Ceci nous
amène aussi à écrire le principe de moindre
action sous la forme suivante:
(45.55)
Avec l'action
des champs notée plus traditionnellement:
(45.56)
ou encore pour
différencier lagrangien et densité lagrangienne (nous
"stylisons" parfois le L):
(45.57)
à
comparer à l'action de la particule:
(45.58)
En
analogie avec nous
écrirons:
(45.59)
et
en analogie avec
nous écrirons:
(45.60)
mais
un champ est un milieu continu. La somme sigma n'est donc plus adaptée
et il faut passer à une intégration sur tout l'espace-temps telle
que:
(45.61)
En
analogie avec les équations du mouvement de Heisenberg (cette
démarche est souvent appelée "principe
de correspondance"), nous écrivons:
(45.62)
Passons
maintenant à la théorie quantique en postulant des champs d'opérateurs
de Heisenberg correspondants. Rappelons que nous avions obtenu
plus haut que:
et
(45.63)
ce
qui nous donne:
et
(45.64)
Si
nous résumons un peu le tout et que nous affichons la comparaison
avec la physique quantique ondulatoire, nous avons finalement:
1.
En physique quantique ondulatoire (c'est joli à regarder
non?):
(45.65)
2.
Et l'équivalent par principde de correspondance en physique
quantique des champs (alors là...
ça devient de l'art!):
(45.66)
Et
le tour est joué! Nous venons de passer les paramètres
de la physique quantique où les corps ponctuels sont décrits
par des fonctions d'onde, à une physique quantique où les corps
ponctuels deviennent des champs continus.
Il
ne reste plus qu'à appliquer ce schéma général à des exemples concrets:
Nous allons commencer par un premier
exemple en tenant compte de l'aspect relativiste. Ainsi, la densité
lagrangienne la plus simple non triviale que nous puissions construire
est de la forme (vous allez de suite voir à quoi elle va
mener, ce qui confirmera sa validité théorique - par ailleurs,
le développement
qui va suivre aurait très bien pu être présenté
dans l'autre sens):
(45.67)
ou plus explicitiement:
(45.68)
que les physiciens appellent "champ
scalaire pour une particule libre et sans spin" ou "lagrangien
de Klein-Gordon" pour une particule sans spin où nous
utilisons les notations condensées
habituelles:
(45.69)
et les unités naturelles:
(45.70)
calculons l'équation d'Euler-Lagrange
y relative (normalement c'est trivial) en n'oubliant pas qu'il
s'agit de dérivées fonctionnelles ce qui simplifie
grandement le calcul:
(45.71)
Suite à la demande d'un lecteur voici les détails permettant d'arriver
à ce résultat:
(45.72)
D'où l'équation du mouvement en unités naturelles
et en osant une écriture dangereuse pour la double dérivée
partielle (la sommation d'Einstein est alors sous-entendue...):
(45.73)
où comme nous allons de suite le voir, pour retomber sur
les résultats
obtenus dans le chapitre de Physique Quantique Relativiste, nous
sommes obligés d'introduire l'opérateur différentiel
contravariant et covariant (cf. chapitre
de Calcul Tensoriel) avec la signature -,+,+,+:
(45.74)
Rappelons maintenant à titre de comparaison que dans le
chapitre de Physique Quantique Ondulatoire, nous avions obtenu
l'équation
de Klein-Gordon libre suivante:
(45.75)
aussi avec la signature -,+,+,+ donc avec l'opérateur d'Alembertien:
(45.76)
Nous avons alors une correspondance parfait entre l'équation de
Klein-Gordon libre et l'équation des champs (notée ci-dessous en
unités naturelles comme il est d'usage):
et
(45.77)
et c'est ici que l'on peut éventuellement
ressentir un frisson dans le dos et rester admiratif face à la
puissance du formalisme mathématique
ouvrant de nouvelles perspectives sur la manière de voir
les rouages de l'Univers... Ainsi, dans la théorie des champs,
l'équation de Klein-Gordon peut être réinterprétée comme une équation
de champ!
La forme de l'équation de Klein-Gordon libre impliquant les champs
est parfois appelée "équation
des champs de Klein-Gordon".
Et encore... mieux...vous allez
voir, nous allons le faire un peu à l'aveugle et... alors
là !
Considérons maintenant le lagrangien suivant (que nous supposerons
obtenu par bricolages successifs... mais à nouveau nous
aurions pu faire le développement dans l'autre sens) se
voulant exprimer "l'interaction d'un
champ
électromagnétique avec une densité courant":
(45.78)
où nous y reconnaissons les
tenseurs du champ électromagnétique démontrés
et déterminés dans le chapitre d'Électrodynamique
et pour lesquels, rappelons-le:
(45.79)
Dans ce lagrangien, traitons le potentiel
vecteur comme étant champ tel que:
(45.80)
Dès lors en décomposant
les développements, nous obtenons très facilement:
et
et
(45.81)
Dans un premier temps, le lecteur vérifiera
en faisant un peu de calcul tensoriel relativement élémentaire
que:
(45.82)
Puis:
(45.83)
Dès lors, l'équation
du champ s'écrit:
(45.84)
d'où:
(45.85)
Faut avouer que le résultat assez c'est beau même
si la démarche
n'est pas des plus rigoureuses!!! Nous retrouvons donc l'équation
de Maxwell avec sources avec le même lagrangien du champ
(cf. chapitre d'Électrodynamique).
Ainsi, ce lagrangien sans masse est assimilé au lagrangien
du champ vectoriel de spin 1 assimilé aux bosons (cf.
chapitre de Mécanique Statistique).
Rappelons maintenant que
nous avions obtenu dans le chapitre d'Électrodynamique l'action
suivante pour une particule chargée dans un champ électromagnétique
(avant un long développement qui nous avait amené
au tenseur du champ électromagnétique):
(45.86)
et en se rappelant que (cf.
chapitre d'Électrodynamique):
(45.87)
il vient:
(45.88)
La densité lagrangienne
correspondante est donc:
(45.89)
Nous avons donc finalement:
1. Le lagrangien (densité
lagrangienne) d'une particule chargée dans un champ électromagnétique
(que nous venons d'obtenir):
(45.90)
2. Le lagrangien (densité
lagrangienne) de tout à l'heure (qui nous a permis de retomber
sur les équations de Maxwell avec sources):
(45.91)
Dès lors, il est
naturel d'écrire le "lagrangien
(densité lagrangienne)
total du champ électromagnétique":
(45.92)
Continuons maintenant notre
bonhomme de chemin avec l'équation de Dirac libre! Rappelons
que nous avions obtenu dans le chapitre de Physique Quantique Relativiste
l'équation
de Dirac libre sous la forme (fondamentalement rappelons qu'il
s'agit
d'une équation relativiste):
(45.93)
Maintenant rappelons (cf.
chapitre d'Algèbre Linéaire) que .
Dès lors, il vient:
(45.94)
Or,
et il est super facile de vérifier (ne pas oublier que nous
utilisons la forme représentative de Dirac des matrices
de Pauli !!!)
ce qui nous amène à écrire:
(45.95)
Il est alors commode d'introduire "l'adjoint
de Dirac":
(45.96)
Remarque: Rappelons que 
est une matrice-colonne et 
une matrice-ligne. Il vient donc que  est
aussi une matrice-ligne!
Utilisant le fait que dans la représentation
de Dirac
nous pouvons écrire:
(45.97)
en simplifiant les
il vient l'équation de Dirac libre adjointe:
(45.98)
Ce que nous notons traditionnellement:
(45.99)
La notation
signifiant que l'opérateur
opère sur
vers la gauche tel que:
(45.100)
Remarque: Certains auteurs écrivent 
mais ceci est faux car 
est une matrice ligne comme nous l'avons fait remarquer plus haut!!!
Finalement nous avons pour les équations
de Dirac libres:
(45.101)
Supposons maintenant que
le "lagrangien du champ spinoriel
de Dirac libre" soit de la
forme (parce que finalement
c'est le lagrangien qui nous intéresse):
(45.102)
où nous avons posé .
Il s'agit donc du lagrangien du champ spinoriel pour les particules
de spin 1/2 qui sont donc des fermions libres.
En considérant les quantités
comme indépendantes (c'est ce qu'elles sont de toute façon
puisque orthogonales) et choisissant le champ spinoriel comme ,
nous avons l'équation d'Euler-Lagrange:
(45.103)
Le deuxième terme est nul puisque
le lagrangien de Dirac ne contient pas de termes en .
De fait il reste:
(45.104)
Nous retombons donc bien sur l'équation
de Dirac libre (le même développement pouvant être
fait pour l'équation de Dirac libre adjointe)! Ainsi,
dans ce cadre, la seule manière d'expliquer les propriétés
quantiques de la matière comportant des particules avec
spin 1/2 est de faire intervenir des champs
représentant des particules chargées électriquement,
les électrons et positrons comme nous le savons. Nous appelons
alors ces entités des "champs (spinoriels)
de Dirac".
THÉORIES DE JAUGE
Nous allons voir maintenant une approche simple d'un outil qui
a révolutionné l'approche de la physique moderne
des particules au milieu du 20ème siècle et qui a
valu plusieurs prix Nobel à ceux qui y ont contribué.
Nous conseillons très fortement avant de lire ce qui va
suivre que le lecteur aille jeter aussi un coup d'oeil préalable
sur le sous-chapitre de théorie des Jauges du chapitre d'Électrodynamique,
car c'est un premier exemple d'une invariance de jauge faisant
apparaître un champ (le potentiel vecteur) indispensable pour expliquer
certains phénomènes à l'échelle quantique
comme l'explicite clairement l'équation de Pauli (cf.
chapitre de Physique Quantique Relativiste).
Depuis le début des années 80, les magazines de
vulgarisation parlent beaucoup en physique quantique des théories
de jauge. Les interactions électromagnétiques et
les interactions faibles sont décrites conjointement par
une théorie de jauge élaborée par Glashow,
Weinberg et Salam. Les interactions fortes semblent aussi correctement
décrites par une théorie de jauge. C'est dans le
cadre de ces théories
de jauge que les physiciens théoriciens tentent d'unifier
les diverses interactions fondamentales de la nature. Il convient
donc, même
sur ce site qui traite de manière élémentaire
de physique quantique, de parler de théorie de jauge dans
le cadre de ce domaine.
Pour ce faire, nous considérerons déjà comme connu le contexte
qui mena à la découverte de l'invariance de jauge dans le cadre
de l'électrodynamique (voir chapitre du même nom pour les détails)
et ferons un rapprochement avec certains développements vus dans
le chapitre de Relativité Générale et le rôle qu'a joué Weyl dans
la mise en évidence des principes fondamentaux d'une théorie de
jauge.
Rappelons que la relativité restreinte et générale
reposent sur le postulat qu'il n'existe dans l'univers aucun référentiel
absolu. Nous avons vu dans le chapitre de Relativité Restreinte
en long et en large que les relations qui permettent de passer
les lois
de la physique d'un repère à l'autre ne dépendent
que de la vitesse relative entre les référentiels.
Ainsi, la relativité restreinte
est une théorie à symétrie globale. Nous avons également
vu en long et en large dans le chapitre de Relativité Générale
que la connexion affine est le lien entre les référentiels
de la théorie
locale (approximation des champs faibles) qu'est la relativité générale.
En 1919 eut lieu la première observation expérimentale
de la déviation de la lumière d'une étoile
par le champ gravitationnel du Soleil. Cette confirmation spectaculaire
de la théorie de la
relativité générale inspira Hermann Weyl,
qui proposa la même année
une conception révolutionnaire de l'invariance de jauge:
Si les effets d'un champ gravitationnel peuvent être décrits
par une connexion exprimant l'orientation relative entre des référentiels
locaux de l'espace-temps, d'autres forces de la nature telles que
l'électromagnétisme
peuvent-elles être associées aussi à des connexions similaires?
Nous considérons deux types de symétrie de jauge: l'une dite "jauge
globale" et l'autre dite "jauge locale". Elles se
distinguent par le paramètre caractérisant le changement de phase
de la fonction d'onde (nous verrons cela en détails un peu plus
loin).
INVARIANCE DE JAUGE GLOBALE
Nous allons donc étudier l'invariance de jauge à partir
de l'équation
de Schrödinger et montrer que même si les résultats peuvent
paraître
déroutants (dans le cadre d'applications complexes) ils
n'en restent pas moins mathématiquement corrects.
Remarque: L'invariance
de jauge globale est rigoureusement dénommée "symétrie
globale".
Considérons donc l'équation de Schrödinger:
(45.105)
avec comme nous l'avons montré:
(45.106)
avec .
Soit dans le cas d'une particule libre:
(45.107)
Cet opérateur est manifestement invariant dans la transformation
qui fait passer de à avec:
(45.108)
où g est une constante de couplage (pour assurer l'homogénéité des
unités et l'amplitude) étant considérée comme un nombre réel et un
paramètre réel indépendant des coordonnées (dans un premier temps...)
d'espace et de temps.
(45.109)
devient:
(45.110)
et comme ne
dépend ni de alors:
(45.111)
Soit après simplification:
(45.112)
La forme de l'équation est restée la même lorsque nous avons
fait le changement de en .
Ainsi, la description d'un système libre n'est pas affectée par
le changement de phase globale. En langage de la théorie des groupes
(cf. chapitre d'Algèbre Ensembliste), nous parlons d'invariance
sous le groupe U(1) des phases.
En d'autres termes pour parler comme les physiciens...:
(45.113)
définit une transformation de jauge par la rotation (le
paramètre au sens des groupes de Lie).
L'ensemble des rotations forme un groupe nommé U(1) que l'usage
appelle le groupe de jauge (isomorphe de SO(2)).
L'ensemble des forme
une représentation monodimensionnelle du groupe U(1) que nous
appelons la
représentation g. Il y a bien entendu une infinité de
représentations g (autant
qu'il y a de valeurs de g!).
Comme le paramètre ne
dépend pas de la position et du temps, nous disons que le système
est invariant par transformation de jauge globale (partout en même
temps) ou simplement un invariant de U(1) dans le temps
et l'espace.
INVARIANCE DE JAUGE LOCALE
Mais mais... soit l'invariance de jauge globale montre que nous
avons une équation qui reste valable dans le cadre d'un changement
de phase fixe. Mais maintenant dans un laboratoire cette équation
de Schrödinger doit être valable même si la phase dépend
de la position et du temps. Cette contrainte s'appelle une "invariance
locale".
Nous considérons cette fois que est
une fonction et
l'idée bien évidemment est de vérifier si
l'équation de Schrödinger
reste invariante dans la transformation:
(45.114)
Il est dès lors évident que l'équation de Schrödinger:
(45.115)
n'est plus invariante. Effectivement, nous voyons rapidement que
rien que l'opérateur dans
l'hamiltonien va poser problème en faisant apparaître
des termes gênants qui ne s'annuleront pas:

(45.116)
Pour contourner ce problème, nous introduisons le champ
de force associé au potentiel vecteur et au potentiel électrique
et nous verrons qu'il garantit l'invariance locale (donc il est
impossible
d'envisager un changement de phase invariant sans la présence
d'un champ de force de ce type). L'invariance locale impose
que la particule
ne soit plus libre (il n'existe donc pas de particules chargées
libres!).
Pour cela, reprenons l'hamiltonien de l'équation de Pauli
(cf.
chapitre de Physique Quantique Relativiste):
(45.117)
et négligeons l'interaction entre le spin et le champ magnétique
tel que l'hamiltonien devienne:
(45.118)
Soit:
(45.119)
Nous obtenons donc l'équation de Schrödinger suivante:
(45.120)
Ce qui par rapport à l'équation de Schrödinger libre:
(45.121)
fait intervenir les correspondances suivantes:
(45.122)
Considérons la transformation de jauge (cf.
chapitre d'Électrodynamique)
en notant dorénavant le potentiel électrique par la lettre V:
(45.123)
où .
D'abord, nous voyons alors immédiatement que les opérateurs sont
invariants. Effectivement:
(45.124)
Or, si g est posé comme étant et f comme étant alors
nous avons:
(45.125)
Soit tout simplement:
(45.126)
De même en sachant maintenant que f est :
(45.127)
Nous avons donc:
(45.128)
Soit:
(45.129)
La relation:
(45.130)
devient alors avec les nouvelles correspondances:
(45.131)
et avec les développements antérieurs, nous avons
donc:
(45.132)
Soit:
(45.133)
Ce qui donne après simplification:
(45.134)
Ainsi, en demandant l'invariance de jauge, nous avons fait apparaître
une interaction... et nous savons bien qu'elle est cette interaction!
L'équation de Schrödinger d'une particule se déplaçant dans un
champ électromagnétique est donc invariante sous la transformation
locale de phase. La phase d'une fonction d'onde est bel et bien
une nouvelle variable locale au sens de Weyl et le potentiel électromagnétique
peut être interprété, suivant Weyl, comme une connexion reliant
les phases en différents points.
Nous en concluons que le champ électromagnétique
est une conséquence
de l'invariance de jauge locale fondée sur le groupe U(1),
groupe des matrices unitaires à une dimension (cf.
chapitre d'Algèbre
Ensembliste). L'intérêt qui s'en dégage est de construire
des théories
de jauge sur des groupes plus compliqués (non-abéliens):
ces théories
sont appelées "théories de Yang-Mills".
Maintenant allons un tout petit peu plus loin mais, sans trop
approfondir... Nous avons montré plus haut que le lagrangien
de l'équation
de Dirac libre était:
(45.135)
Or, cet opérateur ne faisant pas apparaître le champ électromagnétique,
on se doute très fortement qu'il ne porte pas en lui une
invariance pour une jauge locale...
Or, l'équivalent de l'opérateur divergence dans
l'équation de Schrödinger libre est la dérivée
covariante .
Donc au même titre que nous avons associé pour garantir
l'invariance locale de jauge de l'équation de Schrödinger
libre:
(45.136)
il est tentant de combiner le tout en un nouvel opérateur:
(45.137)
avec:

Le lagrangien de l'équation de Dirac libre s'écrirait alors:
(45.138)
Soit:
(45.139)
avec:
(45.140)
Il ne reste plus qu'à rajouter le terme du champ pour obtenir
le lagrangien total de l'équation de Dirac
(cela aurait été relativement
dur de le trouver d'une autre manière...):
(45.141)
qui correspond aux équations de Dirac-Maxwell
et qui est le "lagrangien de l'électrodynamique
quantique des champs" où à gauche nous
avons le terme des fermions et à droite la partie d'interaction
des bosons de masse nulle (photons).
Donc le fait d'avoir rajouté au lagrangien
libre une condition d'invariance par des transformations locales,
nous a conduits à une théorie avec interaction que
nous pouvons écrire
avec plus de rigueur et sous forme développée:
(45.142)
ou encore en unités naturelles et avec la
charge de l'électron:
(45.143)
L'électrodynamique quantique a fait défaut
cependant dans les années 1940 pour décrire bon nombre
de particules mises en
évidence par les accélérateurs. Certes, d'une
certaine manière,
elle a été étendue pour décrire de
nouvelles particules. Mais beaucoup d'entre elles semblaient jouir
de propriétés dont l'électrodynamique
quantique ne pouvait rendre compte.
En fait, la raison est simple... c'est une théorie
dans laquelle aucune solution exacte n'est connue, une situation
qui perdure jusqu'à nos jours (2008). La seule méthode
de calcul disponible est appelée développement perturbatif.
L'idée est essentiellement
la même que celle du développement limité que
l'on pratique dans le domaine du calcul différentiel. En
l'occurrence, si nous ne savons pas calculer la valeur d'une fonction,
nous la décomposons
en une séquence de polynômes et l'approximation s'affine
au fur et à mesure que nous prenons en compte des termes
de degrés de
plus en plus élevés. Un tel développement
en série commence par
un terme d'ordre zéro, qui est juste la valeur de la fonction
inconnue en un certain point où l'on sait calculer cette
fonction.
Dans le cas du développement perturbatif
de l'électrodynamique
quantique, le terme d'ordre zéro représente la propagation
pure, sans interaction (l'intensité de l'interaction entre
l'électron
et le champ magnétique est mise à zéro). Dans
cette approximation, l'électrodynamique quantique est une
théorie des particules libres
et elle est exactement calculable. Nous avons des électrons,
des positons et des photons mais ils se croisent sans s'influencer.
Le terme suivant dans le développement en série,
celui du premier ordre, est aussi exactement calculable. Dans cette
approximation,
la théorie semble refléter assez fidèlement
le monde réel. Des
phénomènes physiques très intéressants
apparaissent dans cette approximation de premier ordre de la théorie
réelle de l'interaction
photon-électron et la théorie s'accorde bien avec
les résultats
expérimentaux.
Malheureusement on eut tôt fait de découvrir
que le calcul des termes de second ordre et des termes plus élevés
semblait dénué de sens jusqu'à donner des
valeurs infinies... aujourd'hui il n'existe encore que des méthodes
de résolution approximatives
et non totalement satisfaisantes dès lors on a été obligé de
chercher une autre technique d'approximation se basant sur une
renormalisation
des équations... et les résultats sont extraordinairement
bons (à la 11ème décimale près!) mais
au fond cela sent un peu le bricolage sur mesure quand même...

- Quantum Field Theory, A. Lahiri + P.
B. Pal, Éditions CRC Press, ISBN-10: 0849309778
(380 pages) - Imprimé en
2005
- Quantum Mechanics with Basic
Field Theory, Éditions
Cambridge University Press, Bipin R. Desai, ISBN13:
978051691348 (860 pages) - Imprimé en
2009
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